VOIRIE
Circulation

Circulation

... Tout à coup une auto surgissait derrière le tramway à une vitesse de (iO kilomètres à à l'heure.
… Rue Sadi-Carnot une auto aa renversé violemment un passant. La victime est dans le coma.
… Le même tramway écrase deux personnes.
(Les journaux d'Alger).

Depuis la guerre surtout, les métropoles en sont là : accroissement considérable de la population, nombre formidable des autos, etc. On essaye de lutter, mais toutes les grandes villes n'ont pas la chance de posséder une organisation aussi parfaite que la police parisienne !

Alger ne faillit pas à la règle et l'essor pris par la capitale nord-africaine depuis dix ans n'a pas été sans entraîner de multiples problèmes dont le plus difficile à résoudre, le plus complexe, est sans contredit celui de la circulation.

Les accidents - nombreux - relatés ces jours-ci par la presse locale sont suffisamment éloquents pour qu'il faille agir rapidement. La tâche de ceux que la question intéresse particulièrement n'est pas aisée, certes, mais si l'on veut guérir le mal, il faut au plus tôt le soigner, autrement dit prendre de sérieuses dispositions pour parer à une situation qui menace, à l'approche des grandes manifestations du Centenaire, de devenir très grave sinon désespérée.

En somme qu'a-t-on fait jusqu'ici pour faciliter la circulation algéroise et décongestionner la ville ? On a doublé les voies du tramway dans les rue Bab-el-Oued et Bab-Azoun; on a raccourci - qu'on me pardonne la vulgarité du terme - la place du Gouvernement; on a appliqué le sens unique dans certaines rues. C'est à peu près tout.

N.B : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande
TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.

Afrique du nord illustrée du 16-11-1929 - Transmis par Francis Rambert
mis sur site : nov.2021

500 Ko
retour
 


Circulation
Circulation
Circulation

... Tout à coup une auto surgissait derrière le tramway à une vitesse de (iO kilomètres à à l'heure.
… Rue Sadi-Carnot une auto aa renversé violemment un passant. La victime est dans le coma.
… Le même tramway écrase deux personnes.
(Les journaux d'Alger).

Depuis la guerre surtout, les métropoles en sont là : accroissement considérable de la population, nombre formidable des autos, etc. On essaye de lutter, mais toutes les grandes villes n'ont pas la chance de posséder une organisation aussi parfaite que la police parisienne !

Alger ne faillit pas à la règle et l'essor pris par la capitale nord-africaine depuis dix ans n'a pas été sans entraîner de multiples problèmes dont le plus difficile à résoudre, le plus complexe, est sans contredit celui de la circulation.

Les accidents - nombreux - relatés ces jours-ci par la presse locale sont suffisamment éloquents pour qu'il faille agir rapidement. La tâche de ceux que la question intéresse particulièrement n'est pas aisée, certes, mais si l'on veut guérir le mal, il faut au plus tôt le soigner, autrement dit prendre de sérieuses dispositions pour parer à une situation qui menace, à l'approche des grandes manifestations du Centenaire, de devenir très grave sinon désespérée.
En somme qu'a-t-on fait jusqu'ici pour faciliter la circulation algéroise et décongestionner la ville ? On a doublé les voies du tramway dans les rue Bab-el-Oued et Bab-Azoun; on a raccourci - qu'on me pardonne la vulgarité du terme - la place du Gouvernement; on a appliqué le sens unique dans certaines rues. C'est à peu près tout.

Nos édiles - dont je me plais à reconnaître ici les efforts méritoires - devraient suivre de très près les travaux effectués en collaboration par la municipalité et la police parisiennes. Ils devraient mettre en vigueur - dans la mesure du possible et en apportant éventuellement les modifications indispensables - les méthodes employées à Paris. A cet effet, une délégation pourrait effectuer le déplacement, aller étudier sur place les dites méthodes.
Les Anglais et les Américains - qui sont éblouis par la parfaite organisation de la police parisienne -n'opèrent-ils pas ainsi ? Et, ma foi, nous Algériens, n'avons-nous point droit à une initiative identique, plus minutieuse même ?

En janvier, Paris va, paraît-il, nous envoyer deux cents agents qui viendront grossir les rangs de notre police et éduquer leurs camarades algérois. Puisse cette heureuse nouvelle ne pas émaner d'un cerveau par trop imaginatif. Alors, un grand pas sera fait.

Il ne faut pas, cependant, se reposer sur des possibilités ou des promesses.

Je ne fais qu'être l'interprète de nombreux Algérois et d'Étrangers amis de notre belle cité en prétendant que - parmi les mesures qui doivent être prises dans le plus bref délai - il faut prévoir notamment :
1" La suppression totale des tramways électriques et l'établissement de lignes d'autobus;
2" L'organisation méthodique de la circulation aux carrefours les plus encombrés et sur les
places;
3" L'interdiction au public de stationner sur les trottoirs des grandes artères (l'inviter par de larges panneaux à tenir sa droite) ;
4" Une sévère réglementation de la vitesse des autos ;"

Les tramways électriques n'ont plus raison d'être à notre époque et surtout dans une ville aussi importante qu'Alger. Ils ne sont plus d'aucune utilité bien au contraire ! Longs, trop longs, ne pouvant se garer, lents à se déplacer, ils occasionnent - aux heures d'affluence - les pires embouteillages.

C'est ainsi qu'à midi, on reste quelquefois dix minutes, souvent même un quart d'heure à l'arrêt pour ne voir arriver qu'un convoi surchargé à outrance. Du monde partout, sur les marchepieds, sur les tampons. Les essieux crient... les contrôleurs aussi, mais la volonté de la masse est indomptable. " Donnez-nous le moyen de rentrer chez nous, disent les uns, et nous descendons ". - " Nous avons faim ", hurlent les autres.

La midinette, le saute-ruisseau craignent de se faire admonester en arrivant trop en retard au logis. Ils grimpent n'importe où et s'agrippent, comme des chats, aux montants des baladeuses.

Les accidents ? Ils sont courants, souvent mortels.

Cet état de chose durera tant que le mode de transport n'aura pas été modifié. Le règne du tramway, de ce bon vieux tramway d'autrefois doit cesser. Il nous faut des autobus, et bientôt.

Je me suis toujours étonné de ce que la circulation ne soit pas mieux organisée à Alger. Le bâton blanc du sergent de ville doit jouer un rôle primordial, celui d'arrêter une auto - par exemple - pour laisser passer une maman et son précieux fardeau, un vieillard, un infirme ; de faire activer la circulation - sur les places et aux carrefours - dans un sens en l'interrompant dans l'autre et vice-versa, etc....

Enfin, il est surprenant qu'on n'ait pris encore aucune mesure contre ces gens qui " font salon dans la rue " (rue d'Isly et devant le Café Glacier plus particulièrement) : pour les éviter, le piéton est obligé de descendre sur la chaussée, s'exposant ainsi à plus d'un danger.
Quant à la vitesse des autos, elle n'est pas suffisamment surveillée et je sais certains snobs qui n'hésitent pas - pour se faire admirer - à piquer quelques " pointes " en pleine ville.

Ce n'est pas surtout l'existence de ces pauvres hères, de ces faibles d'esprit ou de ces parasites démoniaques - à votre choix - qui m'intéresse, mais bien celle de mes chers concitoyens, et je demande à la police d'être impitoyable pour ces " fous du volant ".
En février dernier, par une de ces soirées d'hiver africain tiède et lumineuse, Henry de Montherlant me déclara franchement qu'il n'aimait plus Alger. Et me montrant l'immense baie qui somnolait paisiblement sous les étoiles :

C'est pourtant dommage! soupira-t-il. Je n'essayai pas d'analyser l'état d'âme de l'auteur des Bestiaires, mais je crus deviner sa pensée : El-Djezaïr eut pu devenir la ville la plus pittoresque, la plus romantique du monde... On en a fait une grande capitale européenne !

Soit. Mais alors qu'on la libère rapidement de cet empirisme désuet dans lequel elle patauge et qu'on l'organise rationnellement, comme une vraie métropole !