AUMALE
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C'est une recréation française
sur les ruines de la colonie romaine d'Auzia. |
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C'est avant tout une place militaire
bien fortifiée. |
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C'est une sous-préfecture
tardive et une préfecture éphémère. |
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En 1948 sa Commune Mixte avait 46 594
habitants et la ville 3 461. |
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En 1954 la Commune de plein exercice
avait 8 461 habitants dont 1 129 européens. |
Les origines des trois noms de
ce centre
Auzia est le nom qu'elle
avait sous l'Empire romain. Ce nom dérive du nom latinisé
du dieu Auzius vénéré localement sans doute avant
l'arrivée des légions.
Sour el Ghozlane est
la nom utilisé à l'époque ottomane pour désigner
un fort turc aménagé dès le XVIè siècle.
C'est cependant un nom arabe et non turc ; il signifie le " Rempart
des Gazelles ". Ce nom abandonné à l'époque
française, est réapparu avec l'indépendance.
Aumale est le titre
porté par Henri d'Orléans, cinquième fils du roi
des Français, Louis-Philippe. Henri d'Orléans est en effet
duc d'Aumale. Il arrive en Algérie pour la première fois,
à 18 ans, en 1840, comme sous-lieutenant. Il y revient en 1842
et le 16 mai 1843 se distingue à Taguine en s'emparant de la smala
d'Abd el-Kader. Il est très probable qu'il est passé par
là en 1843 ou en 1844 lorsqu'il a pris le commandement d'une expédition
vers Biskra. Et il aurait posé la première pierre du futur
établissement en novembre 1846.
Le duc d'Aumale fut aussi gouverneur général de l'Algérie
du 11 septembre 1847 au 24 février 1848.
L'origine du centre est purement française
et essentiellement militaire
Même s'il avait existé jadis une colonie
romaine, puis un bordj turc, il n'en restait en 1843, lorsque Marey-Monge
visita le site, qu'un gros tas de cailloux parsemé de débris
de chapiteaux, de statues et de fûts de colonnes qui attestaient
qu'il y avait eu auparavant une cité romaine.
La France décida d'implanter et de fortifier en
ce lieu un camp militaire important sur l'une des voies menant à
la dépression du Hodna et au Sahara ; à l'instar de ce que
l'on avait fait deux ans plus tôt à Boghar sur la piste de
Laghouat. La décision fut prise en 1845 et appliquée en
1846 ; 16 ans après la prise
d'Alger.
Aumale avant les Français, c'est Auzia,
puis Sour el Ghozlane
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Auzia sous les Romains.
Quand elle s'appelait Auzia, la ville était d'abord un camp
militaire. Mais une ville vint s'y ajouter.
Le camp militaire avait été placé sur la grande
voie romaine menant de la vallée du Chélif au Hodna
et au Constantinois par Ad Medias (Médéa), Tirinadi
(Berrouaghia) et Rapidum (Masqueray). Au-delà d'Aumale vers
l'est, cette voie donnait accès à trois routes qui
menaient à Saldae (Bougie), Sitifis (Sétif) et Vescera
(Biskra) par Tobna au bout du Chott el Hodna.
Cette place forte servit de base d'opérations
tantôt pour lutter contre les révoltes régionales,
tantôt pour ravitailler et relever les garnisons du limes
pré saharien à la fin du IIè siècle.
Je ne rappelle ici que deux épisodes évoqués
dans l'introduction : la révolte de Tacfarinas qui de 16
à 24 harcela les légionnaires romains huit ans durant
; et la révolte de Firmus, général romain d'origine
maure et chrétien donatiste qui réussit à s'emparer
de la ville vers 365 et ne fut arrêté que 10 ans plus
tard dans la plaine des Aribs au nord d'Auzia.
La ville d'Auzia fut intégrée
à la province de Maurétanie césarienne que l'Empereur
Claude n'annexa officiellement qu'en 44. Auzia dépendait donc
du procurateur résidant à Caesarea (Cherchell
)
Cette ville romaine eut une durée de vie bien plus longue que
l'Aumale des Français : au moins quatre siècles. Elle
existait déjà sous Auguste qui mourut en 14 après
J.C. Elle se développa suffisamment pour bénéficier
successivement du statut de Municipe,
puis de celui de Colonie sous
le nom de Colonia Septima Aurelia Auziense.
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Municipe ou colonie ?
Dans un Municipe
ce sont les habitants qui choisissent les magistrats municipaux.
Et à la sortie de leur charge ces magistrats deviennent
citoyens romains. Auzia était alors une " civitas
cum suffragio ".
Dans une Colonie
tous les hommes libres sont citoyens romains. Et la ville
s'efforce de ressembler à une Rome en miniature avec forum,
cirque, thermes et temples.
NB.
En 212 Auzia perdit cet avantage
relatif lorsque Caracalla accorda la citoyenneté romaine
à tous les hommes libres de l'Empire.
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Auzia sous les Vandales.
On ne sait pas grand chose, mais il est sûr que, dans leur
marche vers Carthage, les Vandales ont suivi les voies romaines
et sont donc passés par Auzia. Il est très probable
qu'ils y aient maintenu une garnison pendant quelques dizaines d'années.
Mais ils n'ont laissé aucune trace monumentale de leur présence.
Par contre il est à peu près certain
que les Byzantins n'ont guère
dépassé la longitude du
Hodna et qu'ils n'ont donc pas séjourné à Auzia,
sinon très brièvement. Néanmoins la ville a
donné à 2 de ses rues des noms de généraux
byzantins : Narses et Belisaire ! Après 535 la région
a été rendue à l'anarchie tribale ; la ville
a continué à décliner jusqu'à disparaître
du paysage et de l'histoire.
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Auzia après
la conquête arabe. Auzia n'est plus, et Sour el Ghozlane
n'est pas encore.
Il ne restait plus qu'un marché fréquenté par
les semi-nomades du sud et les sédentaires kabyles du nord,
et connu sous le nom de Souk el-Had des Ouled
Driss. |
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Sour el Ghozlane
sous les Turcs. Les Turcs donnent ce nouveau nom au bordj
qu'ils ont construit près du souk el-Had pour surveiller à
la fois le marché et les tribus qui y venaient pour échanger
produits et informations ; ou fomenter des troubles. |
Aumale sous les Français
1843-1962
1843
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Première mission militaire d'exploration
du site confiée à Marey-Monge |
1846
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Création d'un camp militaire
pour l'infanterie et la cavalerie sur les ruines d'Auzia
Création d'un Bureau Arabe
Comme toujours autour des camps importants des civils européens
viennent s'installer pour commercer avec la clientèle militaire.
Ce sont d'abord des cabaretiers ou des rouliers. Ainsi se crée
spontanément un village au nord du camp sur le même dos
de terrain. |
1848 |
Choix du nom d'Aumale pour
désigner l'ensemble formé par le camp et le village
naissant |
1858 |
Nomination du premier Commissaire
Civil (sorte de Maire) |
1859 |
Création de la CPE
(commune de plein exercice) |
1862 |
Achèvement des travaux
de construction de la muraille : 3km de long, 5 à 10m de haut,
17 bastions et 5 portes. |
1871 |
Révolte d'El Mokrani
à partir du 15 mars.
Comme cette insurrection fut la plus grave que connut l'Algérie
française avant 1954, elle mérite qu'on s'y attarde
un peu car elle a aussi concerné la région d'Aumale
qui s'est trouvée juste à la limite entre les régions
insurgées et celles restées tranquilles.
Elle a concerné presque le tiers de l'Algérie (voir
carte) entre Aumale et la frontière tunisienne et a duré
toute l'année 1871. |
L'insurrection de 1871
: vision globale
Parmi les causes générales
de cette révolte il faut souligner :
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La défaite honteuse
face à la Prusse
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Le remplacement de l'Empire
par la République
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L'extension du régime
civil (décret du 24-12-1870) qui apparaît aux
indigènes, non sans raison, comme une menace pour
leurs terres
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Le décret Crémieux
du 24-10-1870 qui naturalise les juifs indigènes
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La décision de
dissoudre, à terme, les Bureaux Arabes dont les officiers
avaient la réputation, méritée le plus
souvent, d'être plus favorables aux indigènes
que les administrateurs civils
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ko)
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Dans la région d'Aumale
la révolte fut fomentée par le bachaga
de la Medjana ; El-Hadj Mohamed ben El-Hadj Ahmed El-Mokrani.
Aux motifs communs à tous les insurgés El-Mokrani ajoutait
des griefs personnels liés à la dégradation des relations
de sa famille avec les autorités françaises. Son père
avait été khalifa ; quand il lui succède en 1853
on ne lui accorde que le titre de bachaga et en 1870 sa tutelle est confiée
à un simple capitaine, au lieu d'un colonel précédemment.
De surcroît il perd des avantages fiscaux et une garantie d'emprunt
qui lui avait été promise sous l'Empire lorsqu'il s'était
endetté pour financer des secours à ses administrés
durant la famine de 1867-1868.
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En février 1871 il passe quelques jours près
d'Aumale pour exposer ses intentions et obtenir le concours des
tribus
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Le 15 mars 1871 il démissionne
et fait savoir au gouverneur général qu'il va engager
la lutte contre la France (tout comme Abd-el-Kader en 1839) |
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Le 16 mars il attaque Bordj-bou-Arréridj
tandis que son frère Ahmed bou Mezrag attaque les caravansérails
des routes autour d'Aumale, notamment celui de Bordj Okhriss |
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Le 22 mars les fermes de la région
d'Aumale doivent être abandonnées par les colons qui
ont eu la possibilité de se réfugier à Aumale.
Les fermes furent pillées, mais ils ont eu la vie sauve, contrairement
aux colons de Palestro |
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Le 18 mars et le 9 avril la colonel Trumelet
qui tint bon à Aumale, reçut des renforts conduits par
le général Cérez :plus de 4 000 hommes et 500
chevaux. Pourchassé El-Mokrani fut tué au nord d'Aumale,
sur l'oued Soufflat, un affluent de l'Isser près du futur village
de Laperrine.
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Son frère continua la lutte, mais loin d'Aumale.
Arrêté près d'Ouargla le 20 janvier 1872, il fut déporté
en Nouvelle-Calédonie. Là-bas il fut gracié après
nous avoir aidé à réprimer une insurrection canaque
en 1878 !
1881
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Création de la
Commune Mixte d'Aumale. Elle était très vaste
: 1780km²et 16 douars.
Plus tard on y installa 2 villages de colonisation, Masqueray et Stephane
Gsell, rattachés
ensuite à la Commune mixte et à l'arrondissement de
Tablat.
Cette formule communale avait été créée
par le gouverneur général Mac- Mahon en mai 1868.
Le pouvoir réel était dévolu à un administrateur
nommé qui présidait une Commission Municipale formée,
à parts égales, de conseillers français et indigènes.
Les Français furent nommés par le préfet jusqu'en
1884, puis élus.
Les Indigènes étaient nommés par le gouverneur
général.
Les douars conservèrent une certaine autonomie, avec un caïd. |
1905
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DUP de la voie
ferrée Bouira-Aumale. Cette ligne avait été
envisagée dès 1879,
mais aucune suite ne fut donnée avant 1905, date de sa déclaration
d'utilité publique. Cette DUP resta lettre morte jusqu'en 1914
à cause, en partie du moins, de divergences d'appréciations
et d'intérêts entre la compagnie des CFRA,
concessionnaire qui souhaitait limiter les frais, et le Ministre de
la guerre qui exigeait une ligne à écartement normal.
La guerre gela le dossier. Après la guerre les CFRA abandonnèrent
leur concession et c'est la Colonie qui, sans se hâter, construisit
une voie
étroite de 1,055m sur 43km. |
1909 |
Installation de la ligne
téléphonique Alger-Bouira-Aumale-Sidi-Aïssa |
1910 |
Séisme au mois de
juin. Il est bien ressenti mais cause peu de dégâts.
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1926 |
Construction du bâtiment
de la Banque d'Algérie |
1927 |
Inauguration de la voie
ferrée, juste au moment où l'essor des transports routiers
l'avait rendue inutile. Cette voie connut une dizaine d'années
d'exploitation très déficitaire. Elle fut fermée
à tout trafic avant 1939. je me souviens avoir lu l'horaire
des trains dans un indicateur Chaix que malheureusement j'ai perdu.
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1944 |
Création de l'arrondissement
d'Aumale dans le cadre du département d'Alger |
1956 |
Rattachement d'Aumale au
nouveau département de Médéa
Création d'une SAS |
1958 |
Création du département
d'Aumale, avec 4 arrondissements |
1959 |
Suppression du département
d'Aumale et rattachement au département de Médéa
de trois de ses arrondissements, dont celui d'Aumale |
Le cadre naturel et ses aptitudes
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Aumale se trouve à un endroit où l'Atlas
tellien se rétrécit et s'abaisse entre les derniers
monts du Titteri à l'ouest et le massif de l'Ouennougha à
l'est. La ville est tout de même à un altitude élevée,
876 m, et est dominée au sud par les pentes du djebel Dira.
Ce djebel culmine à 1810 m, à 8 km de la ville, à
vol d'oiseau.
Le climat d'Aumale et de sa région est nuancé
par cet environnement et par l'altitude. Les pluies sont suffisantes
pour des cultures céréalières, mais les hivers
sont trop froids pour la vigne et les cultures fruitières.
Il neige un peu chaque année ; mais ça ne tient pas.
On ne skie pas sur les pentes modérées du djebel Dira.
Le région est propice à la culture des blés
et à l'élevage.
Aumale est situé sur l'une des voies d'accès
au Sahara les plus commodes car le col qui permet de franchir le
djebel Dira n'est qu'à 960 m d'altitude.
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La route est
droite et sa pente est faible. On passe le col sans s'en apercevoir.
Le site d'Aumale n'est pas celui d'un carrefour naturel, mais la présence
d'un camp militaire important, puis d'un centre urbain, ont attiré
les gens et entraîné l'aménagement d'une étoile
de pistes ensuite transformées en routes. En 1962 Aumale était
au centre d'une étoile routière à 5 branches.
La route principale était la RN 8 qui se terminait à
Bou-Saâda. C'est la route rouge de la carte. La route dite de
Sétif n'était pas, en 1962, goudronnée sur tout
son parcours, et il valait mieux passer par Bouira si l'on était
pressé. |
Aumale fut surtout une ville
de garnison
Ce rôle est banal en Algérie et se retrouve
dans tous les centres urbains ; mais la place occupée ici par les
installations militaires n'est pas banale : presque la moitié de
la surface urbanisée. Toutes les armes de l'armée de terre
y étaient représentées, ainsi qu'un important hôpital
militaire.
La place d'Aumale a beaucoup servi à l'époque de la conquête
du sud et lors des révoltes de 1871. Elle a notamment servi de
base de départ pour les opérations vers Bou-Saâda
et pour la reprise (et la destruction) de l'oasis révoltée
de Zaâtcha sur la piste de Biskra, en 1849.
Aumale fut une des villes les mieux fortifiées d'Algérie,
avec 3km de remparts qui n'ont jamais été démolis.
On s'est contenté d'aménager les portes pour les adapter
à la circulation automobile.
Aumale fut également le siège d'une
subdivision militaire de 1871 à 1887. On se souvient
que lors de la révolte d'El-Mokrani son commandant était
le lieutenant-colonel Corneille Trumelet
; Trumelet avait pris son poste le 27 février quelques jours avant
le début des troubles. C'était un officier sorti du rang
: il s'était engagé volontaire comme simple soldat et avait
gravi tous les grades de sous-officier avant de recevoir sa première
épaulette en 1848. Il arriva en Algérie en 1851 et n'en
repartit pour Toulon que pour attendre sa retraite avec le grade de colonel
en 1874. Aumale fut son dernier poste de fait. Il y avait mérité
les félicitations de l'amiral Gueydon, gouverneur général,
pour avoir évité le massacre des colons d'Aumale en mars
1871 et pour avoir libéré la garnison de Bou-Saâda
bloquée depuis trois mois, le 10 août de la même année.
Cette opération vers le Sahara en plein été fut sûrement
pénible pour les fantassins bourguignons qui y participèrent.
Elle se solda par un plein succès. Trumelet resta commandant de
la subdivision d'Aumale jusqu'à son départ. Il s'intéressa
de très près à la création de villages de
colonisation au nord d'Aumale, dans la plaine des Aribs. En 1887 la subdivision
d'Aumale fut supprimée et rattachée à celle de Médéa.
Aumale fut un centre administratif
à " géométrie variable "
La sous-préfecture
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L'adjectif variable qui n'a rien d'officiel, fait allusion
aux vicissitudes de sa sous-préfecture et de sa préfecture.
La création de l'arrondissement d'Aumale fut très tardive
: 1944. Il appartenait alors au département
d'Alger et englobait les communes de Bouira et de Maillot, s'étendant
ainsi sur une partie de la Kabylie du Djurdjura. Ensuite, en 1956,
l'arrondissement d'Aumale fut rattaché au nouveau département
de Médéa, mais avec d'autres limites :il avait perdu Bouira
et Maillot rattachés à Tizi-Ouzou. Enfin, en 1959,
après un éphémère épisode départemental,
Aumale fut rendu à Médéa.
L'épisode départemental a commencé
le 17 mars 1958 et s'est terminé officiellement le 7
novembre 1959, mais il n'est pas sûr que ce département
ait été mieux qu'un département fantôme, à
cause du passage de la IVè à la Vè République
avec le retour de de Gaulle à la tête du gouvernement le
1-6-1958 et à la tête
de l'Etat le 8-1-1959. Durant sa courte
et incertaine existence ce département avait 4 arrondissements
: Tablat, Aumale, Bou-Saâda et Ouled-Djellal. Quand il fut supprimé
seuls Tablat, Aumale et Bou-Saâda furent donnés à
Médéa : Ouled-Djellal fut cédé au département
de Batna.
Cette ville, petite capitale régionale, possédait
toutes les administrations judiciaire, fiscale, notariale et postale ainsi
qu'une gendarmerie, des pompiers, une prison civile et 4 succursales bancaires.
Aumale resta un lieu d'échanges
et de commerce
Cette fonction est la seule qui persista tout au long
des siècles obscurs de la période pré-ottomane avec
le rendez-vous hebdomadaire du souk el-had des ouled Driss. La sécurité
établie par la France sur toutes les pistes de cette région
limitrophe des zones berbérophones et arabophones, permit l'essor
de cette activité. Ce marché du dimanche se tenait au pied
de la muraille, dans la plaine au sud-ouest de la ville. On pouvait y
accéder directement par la cinquième porte. Il réunissait
des participants venus de trois régions dont les productions étaient
différentes et complémentaires. Il y avait des Kabyles qui
venaient vendre leurs huiles d'olive, leurs figues sèches et des
produits de leur artisanat, tels les bijoux en argent de Djemma-Saharidj,
et qui rencontraient les vendeurs de blé et d'orge venus de la
plaine des Aribs et les marchands de moutons des hautes plaines au sud
de Sidi-Aïssa.
Ce marché fut aussi fréquenté par les quelques colons
établis à proximité d'Aumale. Mais ces clients étaient
très minoritaires. Aumale ne fut que très accessoirement
un centre de colonisation rurale.
Le petit plus apporté par les flux touristiques
vers l'oasis de Bou-Saâda fut tardif et resta toujours très
secondaire, avec des années et des mois d'été sans
touristes. Bou-Saâda était trop proche d'Alger (250 km par
Tablat) pour qu'Aumale devienne une étape obligatoire. Les touristes
n'ont pas fait la richesse des hôtels et restaurants de la ville,
même s'il y eut un grand hôtel à deux niveaux ouvert
dès le début du XXè siècle sous le nom d'hôtel
Grossat.
L'aspect de la ville
Il existe des villages à une rue : Aumale était
une ville à trois longues rues parallèles orientées
du nord au sud et réunies par des rues perpendiculaires très
courtes. La rue centrale, ou grand-rue, reliait la porte d'Alger au nord,
à celle de Bou-Saâda au sud en traversant en réalité
deux villes, la civile au nord et la militaire au sud. J'ai colorié
la civile en bleu et la militaire en rouge ; et en vert une large esplanade
divisée en deux par la grand-rue. Pour franchir la muraille il
existait 4 grandes portes et une plus petite qui donnait sur l'espace
où se tenait le marché le dimanche.
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Les routes sont en rouge, avec les distances pour Alger
123 km, Berrouaghia 84 km, Bouira 36 km, Sétif 210 km et Bou-Saâda
127 km.
Sur la photo, à l'arrière-plan, on aperçoit
les premières pentes du massif de l'Ouennougha. A droite on distingue
bien les casernes du quartier militaire, ainsi qu'un bout de la muraille
avec 2 des 17 bastions. Ce rempart soigné et l'absence de maisons
hors du rempart soulignent le rôle éminemment stratégique
dévolu à Aumale lors de sa création. L'espace en
avant de la muraille est celui qui était occupé par le marché
hebdomadaire.
Par contre on ne fait que deviner la ville civile grâce à
l'émergence du clocher de l'église et, tout au fond, du
minaret de la mosquée située très près de
la porte d'Alger.
La ville a été bâtie sur un interfluve
juste assez élevé pour échapper aux crues des deux
ruisseaux qui longent la cité, les oueds es Sour et Souaghi. Elle
est toute en longueur ; environ 1200 m sur 200 à 400 m de largeur.
Le cur de la ville avec la mairie, la poste, les écoles et
l'église, s'ordonne autour de la place Thiers et d'un square carré.
Et la prison n'est pas loin. Un chemin de ronde accessible aux piétons
permettait aux bons marcheurs de faire le tour de la ville en moins d'une
heure.
L'immeuble le plus imposant, avant la construction du
premier HLM en 1958, était la mairie prolongée sur sa droite
par la poste. Son style paraît la dater des années 1880 ou
1890. Aumale possédait des guichets pour toutes les administrations,
mais n'avait ni théâtre, ni musée.
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La mairie et la poste sur sa
droite
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La place Thiers avec l'église,
le monument aux morts
et la colonne portant le buste de Marianne
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La desserte d'Aumale par les
services de transport publics
A l'exception d'une dizaine d'années à partir de 1927, durant
lesquelles le train relia Aumale à la gare de Bouira sur la grande
ligne Alger-Constantine, la ville n'a connu que des transports routiers,
diligences, puis autobus avec des services réguliers vers Alger,
Bou-Saâda et Berrouaghia par les villages de colonisation de Masqueray
et Stephane Gsell. Il y avait 4 services quotidiens vers Alger et Bou-Saâda,
un seul pour Berrouaghia.
Cette desserte était assurée par la société
" Auto-Traction de l'Afrique du Nord " également appelée
SATAC
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