Il est des mots ou des appellations d'usage courant qui
ne soulèvent pas ou peu d'interrogations sur leurs origines. Certains
autres nous ont déjà livré leurs his?
toires par les travaux des chercheurs en sémantique ou en étymologie.
C'est à l'histoire de l'un de ces inconnus que je vous convie.
C'est à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) que commence
notre périple, au rayon des livres numériques. En effet,
il faut savoir qu'une des grandes potentialités des recherches
sur Internet est représentée par la consultation de base
de données distantes de milliers de kilomètres. La BNF en
est un des plus imposants représentants avec Gallica, sa bibliothèque
numérique où sont disponibles de nombreux trésors
de notre patrimoine.
Je devais être attiré par un ouvrage du XVIIe siècle,
plus précisément de 1697, rédigé par un certain
Herbelot, présenté comme un grand connaisseur du Moyen-Orient,
il y réunit, sur ces pages transcrites en vieux français,
tout ce qu'il a pu rencontrer, annoter, découvrir dans ses pérégrinations
sous le titre surprenant de " La bibliothèque orientale
ou le dictionnaire universel ". Au milieu des histoires et traditions
des peuples d'Orient, de leurs religions, de leurs sectes, de leurs pratiques
scientifiques, j'y ai retenu un mot parmi tant d'autres, celui de simia.
L'auteur nous dit que " c'est le nom arabe donné à
une partie de la chimie prise dans sa plus ample signification. Car,
chymie ou kimia, comme l'appellent les Arabes, viennent
du mot grec Hum'ov qui signifie " suc ", et fait assez
voir, que la chymie proprement dite, ne s'exerce que sur les essences
de plantes, et que c'est par extension qu'elle comprend la préparation
des minéraux et de métaux, que les Arabes appellent d'un
nom particulier, simia ".
On serait donc tenté de penser qu'au XVIIe siècle la chymie
ou kimia définissait pour les Grecs comme pour les Arabes
un travail gustatif sur les sucs des plantes. Mais si l'on prononce
kimia en Arabie, nous avons largement prononcé kémia,
pour définir nos préparations culinaires très riches
en saveurs qui ont égayé toutes nos séances d'apéritifs
et continuent de le faire.
Notre kémia tirerait donc l'origine de son appellation d'un
mot arabe, qui lui même prendrait sa source dans une origine grecque.
Pour être complet j'ai voulu vérifier la position du Littré
sur l'étymologie du mot " chimie ". On y retrouve les
racines grecques précédemment évoquées mais
aussi ses autres racines telles que, latines avec chymia et chemia, italienne
avec chimica et amusante constatation, la racine espagnole avec quemia.
En conclusion, nous ne pouvions échapper à ce mot fameux
qui a bercé notre enfance ainsi que celle de nos parents et des
parents de nos parents. N'oublions jamais que chaque apéritif nous
permet d'inviter avec nos amis les plus proches, une grande partie de
la Méditerranée à travers la kémia qui véhicule
une appellation pleine d'histoire.
|