Saint-Antoine de Saïda retrouve la ferveur populaire dans l'église de Notre-Dame-du-Taur
Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui mai-juin 2000 n°112

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Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui mai-juin 2000 n°112
Saint-Antoine de Saïda retrouve la ferveur populaire dans l'église de Notre-Dame-du-Taur

La foi populaire la plus humble accorde à Saint Antoine des talents pour retrouver tout ce que nous avons perdu et qui nous était cher.
Nous ne pouvons pas lui demander de retrouver notre Algérie Française mais que grâce à Saint-Antoine, il puisse nous aider à conserver au cœur la foi et l'amour de notre terre natale.
Voici l'extraordinaire histoire des pérégrinations de la statue de Saint Antoine qui, sauvée de la destruction en Algérie, attendra 37 ans le vol d'une autre statue pour être, à nouveau, confiée à la ferveur populaire.

Sainte Jeanne d'Arc de Saïda
En 1962, apprenant que notre église serait détruite après notre départ, le père Escolano,demanda aux paroissiens qui le pourraient, de prendre en charge le rapatriement en France de statues de leur choix.
La famille Baylé entreprit de sauver Saint-Antoine et Notre-Dame de Lourdes qui partirent d'abord pour Béziers puis Toulouse.
C'est ainsi que, depuis 37 ans, Saint Antoine, mais aussi la très belle statue Notre-Dame de Lourdes, sauvées de la destruction, attendaient côte à côte, humblement mais sûrement, dans une famille saïdêenne
Entre-temps l'église de Saïda fut démolie, et ses pierres de taille, dont les saïdéens étaient si fiers, servirent à la construction d'une villa près d'Oran.
La cloche fut descendue du clocher en février 1964 et envoyée en France. Demandée par la paroisse Saint-François d'Assise à Bihorel-Rouen, elle fut fondue pour en faire trois plus petites. Leur bénédiction eut lieu le 9 janvier 1965.
Une nouvelle inscription fut gravé leur flanc :"Jeanne la Rouennaise,
Marie et Thérèse les Saïdéennes, venues d'horizons différents Saïda-Rouen. Témoins de souffrances et de joies. Ensemble, nous serons pour nos frères les hommes : "Messagères d'espérance".
En 1999, Mgr de Saint-Blanquat, en charge de l'église du Taur, consterné,
annonce en juin dernier à ses paroissiens : "On nous a volé la statue de Saint Antoine ! " aux ~)IS*11S (~1h ~t pour 1e de Saint-Antoine !".
Par hasard, mais il n'y a pas de hasard, Jacqueline Baylé, l'épouse du Président de l'Amicale des Saïdéens est présente, elle se souvient de leur Saint Antoine "rapatrié" qui attend depuis 37 ans.
La décision est vite prise, tant par les paroissiens de l'église du Taur, que la famille détentrice de Saint-Antoine et l'Amicale des Saïdéens : la statue de Saint-Antoine va retrouver sa place, dans le chœur de l'Église duTaur.

Une belle statue pour un grand saint
Haute de 1,60 m, cette statue représente Saint-Antoine debout, tenant dans ses mains, sur un livre ouvert, un enfant avec le lys de la pureté.
Les trois nœuds, symboles des trois vœux d'humilité, chasteté et pauvreté des franciscains sont noués à sa bure, avec le pain du pauvre posé à ses pieds.
On notera les regards échangés, pleins d'amour et de tendresse entre SaintAntoine et l'enfant, superbe réalisation, un des plus beaux modèles de statue existant.


Une magnifique cérémonie
Musique, émotion et une foi vive animaient la foule nombreuse de tous ces Pieds-Noirs de Saïda, de toutes confessions, venus des quatre coins de l'hexagone retrouver leur Saint-Antoine de Padoue, en ce dimanche 17 octobre 1999.
À leurs côtés, venus en foule aussi, les paroissiens de cette belle Église du Taur, proche du Capitole.
Une ferveur générale salua l'arrivée de Saint-Antoine transporté par quatre
Saïdéens : Nicole Villalon, Louis Baylé- (Pdt de l'Amicale), Alain Crach et Bernard Allène.
Présidée par Monseigneur de Saint Blanquat et assisté par le père Jean-Pierre Espin lui même enfant de Saïda, Toulousains et Pieds-Noirs en communion de prière se pressaient nombreux dans la nef de l'église, trop petite en cette circonstance.
Ce fut une manifestation religieuse de piété toute méditerranéenne qui n'aurait pas déplu à Saint-Antoine, ce docteur de l'Église, né à Lisbonne, mais si familier des peuples et des rivages de la Grande Bleue.
Bien avant qu'il ne finisse ses jours à 39 ans à Padoue, ce grand prédicateur franciscain du 13e siècle parcourut le monde de la chrétienté et notamment Toulouse... contre l'hérésie cathare.
Les Pieds-Noirs pourront donc le prier tout à leur aise, dans le chœur de la nouvelle église et premier miracle constatée par le curé de l'église de Notre-Dame-du-Taur, l'église n'a jamais eu autant de fidèles, chaque dimanche, depuis que Saint-Antoine est présent, Toulousains et Pieds-Noirs confondus dans une même adoration. Saint-Antoine, pour notre plus grande joie, est enfin, de retour aujourd'hui parmi nous.
Le Seigneur a voulu associer Saint Antoine à la Vierge dans ce sauvetage. Le voilà aujourd'hui à une place qui Lui fait honneur, qui nous fait honneur, nous qui l'aimons, auprès de Notre-Dame du Taur, en cette année 1999 où nous avons célébré le 150è anniversaire de Notre-Dame de Santa-Cruz.
Notre grand bonheur serait que Saint Antoine, dont c'est la spécialité, intercède auprès du Seigneur, afin que notre statue saïdéenne de Notre-Dame de Lourdes trouve, elle aussi, la place qui doit être la sienne.

J-M L.