La foggara
: un ingénieux système d'irrigation *
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La foggara : un
ingénieux système d'irrigation * La richesse du Touat en eaux souterraines a permis, au
cours des VIe - IXe siècles, le percement d'un extraordinaire système
de captage et d'adduction d'eau, particulièrement adapté
pour couvrir les besoins du pays et lutter contre l'aridité du
sol sans laisser prise à l'évaporation, considérable
dans cette région du Sahara.
" Il ne pleut pour ainsi dire jamais au pays des fgagir. Et cependant, depuis plus de dix siècles, à chaque heure, la moindre foggara soutire plusieurs mètres cubes d'eau souterraine dont le remplacement pluviométrique est manifestement impos? sible " (J. Savornin, Histoire de l'Afrique du Nord, p. 48.). " En utilisant quelques suintements après un labeur énorme et une dépense stupéfiante d'ingéniosité, l'homme (...) a fait naître une agriculture savante, intensive, ce qu'on connaît de plus évolué en matière d'agriculture... " (Emile-Félix Gautier, op. cit., 1905, p. 19). N.B. Lorsque le niveau d'eau a baissé dans une foggara, il faut pour atteindre la nappe, soit prolonger la foggara en amont, soit en recreuser le fond. Au Touat, la plupart des foggaras sont orientées dans le sens est-ouest: issues du plateau de Tademaït, ce véritable " château d'eau ", elles se dirigent, suivant une ligne perpendiculaire, vers les palmeraies. Vestiges sans doute d'un " système primitif " ( Jean Vallet, Une oasis à foggara, Tamentit, in Oasis du Sahara algérien, étude de photo-interprétation, n° 6, IGN 1973.), celles de Tamentit ont la double particularité d'être orientées sud-nord et de passer sous le ksar, ce qui exclut un percement postérieur à la construction de la ville (vie siècle). La foggara Hennou en est l'exemple type: alimentée par l'eau d'une source - contrairement à toutes les autres - elle est une des plus anciennes. Ici la foggara est dite " horaire " et le système de distribution de l'eau dans la palmeraie très différent, puisqu'il s'agit d'une répartition non en quantité mais en volume; nul besoin, donc, de " peignes " et de " séguias " (canaux d'irrigation). Il suffit d'obstruer la foggara une ou deux fois le jour pour atteindre le niveau requis, puis de la libérer pour un temps donné, proportionnel à la contribution versée par le bénéficiaire. Les foggaras ont fait l'originalité et le renom du Touat qui possède environ 950 de ces galeries souterraines, soit au total, quelques 2 000 km (4 000 km pour tout le Sahara). Si certaines, obstruées et laissées à l'abandon faute de main-d'oeuvre pour les entretenir, sont mortes, de nouvelles sont encore creusées à l'époque actuelle, la dernière en date ayant été creusée en 1984. Pour les anciens, les premières foggaras furent l'oeuvre des Juifs : " La foggara Hennou de Tamentit (...) serait l'ouvrage des juifs (...), les ruines du ksar juif d'Ar'lad dans l'oasis de Tamentit (...), semée de ruines de ksour auxquelles le souvenir des Juifs reste attaché ". " Au Gourara et dans tout le Touat septentrional, les beaux travaux d'irrigation, orgueil des oasis, aqueducs souterrains, puits artésiens, les traditions en font honneur aux juifs ". " La gloire des oasis ce sont leurs fgagir. (...) La foggara Hennou de Tamentit et toutes les foggaras mortes comprises entre Zaouiet Sidi Bekri et Beni Tameur seraient l'ouvrage des juifs " ( Jean-Claude Echallier, Forteresses et villages désertés du Touat-Gourara, 1972, p. 78; Emile-Félix Gautier, op. cit., 1905, p. 19..
Il semble assez probable, en effet, que les maîtres
d'oeuvre, avant le xe siècle, aient été des Juifs,
au moment où le Touat, plaque tournante du commerce transsaharien,
voyait arriver à Tamentit de nombreuses caravanes, dont il fallait
abreuver les centaines de chameaux. Les Musulmans ont poursuivi l'action
et développé le réseau existant à partir du
XIè siècle. o
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