
Timimoun - In Salah

PARCOURANT 4.080 KILOMÈTRES PAR
JOUR PENDANT 96 HEURES
Un Bréguet "deux ponts'' a transporté 60 tonnes de
matériel pour contenir le gaz du forage de Berga
Pour être rentable
la poche devrait avoir une réserve de 7 milliards de mètres
cubes
Mais les prospecteurs attendent surtout le jaillissement de lor
noir
Mercredi 10 mars 1954,
les prospecteurs de pétrole au Sahara ont remporté leur
première victoire. Avec léruption-surprise de Berga.
Sur ce chantier de la C.R.E.P.S., situé à 125
kilomètres dIn-Salah, le gaz combustible, en
effet, sest échappé de terre alors que la sonde
venait datteindre 1.400 mètres.
Pour les chercheurs « dor noir », cette éruption
est plus quun indice encourageant. Cest la preuve que le
sous-sol du « plus grand désert du monde » recèle
« quelque chose ».
Et ce « quelque chose » pourrait bien être... le PETROLE.
La découverte du gisement de gaz de Berga que nous avions récemment
annoncé a suscité lenthousiasme. Mais elle a, aussi,
soulevé pour le chantier, un grave problème de sécurité.
La C.R.E.P.S. a donc jugé prudent denvoyer le matériel
spécialisé permettant dassurer dans les meilleures
conditions, la protection du forage.
Ces nécessités simposant de toute urgence, la Compagnie
se trouvait dans lobligation de mettre en place ce matériel
dans les délais minimum.
Le lancement dun pont aérien, avec le concours d«
Air France », a résolu ce problème.
Hier matin, MM. Desnus et Cazenave ont entretenu la presse algéroise
de ce pont aérien. Pont- aérien et décollages de
nuit...
Cest un Bréguet « Deux Ponts » qui de vendredi
à lundi a effectué la liaison sur In-Salah : 4.080 kms
par jour !
Six affrètements totalisant 60 tonnes ont été réalisés
en 96 heures par quatre équipages. Et pour la première
fois, jeudi soir, un avion a décollé de nuit de laérodrome
dIn-Salah !
Malgré des horaires difficiles, malgré un fret nécessitant
une manipulation délicate, tout a parfaitement marché.
Et le Bréguet « Deux Ponts » sest révélé
au cours de ces quatre jours un matériel extraordinairement bien
adapté aux exigences de tels transports.
L'éruption-surprise
« Il est extrêmement rare datteindre une nappe de
gaz (ou de pétrole) au premier forage. Aussi léruption
nous a-t-elle surpris », a déclaré M. Cazenave.
Un débit de 200.000 m³, une pression de 150 kgs, la situation
risquait de devenir très grave sur le chantier. Dès les
premiers jets tout a été arrêté. Jeudi, les
premiers camions ont été mis en route. Vendredi après
renseignements complémentaires, lopération «
Pont Aérien » a été déclenchée.
»
« Il nous fallait, en effet, amener à pied duvre
et sans attendre, poursuivi M. Cazenave, un obturateur spécial
Hidrill, représentant lui seul une masse de sept tonnes, un groupe
de pompage de 3.500 kilos, divers matériels et, surtout un important
tonnage de poudre de baryte, cette poudre étant indispensable
pour le conditionnement de la boue au cours du forage. Léruption
nous a dailleurs fait perdre plus de 100 m3 de cette précieuse
boue ». Le gisement de gaz combustible
Lexploitation de ce gisement de gaz nest pas (encore) envisagée.
Pour quelle soit rentable, il faudrait, en effet, que la poche
ait une réserve de 7 milliards de mètres cubes.
La construction dun pipe-line, indispensable à une telle
exploitation est en effet extrêmement onéreuse : 15 milliards
environ.
Quoi quil en soit, les prospecteurs ont désormais bon espoir
de trouver du pétrole au Sahara. Les travaux vont bientôt
reprendre à Berga. Une « carotte » est actuellement
en cours danalyse.
Dans quelques semaines. voire quelques jours, nous serons fixés.