rue
Michelet - Alger,
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: « ...bien sûr je
l'ai vécu au 21 rue Horace Vernet là où il
y avait ce grand garage avec les deux sous-sol qui servaient d'abris
contre les bombardements allemands. Mais les mêmes évènements
se sont déroulés dans tout Alger et ses environs,...»
(H.Cardona)
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---Le
3 juillet 1940, la flotte anglaise bombarde la flotte française désarmée
à Mers-el-Kébir, près dOran. Pétain rompt
les relations diplomatiques avec lAngleterre. De Gaulle rallie les
territoires de lEmpire et crée en novembre 1940 lordre
de la Libération. Les ralliements se font de plus en plus nombreux
à partir de 1942. Dans la nuit du 8 novembre 1942, cest le
débarquement anglo-américain à Alger et à Casablanca.
A Alger, après une courte résistance des forces françaises,
les bâteaux entrent dans le port dAlger ; les soldats U.S. semparent
de la ville. Les Allemands envahissent la zone libre en France. Le débarquement
des Alliés à Alger comportait un matériel impressionnant
: les 290 navires de guerre de lopération « Torch »
avaient franchi Gibraltar, laissant croire que ce convoi allait ravitailler
Malte. Pour la première fois, les Allemands navaient pas linitiative
dune action stratégique, la chute du troisième Reich
allait commencer. De plus, les Algériens étaient impressionnés
par cette puissance militaire, que la France navait pas. Par ailleurs,
les troupes britanniques remportaient les combats engagés contre
Rommel en Lybie.
La ville dAlger est largement ouverte sur la mer et dès le petit matin, les habitants réveillés par les sirènes et les coups de canon, observent une immense armada sur la mer : des navires de guerre partout et à perte de vue. Les autorités locales ont été neutralisées et les troupes alliées débarquèrent à Cherchell, près dAlger. Ne dépendant plus de Paris ni de Vichy, Alger devient, pour deux ans, la capitale de la France, où de nombreuses décisions seront prises. Tous les établissements scolaires furent réquisitionnés par les armées anglaise et américaine. On rencontrait des soldats partout ; un jour mon frère 11 ans était dans le tram avec sa petite sur 6 ans et il voulut parler langlais, quil avait appris en 6ème.. Mais le soldat américain, qui peut-être avait des enfants, se mit à rire et nous donna des gâteaux, du chocolat et du chewing-gum. Cependant la présence des Alliés nempêchait pas les raids aériens allemands et italiens destinés à détruire tous les centres vitaux ; nous étions devenus la cible de ces bombardements plusieurs fois dans la nuit. Il fallait tout éteindre et se précipiter dans les abris. Dans les appartements, on collait du papier sur les vitres pour les rendre plus résistantes, mais souvent cétait inutile et en remontant des abris, on marchait sur du verre brisé. Les bombardements étaient annonçés par une sirène aussi stridente que lugubre. Il fallait faire très vite et descendre dans le noir, pendant quon entendait les avions arriver dans un bruit assourdissant, piquer vers le sol avant de lâcher plusieurs bombes, qui faisaient un fracas terrible avant de causer des destructions, souvent des morts et toujours des cris. La peur rongeait les habitants. On avait réquisitionné les réservistes comme mon père pour assurer le maintien de lordre pendant les alertes, dans les abris et dehors dans les endroits bombardés ; on recherchait aussi les espions et les traîtres, qui faisaient des signaux lumineux aux avions ennemis pour les aider. Les réservistes avaient un casque, un bâton et un sifflet, cest tout. Dés le déclenchement de lalerte, il fallait partir très vite. On dormait à moitié habillé pour être prêt rapidement. Sous notre immeuble, il y avait un grand garage, qui occupait deux sous- sols, cest là que nous devions nous réfugier, en descendant un petit escalier en colimaçon. Arrivaient dans cet abri les habitants de notre immeuble, mais aussi ceux des immeubles voisins et aussi toute une population musulmane qui habitait de petites maisons de lautre côté du ravin. Les responsables de la « Défense Passive » devaient assurer le maintien de lordre, mais ce nétait pas facile, car les gens affolés se bousculaient. En plus, malgré une tentative darrangement, les Musulmans ne voulaient pas quon voie leurs femmes et avaient exigé le 1er étage pour eux. Les autres descendaient donc un étage plus bas. Tout le monde descendait avec des couvertures, car il faisait froid, surtout assis par terre, ceux qui avaient peur emportaient des bougies. Lors des lâchers de bombes et du fracas, qui en résultait, certains hurlaient, les enfants pleuraient. Quand la sirène annonçait la fin de lattaque, il fallait remonter et on constatait parfois que tel immeuble navait plus ses vitres ou pire quil était en ruines. Il ne fallait pas trop parler, car il y avait beaucoup de Pétainistes qui accusaient les Américains de tous les maux. On rentrait chez soi, mais pour combien de temps ; les alertes se succédaient plusieurs fois dans la même nuit. Mon père surveillait à lextérieur, cétait plus dangereux, même avec un casque ; il fallait sécuriser les immeubles touchés. Un jour, ils ont surpris et arrêté un espion qui faisait des signaux lumineux aux avions ennemis depuis la terrasse. Bien sûr, notre appartement avait été souvent « ébranlé » par les bombardements, il ne restait plus de vitres et il faisait froid ; il fallait donc bricoler des planches pour fermer les fenêtres. Les missions de la défense passive ont eu lieu du 21 décembre 1942 au 1er août 1945. On a même donné, à mon père, un diplôme « de reconnaissance » à la fin de la guerre. Mon oncle, le frère aîné de mon père, a accompagné à Alger ses quatre fils, qui avaient rejoint larmée dAfrique, le dernier Robert était trop jeune mais avais voulu sengager dans la marine. Ils étaient tous les quatre très jeunes et ne connaissaient pas encore la France. Par patriotisme, ils avaient décidé de rejoindre larmée du maréchal Juin, un Pied Noir lui aussi, né à Bône. Cétait le corps expéditionnaire français, qui partait chasser loccupant nazi. .Mon oncle, qui avait combattu à Verdun connaissait toutes les horreurs et les dangers de la guerre, il était très ému et inquiet en disant au revoir à ses 4 enfants. Le 3ème : Vincent, a combattu en véritable héros. Il a participé à la campagne dItalie en automne 1943. Il était lieutenant dune unité dinfanterie de tirailleurs algériens, sous le commandement du général de Montsabert. Les combats furent particulièrement violents et meurtriers à Monte-Cassino, près de Rome. La lourde logistique alliée avec ses lourds camions se montre peu adaptée au relief et aux chemins raides et tortueux, alors que les tirailleurs algériens et marocains passaient partout, grâce à leurs mulets et apportaient, sans difficulté, ravitaillement et matériel de guerre. Le courage et laptitude au combat des tirailleurs algériens et marocains a permis de sérieuses avancées et épaté les troupes américaines. La victoire hélas fera beaucoup de morts dans larmée dAfrique et aussi beaucoup de blessés, dont mon cousin, qui refusa de rester derrière et remonta au front avec ses hommes, qui lappréciaient beaucoup. Cest souvent, quils chantaient tous, pour se donner du courage : « Cest nous les Africains, qui venons nous vaincrons. » Les armées poursuivirent leur marche vers le Nord, puis larmée dAfrique forma avec dautres divisions la 1ère armée, qui débarqua en Provence, délivra Toulon, Marseille et toute la Provence et se dirigea vers lAlsace rejoindre larmée de De Lattre de Tassigny, pour délivrer Strasbourg. Ils ont tous combattu avec héroïsme, malheureusement il y eut beaucoup de pertes. Le 8 Mai 1945, lAllemagne déposait les armes. Tous les Algérois sont descendus dans la rue, cétait un jour de joie. Les gens sembrassaient, pleuraient, il ny aurait plus de morts, du moins le croyaient-ils. Il y eut un défilé militaire sur le boulevard Front de Mer. La foule sétait massée et entonnait des champs patriotiques : le chant du départ, « cest nous les Africains", la Marseillaise, le chant des Partisans. La foule était en liesse et applaudissait tous les noms des héros : on acclama De Gaulle, le maréchal Juin lenfant du pays, De Lattre, larmée dAfrique, qui avait combattu en Italie, en Provence, en Alsace avec tant defficacité et dhéroïsme mais avait hélas laissé beaucoup des leurs sur les champs de bataille, morts au combat. Un défilé militaire eut lieu, suivi de remises de décorations et de discours ; les grands blessés de larmée dAfrique se présentaient avec des béquilles ou sur des civières. On remit les décorations aux héros, sous des tonnerres dapplaudissements . |