sur site le 5/082002 modifiée le 18/09/2002
-rue Bab-el-Oued
Sur la place du Gouvernement, deux directions sollicitaient le visiteur : à gauche, la rue Bab-Azoun, qui était le côté chic; à droite, la rue Bab-el-Oued, qui l'était beaucoup moins.
Louis Bertrand de l'Académie Française a vécu une dizaine d'années à Alger à partir de 1891.
Dans son ouvrage, il raconte ses promenades dans le vieil Alger. En voici un extrait.
Nouvelles Éditions du Siècle, Paris, 1938.

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-------Sur la place du Gouvernement, deux directions sollicitaient le visiteur : à gauche, la rue Bab-Azoun, qui était le côté chic; à droite, la rue Bab-el-Oued, qui l'était beaucoup moins.
-------Et pourtant, au lendemain de la conquête, Bab-el-Oued avait eu sa période d'éclat, comme l'attestait encore le vieil Hôtel de Paris, qui, de mon temps, n'était plus fréquenté que par des commis-voyageurs et de vagues universitaires. Cette rue européenne, tracée en plein quartier mauresque, en avait gardé quelque chose de pittoresque, et aussi de négligé et d'un peu sordide. L'ambiance, comme l'odeur, y était maltaise et mahonnaise. Sous ces étroites arcades, on frôlait d'inquiétantes épiceries, enguirlandées de rouges saucisses valenciennes, hérissées de queues de morue, et qui vous soufflaient aux narines de violents effluves de saumure et de piments de Cayenne. C'était aussi le quartier des pâtisseries et des confiseries populaires, des magasins de nouveautés et des bijouteries bon marché. Vers le milieu, contre l'ancienne mosquée bâtie par un renégat italien et devenue l'église catholique de NotreDame des Victoires,

rue bab-el-Oued et Notre-Dame des Victoires
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rue bab-el-Oued et Notre-Dame des Victoires

il y avait une échoppe de barbier maure. Quand on passait, on voyait cet homme farouche coller brutalement la tête du client contre le mur de la mosquée et brandir de l'autre main une espèce de coutelas, comme pour lui couper le cou. Après quoi, il se mettait à le raser avec beaucoup de douceur et de dextérité...

 

------On débouchait sur la place Bab-el-Oued, encadrée par les bâtiments fastueux du lycée et par la laide caserne du Génie.

rue Bab-el-Oued, place du lycée Bugeaud
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rue Bab-el-Oued, place du lycée Bugeaud

Et puis on tombait dans un grand terrain vague, dominé par les terrasses en étages du Jardin Marengo et par les premières maisons de la Rampe Valée. Au fond, on apercevait la mer, quelques misérables poivriers tout poussiéreux, et la ligne de remparts qui aboutissaient à une double porte voûtée avec ses ponts-levis, comme celles de nos vieilles enceinte: à la Vauban : la nouvelle porte Bab-el-Oued, conduisant au faubourg du même nom.