sur site le 23-06-2003
-
De saint Augustin au Bachaga Boualem
L'Afrique du Nord chrétienne
Extrait de "Présent", (l'article paru dans "Présent" du 15 février)5, rue d'Amboise, 75002-Paris

31 Ko / 15 s
précédent
retour
suivant

-----Nous ne savons rien de la première prédication chrétienne en Afrique du Nord. Encore qu'une tradition, toujours ancrée en Tunisie, explique que saint Pierre lui-même était venu prêcher à Carthage. Et qu'il y avait laissé saint Clément comme évêque.
-----On dit aussi que Clément le Zélote avait reçu l'Afrique du Nord en partage et qu'il y avait annoncé l'Evangile. Et encore que sainte Photine, la Samaritaine, avait converti les Carthaginois. Légendes ? Peut-être. II n'empêche que Carthage reçut très tôt le message christique. D'où viennent les prédicateurs ? De Rome. De Grèce. De Syrie. D'Asie mineure. En 180, la province proconsulaire d'Afrique du Nord était administrée par Vigellius Saturnies."Il fut le premier à tirer le glaive contre les chrétiens ", nous dit Tertullien.
-----Et nous possédons, de fait, le procès-verbal de l'interrogatoire, puis du martyre, de douze chrétiens mis à mort sur son ordre le 17 juillet 180. Ces hommes et ces femmes se nommaient Aquilinus, Nartzalus, Speratus, Donata, Cittinus, Secunda, Vestia, Veturius, Felix, Generosa, Januaria. A Saturnius, qui lui ordonne d'abandonner sa croyance, Speratus répond :
------ Nous ne craignons personne. Si ce n'est le Seigneur notre Dieu qui est au Ciel.
-----Le 7 mars 203 -les persécutions s'échelonnèrent de 180 à 213 - nous notons les martyrs de Thurburo Minus : ils étaient six. Parmi lesquels une jeune fille de l'aristocratie : Vibia Perpetua. Deux de ses compagnons étaient des hommes libres, Secondulus et Saturninus. Deux autres étaient des esclaves, Revocatus et Félicité. Le cinquième, Saturnus, s'était livré pour partager le sort de ses frères.
-----Ces martyrs furent ensevelis à Carthage. Et une basilique, la basilica majorum, fut élevée sur leurs tombes qui furent retrouvées, en 1906, par le père Delattre.
-----À la même époque, on rencontre Tertullien. Un païen converti à qui l'on doit des livres admirables comme l'Apologétique, Contre les nations, Aux martyrs. Mais personne n'est parfait : en 207, Tertullien passe à l'hérésie montaniste (appelée aussi " l'erreur de Montan "). Au motif que l'Eglise n'est pas assez austère. II finira par créer sa propre secte dans cette secte : le tertullianisme. N'empêche que c'est à Tertullien que nous devons de connaître la force et la vitalité de cette Eglise des débuts du IIIe siècle.
-----Un exemple de cette force ? Aux environs de 220, un évêque de Carthage, Aggrippinus, put rassembler autour de lui, lors d'un concile, soixante-dix de ses collègues venus notamment de Numidie.
-----Vers 249, un grand nom s'impose : celui du nouvel évêque de Carthage, saint Cyprien. Lui aussi est un converti. Et lui aussi aura à faire face aux persécutions. À commencer par l'empereur Dèce qui avait déclaré une guerre à mort au christianisme.
-----Comme Tertullien, Cyprien nous a laissé des ouvrages admirables comme Sur l'unité de l'Eglise, par exemple. En 257, Valérien ordonne aux évêques, aux prêtres, aux diacres, de revenir à Saint Augustin et sainte Monique la religion d'Etat. Cyprien refuse. ll est exilé. En 258, on n'exile plus : on tue. Cyprien, revenu à Carthage, sera décapité le 14 septembre. Et la liste des martyrs s'égrène comme une litanie Théogène, évêque d'Hippone; Némésianus, évêque de Thubunae ; Jader, évêque de Midlili ; Marien et Jacques, exécutés à Cirtas ; le prêtre Mammarius ; les diacres Felix et Victorien ; des laïques aussi : Lucius, Flavien, Montan, Julien, Victoric.
-----Malgré ces persécutions, le christianisme progresse. II y a quelque 25 évêchés en 256. I1 y en a plus du double en 300. Et deux apologistes de talent, deux convertis, Lactance et Arnobe, sont originaires d'Afrique du Nord. Malgré le féroce Dioclétien, puis Maximien - qui prétend épurer l'armée-, plus rien n'arrête la parole du Christ. Le soldat Maximilien, de Théveste (Tébessa), est exécuté. Le porte-enseigne Fabius, de Césarée (Cherchell), est exécuté. Le vétéran Tipasius est exécuté. Le centurion Marcel, de Tingi (Tanger), est exécuté.
-----Le sang des martyrs ne coulera pas vainement. Et leur exemple nourrira la foi de celui qui sera la gloire de l'Eglise d'Afrique du Nord et de l'Eglise tout entière saint Augustin.
-----Augustin est le fils d'un païen, Patricius. Et d'une chrétienne fervente, Monique. II est né à Thagaste (Souk-Ahras) où il a commencé d'étudier. II a continué à Madaure et à Carthage où il se laisse séduire, un temps, par le manichéisme. A Milan, où il est venu enseigner la rhétorique, il rencontre saint Ambroise dont il suit les sermons. Il rentrera alors dans la foi catholique et s'éloignera à jamais de la vie de débauche qu'il avait jusqu'alors menée.
-----Rentré en Algérie, il rencontre à Hippone (la Bône de l'Algérie française) l'évêque Valérien qui l'ordonnera prêtre et le chargera d'instruire et d'évangéliser les fidèles. En 395, il est sacré évêque. Jusqu'à sa mort, en 430, il sera l'oracle du catholicisme nordafricain et, à notre sens, du catholicisme tout court. Sans relâche, évangélisateur de génie, il combattra le manichéisme, le donatisme, l'hérésie pélagienne.
-----En 429, les Vandales de Gensérie traversent le détroit de Gadès, pillent les Mauritanies, la Numidie, viennent assiéger Hippone.
-----Augustin, qui est alors un vieillard, sera l'âme des défenseurs de la ville. En 410, Rome avait été occupée par les Barbares. En 430, l'Eglise d'Afrique du Nord entre dans une phase terrible : celle de la décadence et de la ruine.
-----Ayant échoué devant Hippone, les Vandales se vengèrent en rase campagne. En 439, ils prennent Carthage et règnent désormais en maîtres. Les Vandales étaient des adeptes de l'arianisme. Et de l'arianisme le plus fanatique qui mena une guerre sans merci aux catholiques.
-----Quand le chef des Vandales, Genséric, meurt en 477, son fils Huméric lui succède. Tel père, tel fils et persécutions répétées. Et l'histoire a gardé le souvenir des martyrs de Tipasa à qui on arracha la langue et à qui on trancha la main droite.
-----À la mort d'Huméric, en 484, l'Eglise put enfin respirer. Mais il faudra attendre 523 et l'avènement d'Hildéric pour que s'amorce une véritable restauration. Elle fut l'oeuvre des Byzantins qui signèrent les derniers triomphes de l'ancienne Eglise d'Afrique. On vit des communautés s'établir aux portes du désert, et l'Aurès et la Kabylie recevoir pour la première fois l'Evangile. Mais ce ne sont plus que des soubresauts malgré les efforts de saint Grégoire le Grand qui s'appliqua à réformer les évêques simoniaques.

-----ll y a cependant de très belle; avancées. Des populations chrétiennes habitent les oasis du Djerid. La religion catholique pénètre dans les tribus de l'Aurès du Zab Dans la Mauritanie césarienne, les Zenata qui peuplent la région at sud de Tlemcen professent le christianisme. La confédérationdes Auraba est convertie. Ur grand Etat - indigène et catholique - existe aux environs de Tiaret.
-----Les derniers feux ? Sans doute. En 638, Héraclius publie une profession de foi favorable au monothéisme. Mais les évêques résistent. Encouragés par le moine saint Maxime, qui a réussi convaincre l'un des chantres d l'hérésie, le patriarche Pyrrhus ils tiennent en 646 trois concile provinciaux : en Numidie, en Byzacène, en Mauritanie. Les lettre de ces conciles adressées au Pape et à l'Empereur, témoignent de l'attachement des Nords-Africains au catholicisme.
-----À la même époque, les Byzantins se débattent contre les Arabes qui leur ont déjà enlevé l'Orient et commencent à déferler contre l'Occident.
-----À partir de là, nous entrons dans la nuit. En 642, les arabo-musulmans occupent la Barca et la Cyrénaïque. En 647, ils occupent l'Afrique byzantine. En 669 prise de Byzacène. En 688 conquête des oasis du Ouaddan du Fezzan, du Kaonat. En 698 occupation de Carthage.
-----En 770, la dynastie idrisside qui contrôle toute l'Afrique di Nord, annonce clairement se buts : détruire l'Eglise catholique
-----En l'an 800, les ambassadeurs de Charlemagne viennent réclamer à Carthage les reliques de ssaint Cyprien, de saint Speratu et de saint Pantaléon. Ils les obtiennent. En l'an 900, les chré tiens - en situation de dhimmitude, à Carthage - nomment évêque un prêtre qui s'appelle Jacques. Mais, incapables de trouver trois évêques pour le consacrer, ils l'envoient au pape Jean XV
-----C'est la fin. Ou presque. Au Xe siècle, on compte encore une quarantaine de sièges épiscopaux en Afrique du Nord. En 1053, i n'y en a plus que cinq. En 1076 plus que trois... II n'empêche que de temps à autre, via des lettres pontificales ou des textes d'historiens, nous parvient l'écho d'une communauté nouvelle. On connaît, par exemple, celle de Bougie grâce à la correspondance de Grégoire VII. Mais, doucement, faute de prêtres, ces communautés - marquées de près par l'islam conquérant - s'éteignent les unes après les autres.
El-Moumen va se charger d'éradiquer par le fer et le feu les derniers résistants. Partout où il passe, les chrétiens n'ont qu'une alternative : apostasier ou être massacrés.
-----Un grand saint, saint François d'Assise, bouleversé par la situation des chrétiens du Maghreb, partira pour le Maroc en 1213, avec l'idée bien arrêtée de convertir les mahométans. La maladie le contraindra à revenir. Mais ses disciples prennent le relais : les prêtres Bérard, Pierre, Othon ; les frères laïs Adjut et Accurse. Arrivés au Maroc en 1220, ils sont immédiatement arrêtés et torturés à mort.
-----Avec saint Raymond de Penafort, saint Pierre Nolasque, Jacques d'Aragon, les dominicains prendront leur part à cet apostolat à risques. En mars 1315, le bienheureux Raymond Lulle tombe à son tour sous les coups des musulmans.
-----Plus de communautés chrétiennes au Maghreb donc, mais des prisonniers chrétiens capturés par les pirates barbaresques. Pour leur venir en aide, saint Jean de Matha et saint Félix de Valois fondent l'ordre de la Trinité, et saint Pierre Nolasque l'ordre de la Merci. Les Trinitaires rachètent les captifs. Les Mercédaires, eux, vont sur le terrain, rentrent dans les prisons, raffermissent dans leur foi ceux qui sont au bord de l'apostasie. Avec tous les risques que cela comporte : furieux du zèle de saint Raymond Nonnat, le bey d'Alger lui fait percer les lèvres pour les sceller d'un cadenas.
 


-----Le grand roi saint Louis, après l'échec de l'expédition d'Egypte, tentera une opération - mais les barons ne le secondèrent guère - en Tunisie. II sera vaincu non par les hommes mais par la peste, le 25 août 1270.
-----Il faudra attendre le début du XVIe siècle et les Espagnols pour reprendre espoir. En 1505, ils occupent Mers-el-Kébir ; en 1509, ils sont à Bougie (où ils rétablissent l'évêché), à Bône, Tenès, Cherchell, Dellys, Alger. Mais l'Espagne, engagée sur plusieurs fronts, n'a pas assez d'hommes pour tenir les territoires conquis. En 1529, chassés partout ailleurs par les Turcs, ils ne contrôlent plus qu'Oran et Mers-el-Kébir.
-----Les barbaresques sont alors tout-puissants. A cette époque, saint Vincent de Paul sera ainsi lui-même réduit en esclavage à Tunis. II pourra s'évader. Rentré à Marseille, il obtient l'autorisation, en 1643, de fonder une mission pour procurer des prêtres aux chrétiens captifs des musulmans. Et il dira à ses prêtres : " Il est plus facile et plus important d'empêcher que plusieurs esclaves ne se pervertissent que de convertir un seul renégat. Vous n'êtes point chargés des âmes des Turcs ni des renégats, et votre mission ne s'étend pas sur eux mais sur les pauvres chrétiens captifs. "
-----Parmi ces héros, l'histoire a retenu le nom de Jean Le Vacher. Ce lazariste s'était consacré tout entier à la libération des chrétiens retenus en esclavage. Nommé consul général de France et vicaire apostolique pour l'Afrique du Nord en 1688, il sera dépecé lors de l'attaque de l'escadre de Duquesne sur Alger. Un simple bombardement. Il faudra attendre 142 ans - l'année 1830 exactement - pour que la croix du Christ revienne de plein droit sur ces terres où, des siècles durant et bien avant la conquête musulmane, elle avait dispensé la lumière et la paix.
-----La prise d'Alger fut saluée par le pape comme une victoire du catholicisme. On se souvient que le lendemain de la victoire, le général de Bourmont avait fait planter une croix au-dessus de la ville.
-----Mais cette victoire ne fut pas à la hauteur des espérances qu'elle avait suscitées. D'abord parce que le gouvernement de Charles X fut remplacé par ce pauvre Louis-Phillipe. Et qu'il fallut de longues négociations entre la France et le Saint-Siège pour que Grégoire XVI relève l'antique siège épiscopal d'Alger.
-----Le premier évêque d'Alger fut Mgr Dupuch (1838-1845) qui eut à se battre - et au sens fort du terme - contre un gouvernement français qui, franc-maçonnerie et gouvernement de Juillet obligeant, avait une ligne de conduite très claire : l'islam pour les indigènes, l'Evangile - éventuellement-pour les colons et basta...
-----Les textes sont là pour le dire : " Interdiction au clergé d'amener un musulman à se convertir, refus de laisser pénétrer sur le territoire algérien un prêtre syrien parlant arabe ; défense à l'évêque défaire imprimer un catéchisme en langue arabe ; établissement d'une sentinelle à la porte de la cathédrale d'Alger pour interdire aux musulmans d'assister aux cérémonies religieuses. "
-----Mgr Pavysuccédera à Mgr Dupuch. Il ne sera pas mieux loti. Après Louis-Phillipe, la Seconde République. Après la Seconde République, l'Empire. -----Mais une même politique : interdiction farouche de
l'évangélisation des populations indigènes. Pire : La Seconde République s'appliqua à infiltrer - voire à imposer - l'islam dans des régions qui lui étaient restées réfractaires.
-----Napoléon III pensait qu'il n'y avait que des Arabes en Algérie. La Seconde République savait qu'il y a aussi des Berbères. Et même qu'ils sont - avec des particularismes très marqués-plus nombreux que les Arabes. Mais cela ne l'intéressait pas. Consigne fut donnée d'obliger les Berbères à parler l'arabe et à épouser un islam arabo-oriental qui leur est quasiment étranger.
-----D'un autre côté, l'Algérie française continuait de s'enrichir de l'arrivée toujours plus nombreuse de populations européennes et catholiques Maltais, Espagnols, Italiens (très présents en Tunisie), Majorcains.
-----Pour ces immigrants, qui ne s'installaient pas forcément dans les villes mais à l'intérieur même du pays, il fallut créer des paroisses, installer des séminaires, des établisséments catholiques. Et c'est ainsi que le christianisme va renaître dans des régions où il avait jadis toute sa splendeur.
-----En 1866, l'évêché d'Alger est élevé au rang d'archevêché et reçoit deux diocèses suffragants : Oran et Constantine.
---Mgr Lavigerie succédera à Mgr Pavy. Ce grand prélat avait réussi - non sans mal - à obtenir de Napoléon III le droit d'exercer son apostolat aussi bien chez les musulmans que chez les Européens. La peste et le choléra s'étant abattus sur Alger, Mgr Lavigerie se porta au secours des petits enfants. De tous les petits enfants : Européens, Arabes, Berbères. Ce qui lui valut d'entrer en conflit avec Mac Mahon, alors gouverneur général de l'Algérie, qui lui intima l'ordre de ne
s'occuper-que de ce qui le regardait: les chrétiens.
-----Mgr Lavigerie passa outre et partit pour Biarritz où séjournait Napoléon III. II y fit son siège et finit, par obtenir le droit de faire œuvre de chrétien en s'occupant de tous.
-----S'appuyant sur les deux congrégations des Missionnaires d'Afrique et des Sœurs missionnaires, Mgr Lavigerie mit en place des orphelinats, des écoles, des hôpitaux, des œuvres de charité. Il fit alors par cette voie indirecte - et le plus discrètement possible - un certain nombre de conversions.
-----La Tunisie étant passée sous Protectorat français en 1881, Mgr Lavigerie y ouvre un grand séminaire l'année suivante. En 1884, Léon XIH lui confie le siège primatial de Carthage qu'il occupera en même temps que celui d'Alger. Il occupera cesofonctionsjusqu'en 1892.
-----En 1930, le diocèse d'Alger, pour prendre un exemple, compte près de 300 000 catholiques sur une population de 2 millions d'habitants. On y compte 132 paroisses et 150 annexes réparties en douze doyennés. Il y a un petit et un grand séminaire à Saints Eugène. Les Pères Blancs sont à Maison-Carrée. Les Sœurs Blanches à Saint-Charles de Bimandréis.
-----L'Algérie, la Tunisie. Mais aussi le Maroc. Jusqu'au Protectorat français, il était demeuré interdit aux chrétiens: relire Charles de Foucauld sur le sujet. II sera confié aux franciscains. Et le Sahara aura une préfecture apostolique à Gardaïa.
-----Pour être complet, il faudrait citer les noms de Mgr Lemaître, archevêque de Carthage ; de Mgr Thiénard, évêque de Constantine ; de Mgr Leynaud, archevêque d'Alger ; de Mgr Durand, évêque d'Oran ; de Mgr Vieille, évêque de Rabat. Et oublier celui de Mgr Duval, alias Mohammed Duval, évêque d'Alger au
moment où les tueurs du FLN massacraient chrétiens, juifs et musulmans avec une même férocité. Mais ce serait un autre sujet et un sujet à polémique quand on ne veut se souvenir que des hautes figures de saint Augustin, de Charles de Foucauld ou du Bachaga Boualem qui donna tant à l'Algérie française et qui, le 5 juin 1962, déclarait à la tribune de l'Assemblée nationale :" J'ai servi la France, après mon père, pendant 56 ans. J'ai donné au pays un de mes fils. J'ai été loyal jusqu'au bout. J'ai engagé tous les miens. Avec ceux, au prix de lourdes pertes, seuls, nous avons détruit la rébellion dans une immense région. Nous avions gagné et vous nous avez désarmés. Nous avions battu l'ALN et vous l'avez implantée. Nous avions choisi. Nous nous étions déterminés et vous nous exterminez. (...) Je reviens aujourd'hui vous demander qu'avez-vous fait de nous ? "
-----Nous avons dit Charles de Foucauld. Voilà ce qu'il écrivit un jour à sa sœur : " Le Bon Dieu a donné à la France, au nord-ouest de l'Afrique, un magnifique empire colonial : le tiers ou le quart de l'Afrique formant un seul bloc faisant face à la France, séparé d'elle par quelques heures de mer.(...) Si on ne comprend pas le devoir d'aimer le prochain comme soi-même, (...) ce tiers d'Afrique, (...) qui aura une élite instruite comme nous, par nous-mêmes,. profitera de l'union, de la force, des moyens d'action que nous-mêmes lui aurons donnés, pour nous échapper et pour devenir non seulement indépendant de nous mais un redoutable ennemi. "
-----Cette lettre date d'avril 1912. Cinquante ans plus tard - juillet 1962 - la France abandonnait sa province algérienne. Mais je sais - et je n'en ai jamais douté `- que nous redébarquerons un jour à Sidi-Ferruch. Pour y ramener l'Hostie. A sa place. Sur la terre de sainte Monique et de saint Augustin.

ALAIN SANDERS

"Présent"
5, rue d'Amboise - 75002 Paris
Phone : 01.42.97.51.30
Fax :01,42.61.97.79