sur site le 29-03-2003
-Le Père Jean Le Vacher, consul de France,

martyrisé à Algeron
de l'Église
pnha,n°97 , janvier 1999

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------Né le 15 mars 1619 à Ecouen, Jean est l'aîné de Philippe Le Vacher son frère cadet. Leurs parents sont très croyants et ont sept enfants (4 garçons et 3 filles). Jean et Philippe, après de solides études prennent l'habit ecclésiastique au séminaire de Saint-Vincent de Paul.

Les deux frères missionnaires

------Saint-Vincent-de-Paul ayant appris que le Roi de France avait obtenu des musulmans l'autorisation d'avoir un aumônier dans chaque consulat, envoya Jean le 22 novembre 1647 à Tunis et ayant besoin d'un missionnaire à Alger, il y envoya Philippe au milieu de l'année 1650 celui-ci avait été ordonné prêtre le 2 avril 1650 à Marseille.
------Chargé d'aider les esclaves chrétiens, Philippe remplit merveilleusement sa tâche.
------Il se rend régulièrement à Paris faire des quêtes pour le rachat des captifs et laisse à Alger le souvenir d'un missionnaire très dévoué. Il sera rappelé à Paris le 17 juillet 1662 et décèdera à Fontainebleau le 5 août 1679.
------Quant à son frère Jean, il se retrouva dans un Tunis infesté par la peste. Il ne négligea rien concernant les bagnards et les esclaves.
------Pourtant de santé fragile, il fera l'admiration de tous.A deux reprises, il sera atteint par la peste mais s'en sortira à chaque fois. Chargé, seul, du salut de 5 à 6000 esclaves, il y fera merveille tant et si bien que Saint Vincent le fera nommer Consul à Tunis. Jean mènera de front ses deux tâches de Consul et Missionnaire jusqu'en 1653.
------Le travail étant trop vaste, il sera déchargé du Consulat et ne s'occupera que des esclaves à Bizerte.
------Le nouveau Consul n'étant pas à la hauteur, on rappela à Tunis le Père jean Le Vacher en 1657 pour reprendre le Consulat.
------Obéissant, il accepta. Nommé de plus, Vicaire apostolique en 1652, il réorganisa les tâches et fonctions des prêtres locaux. Son zèle déplut aux autorités locales et il fut rappelé à Paris en juillet 1666.
------Dans la maison-mère des Lazaristes à Paris, ce fut une grande joie de l'accueillir. Il n'y resta que peu de temps car la situation se dégradait à Alger. Il y débarqua le 23 mai 1668.

Consul à Alger

------Il y trouva une dizaine de prêtres et des milliers de chrétiens esclaves. La tâche était à nouveau énorme.
------Il s'occupa de tout, l'hôpital qui menaçait ruines, un cimetière pour les chrétiens, plusieurs chapelles dans toute la ville. Il organisa, dans toute la France des quêtes pour le rachat des esclaves.
------En 1676, la peste ravagea Alger, il fut nommé Consul de France de cette même ville. Il fut, encore, plusieurs fois atteint par le fléau. Ses jambes étaient prodigieusement enflées et ulcérées.
------Il ne se plaignait jamais, augmentant, au contraire, sa capacité de travail dès qu'un léger mieux apparaîssait.
------Devenu paralysé des membres inférieurs, le Père Le Vacher redoubla d'efforts quand une mésentente entre la France et le Dey d'Alger s'envenima.
------Afin d'obtenir réparation des griefs dont il avait à se plaindre, le gouvernement de la France envoya de Tourville avec quelques vaisseaux devant Alger le 12 mai 1879. Grâce aux talents de médiateur de Jean Le Vacher, le pire fut évité et de Tourville reprit la mer le lendemain.
------Mais les relations étaient tendues. Louis XIV exigeant la libération de 83 esclaves français, le Dey rompit ses relations avec la France en 1681.
------La flotte réapparut devant Alger fin août 1682. Duquesne bombarda Alger au grand désarroi du père Jean.

--Le père Le Vacher fait tout pour empêcher une nouvelle guerre. Rien n'y fait et le 20 juin 1683, Duquesne est là devant Alger qu'il bombarde à nouveau le 28.
------Il y eut des milliers de morts dans la population civile. Le père Jean était désespéré. Le Dey proposa au Père Le Vacher d'être leur interprète auprès du Marquis Duquesne.
------Le Marquis n'accepta aucune tractation sauf pour le Dey à accepter la libération des esclaves français.
------Après bien des hésitations, 546 esclaves prirent place sur les bâtiments de
Duquesne.
------Cependant, les notables d'Alger étaient furieux d'avoir perdu leurs esclaves et se révoltèrent contre le Dey. Les relations furent coupées avec Duquesne qui laissa le Père jean et quelques français encore sur place à la merci des barbaresques.

Le martyre

------Le 29 juillet 1683, l'ordre donné d'amener Jean Le Vacher fut de suite exécuté et sa maison livrée au pillage. Paralysé, il ne pouvait marcher. ------On le mit sur les épaules d'un portefaix et il fut transporté chez le Dey. Ce dernier était absent mais connaissant ses intentions, ces forcenés amenèrent leur victime sur le môle, le dos tourné à la mer, et on l'attacha à la bouche d'un canon.
------"Tu ne mourras pas si tu veux arborer le turban" lui dit le commandant de la troupe. "Garde ton turban, lui répliqua le missionnaire et qu'il périsse avec toi ; sache que je suis chrétien et qu'à mon âge, on ne craint pas la mort. J'abhorre la fausse loi de Mahomet et je ne reconnais que la religion catholique, apostolique et romaine la seule véritable, dont je fais profession et pour la défense de laquelle je suis prêt à répandre jusqu'à la dernière goutte de mon sang".
------Il était connu des Turcs comme étant un homme d'une piété, d'une douceur et d'une charité sans pareilles, aussi, aucun d'eux ne voulut mettre le feu au canon.
------Comme il y avait plusieurs juifs présents à ce triste spectacle, on voulut les forcer à allumer la mèche.Tous refusèrent. Un renégat accepta. Il mit le feu et au même moment eut le bras estropié par un châtiment de la justice divine. Il ne put plus le remuer et fut la risée de tous ces barbares. Le canon éclata et, depuis, ne servit plus. Aussitôt le coup de feu tiré, on vit sortir de l'eau où tombèrent les parties du corps du Père Le Vacher, une colonne de feu qui s'éleva dans les airs. Les restes de son corps et de ses habits furent ramassés par des Chrétiens qui les conservèrent comme de précieuses reliques. Il y eut même des Turcs qui en voulurent pour se souvenir d'un homme dont les vertus et la rare prudence les avaient charmés pendant sa vie. Ainsi s'envola cette âme généreuse et si bienfaisante après avoir consacré 36 ans au soulagement des pauvres esclaves chrétiens de Tunis et d'Alger et près de 20 ans à soutenir l'honneur de son Roi qu'il représentait comme Consul sur cette terre barbare.
------Le meurtre du Consul fut suivi de celui de vingt autres chrétiens qui périrent de la même manière.
------Trois siècles après, les moines de Tib-Harine, Mgr Claverie et tous les autres ont donné eux aussi leurs vies sur une terre qui, décidément, n'a pas changé.

J-M L