------Né
le 15 mars 1619 à Ecouen, Jean est l'aîné de Philippe
Le Vacher son frère cadet. Leurs parents sont très croyants
et ont sept enfants (4 garçons et 3 filles). Jean et Philippe,
après de solides études prennent l'habit ecclésiastique
au séminaire de Saint-Vincent de Paul.
Les deux frères
missionnaires
------Saint-Vincent-de-Paul
ayant appris que le Roi de France avait obtenu des musulmans l'autorisation
d'avoir un aumônier dans chaque consulat, envoya Jean le 22 novembre
1647 à Tunis et ayant besoin d'un missionnaire à Alger,
il y envoya Philippe au milieu de l'année 1650 celui-ci avait été
ordonné prêtre le 2 avril 1650 à Marseille.
------Chargé
d'aider les esclaves chrétiens, Philippe remplit merveilleusement
sa tâche.
------Il se
rend régulièrement à Paris faire des quêtes
pour le rachat des captifs et laisse à Alger le souvenir d'un missionnaire
très dévoué. Il sera rappelé à Paris
le 17 juillet 1662 et décèdera à Fontainebleau le
5 août 1679.
------Quant
à son frère Jean, il se retrouva dans un Tunis infesté
par la peste. Il ne négligea rien concernant les bagnards et les
esclaves.
------Pourtant
de santé fragile, il fera l'admiration de tous.A deux reprises,
il sera atteint par la peste mais s'en sortira à chaque fois. Chargé,
seul, du salut de 5 à 6000 esclaves, il y fera merveille tant et
si bien que Saint Vincent le fera nommer Consul à Tunis. Jean mènera
de front ses deux tâches de Consul et Missionnaire jusqu'en 1653.
------Le travail
étant trop vaste, il sera déchargé du Consulat et
ne s'occupera que des esclaves à Bizerte.
------Le nouveau
Consul n'étant pas à la hauteur, on rappela à Tunis
le Père jean Le Vacher en 1657 pour reprendre le Consulat.
------Obéissant,
il accepta. Nommé de plus, Vicaire apostolique en 1652, il réorganisa
les tâches et fonctions des prêtres locaux. Son zèle
déplut aux autorités locales et il fut rappelé à
Paris en juillet 1666.
------Dans
la maison-mère des Lazaristes à Paris, ce fut une grande
joie de l'accueillir. Il n'y resta que peu de temps car la situation se
dégradait à Alger. Il y débarqua le 23 mai 1668.
Consul à Alger
------Il
y trouva une dizaine de prêtres et des milliers de chrétiens
esclaves. La tâche était à nouveau énorme.
------Il s'occupa
de tout, l'hôpital qui menaçait ruines, un cimetière
pour les chrétiens, plusieurs chapelles dans toute la ville. Il
organisa, dans toute la France des quêtes pour le rachat des esclaves.
------En 1676,
la peste ravagea Alger, il fut nommé Consul de France de cette
même ville. Il fut, encore, plusieurs fois atteint par le fléau.
Ses jambes étaient prodigieusement enflées et ulcérées.
------Il ne
se plaignait jamais, augmentant, au contraire, sa capacité de travail
dès qu'un léger mieux apparaîssait.
------Devenu
paralysé des membres inférieurs, le Père Le Vacher
redoubla d'efforts quand une mésentente entre la France et le Dey
d'Alger s'envenima.
------Afin
d'obtenir réparation des griefs dont il avait à se plaindre,
le gouvernement de la France envoya de Tourville avec quelques vaisseaux
devant Alger le 12 mai 1879. Grâce aux talents de médiateur
de Jean Le Vacher, le pire fut évité et de Tourville reprit
la mer le lendemain.
------Mais
les relations étaient tendues. Louis XIV exigeant la libération
de 83 esclaves français, le Dey rompit ses relations avec la France
en 1681.
------La flotte
réapparut devant Alger fin août 1682. Duquesne bombarda Alger
au grand désarroi du père Jean.
--Le père
Le Vacher fait tout pour empêcher une nouvelle guerre. Rien n'y
fait et le 20 juin 1683, Duquesne est là devant Alger qu'il bombarde
à nouveau le 28.
------Il y
eut des milliers de morts dans la population civile. Le père Jean
était désespéré. Le Dey proposa au Père
Le Vacher d'être leur interprète auprès du Marquis
Duquesne.
------Le Marquis
n'accepta aucune tractation sauf pour le Dey à accepter la libération
des esclaves français.
------Après
bien des hésitations, 546 esclaves prirent place sur les bâtiments
de
Duquesne.
------Cependant,
les notables d'Alger étaient furieux d'avoir perdu leurs esclaves
et se révoltèrent contre le Dey. Les relations furent coupées
avec Duquesne qui laissa le Père jean et quelques français
encore sur place à la merci des barbaresques.
Le martyre
------Le
29 juillet 1683, l'ordre donné d'amener Jean Le Vacher fut de suite
exécuté et sa maison livrée au pillage. Paralysé,
il ne pouvait marcher. ------On
le mit sur les épaules d'un portefaix et il fut transporté
chez le Dey. Ce dernier était absent mais connaissant ses intentions,
ces forcenés amenèrent leur victime sur le môle, le
dos tourné à la mer, et on l'attacha à la bouche
d'un canon.
------"Tu
ne mourras pas si tu veux arborer le turban" lui dit le
commandant de la troupe. "Garde ton turban,
lui répliqua le missionnaire et qu'il périsse avec toi ;
sache que je suis chrétien et qu'à mon âge, on ne
craint pas la mort. J'abhorre la fausse loi de Mahomet et je ne reconnais
que la religion catholique, apostolique et romaine la seule véritable,
dont je fais profession et pour la défense de laquelle je suis
prêt à répandre jusqu'à la dernière
goutte de mon sang".
------Il était
connu des Turcs comme étant un homme d'une piété,
d'une douceur et d'une charité sans pareilles, aussi, aucun d'eux
ne voulut mettre le feu au canon.
------Comme
il y avait plusieurs juifs présents à ce triste spectacle,
on voulut les forcer à allumer la mèche.Tous refusèrent.
Un renégat accepta. Il mit le feu et au même moment eut le
bras estropié par un châtiment de la justice divine. Il ne
put plus le remuer et fut la risée de tous ces barbares. Le canon
éclata et, depuis, ne servit plus. Aussitôt le coup de feu
tiré, on vit sortir de l'eau où tombèrent les parties
du corps du Père Le Vacher, une colonne de feu qui s'éleva
dans les airs. Les restes de son corps et de ses habits furent ramassés
par des Chrétiens qui les conservèrent comme de précieuses
reliques. Il y eut même des Turcs qui en voulurent pour se souvenir
d'un homme dont les vertus et la rare prudence les avaient charmés
pendant sa vie. Ainsi s'envola cette âme généreuse
et si bienfaisante après avoir consacré 36 ans au soulagement
des pauvres esclaves chrétiens de Tunis et d'Alger et près
de 20 ans à soutenir l'honneur de son Roi qu'il représentait
comme Consul sur cette terre barbare.
------Le meurtre
du Consul fut suivi de celui de vingt autres chrétiens qui périrent
de la même manière.
------Trois
siècles après, les moines de Tib-Harine, Mgr Claverie et
tous les autres ont donné eux aussi leurs vies sur une terre qui,
décidément, n'a pas changé.
J-M L
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