La vieille " Marine " cur
du premier Alger
Tout ALGER se retrouvait aux " Bas-Fonds " ce temple de la
bonne humeur
Quand la place
du Gouvernement était le centre d'Alger, hôtels
de classe, restaurants fameux et grands magasins se pressaient autour
d'elle. hôtel de la Tour du Pin (hôtel de la Régence)
avait une renommée mondiale.
Les touristes anglais y venaient passer l'hiver. D'autres établissements,
aujourd'hui disparus. recevaient visiteurs métropolitains et
colons de l'" intérieur ". Non loin de la librairie
Jourdan, première maison nord-africaine d'édition, le
café d'Apoll0n accueillait
" la plus belle clientèle d'Alger.
LE RESTAURANT DES MARSEILLAIS
Les restaurants du quartier étaient aussi très fréquentés,
le restaurant des Marseillais par exemple. Soldats en permission, étudiants
en goguette venaient - pour 30 sous - s'y offrir, le dimanche, un plantureux
repas.
Dans la salle archi comble, les gens riaient, plaisantaient, s'interpellaient
tandis que les garçons, d'une voix de stentor. passaient les
commandes ou laissaient tomber, un dépité mais tonitruant
: " Encore un client parti sans payer ! "
Maklouf, restaurateur à coté, avait aussi ses habitués.
LE BAR DE LA PRESSE
Rue Mahon
coll.B.Venis
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Les journalistes d'alors se retrouvaient, rue
Mahon, au " Bar de la Presse ". La presse a porté
ailleurs ses pénates, mais ce bar existe toujours. Le "
Petit, Courrier " (qui précéda la " Dépêche
algérienne ") s'imprimait rue de la Marine et les "
anciens " avaient adopté ce café, établissement
moderne de l'époque.
Place Mahon, il y avait l'" Amine " ; il y avait aussi le
" Veau qui tète " (sic), fameux restaurant que fréquentaient
surtout les gens de l'" intérieur ". La place Mahon
(plus exactement la place de la Pêcherie) était en effet
le point de départ des " services " de Guyotville,
Chéragas, Birkadem, Médéa et autres.
Le Bar de la Presse subsiste toujours rue Mahon, mais le quartier a
subi bien des transformations. Il manque, en particulier, la vieille
fontaine qui avait perdu son utilité d'autrefois et qui se trouvait
hors d'usage deux ou trois fois par mois, avant qu'on se décide
à l'enlever.
" Berceau d'amour ", " Ruisseau des singes ", des
" corricolos " primitifs portaient ces noms charmants. Mince
compensation pour les malheureux voyageurs pressés, entassés,
secoués, cahotés tout au long d'interminables expéditions.
LES " BAS-FONDS "
Rue Duguay-Trouin, tout près de la rue des Trois-Couleurs, se
tenait le plus célèbre, le plus coloré, le plus
pittoresque des cafés : les " Bas-Fonds ", dont la
vogue dura fort longtemps.
Les bas-fonds
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Il y avait là, un étonnant ramassis d'objets hétéroclites
récoltés un peu partout. Dans les fêtes foraines
ou les salles d'anatomie, au fond des mers, au cur du désert.
Crânes et tibias voisinaient avec des poissons séchés,
des roses des sables, des oiseaux empaillés et cent autres ornements
aussi invraisemblables que dépareillés.
Les affables maîtres de céans, Louis P'tit Zouave et Antoine,
recevaient leurs clients à la manière d'Aristide Bruant
et le nain " Coco ", garçon serviable et empressé,
savait à merveille créer et entretenir l'ambiance, tandis
que l'accordéon débitait les airs populaires.
Car les " Bas-Fonds " se voulaient le temple de la bonne humeur,
de cette verve méditerranéenne, débordante de vie
et de chaleur, enthousiaste, explosive, démonstrative et dédaigneuse
des hypocrites " retenues ".
CE PREMIER ALGER MORT DE
VIEILLESSE...
Ces images d'un autre Alger s'estompent dans le lointain. Ce premier
Alger, cet Alger
de la " Marine " bigarré, frondeur, turbulent.,agité,
querelleur, passionné, n'a pu résister aux atteintes du
temps. Il est mort de vieillesse. Après une vie extraordinairement
intense et bien remplie.