Ma vieille amie la comtesse Rienzi,
débarqua un jour chez moi sans crier gare. Comme c'était
dans ses habitudes Je ne m'en offusquai pas.
Elle avait trois fois l'âge e des jeunes filles en fleurs
», et s'habillait comme elles. Les trotteurs sport ne l'effrayaient
pas et elle portait crânement un de ces Petits chapeaux que
les faiseurs de mode ont empruntés à nos aïeules
de 1830 et qui ressemblent à des assiettes °su à
des demi coquilles d'oeufs posées en equilibre instable sur
des chevelures Platinées ou asphaltées.
C'était une femme charmante moralement parlant
et qui était une infatigable voyageuse. Elle se vantait d'être
française et parisienne mais elle connaissait fort mal et
Paris et la France. L'étranger seul l'attirait.
Quant à l'Algérie elle la tenait pour une succursale
sans intérêt de la Provence,
Tu comprends mon petit me dit-elle en manière
d'excuses il pleuvait trop à. Paris, on n'y parlait
que politique et j'avais envie de bouger... mais les voyages à
l'étranger sont devenus si chers à cause du change
. Une agence m'a aiguillée sur l'Algérie. J'ai pensé
à toi et me voilà.
Et c'est ainsi qu'elle s'était décidée à
traverser de grand baquet d'eau bleue» comme elle appelait
dédaigneusement la Méditerranée qu'elle appréciait
surtout eornme toile de fond, à Juan ou à Cannes Pour
les cuisses de palissandre ou d'acajou des amateurs d'eau et d'héliotherapla
(suite
dans l'article.)
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