J.SEIBERRAS
Afrique du nord illustrée du 13-7-1929 - Transmis par Francis Rambert

En 1912, alors que le cinéma - riche en promesses - était en pleine évolution, un nouvel établissement ouvrait ses portes aux Algérois. C'était une petite salle modeste, située dans un quartier populeux de la ville (le Plateau Saulière). Mais ses programmes, judicieusement établis, ne tardèrent pas à y attirer un public enthousiaste et vibrant.
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M. J. Seiberras, directeur du Cinéma du Plateau, prévoyait le formidable essor du septième art et, dès lors, il se consacra entièrement à l'exploitation et résolut de créer un vaste mouvement cinématographique en Afrique du Nord.

Il venait d'acheter une seconde salle au boulevard Bru lorsque la guerre éclata. Il partit au iront avec cette belle confiance et cet optimisme qui furent l'apanage de nos poilus de 1914. Cependant les mois, puis les années passèrent et les hostilités duraient toujours. Lutte de l'homme sur l'homme, (.:)...-enier humain, deuil, larmes, désolation.

M. Seiberras allait-il désespérer ? Non. Algérien, et par conséquent fataliste, il attendit pa-tiemment la fin du grand cauchemar.

Libéré en 1919, il se remit immédiatement et courageusement à la tâche, bravant les plus basses jalousies et, surmontant tous les obstacles. qui se présentaient à lui avec une habileté extraordinaire.

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J.SEIBERRAS


M. J. Seiberras

En 1912, alors que le cinéma - riche en promesses - était en pleine évolution, un nouvel établissement ouvrait ses portes aux Algérois. C'était une petite salle modeste, située dans un quartier populeux de la ville (le PlateauSaulière). Mais ses programmes, judicieusement établis, ne tardèrent pas à y attirer un public enthousiaste et vibrant.
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M. J. Seiberras, directeur du Cinéma du Plateau, prévoyait le formidable essor du septième art et, dès lors, il se consacra entièrement à l'exploitation et résolut de créer un vaste mouvement cinématographique en Afrique du Nord.

Il venait d'acheter une seconde salle au boulevard Bru lorsque la guerre éclata. Il partit au iront avec cette belle confiance et cet optimisme qui furent l'apanage de nos poilus de 1914. Cependant les mois, puis les années passèrent et les hostilités duraient toujours. Lutte de l'homme sur l'homme, (.:)...-enier humain, deuil, larmes, désolation.

M. Seiberras allait-il désespérer ? Non. Algérien, et par conséquent fataliste, il attendit pa-tiemment la fin du grand cauchemar.

Libéré en 1919, il se remit immédiatement et courageusement à la tâche, bravant les plus basses jalousies et, surmontant tous les obstacles. qui se présentaient à lui avec une habileté extraordinaire.
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Quelques mois après sa démobilisation, il faisait construire. à Alger, les Variétés et, un an plus tard, en 1920, le Montpensier. En 1922, il achetaii "le Régent, le. transformait 'heureusement et en faisait une salle d'exclusiirités luxueuse, rendez-vous de l'élite algéroise.

... Et l'activité de M. Seiberras alla grandissant. A Oran, il créa le Régent. En 1924, il installa le Régent de Casablanca; en 1925, celui de Rabat. Il ouvrit ensuite des salles à Sidibel-Abbés (Oran), Mostaganem (Oran), Marrakech et Tanger (Maroc).

Enfin, en 1928. après s:,être rendu acquéreur du Casino d'Oran, il fonda une puissante agence de location à Alger, avec sous-agences à Casablanca et à Tuais, prenant la représentation pour l'Afrique du Nord de quinze firmes importantes, parmi lesquelles : Cinéromans, Films de France, Franco-Filin, Alliance Cinématographique Européenne, Super-Film, Sofari Armor, Mappemonde, Vitagraph, Films Célèbres, Lutta-Film, Exclusivités Jean de Merly, Erka-Prodisko, Universal, Exclusivités Artistiques, etc...

Travaillant sans cesse, il ne s'en tint pas lb. A l'occasion du Centenaire, voulant doter la capitale nord-africaine (l'un établissement grandiose, il décida la création du Majestic d'Alger, palace qui ne contiendra pas moins de 3.000 places assises et comptera parmi les cinq plus grandes salles de l'ancien continent. Actuellement, les travaux battent leur plein. La crise de la main-d'oeuvre sévissant particulièrement, ces temps-ci, M. Seiberras a fait venir des maçons (l'Italie et quatre-vingts ouvriers travaillent avec acharnement sur le chantier.

L'ouverture du Majestic d'Alger est prévue pour janvier 1930. Les travaux reviendront à plus de trois millions.

Deux autres salles sont également en cours d'exécution : l'Empire de Casablanca, qui sera prêt pour la rentrée d'octobre, et l'Empire de Fez.

J'ajouterai que M. Seiberras est concessionnaire du Pathé-Rural et qu'il fait de gros efforts en vue de répandre cet excellent instrument de
propagande et d'enseignement dans nos campagnes de l'intérieur. Efforts contre cette aversion bien légitime des races arriérées pour tout ce qui est nouveau et mécanique; efforts contre (les éléments défavorables de toutes sortes (le manque .de courant surtout).

Mais, en véritable pionnier, M. Seiberras ne se laisse jamais décourager.

Pionnier ? oui et dans toute l'acception du terme. Le premier, il osa organiser des séances cinématographiques dans les régions les plus reculées du Sud algérien et marocain, apportant aux quelques rares Européens - que le devoir ou la profession retient loin du monde civilisé - un dérivatif infiniment précieux.
Le premier encore, il fit passer des films français à Tanger, favorisant ainsi la propagation de nos idées clans une zone qui subit l'influence, plus ou moins pernicieuse, de certains peuples étrangers.

Bûcheur infatigable, voyageur, réalisateur étonnant, businessman averti, menant de front - et avec une égale intelligence - l'exploitation et la location, M. Seiberras est aujourd'hui l'une des figures les plus caractéristiques du cinéma français.

Le petit directeur de 1912 a fait son chemin certes, mais s'il est aujourd'hui à la tête d'une situation aussi brillante, il ne le doit qu'à son labeur personnel cl à sa ténacité.

Loin de se laisser griser par la réussite de ses projets, M. Seiberras est resté l'homme simple, accueillant et sympathique qu'il était autrefois.

Philanthrope, il faut voir avec quel tact et quel dévouement il se penche sur les misères qu'il découvre I On le rencontre partout où il peut prodiguer ses bienfaits, dans les hôpitaux, les crèches, les asiles, etc...

Espérons que le Gouvernement français saura bientôt reconnaître et récompenser comme il convient les mérites d'un homme qui se place au tout premier rang de nos grands industriels et (le nos vaillants colonisateurs.

ANDRÉ SAIIROUY.