L'un des plus gros navires et
des plus perfectionnés que la flotte algérienne
ait jamais possédés, est arrivé hier matin
au quai de Calais, à Alger : c'est le « Marcel-Schiaffino
» qui effectue son premier voyage Marseille-Philippeville-Alger-Rouen.
Pour bien le voir, ce n'est pas sous son
étrave qu'il faut aller, encore qu'elle soit fine et aiguë
comme une lame : c'est de loin qu'il faut le regarder. Alors se
dessinent sa silhouette longue de 134 m. 50, ses flancs larges
de 17 m. et se devine son creux. Tout à, l'heure, nous
nous pencherons sur ses huit métres de fond on nous dira
qu'il est puissant de 3.000 CV et qu'il file 12 noeuds en se chauffant
au mazout. Mais qu'importe Pour le moment et pour nous qui ne
sommes ni armateur ni marin, c'est tout simplement un beau navire
français. bien campé sur la mer, qui commence sa
destinée,
Le « Marcel-Schiaffino » n'est
pourtant pas que cela :
C' est un remplaçant, nous a dit M. Laurent Schiaffino,
président de la S.A.N.P.A.N. Il prend la place de l'autre
« Marcel-Schiaffino » qui a été pris
d'autorité per l'ennemi à Nantes, en juillet 1940,
et tout son équipage débarqué. Jamais plus,
nous n'en avons eu de nouvelles. Il était de la même
série que « 'L'Ange » emporté aussi
par les Allemands et détruit, que le « Monique »
qui a sauté en mai 1940, à Dunkerque, et que le
« Louis-Charles » torpillé en 1941. Tandis
que le « Nicole »était emporté aussi
par les Allemands et détruit, le « Rose » perdu,
torpille en mer, et que le « Prosper » a sauté
sur une mine dérivante devant Toulon. Quant au «
Jacques-Schiaffino » et au «Catherine », ils
ont été pris à Marseille, en novembre 1942.
Le « Jacques » a été retrouvé
en Italie, en piteuse condition. Mais en vertu du chapitre «
r éparations » du traité de paix, l'Etat italien
a accepté de le réparer. Il sera terminé
en septembre prochain et reprendra son service en Méditerranée
sous notre pavillon.
Et comme nous demandons à M. Laurent Schiaffino quelle
impression il a eue en voyant ses couleins au mât d'un nouveau
« Marcel » il nous dit :
Quand j'ai vu le nouveau « Marcel-Schiaffino »,
je l'ai admiré ! Certes, un navire c'est bien autre chose
qu'une belle structure, qu'une unité sur un échiquier
: un navire ça parle, ça a une âme, une personnalité.
Pourtant, je l'ai admiré avant même que de penser.
Car vous savez qu'il a la plus haute cote du Lloyd Register, la
cote 100 A. I. ! C'est une sorte de brevet de perfection. Il a
été construit en Angleterre aux chantiers William
Thomson, à Sunderland, en 1944.
Ce vapeur figure dans la flotte Schiaffino ici
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