Les ports maritimes algériens
par Paul Laurent, ingénieur des ponts et chaussées
Les ports secondaires
Le port de Bougie

- collection B.Venis
sur site le 27-10-2010

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Les ports secondaires
Le port de Bougie

SITUATION ET HISTORIQUE

La rade de Bougie est une des mieux abritées de l'Algérie. C'est là que venaient se réfugier par gros temps les navires barbaresques dont le lieu de stationnement par mer calme ou peu agitée était la darse construite à Alger par Khaïr ed Din, l'un des deux frères Barberousse.

Cette rade se trouve située à mi-distance des ports d'Alger et de Philippeville, dans la partie occidentale du Golfe de Bougie, golfe en forme d'arc de 45 km. de corde et de 15 km. de flèche, limité à l'Ouest par le Cap Carbon et à l'Est par le Cap Cavallo. Elle s'étend du Cap Bouak, le plus méridional des trois caps du massif du Gouraya qui domine Bougie, à l'embouchure de la Soummam. Elle est protégée des aires du vent allant du Nord à l'Est en passant par l'Ouest et le Sud.

Cet abri maritime naturel fut utilisé par les Carthaginois, puis par les Romains qui y bâtirent Saldae. La ville que se disputèrent plus tard les princes berbères et les Almohades connut au XIè siècle une grande prospérité puisqu'elle comptait alors 150.000 habitants, quatre-vingts mosquées et une Université. Prise par les Espagnols, puis par les Turcs, elle n'était plus qu'une bourgade en ruines lorsque le Général Trézel en fit la conquête en septembre 1835.

Ce ne fut qu'en 1869 que .l'on commença la construction d'une jetée enracinée au pied du fort Abdel - Kader de Sidi-Yahia, à l'extrémité Sud-ouest de la baie qui constituait alors le port militaire. D'une longueur de 200 m., elle fut achevée en 1875

Mais l'étude du projet d'un port de commerce ne fut prescrite qu'en 1891.

Les travaux furent exécutés en deux étapes. De 1898 à 1903, la jetée Abdelkader fut prolongée de 180 m. en même temps qu'étaient construits des quais et terre-pleins sur 565 m. à partir de cette jetée. De 1904 à 1911, la fermeture du port fut réalisée par la construction de la traverse du môle de la Casbah, parallèle à la jetée Abdelkader, d'une jetée du large. Le port avait alors une darse de 26 ha., Logo m. de quais et 7 ha. de terre-pleins. La passe était située entre la jetée Abdelkader et celle du large et ouverte vers le Sud-Sud-Est.

Le trafic du port étant passé de 15.000 tonnes en 1868 à 408.000 tonnes en 1913, l'établissement portuaire de Bougie devint vite insuffisant.

Les travaux d'agrandissement, commencés en 1923, furent achevés eu 1936. Depuis le port est resté en l'état.

DESCRIPTION SOMMAIRE DU PORT

II comprend trois bassins.

Un avant-port de 75 ha. avec fonds de 9 à 11 m. ,es couvert du côté Est par une jetée Nord-Sud enracinée au Cap Bouak de 65o m. de longueur et par une jetée Sud de 450 m. ; la passe ouverte vers le Sud a 520 m. de largeur. ,

De l'avant-port, les navires pénètrent, cap au sud-ouest, dans le Vieux Port par une passe de 8o m. ouverte dans la jetée Abd-el-Kader. Ce deuxième bassin est constitué par la darse du Vieux Port qui a subi peu de modifications depuis 1911 ; l'ancienne passe a été fermée par prolongement de la jetée du large il y a une huitaine d'années.

En suivant toujours la même direction, les navires franchissent la passe de 125 m. ouverte dans l'ancienne jetée de la Casbah et arrivent dans le vaste bassin de 6o ha. de l'arrière-port fermé par une digue extérieure coudée de 1.750 m. de longueur, enracinée au Sud-ouest au rivage près du canal et de l'Oued Sghir et au Nord- Est à l'angle Sud-ouest des jetées du Vieux Port.

Le môle de la Casbah a été élargi et 80o m. de nouveaux quais sont venus limiter au Nord, dans l'arrière- port, une darse de 20 ha. draguée à -9 m. 3o et reliée à l'avant-port par un chenal à -10 m.

Vingt-six hectares de terre-pleins ont été aménagés en arrière de ces quais.

Ainsi réalisé, le port de Bougie est protégé de la houle du Nord-est, la seule qui menace la rade et de l'envasement dû aux apports solides de la Soummam.

Pour éviter la traversée de la ville de Bougie aux produits qui parviennent au port des régions de Djidjelli, de Sétif et de la vallée de la Soummam, l'Administration poursuit la construction d'une route d'accès direct àl'arrière-port.

Dans un avenir proche, des aménagements spéciaux pour la pêche (quai et cale) sont prévus dans l'avant- port. Une sécurité plus grande sera donnée aux navires à leur entrée dans l'avant-port par l'allongement de la jetée Est.

Enfin, ultérieurement, le bassin utilisable par la navigation dans l'arrière-port sera agrandi par dragages et de nouveaux quais y seront construits.

En attendant, le plan d'eau est utilisé par l'hydroaviation.

ACTIVITÉ DU PORT

Bougie est relié par fer à Béni-Mansour, sur la grande rocade Alger-Constantine-Ghardimaou, au moyen de la ligne qui remonte la Vallée de la Soummam.

Par route, le port est mieux desservi puisque à proximité passe la route littorale d'Alger à la frontière tunisienne par Djidjelli, Philippeville et Bône sur laquelle s'embranche à 35 km. de Bougie la route nationale qui, par les gorges du Chabet-el-Akra, aboutit à Sétif.

Situé sensiblement à la limite de la Grande et de la Petite Kabylie, le port de Bougie exporte des marchandises variées. Sur 3o6.000 tonnes exportées en 1938, les minerais de fer du Gueldaman et de Timezrit représentaient plus de 221.000 tonnes ; puis venaient les phosphates de M'Zdita avec 35.000 tonnes, les vins avec près de 17.600 tonnes ; les céréales approchaient 8.000 tonnes. Le commerce d'exportation esi ensuite alimenté par les huiles, les figues, les lièges et les bois.

Aux importations (88.000 tonnes en 1938) figurent principalement les houilles, les matériaux de construction, les bois.

Les navires ayant fréquenté le port en 1938 représentent aux entrées et aux sorties un nombre de 1.700 et près de 1.600.000 tonneaux de jauge.

Comme port de pêche, Bougie a produit en 1938 400 tonnes environ de poisson valant 1.800.000 francs.