LA PLAINE DE LA MITIDJA
AVANT 1962
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BLIDA ou BLIDAH ou EL BOULAIDA Blida n'est pas un village ; c'est une ville dès le temps de sa création au XVIè siècle.
Origine du nom : arabe.
Blida et Boulaida sont deux façons correctes de prononcer la racine
trilitère à trois consonnes : BLD. On sait que l'écriture
arabe classique n'indique que rarement les voyelles. BLD peut ainsi se
comprendre blad (ville) ou bled (pays d'une tribu) ; ou se lire autrement.
Le comte Guyot, Directeur de la colonisation en 1842, écrivait
Belida. Pour le guide bleu de 1950 Blida serait un diminutif de blad :
possible. Origine de la ville
: turque. En 1533 Khayr al-Dîn, dit Barberousse, est le bey d'Alger
reconnu par le sultan d'Istanbul Sélim 1er. Il accepte
d'accueillir à Alger des Maures d'Andalousie chassés d'Espagne
par l'achèvement de la Reconquista. Un saint homme, Sid Ahmed el-Kebir,
trouve des terres où les installer, sur le site du futur Blida.
En 1535 Khayr al-Dîn leur accorde sa protection et finance la construction
d'une mosquée. 1535 est dès lors la date officielle de la
création de la nouvelle petite ville. Khayr al-Dïn meurt en
1546, mais Blida demeure et s'entoure de murailles pour résister
aux Berbères de l'Atlas. Le territoire communal est
vaste, et jusqu'en 1956 il était composite : moitié en montagne,
moitié en plaine. Depuis que Bou Arfa et Chréa sont devenus
des chef-lieux de communes entre 1956 et 1958, il ne reste que la plaine
de la Mitidja, dans sa partie la plus élevée car la commune
est située sur le cône de déjections dû aux
apports de plusieurs oueds de montagne, et tout particulièrement
de l'oued el-Kebir qui coule un peu à l'ouest de la ville. Les
altitudes vont de plus de 220m au sud à moins de 130m au nord. La commune ne manque pas d'eau et a un paysage largement bocager avec des haies et de nombreux vergers ; pas seulement d'agrumes. Elle est traversée par trois routes principales
: la RN1 d'Alger au Sahara, les RN 2 et 29 qui longent le pied de l'Atlas,
et la départementale 10 qui coupe au plus court vers la mer et
ses plages, par Oued el-Alleug et Koléa. Les véhicules venus
d'Alger ou du sud peuvent poursuivre leur route, sans traverser la ville,
grâce au contournement assuré par la D 143 qui dessert au
passage les villages de Montpensier et de Joinville. L'aérodrome de Blida-Joinville était modeste ; avec un rôle plus militaire que civil. Il avait donné cependant naissance à un quartier à proximité. La commune de Blida est " polynucléaire " : il s'y trouvait 5 villages, avant 1956, en plus de la ville elle-même. Quatre sont dans la plaine de la Mitidja, et un en montagne. Je commence par cette exception dont je justifie la présence ici parce que Chréa appartenait bien à la commune de Blida, dont elle constituait, disait-on, un balcon sur la ville et sur la Mitidja. o
Chréa
En 1920 est ouvert le premier hôtel. Les activités sont donc toutes de repos, de sport ou de loisirs : repos l'été, ski l'hiver et promenades en forêt toute l'année ; avec des pointes en juillet-août et en janvier-février. En 1956 Chréa, dont le site avait été officiellement rattaché à Blida en 1873 par la municipalité De Tonnac, devient chef-lieu de commune. Date fâcheuse, car c'est aussi celle de la montée de l'insécurité qui éloigne promeneurs et skieurs. La population permanente de la commune (pas de la station) était en 1954 de 5 981 personnes, dont 4 européens (soit 0,067% !). A Chréa l'Européen est un visiteur ou un vacancier, pas un résident. o Bou
Arfa Origine du centre : indigène. Ce n'est pas une création française ; mais j'ignore si Bou Arfa existait déjà à l'époque turque. Il est situé en face de Blida, mais de l'autre côté de l'oued el- Kebir. Le territoire associé est presque entièrement montagneux. Je ne sais rien sur les activités de ses habitants : que des hypothèses ; élevage de chèvres sur les basses pentes, embauche sur les chantiers de reboisement (à partir de 1910), ou de DRS (à partir de 1942), Défense et restauration des sols abîmés par la surexploitation de la forêt de 1939 à la fin 1942, ou encore embauche pour les travaux agricoles dans les fermes de la plaine. En 1956, quand Bou Arfa devient chef-lieu de commune, il a 8 509 habitants dont 76 non musulmans (soit 0,89%). o Joinville
(aujourd'hui Zabana) Origine du village : française. Le Comte Sylvain Valée, Gouverneur, crée un camp militaire près de Blida, en 1838, pour préparer la conquête de Blida et protéger la région contre les incursions hadjoutes. Ce camp est alors appelé camp supérieur. Après l'élimination de la menace hadjoute en 1842, un modeste de village de colonisation est créé en juillet 1843 pour 49 feux, dans le cadre de ce que l'on appelait alors la " ceinture de Blida ". Particularités : l'existence à Joinville du principal hôpital psychiatrique d'Algérie. Et la proximité de l'aérodrome de Blida. Joinville est situé sur la voie de contournement de Blida. La voie ferrée est proche ; la gare de Blida aussi. o Montpensier (aujourd'hui Ben Boulaïd) Montpensier est un autre Joinville situé sur la même route D143 et créé en même temps pour la même raison, au nord de Blida. Origine du nom : française. Duc de Montpensier est le titre donné au sixième fils, Antoine, de Louis-Philippe, roi des Français (et non plus de France !) Origine du village : française. Montpensier, comme Joinville, fut d'abord, en 1838, un camp militaire, le camp inférieur. Et en juillet 1843 un village de colonisation très modeste, de 20 feux, est créé. J'ignore si le duc a joué le moindre rôle en Algérie. o Dalmatie
(aujourd'hui Ouled Yaïch) Origine du nom : française
et croate. Origine du village : française. Sa création est évoquée dès 1842 par le comte Guyot Directeur de la colonisation, mais sous le nom d'Ouled Yaïch. Le dossier subit un léger retard, en partie dû au souci de Bugeaud de ne pas heurter inutilement la tribu des Ouled Yaïch en les expropriant. La solution est trouvée par le Maréchal Soult qui est alors Ministre de la Guerre et est, à ce titre, le supérieur du Gouverneur Général en poste à Alger. Soult conseille à Bugeaud de créer deux villages : un pour les indigènes et un pour les colons. Bugeaud accepte et la décision est rendue officielle le 12 septembre 1844 avec la fondation d'Ouled Yaïch (en fait simple reconnaissance du village préexistant) et celle de Dalmatie, 500m plus au sud, avec un plan à damier traditionnel et pour 50 feux. Ses activités sont purement agricoles, avec moins de vignes et davantage de cultures irriguées, fruits et légumes, qu'ailleurs. Cette remarque est valable pour toute la commune de Blida. Cette particularité agricole de la région de Blida remonterait à la période turque. En 1954 Dalmatie est traversé par la RN 29 (de Blida à Palestro) et desservi par les autocars blidéens. Comme ce n'était pas un chef-lieu de commune, le recensement de 1958 ne distingue pas sa population qui est incorporée, ainsi que celles de Joinville et Montpensier, à la population de Blida.
Pour le prix d'une, comme vous le voyez, je vous ai offert deux cartes : une carte générale de Blida valable pour la période 1948-1951 (c'est la voie ferrée qui remonte de la gare jusqu'à la place Clemenceau qui permet la datation), et sur laquelle j'ai rajouté l'emplacement des murailles achevées en 1869 ( 4 ans de travaux) et démolies à partir de 1927. La direction du nord va vers le " haut " de la carte. Les six portes sont d'origine. Ce rempart reprend, en élargissant un peu l'espace clos, celui hérité des Turcs et consolidé dans les années 1840. Les portes étaient fermées à la tombée de la nuit, sauf la porte d'Alger qui restait ouverte 1 ou 2 heures de plus, car son trafic était, de loin, le plus important.
Le rôle de capitale régionale est reconnu officiellement en 1944 par la promotion de Blida au rang de chef-lieu d'arrondissement. De la sous-préfecture de Blida dépendent 28 communes de la Mitidja occidentale, du Sahel et de la côte, peuplées, en 1954 de 238 976 habitants, dont 39 237 non musulmans ( soit 16%). Appartenait à l'arrondissement de Blida tout le littoral entre Tipasa et Douaouda. Vers l'Atlas seules les communes de Chréa et de Bou Arfa en faisaient partie ; vers l'ouest la limite incorporait Marengo et Meurad ; et vers l'ouest Bouinan et Chébli. En 1954 la commune de Blida
avait 47 318hab. dont 15 107 non Musulmans (soit 31,9%). Une curiosité sans importance
: Blida a hébergé de 1894 à 1906 le
roi du Dahomey, Kondo dit Behanzin
après que la France eut achevé la conquête de son
royaume. Après sa reddition il avait été envoyé
en résidence surveillée à Blida. J'ignore où
il était logé : il n'y a pas semble-t-il, à Blida,
de palais susceptible d'accueillir un tel personnage et sa suite. En 1975
le Dahomey est devenu le Bénin. |