STORA- village d'Algérie
...pas très loin de la presqu'île de Djerba !!!

Adossée au pied d'une montagne à pic et au fond d'une rade magnifique, l'anse de Stora était connue des Romains qui y abritèrent longtemps leurs trirèmes. Ils construisirent aussi, au flanc de la montagne, cinq travées de belles citernes alimentées par l'oued Chadi (Ruisseau des singes), dont les eaux contournaient le massif montagneux au moyen d'un tunnel.

Edgar Scotti, décédé le 31 décembre 2008
extrait de "l'Algérianiste", n°127
sur site le 7-11-2009...copié ici le 6-12-2011

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Extrait de carte Michelin 172 - Algérie/Tunisie- 1958

datée du 9-5-1953

Adossée au pied d'une montagne à pic et au fond d'une rade magnifique, l'anse de Stora était connue des Romains qui y abritèrent longtemps leurs trirèmes. Ils construisirent aussi, au flanc de la montagne, cinq travées de belles citernes alimentées par l'oued Chadi (Ruisseau des singes), dont les eaux contournaient le massif montagneux au moyen d'un tunnel.

Les toponymes de Sinus Lumidicus, Mers Estora et d'Istoura, port de Rusicade, apparurent dans les descriptions, respectivement laissées par Ptolémée; Edrissi et E1-Bekkri. Au xvie siècle, les Génois faisaient escale à Stora désigné sous le nom de Port Génois. Dans l'histoire à visage humain de ce village s'inscrit dès 1850, l'arrivée de pêcheurs italiens du golfe de Naples, suivis de ceux d'Ischia. Cette île phlégréenne fut en effet ruinée par plusieurs séismes dont celui de 1883 qui contraignit une partie des 25 000 habitants de huit paroisses, dont celles de Forio, Casamicciola, Lago-Ameno, Barrano d'Ischia et d'Ischia-Porto, à émigrer vers les Etats-Unis et l'Algérie.

Vingt ans plus tard, en 1903, la pénurie de sardines sur les côtes bretonnes incita des pêcheurs de Douarnenez à s'installer à Stora.

La commune de plein exercice de Stora fut créée en janvier 1848 sur un territoire de 6 923 ha étendu en 1887, sur 11 647 ha en montagnes et coteaux.

Les températures oscillent entre 12 °C au-dessus de 0 en hiver et 42 °C en été. Le village était relié à Philippeville, distant de quatre kilomètres, par une route en corniche, construite entre la mer qu'elle surplombait à une grande hauteur et les pentes boisées de la montagne, où le clocher d'une église se profilait sur un fond de chênes-lièges.

La mémoire collective de ce village conserve le souvenir des sinistres maritimes provoqués par les tempêtes de 1841, 1843 et 1854. La rade fermée à l'ouest par le massif de la grande plage n'offrait aucune sécurité par " baffagne " (Baffagne: vent méditerranéen du sud-est.) d'est ou de nord-est.

En 1900, Stora avait une population de 2 484 habitants dont 636 Français et 168 étrangers. Le village d'Aïn-Zouit à 24 km, ainsi que les douars M'Salla et Oued Drader, dépendaient de la commune.

Par la suite, cette population ne cessera d'augmenter avec l'afflux des fellahs descendus de ces douars pour travailler dans les exploitations agricoles, les ateliers de salaison d'anchois et accéder plus facilement aux soins médicaux pour eux et les membres de leurs familles.

Le produit de la pêche à la maille débouchait à cette époque sur la conserverie selon des méthodes ancestrales mises en oeuvre par des conserveurs d'origine italienne. Ces ateliers de salaison fournissaient notamment en été de nombreuses journées de travail aux femmes du village. Dès l'aube, à l'arrivée des bateaux, elles étêtaient et évisceraient les anchois qui étaient ensuite mis dans des corbeilles avec du gros sel afin de leur faire perdre leur eau et leur sang. Ces tâches étaient effectuées avec dextérité et rapidité dans la bonne humeur, en un langage fleuri où se mêlaient l'arabe, l'espagnol, le napolitain, le sicilien et plus rarement le français.

L'oued Chadi " Ruisseau des singes " formait à son embouchure une vaste plaine connue sous le nom de la Grande-Plage, entièrement cultivée en céréales, puis en vignes.

Il convient d'ajouter à Aïn-Zaouit, quatorze petits agriculteurs ne cultivant que trois ou quatre hectares chacun.

De 185 ha en 1900, le vignoble fut progressivement étendu en raison de la qualité de ses vins. La céréaliculture elle-même, fit place à des productions maraîchères de primeurs et notamment à des cultures de fraises.

Administration municipale en 1900

Maire : Auguste Aquadro;
adjoint: Edouard Niglio;
conseillers municipaux: Abdelah, Apréa, Arata, Barluet, Ben Taïeb, Cauro, Buonacore, El Haoussine, Scotto di Vetimo, Stizi;
secrétaire de mairie : Valentin Roche;
architecte municipal: Joseph Birabent;
curé : l'abbé Vallecalle;
instituteur: Valentin Roche;
institutrices : Mmes Noklo et Ourteau;
école maternelle : Mme Cousinet ;
inscription maritime : Jean-Baptiste Duval,
garde ?;
douanes: M. Franchi,
receveur;
médecin conventionné: Dr Augier en résidence à Philippeville;
postes : Jean Desperrin,
facteur-receveur; télégraphe: M. Conte.

Artisans et commerçants en 1900

Cafetiers-restaurateurs : MM. Apréa, Coppa, Comte, Curci, Niglio; pêcheurs : MM. Adragna, Aquadro, Dambra, Dimeglio, Cacciotolo, Pancrace, Pilato, Scotto di Vetimo ; conserveries de poissons : MM. Aquadro, Conte, Grima, Fandopoulo, Lebot et Grevat.

Agriculteurs - viticulteurs en 1900
MM. Apréa, Arata, Baldini, Dambra, Diméglio, Ramonatxo, Scala, Spennato, Stizi, Albertini, Aquadro, Buono, Pascal, Di Costanzo, Pilato, Antoine Baldino, Grevat.


Stora en 1962

Si l'importance économique de Stora fut freinée par la construction du port de Philippeville, ce village conserva jusqu'à la fin un dynamisme qui se manifesta aussi bien dans les activités agricoles que dans celles de la mer. Dès 1887, les propriétés Grosso, Ricoux et Ramonatxo, offraient le spectacle de belles plantations arbustives couvrant les sols jusqu'à la mer. Dans une région difficile d'accès, des agriculteurs surent protéger leurs productions pour les mettre à l'abri des prédateurs et des caprices du climat. Ils les adaptèrent aux potentialités locales en tenant compte des besoins des consommateurs.

Issus de générations qui animèrent des rivages inhospitaliers, des pêcheurs courageux, originaires de tout le bassin méditerranéen évoluèrent dans leurs conceptions de la pêche artisanale. En l'absence de port et malgré la soudaineté du changement des conditions atmosphériques, ils adaptèrent leurs techniques de pêche côtière en hiver, aux nécessités de la protection des ressources halieutiques en été. En effet, entre le 1er juin et le 30 septembre, leurs embarcations ne pouvant mouiller leurs filets qu'au-delà de la limite des trois milles dans les eaux internationales, ils s'équipèrent pour pêcher les grosses crevettes et autres poissons de fond. Avec l'arrivée de pêcheurs bretons, l'industrie de la sardinerie par salaison ou saumurage évolua vers la conservation par fritage et emboîtage.

Enfin Stora, station balnéaire appréciée et très fréquentée du 15 juillet au 15 septembre depuis le >axe siècle, conserva jusqu'en 1962 sa réputation pour la qualité de son accueil et celle de sa cuisine.

En 1962, quelques-unes des premières familles vivaient encore à Stora, malgré des attentats qui coûtèrent la vie à certains d'entre-eux. Citons les familles Apréa, Buonacore, Cacciotolo, Comte, Georges Di Costanzo, Di Méglio, Lubrano, Mollo, Pinelli, Scotti, Scotto Di Vettimo, Scotto Monéglia, Michel Torrente, Yacono.

Ces hommes sans passé, voulaient donner un sens à leur vie, à celle de leurs enfants en bâtissant leur avenir et celui de tous ceux qui les entouraient. Conscients de la nécessité d'épargner la ressource, ils respectaient les périodes de reconstitution de la faune marine et notamment de ses espèces les plus appréciées, n'hésitant pas à rejeter à la mer une grosse langouste " grainée " c'est-à-dire pleine d'oeufs en disant " Voici notre pain de demain ". Ils étaient des bâtisseurs qui participèrent, notamment dans la marine nationale, à deux grands conflits mondiaux. A leur suite, ils ne demandèrent rien, même si cette hécatombe de nombreux jeunes eut de graves conséquences, lors des tragiques " événements " qui les conduisirent au douloureux exode de 1962.

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Il convient d'exprimer nos sentiments de bien vive gratitude au D' Georges Duboucher et à MM. Maurice et Jean-Maurice Di Dostanzo, Lucien et René Patania, Jacques Piollenc qui, par leurs archives ou leurs souvenirs personnels, contribuèrent à l'évocation de quelques-uns des hommes qui firent Stora. Qu'ils en soient bien vivement remerciés.