Laboureurs
et moissonneurs de la mer
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........Monsieur
Joseph Palomba m'a fait parvenir un livret, avec photos, dessins
(22) et glossaire. Il l'a écrit en collaboration avec monsieur
Edgar Scotti. "Vous pouvez en disposer à votre convenance",
écrivait-il. Eh bien, voilà. Je vous en fais profiter...
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----------Alger 1947 - Retour de pêche : les Chalutiers ----------En Algérie,
le départ en pêche se réduisait à un banal
appareillage effectué de nuit, depuis un port ou une crique, souvent
sous le vent d'une mer glacée. ----------Les Grecs qui étaient des marins n'ont pas su trouver un dieu pour les pêcheurs, mais le CHRIST en fit ses premiers disciples... et PIERRE, le premier homme qui le représentera sur terre était un pêcheur ! ----------Dans ces lignes nous parlerons, en trois parties, particulièrement des chalutiers du port d'Alger, des lamparos, des conserveurs, des scientifiques et de tous ceux qui par leur capacité et leur travail contribuèrent au développement des pêches maritimes en Algérie. Etant entendu, que cette description s'applique également à l'ensemble des pêcheurs des autres ports du littoral algérien, de Nemours à la Calle, tant le métier était identique et les gestes immuables, chez tous les marinspêcheurs que nous avons rencontrés. ----------Concernant
le port d'Alger, après une longue journée
de chalutage, par fonds de plus de deux cent mètres sur une zone
à l'Ouest allant du Chenoua au Cap Caxine, la dernière calée
mise à bord, les panneaux bien arrimés, filets bien amarrés
au mât, rivalisant de vitesse, les chalutiers se hâtaient
vers le port, passant devant la colline de Notre Dame d'Afrique escortés
de nuées de mouettes affamées, poussant leurs cris aigus,
virevoltant, plongeant sur le moindre déchet évacué
par les sabords, sous la pression des manches à eau. ----------Dès
l'accostage, aussières engagées sur les bollards, les commis
et les portefaix du mandataire arrivaient avec des longs charretons sans
ridelles à roues ferrées pour procéder au déchargement
du produit de la pêche, sous le regard de l'Armateur ou de son représentant,
toujours présent. ----------D'abord, parfaitement triés, impeccablement présenté, bien "acaber" par catégories, le poisson "noble" : rougets, barbets, ouïes frémissantes ; dorades, pageots, marbrés, loups étincelants, soles et turbots, gros merlans ai'x reflets brillants, rascasses, vives appelés aussi araignées de mer, grondins majestueux, tous, poissons rois d'une bonne bouillabaisse, baudroie à large gueule, que les pêcheurs espagnols désignent du nom de "bocca dé rappa" suivit des poissons de catégories différentes comme les sépias ou seiches et les petits supions si délicieux cuisinés avec son encre, les raies de toutes sortes, les gros poulpes, encore vivants qui tentent de s'échapper du casier, le "chien de mer" émisole royal et ses petits, catarelles ou roussettes, puis la "mouraille", le vrac, maquereaux, galinettes, sars, saourels, saupes ou thelbas, bogues, bazouks, murènes, congres et bien d'autres. Certains jours s'ajoutent sur le haut de la pile, les casiers de "grosses pièces" ombrines aux riches écailles, mérous ou mérots, ventrus teintés d'arc-en-ciel et de belles langoustes, antennes dressées ! ----------Mais par
dessus tout, les grosses crevettes rouges pêchées au large
de Castiglione, ainsi que les crevettes blanches si recherchées
le samedi par des amateurs de la pêche à la ligne. Belles
crevettes rouges de nos grands fonds. De tailles et de teintes différentes
selon leurs provenances : d'Alger, d'Oran, de Mostaganem, Arzew, Bougie
ou Philippeville. Désignées peutêtre à tort
sous le nom de "gambas" à ne pas confondre avec la "caramote"
ou le "matsagoune" des Bônois, que l'on pêche en
abondance à l'embouchure de la Seybouse.
----------Sachons
aussi que "acaber" le poisson dans un casier est tout
un art. Dérivé italien du mot acabi ou du patois napolitain
cabe, qui veut dire tête, il reste affaire de spécialiste
et chaque chalutier avait le sien. Cela consiste à mettre côte
à côte des poissons de même taille et de même
espèce, les têtes dans le même sens, afin de présenter
un assortiment que la ménagère retrouvera le lendemain sur
les étals des marchés de la ville. ----------A ce propos, concernant le chiffre II qui suit le nom de certains des chalutiers, il faut savoir qu'ils furent construits à titre d'indemnisation d'un bateau réquisitionné en 1939 par la Marine Nationale et coulé au cours de la guerre 39-45. Ce qui relancera la construction navale à Alger après cette date, où seront construits, le "VENUS II", le "MEDUSE II", le "NADAL II", "N.D. POMPEZ II" "Joseph MONCASSI", "SAINT-MICHEL", "SAINT-LOUIS", "SAINT-ZACHARIE", "SAINTE-LUCIE", "SAINTE-VINCENTE" et une "Pléiade" de nouveaux lamparos. ----------Le môle de pêche ----------Le déchargement
des chalutiers terminés, les charretous grinçants sous le
poids des casiers, ayant rejoint l'intérieur de la Halle aux Poissons,
les pleins d'eau et de glace en poudre étant faits avec parfois
l'échange d'un filet, le patron de pêche mettait en panne
le moteur, qui s'arrêtait dans un dernier soubresaut, marquant la
fin d'une longue journée commencée dès trois heures
du matin. Les membres de l'équipage libérés, enjambaient
alors le bordage, avec leur couffin contenant la gamelle vide du repas
pris à la hâte, entre deux calées, et la part de poissons
obtenue chaque jour selon l'importance de la pêche. ----------Après 1945, pour difficile qu'il était, le métier de marin à bord d'un chalutier n'avait rien de comparable avec celui que connurent "nos anciens" quelques années auparavant. Pour eux, après la navigation à voile, au temps de la machine à vapeur, il fallait prendre son tour au ponton du service des eaux pour l'indispensable plein de la chaudière et un jour sur deux procéder au chargement du charbon, briquettes ou "cardiff" à partir d'un chaland amarré le long de la jetée Pierre Emile Watier. Or, ils étaient vingt les chalutiers à pratiquer la pêche "aux boeufs" en ce temps là à Alger jugez de la contrainte ! ----------Heureusement que par la suite, avec la généralisation du moteur "Diesel" sur les bateaux et l'utilisation du fuel, combustible admis aux droits réduits, directement distribué sur le quai, pas des camions citernes, ainsi que la réglementation de l'heure de sortie de nuit, apporteront une amélioration sensible au dur labeur du métier des marins-pêcheurs. ----------Toutefois, nous devons signaler que le chalutier représenté pour les marinspêcheurs du port d'Alger le "haut de gamme" de la corporation. Il était difficile d'obtenir un embarquement sur ces bateaux, particulièrement sur ceux dont les armements étaient solides et les maîtres de pêche de grande notoriété. Dans ce métier, le marin de chalutier était considéré comme un "fonctionnaire" par ses pairs. Il avait un emploi stable et assuré par une rémunération "au mois" ; c'est-à-dire un salaire mensuel de base défini par contrat inscrit sur le rôle d'équipage, accompagné du droit à une part journalière de poissons, variable selon la pêche du jour. ----------Cette part de poissons deviendra un revenu substantiel quand l'usage de la vente "au couffin" s'étendra le soir, du môle de pêche au marché des Trois Horloges à Bab-et-Oued ! ----------A Alger, en ces fins de journées, s'exhalait du môle Jérôme Tarting, l'inoubliable confusion des effluves de la brise marine, du poisson frais, des cordages tendus au gré du ressac. ----------C'est à ce moment qu'intervenait, connu de tous les habitués du port, ""Mimi", coiffé de sa casquette de marin. Cet ancien inscrit maritime, invalide civil, victime d'un accident du travail, rachetait la part des pêcheurs et la cédait, aussitôt après dans d'excellentes conditions, aux amateurs de petits pageots, rougets, sardines. Les mères de famille trouvaient des anchois frais pour le bocal familial, des araignées pour la bouillabaisse, le "caldero" ou "l'aqua bassa", des gambas pour le repas du soir. Les pêcheurs du dimanche achetaient leurs crevettes grises pour leur partie de pêche, derrière la jetée Butavant. Les Algéroises appréciaient les belles sardines étincelantes de fraîcheur pour une recette de beignets dont elles détenaient jalousement le secret. Pour un de nos francs 1960, il était possible d'acquérir la nacre d'un gros brachiopode marin à coquille bivalve le Triton à bosses, appelé "Toffe" par le pêcheur napolitain. ----------Les achats de cette clientèle étant faits, "Mimi" s'en allait aussitôt après, aux "Trois Horloges" où il était attendu par des connaisseurs, amateurs de petites sépias, rougets, sardines ou allaches dont le fumet s'étalait dans le quartier et autour des cafés et des restaurants. ----------Alors, la tête pleine de souvenirs, habitués, spectateurs et pêcheurs éblouis par la vue de tous ces poissons et satisfaits de la qualité de leurs achats rejoignaient par l'ascenseur ou les escaliers de la pêcherie, les boulevards de la République et Anatole France. ----------Depuis le môle Jérôme Tarting, tout au long des escaliers de la pêcherie, sur le boulevard de la République, l'odeur iodée de la brise vespérale se mêlait successivement à celles du poisson, du fuel, de l'anisette servie à la terrasse des cafés de Bordeaux et de la Bourse, située sur la Place du Gouvernement. ----------Tel était
le retour de pêche des chalutiers, un soir de la semaine dans le
port d'Alger. ----------Nous aurions pu également détailler la commercialisation de ce produit, vingt ans après, à l'intérieur de la Halle aux Poissons, telle que nous l'avons connue. Nous aurions pu surtout rendre hommage à la dizaine de Mandataires qui en avaient la charge, ainsi qu'à tout le personnel (portefaix, commis, vendeurs, crieurs, comptables, caissiers) presque tous musulmans, hommes sérieux et de très grande compétence. ----------Mais nous ne pouvons conclure ce chapitre sans un hommage particulier à deux hommes, aujourd'hui disparus, qui après 1945 furent véritablement la "cheville ouvrière" de la corporation des pêches de la côte algérienne. Nous évoquerons le souvenir de Joseph DI PIZZO, à la tête du Syndicat des Armateurs de Pêche au Chalut du Département d'Alger et Vice Président du Comité Central des Pêches en Algérie et de Monsieur Alfred DAMERDJI, Président du Groupement des Mandataires de la Halle aux Poissons de la ville d'Alger et Président de la Fédération des Armateurs et Patrons-Pêcheurs des trois Départements du Littoral Maritime, en Algérie avant notre exode. Ces hommes resteront dans nos mémoires. Retour de pêche : Les LAMPAROS ----------Au crépuscule, alors que dans les ports, au gré du ressac, les chalutiers se cabraient sur leurs amarres, les "lamparos" larguaient les leurs. Ceux que nous avons connus étaient des bateaux semi-pontés, d'une longueur de 10 à 12 mètres du type "pointu" napolitain, à l'étrave surmontée d'une courte hampe et au gouvernail manoeuvré par une barre franche. Ils prenaient la mer, traînant en remorque une embarcation, munie de grosses lampes à abats-jours de métal, d'abord alimentées par du carbure de calcium, ces lampes à acétylène furent remplacées par de puissantes ampoules électriques branchées sur de lourdes batteries d'accumulateurs. Dès la nuit tombée, les "lamparos" traquaient les bancs de sardines, dont les écailles d'un bleu-vert émettaient des reflets argentés sous les lumières vives des lampes, qui les attiraient du fond vers la surface de la mer. Déployés tout au long du littoral, ces feux visibles depuis la côte formaient une dentelle d'étoiles qui était féerique ! ----------A Alger, comme dans tous les ports d'Algérie, la fraîcheur du petit matin, n'attirait pas les curieux, mais rassemblés sur le môle de pêche quelques industriels conserveurs ou salaisonniers, les commis des mandataires et les acheteurs professionnels : détaillants et vendeurs ambulants. Car la sardine "poisson du pauvre" mais poisson riche était très appréciée par la population, particulièrement chez les musulmans. ----------Même si on en pêchait toute l'année, la sardine arrivait à maturité dès le mois de mai et les prises étaient abondantes jusqu'à la fin octobre. Manne frétillante, elle exhalait dans les casiers, tous les effluves de la mer. Elle prenait aussitôt le chemin des marchés et des friteries où des centaines de femmes et de jeunes filles à l'appel de la sirène, comme à BouHaroun et à Chiffalo se précipitaient pour vider et étêter ce poisson. Issues de familles de pêcheurs, les ouvrières chrétiennes ou musulmanes, participaient au conditionnement de ce produit de nos côtes très recherché aussi par le commerce de l'alimentation et par l'intendance militaire... pour les trouffions qui en étaient si friands. L'industriel de la conserve ----------Une importante
main-d'oeuvre féminine était en effet nécessaire
pour traiter dans les meilleurs délais, sardines et anchois dès
l'arrivée des lamparos. ----------Une main d'oeuvre nombreuse et qualifiée était en effet nécessaire pour traiter et conditionner le poisson dès la mise à terre de la pêche journalière. Ce qui explique la dissémination de ces ateliers dans tous les ports qui abritaient des lamparos ou des palangriers. ----------Intéressés par l'offre d'un produit de première fraîcheur et de belle qualité, des industriels se sont installés sur toute la côte. Dans des usines de taille moyenne, ils ont mis au point des procédés, toujours utilisés, de friterie des sardines et de sertissage des boites métalliques. ----------Même incomplète, la liste de ces conserveurs éclaire de façon significative leur souci de se rapprocher des points de débarquement des sardines, sardinelles et anchois ainsi que d'une main d'oeuvre familiarisée avec les activités maritimes.
----------Cette liste ne fait pas mention des artisans saleurs qui produisaient des sardines et anchois salés en tonnelets de bois. ----------Sardines, allaches et anchois étaient très appréciés en Algérie. Parmi les acheteurs qui se pressaient à l'arrivée des "lamparos"", il y avait aussi des restaurateurs en renom de la rampe de la "pêcherie" de la rue Tanger ou des petites gargotes disséminées tout au long des artères du port et notamment au "rendez-vous des gueules noires" situé rue de Digne, dans l'arrière port de Mustapha. ----------Située entre le Figuier et le Cap Djinet, la plage de Courbet-Marine était très fréquentée. L'arrivée des pêcheurs attirait sur la "Calanove" les habitants des villages de l'intérieur, les Issers, Bordj-Ménaïel, Haussonvilliers, venus chercher du poissons scintillant, sardines, anchois ou grosses dorades à peine sortis de l'eau. ----------Avant de terminer ces lignes qui lui sont consacrées, nous préciserons que l'appellation "lamparo" peut être interprétée de deux façons. Celle du pêcheur napolitain, qui désigne le filet "lamparé" ou "lamparelle" ou tout simplement, celle rappelant la pêche "aux lampes" dite aussi "pêche aux feux". Nous pencherons pour la première, qui, comme le filet chalut avait donné son nom au chalutier, le filet lamparé le donnera au lamparo. Mais cela reste à prouver. ----------Quoiqu'il
en soit, la construction de cette embarcation connaîtra un changement
radical, après 1947 à Alger. Le traditionnel "pointu
napolitain" laissera progressivement la place au bateau de type espagnol,
dit "popa mona" déjà en service chez les pêcheurs
oranais. ----------A l'usage, il s'ensuivit une stabilité de la lumière plus diffuse sous l'eau, attirant ainsi plus rapidement les sardines et autres poissons bleus vers la surface de la mer ! ----------Mais l'évolution, soi-disant, avancera à grands pas, avec l'apparition du filet tournant, de type "ring-net", heureusement peu employé en Algérie. Aujourd'hui, l'avènement du filet pélagique sur les chalutiers, les appareils électroniques qui garnissent leur passerelle (sondeur, sonar, radar) traquant le moindre banc de sardines, anchois et autres, même en plein jour, rend la "pêche aux feux" inutile. L'importance du matériel engagé, la force sans limite des bateaux et les prises énormes effectuées avec le filet pélagique ont sonné le glas du "lamparo" sur tout le pourtour de la Méditerranée Occidentale. Et c'est bien dommage ! ALGER : LES SCIENTIFIQUES ET LA PECHE ! ----------Dans ces
lignes consacrées aux "Laboureurs de la Mer" nous
évoquerons rapidement les travaux des scientifiques ayant aidés
au développement de la pêche maritime en Algérie,
après 1830. ----------Pourtant,
dès le début de la colonisation française, des pêcheurs
issus de l'émigration. étrangère, particulièrement
italienne,. s'installèrent à Alger. C'est ainsi, qu'avant
même que les scientifiques se penchent sur cette activité,
bien des métiers de la pêche étaient exploités
comme le palangrier, le tartanon, la senne ou bouliche, le badgassou,
sardinale, trémail, bati-bati, bonitière et thonaire,. madrague
et filet boeuf ou Bangui, plus tard le chalut.
LA STATION EXPERIMENTALE D'AQUICULTURE DE CASTIGLIONE ----------Du fait de la grande guerre, ce n'est qu'en 1921 qu'eut lieu l'ouverture de la Station Expérimentale de CASTIGLIONE (aujourd'hui Bou-Ismaïl). Beaucoup de personnalités s'y illustrèrent, ne pouvant les citer tous, nous évoqueront tout de même les noms de quelques-uns de ces hommes. ----------o Le premier directeur de la Station fut le Professeur J.P BOUNHIOL de la Faculté des Sciences d'Alger, qui en conservera la direction jusqu'en 1926. ----------o Son successeur sera le Professeur Louis BOUTAN dont un bateau de l'Office des Pêches portera le nom. Il concentrera entre ses mains, comme le faisait son prédécesseur, à la fois les études techniques et les recherches appliquées à la pêche, mais il disposera pour cela, outre son laboratoire de la Faculté d'Alger, d'un laboratoire d'études de biologie marine, sur la jetée Nord du port, où viendront travailler ses nombreux étudiants. ----------Par la
suite, seront à la tête de la Station : Monsieur André
CURTES de 1932 à 1933, puis Monsieur le Docteur R.
DIEUZEIDE auteur de nombreuses études sur les fonds de pêches
en Algérie qui font toujours autorité dans les milieux scientifiques
en Méditerranée. ----------Notons aussi la publication par M. André ROSFELDER en Octobre 1954 des courbes hypsométriques et des rivages tracés d'après la carte 1/500 000° de l'Institut Géographique National. Cette carte provisoire fait apparaître de profondes vallées sous-marines que les maîtres de pêche désignaient sous les noms de "trous sans fonds" ou de "fosses" qui prolongeaient le relief terrestre. Ce document fut élaboré sous l'égide de plusieurs services : Ponts et Chaussées, Hydraulique, Service de la carte géologique, CNRS, Service hydrographique avec l'appui du Président Gaston BETIER, directeur des Mines et sous l'impulsion du Professeur Robert LAFFITTE, sans oublier la collaboration du Service d'exploration sous-marines et les plongeurs qui participèrent aux relevés en mer. A toutes ces personnalités, il nous faut rendre un hommage sincère et mérité ! ----------Ajoutons en terminant cette évocation, que le bâtiment de la Station Expérimentale de Castiglione, à 40 kms d'Alger, construit sur la plage, était surmonté d'une terrasse d'où l'on pouvait admirer la mer d'un côté et de l'autre un long boulevard dominant la plage. Boulevard comparé en toute modestie par les Castiglionnais à celui de ... la Promenade des Anglais à Nice. ! ----------Ce bâtiment abritera de nombreuses salles d'études, ainsi que deux aquariums en sous-sol où évoluaient les spécimens les plus rares de la flore et de la faune de la Méditerranée. Bâtiment connu aussi sous le nom d'Ecole de Pêche, il était l'objet de nombreuses visites en saison estivale. L'ARRACHEMENT
: ALGER, 1962. ----------Ainsi s'achevaient plus de cent trente années de labeur, où ces laboureurs de la mer, héritiers d'un savoir transmis par leurs pères, perpétuèrent un métier acquit au prix de lourds sacrifices, qu'ils aimèrent par dessus tout et qui était le but principal de leur existence. ----------Nous ne pouvons ici nous étendre sur le terrible drame qui frappa ces hommes et leurs familles en 1962. Pour eux l'alternative fut difficile et le choix de l'exode douloureux. Mais, dans ce pénible moment, beaucoup de marins et de patrons-pêcheurs s'employèrent à sauver leur bateau : outil de travail et unique richesse qu'emporteront avec eux ces hommes traités de "Colonisateurs". ----------Ainsi, bien des petits chalutiers du port de Bou-Haroun et des plus gros, de Cherchell et d'Alger, tentèrent avec courage et dans l'incertitude la plus totale l'aventure de prendre la mer. ----------Ils partiront mais laisseront derrière eux l'empreinte indélébile de leur savoir et d'une méthode de travail qui dans le domaine de la pêche maritime perdure encore aujourd'hui. Ils n'auront jamais à rougir dans leur métier. Héritiers d'un passé où on prédisait à leurs pères un "avenir réservé" et une "pêche de fonds à peu près nulle" ils occupèrent avec leurs chalutiers la première place de modernité sur tous les bateaux des autres ports français en Méditerranée ! La production des pêches maritimes à cette époque en Algérie suffisait entièrement à la consommation de toute la population du pays et nos conserveries exporteront même leurs produits en métropole. ----------Mais victimes
du "Vent de l'Histoire" il est honnête de dire
que pour ces hommes le départ ne fut pas simple. Ce n'était
ni un retour, ni un voyage et encore moins un "rapatriement".
Pour eux r qui venaient de perdre leur terre natale, c'était tristement
un EXODE ! ----------Alors, penchés au bastingage d'un chalutier ou d'un paquebot,des femmes et des hommes désespérés, le coeur serré et les yeux pleins de larmes, voyaient,dans le sillage du bateau de l'exode, s'estomper au lointain le rivage de leur pays natal ... tandis que du haut de sa colline, dominant les flots bleus, NOTRE-DATE d'AFRIQUE, tendait les bras,comme pour les retenir ! TRISTESSE ET DESOLATION ----------Juillet 1962, les grilles du môle Jérôme Tarting sont fermées. Les chalutiers sont partis. Aménagé en transport de troupe, le paquebot "El-Djezaïr" franchit la passe Nord. A son bord, entassés les uns sur les autres, les "rapatriés" emmagasinent dans leur mémoire la dernière image de leur pays. G L O S S A I
R E ACABER LE CHALUT SENNE ou BOULICHE LE CHALUTIER MAITRE de PECHE (de) CALEE ou TRAINE PATRON PALANGRIER PALANGRIER POPAMONA PÈCHE eu CORAIL NOTRE-DAME d'AFRIQUE LA CALANOVE les auteurs. à gauche : L'escargot de mer , MUREX
tinctorial désigné " Schoungil " par' nos pêcheurs.
Il doit se manipuler avec la même précaution qu'un porc-épic.. |