Au début de notre ère, la région
a vécu sous la "Pax Romana ". Elle était située
à mi-distance entre, au nord, au bord de la mer, la " Colonia
Julia Augusta Salditana " c'est-à-dire Saldae (Bougie) et
un autre municipe, colonie militaire " Tubusuptu " (Tiklat),
édifiée au sud-ouest, au bord de l'oued Amassine.
la région
a vécu sous la "Pax Romana "
Collection "L'Algérianiste"
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Saldae (Bougie) et Tiklat, voisine d'EI-Kseur, étaient situées
comme Oued-Amizour, en Maurétanie, non loin de la frontière
de la province romaine d'Afrique proconsulaire. Créées par
l'empereur Auguste au début de notre ère, ces deux colonies
militaires étaient destinées à assurer le contrôle
du royaume encore indépendant de Maurétanie, royaume qui
sera annexé par les Romains en 40 après J.-C.
Dans cette région montagneuse et accidentée que l'on appellera
plus tard la " Kabylie des Babor " pour la distinguer de la
" Kabylie du Djurdjura ", I'influence romaine aura plus de mal
à se développer que dans les vallées et les plaines
voisines. Cependant les cartes signalent en de nombreux points des ruines
romaines et la prospection archéologique a permis de retrouver
d'intéressants vestiges prouvant en particulier la diffusion du
christianisme dans toute la région.
Des voies romaines traversaient le pays: on a ainsi découvert des
bornes milliaires qui les jalonnaient tous les 1 480 mètres, notamment
celles de la voie qui reliait Sitifis (Sétif) à Saldae (Bougie)
sur le littoral.
Des vestiges d'aqueduc à Toudja et des exploitations agricoles,
des pressoirs à huile ont été mis au jour. Hammam
Guergour, (Ad Sava) était le siège d'un évêché.
On y a trouvé des vestiges d'importantes installations thermales
et de nombreuses inscriptions funéraires.
Un autre évêché se trouvait à Ad Olivam, probablement
Oumdadja, où subsistaient les vestiges d'une église. Preuves
parmi bien d'autres de la présence romaine dans la région.
Oued-Amizour était également le siège d'un praesidium
romain, mais son nom et son importance demeurent inconnus. On y a trouvé
des ruines éparses, des thermes et le tombeau dit de Memnis Flavia.
La tourmente de 1871:
En 1871, la " Kabylie des Babor " est violemment
secouée par l'insurrection. Elle frappe surtout les familles kabyles
accusées de tiédeur vis-à-vis des tribus en rebellion
contre la France. Le cald Mahmoud Ourabah a eu son bordj incendié,
mis à sac; des membres de sa famille, dont son oncle, ont été
assassinés.
Ces meurtres ne seront, hélas, pas les derniers. Ils seront suivis
de bien d'autres, destinés à faire payer à cette
famille Ourabah l'amitié qu'elle témoigne aux colons installés
au pied de cette verte colline et plus tard leur attachement aux valeurs
apportées par la France.
Au cours de cette période d'autres " karouba " (famille
au sens large du terme) seront éprouvées, notamment celles
de El Haoussine, de Rabah et Ahmed Katir.
D'autres familles kabyles participèrent à
la création et à l'essor d' Oued-Amizour, parmi les notables
il y avait les " karouba ": Ourabah, Kernou, Benabid Bourouïna,
Krim, Yessaad, Amalou.
A cette époque, la région est marécageuse et insalubre.
Colmar: en souvenir du pays perdu
A la fin de cette insurrection, la décision est
prise de créer un village. Quatorze familles kabyles non insurgées
acceptent dans un premier temps de céder leurs parcelles. Cependant
après remise en cause de cette cession, c'est par voie d`échange
que les terrains les plus fertiles, trop tôt mis à la disposition
du service des domaines, sont acquis pour créer dans cette vallée
un " carré de bâtiments " où toutes les
rues se coupent à angle droit. En effet, durant ces tractations
de modestes maisons de colonisation ont été construites
et il n`est plus dès lors question de modifier l`emplacement du
futur village qui prend le nom de Colmar.
Construite en pierres grossièrement scellées avec la terre
des fondations cette habitation était recouverte de tuiles creuses.
Elle se composait de deux pièces attenant à une étable
et à un petit potager pour l`approvisionnement familial en légumes.
Les premiers colons
Après le traité de Francfort du 10 mai
1871, de nombreux Alsaciens et Lorrains doivent quitter leurs villages
avec de pauvres bagages. Certains s'embarquent à Dunkerque pour
les États-Unis et notamment pour le Texas où l'on retrouve
encore aujourd`hui à Humble près de Houston sur la N. 59,
des descendants de la famille Akermann.
En 1872, le gouverneur général de l'Algérie décide
de créer le village de Colmar pour y installer 23 familles originaires
des trois départements, Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin, rattachés
au Reich allemand. Dans son ouvrage " Histoire d`une petite commune
d'Algérie " M. Jean René Morin, dernier maire français
d'Oued-Amizour évoque l'uvre de ces colons.
"Le peuplement primitif se fit avec 23 immigrants dont les familles
Scherné, Wideman, Ottenvaelter, Martz, Weis, Diss, Fehr, Durbec,
Praz, Akermann, Drech, Steib, Witse, Hartmann, Brucker; arrivèrent
ensuite 56 Algériens ". Ces colons étaient en fait
des Français de métropole installés depuis quelques
années en Algérie, parmi lesquels nous trouvons les familles
Jeunehomme, Record, Caralp, Martin.
A leur arrivée les Alsaciens sont surpris d'y revoir des cigognes.
Plus tard lorsque les grands oiseaux blancs à ailes noires glottoreront,
ils seront plus d'un à lever la tête vers les nids en pensant
à leur village du Bas-Rhin où il y avait aussi des cigognes
sur le clocher de l'église. C'est en songeant au " village
perdu " qu'ils suivront la croissance des cigogneaux jusqu'à
leurs premiers ébats hors du nid de branchages.
Piètre compensation cependant devant la tâche qui les attend
Alsaciens et Lorrains annexés
Lorsque l'on suit le cheminement douloureux de ces familles
il apparaît que bien peu, à leur débarquement à
Philippeville ou à Bougie, déclarent accepter de s'installer
dans le village en projet. Il n'y en aura que deux:
Jean Diss né le 17 décembre 1840 à Wolscheim
dans le Bas-Rhin et sa femme Eugénie Blanc, avec leurs enfants
Eugène deux ans et Marie-Françoise un an, ont débarqué
à Philippeville et opté le 31 mai 1872 pour Oued-Amizour.
Charles, Louis, Victor Steib, né le 4 janvier 1846 à
Reinhardsmunster et son épouse Anne-Marie Spreul arrivent en Algérie
par Bougie et optent le 29 septembre 1872 pour Oued-Amizour.
En effet, entre le moment où ces Alsaciens-Lorrains
arrivent dans un port du Constantinois et celui où ils entrent
en possession de leur concession de nombreuses années s'écoulent.
Nombreux sont ces colons qui arrivent avec une grande famille et des enfants
en bas âge.
Dillesinger ne restera pas à Oued-Amizour
qu'il quitte pour Alger, tout comme Fehr-Morand qui souhaitait tout d'abord
s'installer à Khenchela et Jean-Joseph Henry.
Parmi ceux qui arrivent à Oued-Amizour:
Jules, François Dresch et son épouse
Catherine Chavanne, arrivent avec trois enfants. Ils sont accompagnés
de trois membres de leur famille, Généreuse Chavanne et
Marie et Pierre Goulard leurs neveux.
François Durbec, lui ne survivra pas aux difficultés
qui les accablent. Après son décès, son épouse
née Marie-Louise Clémentine Akermann née à
Saint-Quirin, canton de Lorquin, arrondissement de Sarrebourg, aidée
de ses enfants Antoine, Joséphine et Célestine poursuit
courageusement la mise en valeur du lot rural n° 134 situé
en bordure de l'oued Mzai-Harrach.
Finalement, compte tenu des difficultés rencontrées pour
cultiver une concession trop éloignée du village Mme Durbec
se rend seule à pied à Bougie par la piste longeant la rive
droite de la Soummam. Elle y rencontre le commandant de la place et lui
demande l'échange de sa concession contre une autre plus proche
du village. (Histoire d'une petite commune d'Algérie, par M. J.-R.
Morin).
Denis Guntz, arrive à Colmar avec son épouse Marie
Fallot et leurs deux filles.
Les difficultes et aussi les
échecs
Imaginons un instant le désespoir des familles
contraintes de rechercher ailleurs un hâvre de paix et de tranquillité
pour s'installer et travailler.
Pierre Kreiter et son épouse Philomène
Peter à la tête d'une nombreuse famille ne pourront pas se
maintenir. lls seront contraints de vendre leur concession par acte passé
le 5 août 1878 devant Me Crance, notaire à Bougie. Pierre
Kreiter et sa femme avaient sept enfants.
Michel Martz est né à Davendorff dans le Bas-Rhin
français. Avec son épouse née Catherine Lamech et
leurs quatre enfants. Ils doivent vivre sur un lot " urbain "
de 6 ares 80, un lot de jardin et un lot de culture de 25 hectares qu'il
faut encore défricher.
Alsacien annexé arrivé en Algérie en novembre
1871, Jean Ottenvaelter est né le 16 Janvier 1851 à Ribeauvillé
dans le Haut-Rhin. De nationalité française par suite de
l'option de son père en 1873, il est marié avec Marguerite
Péto, ils ont sept enfants.
François-Joseph Scherné et son épouse Madeleine
Fehr, arrivés au village en 1871 ne se verront attribuer 35 ha
99 ares et 60 centiares que le 23 juillet 1879. lls ont trois enfants.
Le colon François-Joseph Scherné exploite sa concession
avec son père Rémy Scherné âgé de soixante
et onze ans.
Victime du climat, atteint par les fièvres, François Scherné
assumera cependant de 1879 à 1884 la charge de premier maire de
la commune nouvellement créée. Le village prend le nom de
l'oued qui coule au milieu de ce " carré de bâtiments
".
Paul François Hamel, né le 12 décembre 1849
à Metz et sa femme Marie-Céline-Louise Férail débarquent
à Bougie. lls s'installent à Oued-Amizour avec deux jeunes
enfants. lls cultivent 70 hectares dont la concession ne leur sera attribuée
que le 26 août 1880
Jean Tholens et son épouse Carmen Gourdemann ainsi que leurs
enfants Michel vingt-quatre ans et Anne seize ans, disposent de trois
lots dont la superficie est voisine de 34 hectares.
Emile Tolingher et Marie-Jeanne Bungsthaler son épouse doivent
malgré les fièvres mettre en valeur une ferme isolée
de Merj ou Hamma, (le marais de la fièvre) de 68 hectares, avec
leurs enfants.
Antoine Widemann est né le 1er mai 1853 à Ottmarscheim
dans le Haut-Rhin avec son épouse née Madeleine Waser et
leurs quatre enfants il défriche une concession de 32 hectares
dont le titre définitif ne leur sera délivré que
le 1er septembre 1884. Cette concession sera plus tard reprise par M.
Cotte banquier à Bougie.
Pierre Widemann et sa femme Annah Troesch ont eux aussi quatre enfants.
La concession ne leur sera attribuée à titre définitif
que le 4 octobre 1879.
Manifestant beaucoup de courage et d'opiniâtreté dans l'adversité
ces deux familles se maintiendront à Oued-Amizour et en Algérie.
Leurs descendants et les habitants de ce village se souviennent encore
de leurs courageux parents
Jacob Witse était titulaire à Oued-Amizour d'une concession
de 46 hectares attribués le 3 septembre 1879.
Bernard Léon Zésen avait pour épouse Marie
Elina Fridefon. lls avaient trois enfants, Jean vingt-sept ans, Maxime
dix-neuf ans et Marguerite douze ans. Leur concession de 101 hectares
leur a été attribuée par acte de propriété
du 22 mai 1883. Après le décès de Bernard Léon
Zésen, sa veuve s'est remariée avec Bernard Lescat deuxième
maire d'Oued-Amizour 1884-1888
Fehr Morand est né à Bettendorf (Haut-Rhin) le 29
janvier 1837, menuisier-ébénlste il doit fuir en 1870 et
se réfugie à la Chapelle sous Hougement, avec son épouse
et ses trois enfants. Dans la précipitation du départ ils
n'emportent que quelques affaires et ... un sabre baïonnette.
A son arrivée à Philippeville, Fehr Morand souhaitait s'installer
à Khenchella auprès de son frère, Blaise Dominique
Fehr. N'ayant pu obtenir satisfaction, la famille Fehr-Morand arrive en
1873 à Oued-Amizour, où elle s'établit sur 32 ha
60 ca répartis comme suit:
- un lot urbain n° 5 de 00 ha 12 a 40 ca,
- un lot de jardin n° 4 de 00 ha 20 a 40 ca,
- un lot rural n° 153 de 19 ha 1 a 20 ca,
- un lot rural n° 172 de 13 ha 6 a 60 ca,
A la suite de la construction d'une maison et après
la naissance à Oued-Amizour de deux autres enfants, le concessionnaire
se rend compte qu'il va vers un échec ll demande un lot industriel
à Seddouk pour y exercer son métier de menuisier. Cette
famille n'a pu se maintenir à Oued-Amizour en dépit de l'acte
de propriété délivré le 20 mai 1878
Joseph Weick est adjudicataire d'un lot urbain n° 58, d'un lardin
représentant le lot n° 14 et d'un champ de 31 hectares. La
superficle qui lui est concédée ne lui permet pas de se
maintenir. Il sera déchu de ses droits. Sa concession mise aux
enchères publiques au prix de 2 000 francs sera adjugée
avant extinction des trois bougies à M. Honoré Bausson,
régisseur comptable aux Ponts et Chaussées.
S'il parait difficile de prétendre relater toutes
les difficultés rencontrées par quelques-unes des familles
venues en Algérie pour reprendre leur nationalité française
après la défaite de Sedan en 1871. Il ne semble par contre
pas inutile de laisser des pistes permettant de retrouver les marques
de leur passage à Oued-Amizour
Leur histoire mérite en effet d'être connue. De plus, aujourd'hui
éparpillés leurs lointains descendants éprouveront
un jour ou l'autre le désir de connaître les conditions de
leur arrivée et de leur survie à Oued-Amizour
Ces colons, exilés d'Alsace et de Lorraine, ceux qui arrivent de
métropole et d'Algérie, vont mener durant 90 ans un âpre
et long combat pacifique contre la misère, la maladie, l'isolement.
Ce combat acharné ils vont le mener avec comme seule arme le respect
de leurs voisins kabyles, de leur foi islamique, de toutes leurs croyances
et coutumes, de leurs biens, pour apporter ici à Oued-Amizour tout
ce qui leur manque. En premier lieu ils apportent la lutte contre les
maladies, de nouvelles cultures et de nouvelles méthodes; I'eau
ne viendra que beaucoup plus tard, le savoir par l'école et l'apprentissage
d'un métier et enfin celui de l'administration publique en faisant
entrer dans leurs conseils municipaux un nombre toujours plus grand de
Kabyles.
Colons algériens et immigrants
C'est ainsi que l'administration civile classe tous ceux
qui, anciens militaires sont restés en Algérie après
leur libération, ou directement arrivés de France. On en
compte un peu plus d'une cinquantaine. Nés en métropole
dans leur grande majorité, certains sont en Algérie depuis
plusieurs années. Ne les oublions pas, aucune plaque, dans aucune
mairie ne pourra rappeler leurs efforts et leurs sacrifices
Arnaud Joseph né le 25 août 1829 à
Piegro dans la Drôme et son épouse née Marie Couchouron
et leurs cinq enfants.
Ascensio Louis-Claude né le 28 juin 1849 à Constantine,
avec sa femme et sa mère met en valeur un lot isolé sur
la rive droite de l'oued Soummam
Auriol François et son fils de douze ans exploitent un lot
de culture de 17 hectares en bordure de l'Oued Keitoun.
Blanc Antoine né en 1808 à Marseille, boulanger
Bachelot Joseph, son épouse, née Marie Boulard.
Bonchalmas Pierre, son épouse Joséphine Jean et leurs
enfants
Blancard Pierre né le 25 novembre 1834 à Condes en
Italie de nationalité française. En Algérie depuis
1855. Est à Oued-Amizour depuis 1875
Bouchet Pierre né le 10 août 1833 à Narluy,
dans la Nièvre, charpentier, avec son épouse née
Louise Martin et leur fils Frédéric
Mme Vve Jacques Bolloré née Suppato Delphine, met
en culture une ferme isolée.
Boureau Hippolyte François, son épouse Madeleine Blanchot
et leurs deux enfants. Leur concession est située au bord de l'oued
Amizour et de l'oued Berdoun.
Bourrel Paul, son épouse Rose Paloqui
Carrère Jean, son épouse Clémence Gauthier
et leurs deux enfants
Clérait François, immigrant de la Sarthe, son épouse
Eugénie Chevalier, leurs enfants.
Cauzon Charles Alfred, son épouse Marie-Julie Blaincourt
et leurs enfants. Ils ont mis en valeur une ferme isolée à
Merdj ou Hamma.
Caralp François, avec ses quatre enfants
Mme Vve Conti née Lloyd Marie, met en valeur une ferme isolée
située en bordure de l'oued Soummam et du chemin de Sidi-Aich à
Bougie par Tabouda. Le contrat précise en outre que Mme Vve Conti
assurera en personne la gestion de son lot et demeurera sur place.
Décarte Marie, immigrant algérien.
Duplissy Pierre, décédé à Oued-Amizour
en 1889, son épouse Marie-Angelique Roux, leurs cinq enfants.
Dupin Casimir Paul, né à Miramas le 3 mars 1838, participe
avec sa femme et ses deux petites filles à la mise en valeur d'Oued-Amizour.
Dieulot Emile Julien, son épouse Julie-Louise Blutel et leurs
quatre enfants.
Melle Fontanelle Angélique met en valeur dans le village,
un lot urbaln et un lot de jardin.
Glatignat Jean son épouse Julie Ducros et leurs deux enfants.
Estignard Hen;i-Joseph, son épouse Marie-Augustine Rude!le,
sa fille Rubando Louise-Antoinette dix-huit ans. Victime de calamltés
agncoles successlves Henri-Joseph Estignard, crée le premier vignoble
de Oued-Amizour.
Faraud François décédé à Sidi-Aich
le 14 novembre 1881 et ses deux enfants.
Faraud Paul né le 12 janvier 1854 à Toudon (Alpes
Maritimes) arrive en Algérie en 1869. I1 est mis en possession
de son lot urbain le 15 juin 1880. Titre définitif délivré
le 24 mai 1887.
Favet-Biron, son épouse Marie-Julienne Biron. lls mettent
tous deux en culture une ferme isolée située à Merdj
ou Hamma.
Gleizes Maurice né à Narbonne le 24 juin 1834 son
épouse Marie-Antoinette Salles, leurs cinq enfants.
Jeunehomme, son épouse Pauline Louise Cordobesse, leurs quatre
enfants.
Joubert Hippolyte, son épouse Joséphine Dumont, sa
fille Joubert Féllcie.
Lahoreau Désirée, veuve de M. Porchet et sa fille
Porchet Camille âgée de dix-huit ans.
Lefort Antoine, son épouse, Thomas Félicie et leurs
enfants: Stella vingt-quatre ans, Marie vingt ans.
Après le décès à Oued-Amizour de M. Lefort
Antoine, sa veuve et ses enfants poursuivirent la mise en valeur de leur
concession.
Maingot Raymond, son épouse Juan Françoise et leurs
cinq enfants.
Maire-Amiot François-Clément, son épouse Sollinger
Marie-Catherine, Cécile.
Marguerrier Pierre-Antoine, son épouse Duplessy Joséphine
Marguerite Noélie et leur fille.
Martin Jean-François, Méja Françoise son épouse,
leurs trois enfants.
Mme Vve Massip née Mourgue Alexandrine, ses trois enfants.
Mathieu Antoine, son épouse Nerre Marie-Marguerite et leur
fille Marie-Justine dix ans.
Masson Victor, Mme Girardin Madeleine Vve Labé sa tante.
Mélin Jean-Claude, son épouse Frotey Julienne et leurs
quatre enfants. Le relevé cadastral du lot n° 127 attribué
à la famille Mélin, comporte de façon très
distincte la présence du tombeau de Memnis Flavia, des citernes
romaines, un ancien praesidium romain et diverses ruines.
Migne Jean et ses quatre enfants.
Momus Nicolas, son épouse Félicie Deyrac et leurs
deux enfants.
Monié Michel, ses deux enfants.
Mme Vve Pescetti née Anais Murat et ses deux enfants.
Pautard Jules, son épouse Marie Bergerasse et leurs trois
enfants.
Pautard Numa né le 16 mai 1824 ancien soldat du 5e Hussard,
naufragé sur les côtes d'Afrique en 1838 son épouse
Joséphine Martel et leurs trois enfants.
Péladan EsaG, son épouse Nancy Mourgue et leurs trois
enfants.
Petit Jacques, son épouse Clothilde Roumieu.
Pichon Auguste, son épouse Sartorio Angèle et leurs
trois enfants.
Praz Jean né à Creys et Lusignieu (Isère),
son épouse Benoite Giroux et leurs quatre enfants.
Puigségur Joseph est né le 18 décembre 1866
à Prunet dans les PyrénéesOrientales. C'est un ancien
sous-officier au 75e de ligne. ll a été mis en possession
le 28 novembre d'un lot à bâtir n° 14 de 11 ares et d'un
lot de jardin n° 10 de 20 ares 80. Sur le lot à bâtir
le concessionnaire a édifié une maison d'habitation à
un étage en bonne maçonnerie avec toit de tuiles plates.
Sa maison se compose de deux pièces " planchéiées
"d'une cave et d'une écurie en excellente maçonnerie.
Un grand hangar en assez bonne maçonnerie servant de forge, attenant
à la maison d'habitation. Un puits dont la margelle est en solide
maçonnerie a été creusé à côté
de la maison d'habitation. Le reste du lot a été converti
en jardin potager avec quelques arbres fruitiers. Le lot de jardln défriché
et défoncé à la charrue française porte de
la vigne. Pour tous les travaux qui précèdent les dépenses
faites par le concessionnaire peuvent être évaluées
à environ 3 300 francs.
Record Jean-Baptiste, son épouse Marie Maudron et leurs deux
enfants.
Sellet Georges, son épouse Victorine Jockert et leurs trois
enfants.
Terrasse Jules Emile, son épouse Juliette, Elodie Franck.
En raison du décès de son époux l'acte de cession
définitif d'une ferme isolée à Tabouda a été
libellé en faveur de Mme Juliette Elodie Franck, veuve de Jules
Emile Terrasse
Tremblay André, son épouse Marie-Henriette et leurs
deux enfants
Vulmont François Désiré, titulaire d'un lot
urbain et d'un lot de ja;din auxquels viendront par la suite s'ajouter,
après acquisition les lots de M. Auriol.
Les colons originaires de la
Confédération helvétique
Ces " Algériens " seront eux-mêmes
suivis vers 1880 par d'autres familles venant de la Confédération
helvétique et notamment du Valais, canton de la Suisse romande.
Séduites par la beauté de cette vallée de la Soummam,
dominée à l'ouest par les premiers contreforts du Djurdjura
et par le majestueux djebel ToudJa dominant de sa masse la rive gauche,
les familles Bornand, Buticaz, Phrunder, Tavel, Tobler ainsi que les frères
Francis et Auguste Vasserot s'installent dans cette région.
Les Phrunder construisent leur maison sur une colline qu'ils nommèrent
" Le Righi ". Les frères Alfred et Auguste Tavel érigent
au milieu des bâtiments de ferme une cave surmontée d'une
confortable maison. Le domaine prit le nom de " Clos Faida ".
L'un de ces colons, Félix Bornand a même déjà
tenté, mais sans succès de se fixer au Brésil. Ce
dernier ainsi que les frères Vasserot s'installent à El-Kseur.
Cependant en raison des déboires et des difficultés rencontrées
par les premiers concessionnaires, Alsaciens-Lorrains et " Algériens
" une autre génération de colons apparaît et
reprend à Oued-Amizour les propriétés de ces malheureux
qui n'auront même pas la possibilité de retourner dans leur
pays.
Une nouvelle génération
de colons
Ces nouveaux colons ne sont pas sans mérites,
bien au contraire. Sans disposer de moyens financiers très importants,
ils sont dotés d'une excellente formation générale
et technique et surtout ils ont un grand dessein, celui de mettre leur
énergie, leur intelligence et leurs capitaux au service du pays.
En 1882 et à l'issue de ses études à
l'lnstitut Agronomique de Paris, Andre Chouillou quitte sa Normandie natale,
pour Marseille où il embarque sur un navire en partance pour Alger.
Après la visite de domaines de la Mitidja dont il remarque la monotonie,
il embarque sur un caboteur à destination des ports de la côte
Est. A son passage à Bougie, il est à son tour séduit
par la vallée de la Soummam. A Oued-Amizour, il acquiert auprès
des époux Jean et Eugénie Diss le lot urbain n° 47 de
16 ares, un lot de jardin n° 34 de 20 ares et un lot rural n°
138 de 27 hectares. En association avec son camarade Carton, André
Chouillou achète un petit cheptel et du matériel pour équiper
cette propriété sur laquelle les époux Diss ont construit
une petite maison et une écurie.
Le 15 août 1883, une charrue attelée de 16 bufs ouvrait
le premier sillon dans une parcelle du " Clos du caroubier ".
Bien qu'en arrivant en Algérie, cet ingénieur normand ne
connaissait rien de la vigne, il en couvre son meilleur coteau. Quelques
années plus tard la première vendange entrait dans la petite
cave du " Clos du caroubier ".
D'autres colons arrivent à Oued-Amizour et rachètent leurs
lots à des concessionnaires éprouvés par la maladie,
ruinés par les trop faibles rendements des céréales,
pour en faire de grands domaines.
En septembre 1886, plusieurs de ces malheureux proposent à M. Gilbrin,
négociant parisien, la vente de leurs terres situées sur
la rive droite de l'Oued Soummam. C'est ainsi que se constitue le grand
domaine de Saint Vincent dont la direction est confiée à
André Chouillou.
Malgré la prédisposition de la vallée de la Soummam
à la culture de la vigne, la région va très rapidement
prévenir les risques de la monoculture en produlsant des légumes,
carottes, pastèques, fèves, artichauts, et en s'orientant
vers l'agrumiculture. Les sols alluvionnaires profonds et frais s'y prêtant
tout particulièrement. La pratique de ces cultures était
en fait le plus sûr moyen d'éviter les effets de la crise
viticole du début du siècle. La mévente des vins
provoqua le dépôt de bilan de plusieurs grands domaines et
faillit entraîner la banqueroute de nombreux établissements
financiers. Compte tenu de l'ampleur de cette crise, en 1901 M. Gilbrin
vend toutes ses propriétés d'Algérie et notamment
le domaine de " Salint Vincent " repris par André Chouillou.
Malgré la proximité de l'oued Soummam, I'eau potable était
rare à Oued-Amizour. Le dornaine de " Saint Vincent "
avait un puits. En 1887, quatre palmiers furent plantés autour
de ce puissant symbole de la vie et de la famille. A Oued-Amizour, plus
que dans d'autres villages d'Algérie, le brassage de ces hommes
et de ces femmes chassés de leurs villages par la guerre la misère
ou réunis par un généreux projet va donner à
ce village son élan et sa sërénité.
Le contexte politique, économique
et social
Les colons installés à Oued-Amizour sont
généralement à la tête de familles ayant de
nombreux enfants. Ces familles nombreuses sont l'objet des attentions
du conseil général d'Alger qui, dans sa séance du
5 octobre 1898, recommande au gouverneur général "
de venir en aide " à ces foyers afin de les inciter par des
aides à avoir un septième enfant.
Dans le même temps, le gouvernement général décide
de renoncer définitivement aux travaux d'agrandissement du centre
d'Oued-Amizour en raison de l'influence politique néfaste qu'un
tel projet aurait sur les populations autochtones.
Les incidences de ce projet seraient dommageables aux propriétés
possédées par les familles de Si Mahmoud Ourabah, El Haoussine
Ourabah et Ahmed Katir situées pour les premiers sur la rive gauche
de l'Oued Amizour et pour l'autre sur la rive opposée. Ces propriétés
étaient enclavées dans le périmètre de colonisation,
en conséquence il n'était pas possible de les exproprier
pour les répartir aux colons qui d'ailleurs ne le souhaitaient
absolument pas.
Par contre la commune envisageait son extension sur le territoire de la
confédération des Ouled Abd el Djebar et sur celui des Ouled
Tamzalt qui lui est contigu et dont les habitants sont en constantes relations
d'affaires avec les colons d'Oued-Amizour.
Oued-Amizour manque d'eau
Le 2 novembre 1895, le conseil municipal composé
de M. Emile Cotte maire depuls 1888, entouré de M. Bernard Lescat
adjoint et de MM. Charpentier Bouchet, Durbec, Wideman, Renaud, André
Chouillou, Dugardin, Ali Ourabah examine les termes d'une nouvelle délibération
à présenter au sous-préfet de Bougie pour obtenir
le financement des travaux de captage des eaux de l'Affroun.
Dès 1882, depuis treize ans déjà, la municipalité
inquiète de la diminution considérable du débit disponible
au village faisait opérer des recherches à environ 120 mètres
en amont du château d'eau, sans aucun résultat.
Les habitants se plaignaient que:
Les lavages du linge exigeaient une dépense de savon considérable.
L'on ne pouvait pas cuire les légumes secs.
Les analyses révélèrent que ces eaux étaient
impropres à la consommation.
La canalisation de 0,04 m de diamètre installée en
1872 était obstruée aux 4/5e par des dépôts
et champignons ferrugino-alcalins.
Un peu plus tard on trouve à six kilomètres
à l'amont du village un affluent de rive droite qui ne tarit jamais.
Alors que les études étaient presque terminées on
s'aperçut que son eau était impropre à la consommation
D'autres sources, celles du village d'EI-Ouan, ceile de Bourriden à
9 kilomètres et celles de Bouftouloun sont, ou trop éloignées,
ou leur débit est insuffisant. Le massif de l'Affroun offre deux
sources importantes sur les flancs nord et sud, mais situées à
21 kilomètres, leur captage entraînerait des frais considérables
que ni le village, ni la commune mixte de la Soummam n'étaient
alors en état de supporter.
Le débit de l'Aïn el Affroun aurait permis à cette
époque l'alimentation des 1 755 habitants du village, des 400 têtes
de gros bétail et des 1 200 moutons du village.
Il faudra attendre plusieurs dizaines d'années, les progrès
des techniques de forage, avant que ces besoins essentiels soient satisfaits.
Ce combat inégal s'étendra en effet sur plusieurs décennies,
dans le respect rigoureux de leurs voisins kabyles, de leurs biens, de
leurs cimetières et de leurs rites et coutumes.
Cependant par leur travail acharné, par leur volonté d'échange
et de dialogue, ces hommes vont en très peu de temps faire d'Oued-Amizour
un village accueillant avec sa rue de Verdun bordée de beaux arbres.
En guise de conclusion, nous emprunterons à M.
Edouard Chouillou, l'évocation de cette belle région telle
qu'il a pu la décrire dans une chronique rédigée
en ?????
~ L'alignement des pampres s'étirait du pied du
coteau dans la plaine jusqu'aux berges de la Soummam.
Formées d'alluvions ces berges étaient
sujettes à l'érosion lors des crues qui emportèrent
plusieurs hectares de belles vignes. Cependant des berges plus basses
enrichies d'un limon permirent après un certain temps de récupérer
les surfaces perdues et de pratiquer des cultures annuelles, pastèques
ou feves, qui avaient un bon débouché dans la population
kabyle.
Il aura donc suffi de moins de quatre-vingt-dix ans à ces hommes
et à ces femmes courageux pour transformer cette vallée
marécageuse en plaine fertile et associer la culture française
et la foi musulmane. Durant ces années, Oued-Amizour a vécu
à l'ombre des minarets de ses mosquées et du clocher de
son église.
Edgar Scotti
Références bibliographiques
M. le professeur Louis Leschi " Promenade dans
le Guergour ".
M. Jean René Morin, " Histoire d'une petite commune
d'Algérie ", Grande imprimerie Damrémont,100 rue Clemenceau,
Constantine.
Dr Raymond Féry " Médecin chez les Berbères
" Editions de l'Atlanthrope, Versailles. Documents historiques
et conseils de M. Francis Curtes.
Les souvenirs de M. Jean René Morin, ancien maire d'Oued-Amizour,
de M. Robert Bornand d'EI-Kseur-Oued-Amizour, de M. Jacques Chouillou,
administrateur civil au Gouvernement Général de l'Algérie.
(Direction de l'agriculture), de M. Gérard Chouillou, de M. Edouard
Chouillou.
Dépôt des Archives d'Outre-Mer d'Aix-en-Provence, séries
- M -.
Généalogie Algérie-Maroc-Tunisie, antenne de
Nice pour le relevé des Alsaciens-Lorrains, placés en Algérie.
Les souvenirs de M. Edgar Sébastien sur Oued-Amizour.
E.-F. Gauthier, ~ Le passé de l'Afrique du Nord ", "
Les siècles obscurs " 1952. Editions Payot,106 Bd Saint-Germain
Paris.
Les documents et les souvenirs de la famille Fehr-Morand.
In L'Algérianiste de juin 1994 p78
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