Orléansville
Le TREMBLEMENT de TERRE du 9 septembre 1954
par René-Yves Debia
extraits du numéro 125, mars 2009 de "l'Algérianiste", bulletin d'idées et d'information, avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue "l'Algérianiste"
sur site : juin 2013

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1 h 06, 9 septembre 1954
le tremblement de terre
d'Orléansville

par René-Yves Debia

Il était t heure et six minutes d'une nuit étoilée étrangement silencieuse ce 9 septembre 1954.

Brutalement, en quelques secondes qui furent plus longues que les cent onze ans de l'histoire d'Orléansville, hommes, femmes et enfants qui dormaient du sommeil du juste, furent précipités de leur grabat, de leur couche ou de leur lit avec les pierres, les tuiles et les plâtras qui pleuvaient de toutes parts, au milieu de leur gourbi ou de leur chambre qui tanguait comme les cabines d'un navire en pleine tempête.

L'intensité des tremblements de terre est classée par les géologues en douze degrés. Les séismes vont de l'intensité numéro 1 qui est le premier degré, celui qu'enregistrent seulement les sismographes, au numéro 12 qui correspond au bouleversement total, au cataclysme complet.
La première secousse du tremblement de terre d'Orléansville a été du degré 9; de même la secousse du 16 septembre, à 10 heures du soir. Entre ces deux dates du 8 et du 16 septembre, la terre qui a continué à trembler par la suite, avait déjà tremblé 98 fois. Enfin, le 8 septembre, d'une heure du matin à huit heures, la terre n'a pour ainsi dire pas cessé de trembler.

De l'Ouarsenis à la mer, du mont Zaccar jusqu'à celui du Dahra, tout un pays immense, aussi vaste que deux départements, sauvage comme un animal que les hommes commencent à peine à dompter, venait de secouer son harnais dans un formidable hennissement.

Instant d'un âge géologique dont les autres instants lui succéderont dans des siècles, d'un seul coup, plus de cinq cent mille hectares s'étaient mis en mouvement, ou bien avaient poursuivi, dans un grondement terrifiant de la terre, une marche commencée dans la nuit des temps.

Ainsi se forment les montagnes. Ce n'est pas avec les yeux des hommes qu'il faut voir leurs plissements se faire et se défaire. Dans l'infini de leur histoire, le mouvement rejoint étrangement le statique, et Dieu seul sait être le témoin éternel de leurs transformations.

On imagine volontiers, pourtant, que c'est au cours de cataclysmes où des continents se sont effondrés dans les flots, où des montagnes se sont englouties dans les profondeurs de la terre ou bien ont surgi tout à coup au milieu des déserts, bousculant et broyant toutes ensemble la vie des hommes, celle des bêtes et celle des végétaux en un effroyable chaos, que la face du monde a pu se modeler à travers les âges.

Tous ceux qui ont vécu, dans la nuit du 8 au 9 septembre 1954, le tremblement de terre d'Orléansville, ont cru qu'ils étaient les derniers témoins d'un de ces moments de l'histoire du monde.

Pendant les premières minutes, personne ne put penser un seul instant qu'il s'agissait d'un tremblement de terre. De mémoire d'homme, aucun n'avait été aussi puissant, aussi terrifiant. Ceux qui n'avaient pas été écrasés immédiatement avaient été projetés à terre " comme les fruits d'un figuier tordu par la bourrasque ", comme des matelots au milieu d'une tempête dont le même vacarme s'élevait autour d'eux; c'était un bruit assourdissant; il était fait du grondement extraordinaire qui montait du tréfonds de la terre, du claquement des murailles et de leur craquement, pareils à ceux d'un navire secoué par les flots, du bruit sourd des immeubles qui s'écroulaient aux environs comme des paquets d'eau sur le pont. Et les pères, les mères qui rassemblèrent leurs enfants cette nuit, dans l'obscurité, le firent instinctivement avec l'idée confuse de se serrer auprès d'eux pour attendre ensemble une mort qui leur paraissait inévitable; mais le frémissement de la terre s'apaisant, peu à peu, sans s'en rendre compte, ils avaient cherché à tâtons une issue ou des escaliers, ils avaient enjambé des monceaux de pierraille et de fers tordus; étonnés d'être encore vivants, ils avaient atteint une cour, un jardin ou la rue; et là, respirant enfin une odeur de soufre qui venait on ne sait d'où et cette poussière opaque dont un nuage enveloppait la ville, ajoutant à l'épaisseur de l'obscurité, ils avaient éprouvé tout à coup un immense soulagement.

Ce fut là le scénario le plus simple. Et ce n'est que dehors, au cours des heures qui allaient suivre et même plus tard, au cours du déblaiement des ruines, qu'il fut possible d'imaginer toutes les variantes de ce drame rapide qui venait de détruire, en un instant, des milliers et des milliers de foyers. Quelques instants après, tout ce qui n'était pas mort était dehors. C'était le début du drame collectif. La conscience et la connaissance d'un nouveau drame qui commençait.

Le hurlement des bêtes, qui mirent des heures à se calmer et qui, à chaque nouvelle secousse, reprenaient leur choeur d'épouvante, faisait un contraste saisissant avec l'attente silencieuse de la nature. Un contraste aussi avec le recueillement de la foule. Peu de cris. Des appels désespérés seulement. Et toujours ces aboiements qui déchiraient la nuit.

Dans les rues, un peuple stupéfait reprenait lentement ses esprits. Déjà, il se cherchait, s'organisait. Il se groupait sous les phares des voitures braqués sur les ruines, les uns en pyjamas, en robes de chambre, en chemises, en shorts ou même nus, les autres vêtus en toute hâte avec ce qu'ils avaient trouvé sous la main.

Les fonctionnaires, les élus essayaient de prendre contact les uns avec les autres et la tâche n'était pas facile : détruite la poste, détruite la gendarmerie, la mairie, la sous-préfecture, l'hôtel de la Subdivision, le palais de justice, et pour aller d'une de ces ruines à l'autre, la chaussée envahie par la foule était coupée de pans de murs et de montagnes de pierres qu'il fallait escalader comme des moraines dans l'obscurité.

Le clocher de l'église était en travers de la rue avec ses cloches intactes suspendues dans leur berceau et sauvées par miracle. Mais en face, le spectacle était hallucinant. C'était l'hôtel Baudoin, le plus grand hôtel de la ville. Une moitié s'en était effondrée comme un château de cartes, écrasant sous sa masse trente voyageurs qui avaient cherché abri sous son toit; l'autre moitié se dressait comme le décor d'une pièce tragique dont les acteurs et les figurants s'affairaient en bas sous les projecteurs; sur les murs béants, les chambres étalaient sans pudeur une intimité pitoyable : papiers peints, déchirés, faisant des taches de couleur vive; commodes ou armoires restées accrochées on ne sait comment au mur après avoir vomi leurs tiroirs et leur contenu; chambre à peu près intacte mais ouverte comme une alvéole de ruche, avec son lit tout fait encore à sa place; draps noués à des fenêtres ouvertes par où des rescapés s'étaient échappés comme dans un incendie. Les gérants de l'hôtel étaient rentrés de vacances la veille. Pressés de retrouver leur travail, leurs habitudes et croyaient-ils le bonheur de leur foyer, ils étaient allés sans le savoir à un rendez-vous avec la mort. Toute la famille gisait là sous les décombres. On ne devait les retrouver, les uns contre les autres, que quelques jours plus tard, à peine reconnaissables.

Pendant longtemps, c'est là qu'allaient se concentrer toute l'action et tous les secours. Car on ne connaissait pas encore l'étendue du désastre et c'est à l'hôtel Baudoin qu'était le plus gros des victimes.

Mais répondant à un appel qui ne leur avait été lancé par personne, pompiers, légionnaires, tous les hommes valides étaient sur les lieux et avec le matériel de grosses entreprises de travaux publics, ils avaient commencé le déblaiement des ruines. Mais des jours entiers ne devaient pas suffire... encore moins les premières heures de cette nuit sinistre.

La tâche qui, brusquement, venait s'imposer à tous les services publics sans exception, à toutes les administrations, à tous les élus, à tous les individus quels qu'ils fussent, civils ou militaires, était écrasante, et il est stupéfiant de constater avec quel courage, avec quelle spontanéité, mais avec quel calme aussi, toutes les couches sociales, les représentants de toutes les activités ont réagi pour organiser les premiers secours avec des moyens qui, la chose va de soi, même s'ils n'avaient été démantelés par la catastrophe, auraient déjà été infiniment au-dessous des besoins.

Il fallait, en effet et presque en même temps, rétablir les liaisons et les communications, déblayer les ruines, secourir les blessés, dénombrer les morts, évacuer les asiles, les hôpitaux détruits, les prisons, prévoir le ravitaillement en vivres, en eau, en médicaments, d'une population sinistrée dont on apprenait à chaque heure qu'elle était plus nombreuse.

Médecins civils et fonctionnaires, agents des ponts et chaussées, membres de l'enseignement, postiers, fonctionnaires des eaux et forêts, de l'électricité, cheminots, gendarmes, policiers, légionnaires et militaires de toutes les armes et de tous les grades, sapeurs- pompiers, de chacun on peut dire qu'il se surpassa, oubliant souvent qu'il était lui-même sinistré et que parfois sa famille et ses enfants attendaient dans la rue que le jour se levât et que vinssent les secours extérieurs.

L'hôpital n'avait évidemment pas été épargné. Il y régnait une activité intense. A deux heures du matin, tous les médecins d'Orléansville et des environs s'y étaient déjà transportés.

Plusieurs salles avaient été détruites. Des personnes blessées. Le personnel avait descendu, dans la cour et dans les jardins, tous les malades qui avaient été alignés les uns à côté des autres, le long des allées ou des plates-bandes. Puis les blessés et les victimes de la nuit arrivèrent à leur tour. À partir de deux heures et pendant tous les jours qui allaient suivre, ce fut un défilé ininterrompu de civières et de corps sommairement enveloppés dans des draps ou dans des couvertures. Plusieurs fois, au milieu de la nuit, il fallut faire un nouveau tri et séparer les morts des vivants.

À la lumière de simples lampes de poche, les médecins et les infirmiers se penchaient au-dessus des grabats; ils procédaient à des opérations urgentes, faisaient des pansements, recevaient le dernier souffle d'un moribond. À l'écart, dans un coin du jardin, le vieil Agha des Beni Ouazane, pleurait en silence; le cadavre de son fils gisait à ses pieds.

Devant le portail de l'hôpital, le flot des voitures ne s'arrêtait plus. Il en venait de tous les faubourgs, mais il venait aussi des centres voisins : Bougainville, Pontéba, Warniers, Flatters, Hanoteau. Dès lors, on pouvait commencer à mesurer l'étendue du désastre. Il avait frappé une immense région.

Avant le lever du jour, la cour et les jardins étaient devenus insuffisants, comme le nombre des médecins et des infirmiers. Il fallut diriger sur l'hôpital des Attafs tous les blessés les plus graves et ceux des centres et des villes situés à l'est d'Orléansville.

Lorsqu'au milieu d'une tempête un avion aveuglé par les nuages et la pluie, secoué par le vent, a perdu le contact avec la terre, il se raccroche désespérément à sa radio... Il lance des appels... Il ne reprend espoir que lorsque la balise cherchée a été enfin retrouvée. Coupée du monde par une autre tempête, dans la nuit du 8 au 9 septembre 1954, Orléansville se raccrochait aussi désespérément à l'espoir de ses postes de radio. Hélas! tous avaient été détruits. Il fallut des heures de travail pour en remettre un, puis deux en route.

En plein air, dans une cour de la sous-préfecture, le visage des électriciens, penchés sur le poste, brillait à la lueur d'une bougie et d'une ampoule falote branchée sur le groupe dont le moteur et le compresseur donnaient à la scène un fond sonore. Son front grave, coiffé de son casque, le petit radio, presqu'un enfant, cherchait en vain à prendre le contact avec Alger. Tantôt brefs, tantôt longs, les sifflements du morse résonnaient mystérieusement dans la nuit. Et les appels conventionnels et secrets du code donnaient à l'action le caractère impressionnant et grave d'une séance de spiritisme.
" Aragon répondez... Répondez Aragon... Oreste appelle Aragon... Ici Oreste... Oreste appelle Aragon... Aragon est appelé par Oreste... ".

Mais Aragon ne répondait pas.

Enfin le contact fut pris à trois heures; l'impression de désastre, universel et d'abandon ressentie par les responsables fit place à un souffle d'espoir.

Par ce message laconique, Alger apprenait la nouvelle de la catastrophe d'Orléansville et pouvait la répercuter sur les ondes du inonde entier:

" Tremblement de terre violence exceptionnelle cette nuit à 1h6, a détruit majeure partie ville Orléansville stop. P.T.T, gendarmerie, bâtiments publics essentiels importants entièrement ou partiellement détruits stop. Sous-préfecture entièrement détruite isolée momentanément stop. Dégâts considérables et nombre victimes population impossible à chiffrer actuellement mais sera d'environ 200 pour Orléansville stop. Premiers besoins urgents tentes pour abriter population, sérum sanguin, camions et bull-dozers stop. Temporairement passer messages par radio subdivision militaire. Fin ".

Puis les premières réponses arrivèrent. Pendant plusieurs jours, les postes radio d'Orléansville, qui furent, avec une première ligne téléphonique rétablie le lendemain, les seuls moyens de liaison avec l'extérieur, ne devaient pas chômer.

Les premiers secours furent annoncés. On attendait l'aube avec impatience... Toute la nuit on n'avait pu avoir du désastre que des visions fragmentaires: la scène de l'hôpital, celle de l'hôtel Baudoin, les restes de l'immense immeuble de neuf étages qui devait être livré à l'habitation le mois suivant et qui s'était effondré d'un seul coup, les prisonniers enfermés hurlant dans la cour de leur prison, les casernes où des soldats déterraient leurs camarades, des murs crevés, des maisons éventrées, la foule résignée des femmes et des enfants dans l'attente des hommes qui s'étaient portés au secours des victimes, etc.... etc. Mais il était impossible, même à ceux qui avaient parcouru toute la nuit les rues et les faubourgs, de réaliser ce que serait le spectacle au lever du jour. Or, précisément, c'est dans l'appréhension de ce spectacle que l'on attendait l'aurore. L'aurore vint. Le ciel blanchit. La ville devint lentement phosphorescente sous la lumière du matin, et lorsque le soleil se leva ce fut sur un paysage de guerre et de désolation. La ville avait été bombardée par une escadrille invisible qui avait nivelé son profil méconnaissable sur le ciel du matin à la hauteur des rez-de-chaussée. Seuls les arbres émergeaient au-dessus de ce paysage de mort.

Plus de quatre mille maisons avaient été détruites.

Mais les ruines ne s'arrêtaient pas aux portes de la ville ( Le bilan des destructions matérielles devait s'établir ainsi: - nombre de maisons détruites 18000. - nombre de gourbis détruits 35000.)

Lorsque, quelques heures plus tard, on put survoler les campagnes, on découvrit qu'elles avaient été aussi secouées: des crevasses profondes coupaient les champs; des sources avaient été taries, ailleurs d'autres avaient surgi; dans les cimetières, les tombes s'étaient ouvertes; les coupoles des oratoires s'étaient écrasées; et tous les chemins étaient coupés par des failles ou des effondrements.

Les gourbis avaient été soufflés comme par une explosion. Souvent, le toit était intact, mais il s'était affaissé d'une pièce sur le reste de la construction, des débris de laquelle on avait retiré les cadavres et les blessés.

Alentour, les animaux affolés gambadaient en beuglant ou en bêlant.

Mais c'était écrit. Et peut-être même était-ce une malédiction ou un châtiment du ciel pour une faute lointaine et oubliée. Aussi, ce grand malheur était-il accepté avec une soumission aveugle qui était plus que de la résignation, une sorte de courage sauvage. Les cérémonies funéraires sont réduites à très peu de choses en pays musulman; chez ce peuple religieux, tout le monde connaît les prières des morts et l'on procède immédiatement à leur inhumation; cela se fait rapidement, simplement; on disparaît aussi simplement que l'on a vécu.

Aussi, ce jour-là, dès midi, les sentiers étaient-ils parcourus de cortèges psalmodiant; le corps que l'on se passait de l'un à l'autre était enveloppé dans une couverture de couleur vive. Si le mort était un enfant, le père le portait tout seul dans ses bras comme si son fils ou sa fille avait été encore vivant. Et il fallait être averti des usages du pays pour savoir que ces cortèges rapides et désordonnés étaient, pour des milliers de fellahs, le dénouement du drame auquel ils avaient assisté pendant la nuit.

On devait dénombrer des milliers de victimes : mille quatre cents morts et près de quinze mille blessés dont la plupart ne furent découverts que dans les jours qui suivirent, au fond de leur douar, par des équipes volantes d'infirmiers et de médecins qui durent faire appel aux moyens de locomotion les plus divers : hélicoptère, voitures de campagne, " jeep ", mulets. Les moins atteints furent soignés sur place; quant aux blessés les plus graves, ils furent évacués par hélicoptères.

Dans les villes, la vie était complètement arrêtée. La désorganisation totale. Tous les magasins, tous les stocks de vivres étaient anéantis; rien ne pouvait venir de la campagne; il fallut faire venir des camions de pains et les distribuer, comme au cours d'une guerre à une population de réfugiés. Il fallut procéder à des distributions de lait et d'eau. Et ceux qui n'ont pas connu le supplice de la soif pendant ces dernières journées de chaleur où plus un toit ne pouvait abriter du soleil, le supplice de la poussière et de la faim, le supplice de cet été sans glace, où les enfants se battaient pour une tranche de pastèque ou pour son écorce, ne peuvent imaginer ce qu'ont été les premières heures d'Orléansville avant que les tentes n'aient été distribuées en assez grand nombre et avant que la vie n'ait trouvé son nouvel équilibre et sa nouvelle organisation.

Celle-ci, ne put se faire que par étape.

Les premiers secours furent des secours en médicaments et en plasma. Le premier avion qui se posa sur l'aérodrome d'Orléansville, le matin du 9 septembre, y déchargea des litres et des litres de sang et une équipe d'infirmiers et de médecins.
Puis arrivèrent les vivres, des compagnies du génie, du matériel lourd, du pain, de l'eau et, dans l'après-midi enfin, les premières tentes '21. Dès le soir, un terrain vague, aux abords de la sous-préfecture, s'était transformé en village de toile où, indistinctement, en tenant compte seulement de la situation de famille, on avait recasé Européens et Musulmans : le brassage d'Orléansville continuait; dans les jours qui suivirent, il n'allait cesser de rapprocher les diverses couches ethniques de la population qui toutes, riches et pauvres, et quelles que fussent leurs origines, avaient connu la même épreuve et allaient repartir ensemble à zéro.

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(Extrait de Orléansville, René-Yves Debia, éditions Baconnier).