1 h 06, 9 septembre 1954
le tremblement de terre
d'Orléansville
par René-Yves Debia
Il était t heure et six minutes d'une
nuit étoilée étrangement silencieuse ce 9 septembre
1954.
Brutalement, en quelques secondes qui furent plus longues que les cent
onze ans de l'histoire d'Orléansville, hommes, femmes et enfants
qui dormaient du sommeil du juste, furent précipités de
leur grabat, de leur couche ou de leur lit avec les pierres, les tuiles
et les plâtras qui pleuvaient de toutes parts, au milieu de leur
gourbi ou de leur chambre qui tanguait comme les cabines d'un navire en
pleine tempête.
L'intensité des tremblements
de terre est classée par les géologues en douze degrés.
Les séismes vont de l'intensité numéro 1 qui
est le premier degré, celui qu'enregistrent seulement les
sismographes, au numéro 12 qui correspond au bouleversement
total, au cataclysme complet.
La première secousse du tremblement de terre d'Orléansville
a été du degré 9; de même la secousse
du 16 septembre, à 10 heures du soir. Entre ces deux dates
du 8 et du 16 septembre, la terre qui a continué à
trembler par la suite, avait déjà tremblé 98
fois. Enfin, le 8 septembre, d'une heure du matin à huit
heures, la terre n'a pour ainsi dire pas cessé de trembler.
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De l'Ouarsenis à la mer, du mont Zaccar
jusqu'à celui du Dahra, tout un pays immense, aussi vaste que deux
départements, sauvage comme un animal que les hommes commencent
à peine à dompter, venait de secouer son harnais dans un
formidable hennissement.
Instant d'un âge géologique dont les autres instants lui
succéderont dans des siècles, d'un seul coup, plus de cinq
cent mille hectares s'étaient mis en mouvement, ou bien avaient
poursuivi, dans un grondement terrifiant de la terre, une marche commencée
dans la nuit des temps.
Ainsi se forment les montagnes. Ce n'est pas avec les yeux des hommes
qu'il faut voir leurs plissements se faire et se défaire. Dans
l'infini de leur histoire, le mouvement rejoint étrangement le
statique, et Dieu seul sait être le témoin éternel
de leurs transformations.
On imagine volontiers, pourtant, que c'est au cours de cataclysmes où
des continents se sont effondrés dans les flots, où des
montagnes se sont englouties dans les profondeurs de la terre ou bien
ont surgi tout à coup au milieu des déserts, bousculant
et broyant toutes ensemble la vie des hommes, celle des bêtes et
celle des végétaux en un effroyable chaos, que la face du
monde a pu se modeler à travers les âges.
Tous ceux qui ont vécu, dans la nuit du 8 au 9 septembre 1954,
le tremblement de terre d'Orléansville, ont cru qu'ils étaient
les derniers témoins d'un de ces moments de l'histoire du monde.
Pendant les premières minutes, personne ne put penser un seul instant
qu'il s'agissait d'un tremblement de terre. De mémoire d'homme,
aucun n'avait été aussi puissant, aussi terrifiant. Ceux
qui n'avaient pas été écrasés immédiatement
avaient été projetés à terre " comme
les fruits d'un figuier tordu par la bourrasque ", comme des matelots
au milieu d'une tempête dont le même vacarme s'élevait
autour d'eux; c'était un bruit assourdissant; il était fait
du grondement extraordinaire qui montait du tréfonds de la terre,
du claquement des murailles et de leur craquement, pareils à ceux
d'un navire secoué par les flots, du bruit sourd des immeubles
qui s'écroulaient aux environs comme des paquets d'eau sur le pont.
Et les pères, les mères qui rassemblèrent leurs enfants
cette nuit, dans l'obscurité, le firent instinctivement avec l'idée
confuse de se serrer auprès d'eux pour attendre ensemble une mort
qui leur paraissait inévitable; mais le frémissement de
la terre s'apaisant, peu à peu, sans s'en rendre compte, ils avaient
cherché à tâtons une issue ou des escaliers, ils avaient
enjambé des monceaux de pierraille et de fers tordus; étonnés
d'être encore vivants, ils avaient atteint une cour, un jardin ou
la rue; et là, respirant enfin une odeur de soufre qui venait on
ne sait d'où et cette poussière opaque dont un nuage enveloppait
la ville, ajoutant à l'épaisseur de l'obscurité,
ils avaient éprouvé tout à coup un immense soulagement.
Ce fut là le scénario le plus simple. Et ce n'est que dehors,
au cours des heures qui allaient suivre et même plus tard, au cours
du déblaiement des ruines, qu'il fut possible d'imaginer toutes
les variantes de ce drame rapide qui venait de détruire, en un
instant, des milliers et des milliers de foyers. Quelques instants après,
tout ce qui n'était pas mort était dehors. C'était
le début du drame collectif. La conscience et la connaissance d'un
nouveau drame qui commençait.
Le hurlement des bêtes, qui mirent des heures à se calmer
et qui, à chaque nouvelle secousse, reprenaient leur choeur d'épouvante,
faisait un contraste saisissant avec l'attente silencieuse de la nature.
Un contraste aussi avec le recueillement de la foule. Peu de cris. Des
appels désespérés seulement. Et toujours ces aboiements
qui déchiraient la nuit.
Dans les rues, un peuple stupéfait reprenait lentement ses esprits.
Déjà, il se cherchait, s'organisait. Il se groupait sous
les phares des voitures braqués sur les ruines, les uns en pyjamas,
en robes de chambre, en chemises, en shorts ou même nus, les autres
vêtus en toute hâte avec ce qu'ils avaient trouvé sous
la main.
Les fonctionnaires, les élus essayaient de prendre contact les
uns avec les autres et la tâche n'était pas facile : détruite
la poste, détruite la gendarmerie, la mairie, la sous-préfecture,
l'hôtel de la Subdivision, le palais de justice, et pour aller d'une
de ces ruines à l'autre, la chaussée envahie par la foule
était coupée de pans de murs et de montagnes de pierres
qu'il fallait escalader comme des moraines dans l'obscurité.
Le clocher de l'église était en travers de la rue avec ses
cloches intactes suspendues dans leur berceau et sauvées par miracle.
Mais en face, le spectacle était hallucinant. C'était l'hôtel
Baudoin, le plus grand hôtel de la ville. Une moitié s'en
était effondrée comme un château de cartes, écrasant
sous sa masse trente voyageurs qui avaient cherché abri sous son
toit; l'autre moitié se dressait comme le décor d'une pièce
tragique dont les acteurs et les figurants s'affairaient en bas sous les
projecteurs; sur les murs béants, les chambres étalaient
sans pudeur une intimité pitoyable : papiers peints, déchirés,
faisant des taches de couleur vive; commodes ou armoires restées
accrochées on ne sait comment au mur après avoir vomi leurs
tiroirs et leur contenu; chambre à peu près intacte mais
ouverte comme une alvéole de ruche, avec son lit tout fait encore
à sa place; draps noués à des fenêtres ouvertes
par où des rescapés s'étaient échappés
comme dans un incendie. Les gérants de l'hôtel étaient
rentrés de vacances la veille. Pressés de retrouver leur
travail, leurs habitudes et croyaient-ils le bonheur de leur foyer, ils
étaient allés sans le savoir à un rendez-vous avec
la mort. Toute la famille gisait là sous les décombres.
On ne devait les retrouver, les uns contre les autres, que quelques jours
plus tard, à peine reconnaissables.
Pendant longtemps, c'est là qu'allaient se concentrer toute l'action
et tous les secours. Car on ne connaissait pas encore l'étendue
du désastre et c'est à l'hôtel Baudoin qu'était
le plus gros des victimes.
Mais répondant à un appel qui ne leur avait été
lancé par personne, pompiers, légionnaires, tous les hommes
valides étaient sur les lieux et avec le matériel de grosses
entreprises de travaux publics, ils avaient commencé le déblaiement
des ruines. Mais des jours entiers ne devaient pas suffire... encore moins
les premières heures de cette nuit sinistre.
La tâche qui, brusquement, venait s'imposer à tous les services
publics sans exception, à toutes les administrations, à
tous les élus, à tous les individus quels qu'ils fussent,
civils ou militaires, était écrasante, et il est stupéfiant
de constater avec quel courage, avec quelle spontanéité,
mais avec quel calme aussi, toutes les couches sociales, les représentants
de toutes les activités ont réagi pour organiser les premiers
secours avec des moyens qui, la chose va de soi, même s'ils n'avaient
été démantelés par la catastrophe, auraient
déjà été infiniment au-dessous des besoins.
Il fallait, en effet et presque en même temps, rétablir les
liaisons et les communications, déblayer les ruines, secourir les
blessés, dénombrer les morts, évacuer les asiles,
les hôpitaux détruits, les prisons, prévoir le ravitaillement
en vivres, en eau, en médicaments, d'une population sinistrée
dont on apprenait à chaque heure qu'elle était plus nombreuse.
Médecins civils et fonctionnaires, agents des ponts et chaussées,
membres de l'enseignement, postiers, fonctionnaires des eaux et forêts,
de l'électricité, cheminots, gendarmes, policiers, légionnaires
et militaires de toutes les armes et de tous les grades, sapeurs- pompiers,
de chacun on peut dire qu'il se surpassa, oubliant souvent qu'il était
lui-même sinistré et que parfois sa famille et ses enfants
attendaient dans la rue que le jour se levât et que vinssent les
secours extérieurs.
L'hôpital n'avait évidemment pas été épargné.
Il y régnait une activité intense. A deux heures du matin,
tous les médecins d'Orléansville et des environs s'y étaient
déjà transportés.
Plusieurs salles avaient été détruites. Des personnes
blessées. Le personnel avait descendu, dans la cour et dans les
jardins, tous les malades qui avaient été alignés
les uns à côté des autres, le long des allées
ou des plates-bandes. Puis les blessés et les victimes de la nuit
arrivèrent à leur tour. À partir de deux heures et
pendant tous les jours qui allaient suivre, ce fut un défilé
ininterrompu de civières et de corps sommairement enveloppés
dans des draps ou dans des couvertures. Plusieurs fois, au milieu de la
nuit, il fallut faire un nouveau tri et séparer les morts des vivants.
À la lumière de simples lampes de poche, les médecins
et les infirmiers se penchaient au-dessus des grabats; ils procédaient
à des opérations urgentes, faisaient des pansements, recevaient
le dernier souffle d'un moribond. À l'écart, dans un coin
du jardin, le vieil Agha des Beni Ouazane, pleurait en silence; le cadavre
de son fils gisait à ses pieds.
Devant le portail de l'hôpital, le flot des voitures ne s'arrêtait
plus. Il en venait de tous les faubourgs, mais il venait aussi des centres
voisins : Bougainville, Pontéba, Warniers, Flatters, Hanoteau.
Dès lors, on pouvait commencer à mesurer l'étendue
du désastre. Il avait frappé une immense région.
Avant le lever du jour, la cour et les jardins étaient devenus
insuffisants, comme le nombre des médecins et des infirmiers. Il
fallut diriger sur l'hôpital des Attafs tous les blessés
les plus graves et ceux des centres et des villes situés à
l'est d'Orléansville.
Lorsqu'au milieu d'une tempête un avion aveuglé par les nuages
et la pluie, secoué par le vent, a perdu le contact avec la terre,
il se raccroche désespérément à sa radio...
Il lance des appels... Il ne reprend espoir que lorsque la balise cherchée
a été enfin retrouvée. Coupée du monde par
une autre tempête, dans la nuit du 8 au 9 septembre 1954, Orléansville
se raccrochait aussi désespérément à l'espoir
de ses postes de radio. Hélas! tous avaient été détruits.
Il fallut des heures de travail pour en remettre un, puis deux en route.
En plein air, dans une cour de la sous-préfecture, le visage des
électriciens, penchés sur le poste, brillait à la
lueur d'une bougie et d'une ampoule falote branchée sur le groupe
dont le moteur et le compresseur donnaient à la scène un
fond sonore. Son front grave, coiffé de son casque, le petit radio,
presqu'un enfant, cherchait en vain à prendre le contact avec Alger.
Tantôt brefs, tantôt longs, les sifflements du morse résonnaient
mystérieusement dans la nuit. Et les appels conventionnels et secrets
du code donnaient à l'action le caractère impressionnant
et grave d'une séance de spiritisme.
" Aragon répondez... Répondez Aragon... Oreste appelle
Aragon... Ici Oreste... Oreste appelle Aragon... Aragon est appelé
par Oreste... ".
Mais Aragon ne répondait pas.
Enfin le contact fut pris à trois heures; l'impression de désastre,
universel et d'abandon ressentie par les responsables fit place à
un souffle d'espoir.
Par ce message laconique, Alger apprenait la nouvelle de la catastrophe
d'Orléansville et pouvait la répercuter sur les ondes du
inonde entier:
" Tremblement de terre violence exceptionnelle cette nuit à
1h6, a détruit majeure partie ville Orléansville stop. P.T.T,
gendarmerie, bâtiments publics essentiels importants entièrement
ou partiellement détruits stop. Sous-préfecture entièrement
détruite isolée momentanément stop. Dégâts
considérables et nombre victimes population impossible à
chiffrer actuellement mais sera d'environ 200 pour Orléansville
stop. Premiers besoins urgents tentes pour abriter population, sérum
sanguin, camions et bull-dozers stop. Temporairement passer messages par
radio subdivision militaire. Fin ".
Puis les premières réponses arrivèrent. Pendant plusieurs
jours, les postes radio d'Orléansville, qui furent, avec une première
ligne téléphonique rétablie le lendemain, les seuls
moyens de liaison avec l'extérieur, ne devaient pas chômer.
Les premiers secours furent annoncés. On attendait l'aube avec
impatience... Toute la nuit on n'avait pu avoir du désastre que
des visions fragmentaires: la scène de l'hôpital, celle de
l'hôtel Baudoin, les restes de l'immense immeuble de neuf étages
qui devait être livré à l'habitation le mois suivant
et qui s'était effondré d'un seul coup, les prisonniers
enfermés hurlant dans la cour de leur prison, les casernes où
des soldats déterraient leurs camarades, des murs crevés,
des maisons éventrées, la foule résignée des
femmes et des enfants dans l'attente des hommes qui s'étaient portés
au secours des victimes, etc.... etc. Mais il était impossible,
même à ceux qui avaient parcouru toute la nuit les rues et
les faubourgs, de réaliser ce que serait le spectacle au lever
du jour. Or, précisément, c'est dans l'appréhension
de ce spectacle que l'on attendait l'aurore. L'aurore vint. Le ciel blanchit.
La ville devint lentement phosphorescente sous la lumière du matin,
et lorsque le soleil se leva ce fut sur un paysage de guerre et de désolation.
La ville avait été bombardée par une escadrille invisible
qui avait nivelé son profil méconnaissable sur le ciel du
matin à la hauteur des rez-de-chaussée. Seuls les arbres
émergeaient au-dessus de ce paysage de mort.
Plus de quatre mille maisons avaient été détruites.
Mais les ruines ne s'arrêtaient pas aux portes de la ville (
Le bilan des destructions matérielles devait s'établir ainsi:
- nombre de maisons détruites 18000. - nombre de gourbis détruits
35000.)
Lorsque, quelques heures plus tard, on put survoler les campagnes, on
découvrit qu'elles avaient été aussi secouées:
des crevasses profondes coupaient les champs; des sources avaient été
taries, ailleurs d'autres avaient surgi; dans les cimetières, les
tombes s'étaient ouvertes; les coupoles des oratoires s'étaient
écrasées; et tous les chemins étaient coupés
par des failles ou des effondrements.
Les gourbis avaient été soufflés comme par une explosion.
Souvent, le toit était intact, mais il s'était affaissé
d'une pièce sur le reste de la construction, des débris
de laquelle on avait retiré les cadavres et les blessés.
Alentour, les animaux affolés gambadaient en beuglant ou en bêlant.
Mais c'était écrit. Et peut-être même était-ce
une malédiction ou un châtiment du ciel pour une faute lointaine
et oubliée. Aussi, ce grand malheur était-il accepté
avec une soumission aveugle qui était plus que de la résignation,
une sorte de courage sauvage. Les cérémonies funéraires
sont réduites à très peu de choses en pays musulman;
chez ce peuple religieux, tout le monde connaît les prières
des morts et l'on procède immédiatement à leur inhumation;
cela se fait rapidement, simplement; on disparaît aussi simplement
que l'on a vécu.
Aussi, ce jour-là, dès midi, les sentiers étaient-ils
parcourus de cortèges psalmodiant; le corps que l'on se passait
de l'un à l'autre était enveloppé dans une couverture
de couleur vive. Si le mort était un enfant, le père le
portait tout seul dans ses bras comme si son fils ou sa fille avait été
encore vivant. Et il fallait être averti des usages du pays pour
savoir que ces cortèges rapides et désordonnés étaient,
pour des milliers de fellahs, le dénouement du drame auquel ils
avaient assisté pendant la nuit.
On devait dénombrer des milliers de victimes : mille quatre cents
morts et près de quinze mille blessés dont la plupart ne
furent découverts que dans les jours qui suivirent, au fond de
leur douar, par des équipes volantes d'infirmiers et de médecins
qui durent faire appel aux moyens de locomotion les plus divers : hélicoptère,
voitures de campagne, " jeep ", mulets. Les moins atteints furent
soignés sur place; quant aux blessés les plus graves, ils
furent évacués par hélicoptères.
Dans les villes, la vie était complètement arrêtée.
La désorganisation totale. Tous les magasins, tous les stocks de
vivres étaient anéantis; rien ne pouvait venir de la campagne;
il fallut faire venir des camions de pains et les distribuer, comme au
cours d'une guerre à une population de réfugiés.
Il fallut procéder à des distributions de lait et d'eau.
Et ceux qui n'ont pas connu le supplice de la soif pendant ces dernières
journées de chaleur où plus un toit ne pouvait abriter du
soleil, le supplice de la poussière et de la faim, le supplice
de cet été sans glace, où les enfants se battaient
pour une tranche de pastèque ou pour son écorce, ne peuvent
imaginer ce qu'ont été les premières heures d'Orléansville
avant que les tentes n'aient été distribuées en assez
grand nombre et avant que la vie n'ait trouvé son nouvel équilibre
et sa nouvelle organisation.
Celle-ci, ne put se faire que par étape.
Les premiers secours furent des secours en médicaments et en plasma.
Le premier avion qui se posa sur l'aérodrome d'Orléansville,
le matin du 9 septembre, y déchargea des litres et des litres de
sang et une équipe d'infirmiers et de médecins.
Puis arrivèrent les vivres, des compagnies du génie, du
matériel lourd, du pain, de l'eau et, dans l'après-midi
enfin, les premières tentes '21. Dès le soir, un terrain
vague, aux abords de la sous-préfecture, s'était transformé
en village de toile où, indistinctement, en tenant compte seulement
de la situation de famille, on avait recasé Européens et
Musulmans : le brassage d'Orléansville continuait; dans les jours
qui suivirent, il n'allait cesser de rapprocher les diverses couches ethniques
de la population qui toutes, riches et pauvres, et quelles que fussent
leurs origines, avaient connu la même épreuve et allaient
repartir ensemble à zéro.
o
(Extrait de Orléansville, René-Yves Debia, éditions
Baconnier).
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