*** La qualité médiocre des photos de cette page est
celle de la revue. Nous sommes ici en 1923. Amélioration notable
plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en
particulier.
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TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.
LA PROCHAINE SAISON THÉÂTRALE
Nombreux sont les Algérois
qui attendent avec une impatience bien légitime l'ouverture du
Théâtre Municipal.
Désireux de renseigner nos lecteurs, nous nous sommes rendus
auprès de M. Le Danois pour le prier de nous confier ses projets
et nous dire ce qu'il compte faire au cours de la saison 1923-1924.
Fort aimablement, le nouveau directeur de notre première scène
s'est prêté à l'interview.
Tout d'abord. M. Le Danois, dont la réserve et le silence voulus
prêtaient aux bruits les plus fantaisistes, a tenu à nous
déchirer qu'il était le seul directeur du Théâtre
Municipal.
- En effet, nous dit-il, j'ai reçu des propositions, mais dites
bien que je n'y ai pas donné suite. J'ai assumé tout seul
et sans vouloir la partager, la lourde tâche de mener au succès
le Théâtre Municipal d'Alger. Je sais que la lutte sera
dure et si je réussis, comme je l'espère, je veux être
seul à recueillir le bénéfice de mes efforts, certain
qu'en cas de non réussite, personne ne viendra cette fois revendiquer
une part des responsabilités.
Je désire faire du Théâtre Municipal d'Alger ce
qu'il doit être : le premier théâtre de l'Afrique
du Nord. Afin de mener à bien cette lourde entreprise, j'ai tenu
à m'entourer de techniciens de talent.
Mon répertoire lyrique et dramatique comprendra cinq créations
: Marouf,
La Mégère apprivoisée, Stamboul, Gianni Schicchi,
Le Vaisseau fantôme, avec des décors nouveaux, puis des
reprises importantes telles que Les Pêcheurs de Perles, La Damnation
de Faust, Gismonda, etc.. J'ai choisi pour interpréter ces uvres,
poursuit M. Le Danois, des vedettes des plus grandes scènes de
la Métropole : Opéra de Paris, Opéra-Comique, Opéra
de Lyon, de Monte-Carlo, etc..
Quant à mon répertoire de comédie, composé
de pièces à grand spectacle choisies parmi les chefs-d'uvre
des théâtres : Comédie-Française, Odéon,
Sarah Bernhardt, etc., il comprend presque entièrement des uvres
non encore représentées à Alger. J'ai obtenu la
transformation du Théâtre Municipal. La salle, entièrement
repeinte, luxueuse, éblouissante de lumière, sera une
véritable surprise pour le public algérois qui ne reconnaîtra
plus son ancien théâtre...
C'est sur ces mots que nous prenons congé de M. Le Danois. Qu'il
nous soit permis maintenant de donner quelques renseignements sur les
artistes des deux troupes,
M. Rogatchewsky, ténor demi-caractère, d'origine russe,
après avoir fait la guerre dans les rangs de l'armée française,
est entré au Conservatoire où il a obtenu le premier prix.
Il fut ensuite engagé à l'Opéra-Comique et un critique
disait récemment de lui au sujet d'une représentation
de Werther : " M. Rogatchewsky s'est affirmé comme le meilleur
ténor du moment... "
M. Angel, de l'Opéra-Comique, n'est pas un inconnu pour nous
et il serait superflu de vouloir faire son éloge. M. Granal.
qui a triomphé sur les plus grandes scènes de France,
sera une véritable révélation pour le public algérois.
M. Meffre est un ténor léger du plus bel avenir. M. Blouse,
baryton du Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, que sa remarquable
création du Chemineau à Bordeaux, a classé parmi
les meilleurs barytons de l'époque. M. Clausure, basse de l'Opéra
de Lyon et de Monte-Carlo, dont la brillante carrière ne compte
que des succès.
Mme Madeleine Caron, mezzo de l'Opéra de Paris, une des plus
jolies voix du montent, a pu obtenir un congé de la direction
de notre Académie nationale de Musique afin de venir rehausser
de son talent le gala d'ouverture. Mme Victoria Fer, soprano lyrique
de l'Opéra, qui vient de remporter un succès triomphal
dans Mme Butterfly, est une de nos cantatrices les plus en faveur auprès
des dilettanti parisiens. Mme Sabrau. soprano lyrique de l'Opéra
de Monte-Carlo, est une belle et délicieuse artiste à
la voix infiniment pure et jolie. Elle avait triomphé à
Cannes, à Nice et elle vient de remporter un égal succès
devant le public difficile de Deauville. Ainsi que le disait M. Charles
Hanier, " elle est l'artiste avec, un grand A ". Mme Dilson,
chanteuse légère, dont les succès ne se comptent
plus, Mme Caylus, forte chanteuse, qui enthousiasma le public lyonnais,
si exigeant. Mme Elsie, soprano lyrique, dont les débuts cet
été à l'Opéra-Comique, dans la Tosca, furent
une véritable révélation. Mlle Clairval, première
dugazon et MM. Garcia, Chapuis. Léger, complètent une
troupe d'élite digne de nos plus grandes scènes parisiennes.
Les artistes de comédie ne le cèdent en rien à
leurs camarades de la troupe lyrique. M. Mauger a toujours obtenu en
tant que vedette un très gros succès au Théâtre
du Vaudeville à Paris. M. Combe a fait récemment une brillante
création de Natchalo, au Théâtre des Arts, qui l'a
classé parmi les meilleurs jeunes premiers. M. Grouillet est
resté sept ans à l'Odéon et ses créations
ne se comptent plus. M. Vierge créa avec un rare bonheur, au
Théâtre de la Chimère, à Paris, J' veux revoir
ma Normandie et le Voyageur. M. Moret, dont la longue carrière
à l'Ambigu a consacré le talent. MM. Cassiat, Théron,
Richoux, etc.. etc., tous pensionnaires de nos premières scènes
parisiennes. Mme Lucienne Moreau. premier rôle du Théâtre
Sarah-Bernhardt, est précédée d'une belle réputation.
Mme Yvette Avril, du Théâtre de la Renaissance, a récemment
repris avec succès un rôle important dans Mon Homme. Mmes
Suzanne Pougaud, Tremblay, Suzanne Goldin et Didier sont également
des artistes de grand talent. Nul doute qu'avec de semblables interprétateurs,
les pièces à grand spectacle n'obtiennent le même
chaleureux accueil et le même triomphal succès que sur
les scènes parisiennes où elles furent créées.
Félicitons M. Le Danois, il saura ramener le public, en foule
au Théâtre Municipal.