Opéra de mes jeunes années - Alger
Les travaux de réfection de l'Opéra municipal sont entrepris activement
La scène et la salle sont soumises
aux pics des démolisseurs - 1938

Si les habitués de notre opéra municipal s'avisaient de pénétrer dans « notre temple de la musique, du chant et de la danse », ils s'arrêteraient stupéfaits à peine franchies les dernières marches du grand escalier extérieur.
Dans le hall aux colonnes imposantes, des madriers s'entassent là où, entourés de plantes vertes, dans leur « boite à sel » les contrôleurs faisaient accueil au public.
(suite sous l'article.) + en prime " Auto contre tram sur la route de Kouba" d'où
Sur la route de Kouba(bis)
Y avait un conducteur (bis)
Et qui cassait (bis)
Des tas de tram(bis)
Et qui cassait des tas de trams
Pour mettre sur l'passage d'la route.


Echo d'Alger du 27-1-1938 - Transmis par Francis Rambert

sur site : mars 2014

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Les travaux de réfection de l'Opéra municipal sont entrepris activement


Le sol de marbre sur lequel s'étalaient aux soirs de gala les traînes gracieuses et froufroutantes des robes de nos élégantes, est déjà souillé de gravats et, de décombres.
Quant à la salle, elle présente l'aspect désolant d'une bâtisse où aurait éclaté une bombe.
Plus un fauteuil d'orchestre sur le plancher, plus une stalle, plus une chaise dans les loges. La fosse d'orchestre a disparu, le plateau, que les entrechats des danseuses battirent si souvent — non sans en faire sortir des nuages de poussière — n'est plus. Un grand trou, entouré de barrières provisoires, s'ouvre là où se déroulèrent, avec des fortunes diverses, tous les opéras, toutes les opérettes du répertoire.
Le rideau somptueusement grenat et doré a disparu.
Par un fond de scène. qu'attaquent déjà le pic des démolisseurs, on aperçoit la grande salle mauresque, ou foyer de la danse. Les garnitures en stuc des balcons ont été « éprouvées » par les martelettes des maçons. Elles n'ont pas résisté... et elles ont bien fait.
Tout là-haut, à l'endroit où s'étalaient les splendeurs du grand lustre de cristal, qui a rejoint déjà dans quelque triste débarras les autres accessoires du luminaire théâtral, par un lanterneau d'où filtre une lumière grise, passe une tête de manoeuvre qui crie, en laissant glisser un sceau :
— Oh! Pèpète, tu le remplis de mortier et vite, hein ? que ça passe ici.
Dehors, devant la façade tarabiscotée, des échafaudages dressent leurs géométriques silhouettes.
Tout cela prouve qu'on est entré activement dans la période d'exécution.
Bien entendu, après les pics des démolisseurs entreront en jeu les truelles des constructeurs.
Souhaitons que tout comme le Phénix renaissait de ses cendres, notre opéra renaisse bien vite de ses décombres pour la plus grande joie des amateurs, toujours nombreux, du "bel canto » et de ceux qui se laissent émouvoir par les gracieux ébats des fraîches ballerines...

A.-L. B.