HISTOIRE de L'OPÉRA D'ALGER
Épisodes de la vie théatrale algéroise
1830-1840
Fernand Arnaudiès

TRANSFORMATIONS de 1937 à 1939 pages 225 à 261

--------Notre théâtre semble dominé par des recherches d'un ordre presque exclusivement plastique. Chacun y collabore peintres, électriciens, costumiers, architectes.
--------Il n'est pour s'en désintéresser que les auteurs dramatiques...
-----------------------------------------Henri BERAUD (Retours à pied).

sur site le 29-11-2004
L'OCR a laiisé des "coquilles" que je n'ai pas reprises. Veuillez me pardonner. Vous pouvez me les signaler..
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---------Malgré ses qualités réelles, malgré certains agréments de ses multiples aspects, malgré tout le plaisir que nous avions, les uns et les autres, à retrouver, au début de chaque saison, cette même ambiance familière, l'Opéra de Chassériau-Oudot, parfaitement conçu à l'origine, ne répondait plus aux nécessités actuelles.
---------Il devenait urgent d'en corriger les imperfections. La recherche du confort ne posait pas, seule, les données du problème ; il y avait aussi la recherche d'une sécurité indispensable, rendue précaire par la vétusté des diverses installations.
---------Il fallait remanier la vieille maison. Il fallait lui donner un visage nouveau, l'adapter aux exigences du moment.
---------Ce fut l'oeuvre de la Municipalité Rozis.
La conception de M. Rozis, Maire d'Alger, devait retenir l'attention et s'imposer par son originalité, sa possibilité de réalisation.
---------Aussi, la grande majorité du Conseil Municipal l'accueillit-elle avec une compréhension qui l'honore.
---------Mais il faut bien le dire, au cours de l'exécution des travaux -- qui durèrent plus de deux ans - des difficultés inouïes surgirent, engendrées par certains changements intervenus au sein de l'Assemblée.
---------Cependant, M. Rozis triompha. Il triompha, parce qu'il a une haute conception du rôle que doit jouer la grande cité africaine, dans la diffusion de cette pensée française dont le " Théâtre " demeure une magnifique expression. Il triompha, parce qu'il est terriblement tenace et que rien ne l'arrête quand il a la conviction de travailler pour le bien de tous.
---------Il suffirait au curieux de compulser les délibérations de 1938 - 1939 du Conseil Municipal, pour se rendre vraiment compte de l'énergie, de l'esprit de suite, qu'il fallut au premier magistrat de notre ville pour imposer son idée.
---------Des oppositions de toute sorte se firent jour sur cette question. Elles se manifestèrent parfois avec une rare violence ; mais elles ne furent en somme qu'un obstacle passager.

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---------Le projet fut mis au concours entre tous les architectes français : pour cette joute de grand style les concurrents furent nombreux, mais la palme revint à deux architectes algérois, MM. Raymond Taphoureau et Emmanuel Guermonprez.
---------Je n'ai certes pas l'intention de m'attarder ici sur les multiples études exigées par l'élaboration du projet définitif conçu dans un remarquable esprit de logique, de simplicité et de rigoureuse méthode.
---------L'exécution des travaux fut entreprise le 3 Avril 1937 et poursuivie sous la haute direction et le contrôle de M. le Colonel Richier, premier adjoint, Président de la Commission des Grands Travaux ; de M. Molbert, Ingénieur en chef ; de M. Regeste, architecte-inspecteur et de leurs collaborateurs.
Elle fut terminée le 17 Décembre 1939.

* **

---------Par un discret hommage rendu à l'oeuvre d'ailleurs remarquable de Chassériau, l'aspect du théâtre primitif a été, autant que possible, très ingénieusement conservé : c'est -à- dire que les éléments nouveaux de l'architecture s'y conjuguent agréablement avec les nostalgiques évocations du siècle dernier.
---------Nous le constatons dès l'entrée, dans ce hall esthétique, d'une sobriété voulue, où l'ébénisterie de bois précieux aux lignes châtiées tranche, sans affecter l'oeil, avec le jeu splendide des cinq lustres de verre vénitien.
---------Nous le constatons encore en embrassant d'un regard, à droite et à gauche du péristyle, l'éloignement souple des circulations et la naissance des grands escaliers de marbre blanc.
---------Nous le constatons enfin et surtout lorsque, partant du grand foyer pour gagner la salle, nous passons, par transitions savantes et méditées, par recoupements habiles, d'une époque à une autre, d'une image à une autre.
---------Avec ses larges et hautes fenêtres cintrées, ses tentures rouges et ses fauteuils de style, avec ses magnifiques lustres aux transparences joliment irisées, ce grand Foyer garde encore l'expression raffinée du luxe intime, qui fleurit sous le second Empire.
---------La couleur des enduits est douce, harmonieuse. Aussi bien, retrouverons-nous, partout, cette harmonie de tons aux dominantes subtiles d'or et de noir, d'ocre et de rouge.

---------Auguste Harzic, ancien pensionnaire de la Casa Vélasquez, a été chargé de la décoration murale du Foyer. Il s'est acquitté de sa tâche avec beaucoup de goût. Les éléments dont il s'est servi sont d'une agréable originalité et d'une gracieuse fantaisie.
---------Tirés, semble-t-il, des fameuses singeries louisquinziennes, mêlant le charme vénitien au charme persan, ces éléments s'inscrivent sur le fond clair du revêtement, en motifs floraux ou animaliers, en volutes et en rubans. C'est une floraison colorée aux tons majeurs : brun, bleu et vert, que strient des rehauts d'or. La licorne et l'oiseau, le violon et la mandoline, la corne d'abondance et la lyre, concourent ici à une composition très sûre et charmante, d'une inspiration curieuse.

***

---------Dans la grande galerie d'accès, où aboutissent les deux escaliers aux rampes de métal façonnées par le maître ferronnier Raymond Sube, l'ornement est plus simple. Il accueille moins les réminiscences. Il s'allège. Une seule concession au vieux style : les appliques en verre de Venise.
Point de lustres ; mais un éclairage indirect, dissimulé dans un plafonnement à caissons.
---------Mêmes tons. Mêmes rideaux pourpres. Même symphonie.
---------Mais c'est là, dans cette galerie qui deviendra célèbre, que se trouve, face au grand Foyer, le panneau d'Emile Aubry, Membre de l'Institut.
---------M. Rozis eut le grand mérite de confier à l'auteur des " Temps Héroïques ", à l'auteur de la " Naissance de Vénus ", du " Jugement de Paris ", de la " Voix de Pan ", du " Jardin des Hespérides ", du " Calvaire ", au peintre inoubliable de " l'Hommage aux morts de la guerre ", la décoration principale de l'Opéra.
---------Il est heureux en effet, qu'un homme de goût ait tenu ainsi à attacher le nom d'un grand artiste algérien, à une réalisation algérienne de premier plan.

---------
J'ai suivi pas à pas pourrais-je dire, les différentes étapes de ce beau travail. Je sais donc la qualité de l'effort soutenu ; la nature des recherches effectuées, la valeur de la documentation réunie. Je sais avec quelle conscience, quel désir de perfection le maître a composé le thème de son ouvrage, cette inoubliable représentation du monde prestigieux de l'Opéra. Je sais encore avec quel amour il en a poursuivi l'exécution et réalisé le merveilleux ensemble.
---------Aussi bien, ce fut pour moi un plaisir sans précédent, que de pouvoir en toute liberté, admirer les croquis, les études qui constituent par leur diversité, par l'agrément de leurs suggestions pittoresques et inattendues, un travail préparatoire considérable. Le croquis, parfois relevé d'une touche discrète de gouache, le croquis multiple, preste, enlevé, décisif, caractérise, soulignons-le en passant, la méthode de travail d'Emile Aubry.
---------Quatre-vingts personnages ont été étudiés, je puis dire, sur le vif. Les modèles qui, durant des jours, se sont succédé dans l'atelier parisien d'Emile Aubry, portaient les plus beaux costumes du vestiaire de notre Académie nationale.
---------Ne croyez pas, surtout, que je sois disposé à décrire chacun de ces personnages ou chacun de ces groupes. J'ai décidé de tourner la difficulté. Il faut assurément une plume plus experte, pour dire avec le mot juste, ce que nous devons à l'anatomiste, attentif au mouvement, à la souplesse des formes, des muscles et des lignes ; ce que nous devons au styliste épris d'élégance et de beauté.

---------Toutefois, je tiens à revenir sur le thème choisi par Emile Aubry, thème préalablement soumis à M. Rozis et à son Conseil Municipal, qui donnèrent tout de suite leur agrément.
---------C'est en raccourci, l'histoire de l'Opéra, contée dans un triptyque.
---------Entre l'opéra italien, sous l'égide d'Apollon - personnifiant le génie latin - et l'opéra allemand, dominé par l'énorme figure de Votan, entre les personnages nés de la divine fantaisie d'un Rossini, d'un Verdi et ceux forgés par la légende nordique ou la Tétralogie, entre ces deux pôles, se place l'opéra français.
---------Il est plus humain cet opéra français, plus humain et plus sensible. Il porte en lui, dans sa matière, dans son expression même, cette mesure, cet enthousiasme raisonné, cet ordre qui sont le propre de notre race.
---------L'amour et la mort, au pied de l'orgue, se penchent sur les personnages des chansons de geste, sur ceux des féeries costumées du Grand Siècle, sur ceux de Glück, dans l'une des scènes les plus tendres d'Orphée ; sur bien d'autres personnages encore...
---------Emile Aubry a su, avec tact, communiquer à la foule populaire de ses héros, de ses ballerines et de ses muses, le tressaillement d'un frisson nouveau qui les place au delà des contingences ordinaires.
---------C'est, à mon avis, à travers cette particularité qu'il faut les voir et les comprendre.

---------Devant cette immense guirlande, qui fait penser à quelque saisissant bas-relief coloré, on s'abandonne au plaisir délicieux de sentir le beau et la vie dans toute leur splendeur.
---------Ici, rien n'est secondaire, ni indifférent. Aucune lassitude. Tout se tient, tout est judicieusement calculé. L'accent est original, neuf. Le dessin solide, impeccable. L'expression concise. L'unité complète.
---------Cette fresque, dont je voudrais avoir loisir de parler davantage, accuse parfaitement la transition sur laquelle j'insistais au début de ces lignes : ce passage du grand foyer dans la salle d'opéra, ce passage subtilement indiqué d'une époque à une autre. Elle accuse parfaitement cette transition, par le lien intime qui l'attache, d'une part, aux conceptions les plus solides de l'art classique ; d'autre part, à l'ordonnance, au choix limité des tons, à l'interprétation volontairement simplifiée des formes. Et cette constatation nous conduit à dire qu'Emile Aubry a situé son oeuvre au point où la tradition fortement maintenue, rejoint les inspirations les plus modernes de notre temps.

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---------Un agréable sentiment de confort frappe le spectateur, quand il pénètre dans la salle. Ce spectateur se rend compte, très vite, car l'ensemble se livre au premier coup d'oeil, de l'immense effort soutenu par les architectes, MM. Taphoureau et Guermonprez, pour atteindre ce but essentiel. Il remarque ensuite, bien d'autres détails qui, tous, ont leur importance et leur histoire. Il réfléchit, il se souvient de ce que fut " l'ancienne " salle et, appelant le passé, il fait d'inévitables comparaisons...
---------Ainsi, au cceur de l'immense vaisseau rajeuni, dans une chaude ambiance de faste sobre, s'établit le contact émouvant avec les ressouvenances sentimentales...
---------La difficulté était grande pour les architectes. Les obstacles énormes.
---------Tout d'abord, l'obligation de modifier les structures existantes, sans nuire à la stabilité des masses à conserver absolument ; ensuite, la nécessité de se conformer au parti général de l'architecture qui exigeait en particulier
---------a) de ne pas déplacer le niveau des planchers des foyers, galeries ou dégagements (maintien des baies des anciennes façades) ;
---------b) de ne pas avoir d'appui dans la salle ;
---------c) de réduire en nombre et changer de plan les points d'appui des planchers du Foyer ;
---------d) d'agrandir les baies de passage entre les sorties de la salle et les dégagements latéraux ;
---------e) de modifier les emplacements et dispositions des escaliers. Or, ces obstacles ont été surmontés.


---------Plus d'ornements superflus. Les stucs qui alourdissaient les corniches ont disparu.
---------La visibilité, ce grand souci, est bonne. Tous les points d'appui gênants ont été supprimés : le ciment armé permet de ces hardiesses...
---------Chacune des places de ce parterre ou de ces trois balcons en hémicycle, offre au spectateur un plaisir de plus, infiniment appréciable : celui d'être à l'aise. Les loges officielles, avec leur éclairage particulier, sont disposées de face, au premier balcon. Elles sont tendues de soieries.
---------L'éclairage, cet autre grand souci, est diffus, discret et commode. Il recrée une atmosphère de recueillement indispensable. Il n'a pas uniquement pour mission de faire valoir les toilettes et les bijoux, il laisse surtout ce soin aux lustres du Grand Foyer, mais il fait chanter la pourpre du rideau de scène, la pourpre des fauteuils et des tapis, l'or des revêtements.
---------Le jeu des nuances est puissant. Le jeu des formes, classique. L'un et l'autre ont leur agrément.

---------J'ai toujours eu beaucoup d'estime pour le jeune sculpteur algérien André Greck, grand prix de Rome, pensionnaire de la Villa Médicis. J'ai toujours apprécié chez cet élève de Jean Bouchet, une rare souplesse de talent, une simplicité rigoureuse, l'art enfin, d'une interprétation directe et forte de la vie.
---------Il était juste que les architectes songeassent à lui, quand ils eurent l'idée de couronner le cadre de scène par un motif allégorique.
---------M. Greck s'est inspiré de la mythologie. Son " Triomphe d'ApolIon " est traité dans un sentiment très personnel et dans un esprit architectural bien adapté.

---------Charles Brouty a peint le rideau de fer. Lyres, tambourins, masques et étoiles d'or, encadrés d'un ruban. Une grande simplicité.
---------Bien entendu, on ne saurait juger Brouty sur ce morceau d'originalité et de fantaisie, dont l'exécution présentait, on voudra bien le retenir, de sérieuses difficultés.
---------Ce récent lauréat du Grand Prix artistique de l'Algérie, qui fut pensionnaire de la Casa Vélasquez, se donne la satisfaction assez rare de peindre selon ses propres goûts. Son art est spontané, son métier subtil. Chez lui, le sujet ne laisse aucune place à la littérature.
---------Ses dessins, ses croquis pris sur le vif d'un crayon amusé, libre, fougueux, sont d'une verve, d'un brio étourdissants.

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---------Le problème de l'isolation phonique et de l'acoustique est particulièrement complexe et difficile. Du moins, je l'ai souvent entendu dire ; et je le crois volontiers.
---------Il n'a pas été négligé, car il est essentiel.
---------Aussi bien, MM. Taphoureau et Guermonprez, se sont-ils préoccupés, avant tout, des données nouvelles que ce problème allait imposer.
---------C'est ainsi que M. Brillouin, l'éminent spécialiste parisien, le technicien remarquable du Palais de Chaillot, fut appelé en conseil pour la conception acoustique de la nouvelle salle, et fit les essais avant et après les transformations.
---------Ces expériences comparatives, ont permis d'atteindre pleinement le but fixé.
---------J'eus l'occasion de me trouver dans la salle, tandis que des mains inconnues faisaient vibrer la grande voix des orgues. Je n'oublierai jamais cette minute intense, dispensatrice de sensations rares, qui devait renseigner éloquemment les acousticiens sur la qualité heureuse de leur plan.
---------Au delà du rideau, au delà de ses longs plis droits et majestueux, commence - beaucoup ne le soupçonnent qu'à demi - tout un monde curieux, gigantesque, grouillant et compliqué ; un mélange de vie intense et d'activité étourdissante, de pittoresque et de couleur.
---------Je rencontrai, un soir, entre deux montants, au moment où il descendait d'une échelle de fer, l'un des techniciens du plateau. Je lui posai diverses questions assez maladroites, suffisamment maladroites, pour que cet homme de l'art me parut surpris. Et je devinai à cette surprise, qu'il ne cherchait pas le moins du monde à dissimuler, que l'objet de notre conversation était beaucoup plus sérieux, beaucoup plus compliqué, beaucoup moins accessible au commun des mortels.
---------Ce technicien m'en donna la preuve aussitôt, et je compris alors combien il avait raison et combien j'étais ignare.
---------J'appris comment on monte un décor, comment on le démonte, comment on le choisit entre cent et sans la moindre hésitation. J'appris, si peu il est vrai, à me reconnaître dans ce fouillis inextricable et méthodique de cordages, poulies, poutres, barres, fils, échelles et passerelles.

---------La scène a fait l'objet d'un soin incomparable. Elle a été dotée des toutes dernières innovations techniques. On n'a rien négligé pour qu'elle soit ce qu'elle est aujourd'hui : l'une des mieux équipées, des mieux organisées, des mieux dotées de matériel et d'installations modernes.
---------La lumière y joue un rôle de premier plan.
---------Elle a, dans ce domaine extraordinaire, des attributions multiples, prodigieuses. Elle doit y créer l'illusion, elle doit donner au spectateur, par l'intermédiaire de simples foyers lumineux (lanternes à écrans multicolores ; rampes ; projecteurs, disposés sur les côtés du plateau, dans les cintres et dans le cadre de scène), une représentation de la nature aussi fidèle que possible.
---------Des herses, munies de tous les perfectionnements, permettent de projeter, sur une toile de fond semi-elliptique de dix-sept mètres de hauteur et vingt-sept mètres de développement, à laquelle on a donné le nom assez barbare, mais expressif de cyclorama, un faisceau de rayons blancs ou colorés qui, utilement combinés, créeront les ciels sereins ou chargés de menaces. De plus, les images, la pluie, la neige, seront restituées par le truchement rénové des lanternes magiques.
---------L'impression de profondeur et de vérité ainsi obtenue, vraiment étonnante, complète singulièrement l'action scénique.
---------Le cyclorama fixé verticalement au grand cintre, se déplace avec beaucoup de facilité, sur un chemin de fer. On le roule, on le déroule, au gré des besoins. Sa place habituelle, quand il ne sert pas, est dans un coin, côté cour où, perpendiculairement à la scène, il tient aussi peu d'espace que possible. Son emploi a rendu inutile le lot encombrant des frises et des châssis.
---------La manoeuvre de l'équipement électrique (salle et scène) est extrêmement simple.
---------Un imposant jeu d'orgue la commande. De nombreuses manettes et volants permettent, chacun, la gradation nécessaire des feux. A cet effet, l'ingénieur luminariste, dont il ne faut pas mésestimer le rôle, est en communication constante avec le metteur en scène, le régisseur, les machinistes, les chefs de figuration.
---------Là encore, le synchronisme est parfait.


---------Ainsi que nous avons pu le noter, rien n'a été négligé pour le confort de la salle, pour l'équipement de la scène, pour l'appareillage électrique.
---------On comprendra mieux dès lors, que les architectes n'aient point manqué d'accroître les conditions de sécurité.
Leur premier soin a été de supprimer les installations en bois et d'immuniser celles qui, pour une raison majeure ont dû être conservées.
---------D'une manière générale, le bois a cédé la place au béton armé.
---------M. Blanchard, Ingénieur des Arts et Métiers, technicien d'une sûre compétence, avait pour tâche l'étude approfondie des divers éléments de ce matériau.
---------J'ai tenu à ce que l'on n'ignorât point la contribution, certainement très importante, de cet ingénieur.

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---------Dans la partie haute du cadre de scène, au-dessus du grill, des experts ont installé un minutieux appareil d'extinction.
---------Cet appareil de grand secours - je me sers de l'appellation exacte - vise, avant tout, à une inondation méthodique et rapide de la scène, des décors, des accessoires. Le soin de cette opération serait confié, le cas échéant, à douze pommes déversoirs et à deux écrans d'eau, dont le rôle principal consisterait à refroidir les rideaux de fer isolant le plateau de la salle et de l'arrière-scène.
---------Ai-je besoin d'ajouter que les canalisations et les réservoirs sont constamment tenus en état d'alimenter le système de déversion ?
---------Deux vannes de manceuvre, l'une côté cour, l'autre côté jardin, commandent ce dispositif d'une conception vraiment rassurante, complété d'un matériel accessoire bien adapté et distribué.
---------Des détecteurs placés dans les locaux d'arrière-scène (magasin aux costumes, ateliers, bibliothèque, archives, réserves, etc...) peuvent signaler au moyen d'une sonnerie, toute élévation anormale de température, tandis qu'un voyant lumineux alerte, en même temps, le concierge dans sa loge.
---------Les détecteurs se trouvant disposés en huit groupes distincts et chaque groupe correspondant à un voyant spécial, il est aisé, lorsque la sonnerie retentit, de déterminer l'endroit précis où il convient d'intervenir.
---------Enfin, à toute heure de jour et de nuit, une équipe de surveillants effectue dans le bâtiment des rondes attentives, dûment contrôlées.

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----------Je dirai ici un mot des circulations dont l'importance, on ne l'ignore pas, est primordiale. Non pas seulement pour la seule commodité du public, ce qui, déjà, serait appréciable, mais encore pour le rôle très improbable, je le reconnais, qu'elles seraient appelées à jouer en cas d'évacuation rapide.
---------Les circulations verticales ont été considérablement modifiées, les grands escaliers desservant les étages ont bénéficié d'un large développement. Ils sont, de plus, doublés de deux escaliers de secours, fort justement compris.
---------Les circulations horizontales également remaniées, sont beaucoup plus accueillantes.
---------L'éclairage y est distribué par des appareils diffuseurs apparents, placés en appliques.
---------Cet éclairage normal est complété par un éclairage de sécurité, indépendant du secteur public. Des ampoules à lumière bleue, balisent, en quelque sorte, les directions de sortie.
---------Une installation de chauffage central existait dans le théâtre de 1936. Seules pourtant, les dépendances étaient chauffées à l'exclusion de la salle.
---------Aujourd'hui il n'en est pas de même ; et l'on a adopté un mode de diffusion de chaleur absolument parfait.
---------Les radiateurs à eau chaude existant ont été conservés et desservent les parties arrière du bâtiment, appelées à être constamment occupées : loges d'artistes et toilette, bureaux, salle de répétition de danse, arrière-scène, salle des décors, etc...
--------Pour le hall d'entrée, les couloirs de circulation, le grand foyer et les promenades, on fait usage de radiateurs électriques directs, permettant une mise en régime instantanée pendant les représentations, et l'arrêt immédiat, après le début du spectacle.
---------La salle proprement dite a été dotée d'un système combiné de ventilation et de chauffage.
---------Ce dispositif, qui assure le renouvellement constant et le réchauffage de l'air par batteries électriques sera, ultérieurement, complété par un appareil de réfrigération.
---------Réalisations importantes, qui ne manqueront certes pas d'être appréciées.
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Les services administratifs, le bureau du Directeur, les loges d'artistes ont fait l'objet des mêmes soins ; le même souci de confort, d'utilité pratique, de sobre élégance a présidé à leur aménagement. Les murs sont peints de couleurs claires, gaies ; l'ameublement est commode, spécialement adapté, d'un entretien facile.
---------Des salles de bains-douches, réparties par groupes de loges, procurent aux artistes cet indispensable bien-être, trop longtemps et trop inconsidérément négligé.
---------Les ouvertures étaient étroites, insuffisantes. Ces ouvertures ont été modifiées et agrandies. L'affaiblissement consécutif des trumeaux, a été compensé par l'adjonction de cadres en béton armé.
---------La partie postérieure du théâtre était précédemment aménagée en terrasse. La robustesse des murs de cet ouvrage a permis l'établissement d'un édifice en surélévation, où est installé l'atelier des décors.
---------Cet atelier est vaste et bien conçu. Il répond parfaitement à sa destination. Au centre, un grand lanterneau à ouvertures verticales distribue la lumière et assure la ventilation.
---------Le plancher a été exécuté en béton armé, avec panneaux de dalles de verre.
---------M. Numa, spécialiste parisien, décorateur de grand renom et artiste distingué, est venu mettre au point la très importante question des décors.
---------J'ai pu voir M. Numa. C'est un homme charmant, d'une grande simplicité et d'une grande modestie. Il aime son métier, qu'il sert avec goût, avec intelligence, avec passion pourrai-je dire. J'ai pu, également voir son ceuvre, ses croquis, ses dessins, ses plans, ses maquettes, ses gouaches, qui sont ravissants et pleins des plus sûres et des plus belles qualités.
---------Emile Aubry lui-même, a rendu hommage à cet artiste ; il s'est plu à faire l'éloge de ses étonnants panoramas de villes, de ses extraordinaires paysages montagneux, de ses beaux jardins, brossés avec art et surtout, avec une science surprenante du relief et de la perspective.
---------M. Thobie, chef décorateur de l'Opéra d'Alger, sera le conservateur, si je puis dire, du département de l'illusion.
Charge difficile, qu'il ne faut pas méconnaître, et qui exige de celui dont elle dépend, une attention constante, une sûreté de vue peu commune et un solide talent.
---------M. Thobie est à sa place. Nous en sommes convaincus.
---------Et je ne terminerai pas ce chapitre, sans accorder au regretté Quignon, qui fut, durant de très longues années, chef décorateur de la vieille maison, une pensée émue.
---------Quignon a laissé le souvenir aimable d'un bon camarade et d'un bel artiste. Il bravait les difficultés avec vaillance et bonne humeur. Son activité était débordante et ses initiatives heureuses.
---------Tous ceux qui eurent l'occasion de l'approcher, éprouvèrent pour lui une sympathie profonde.

**************

---------Les grands travaux dont nous venons de parler longuement, s'achevèrent dans la période angoissante et douloureuse des premiers jours de guerre.
---------Une question se posa alors
---------" Le Théâtre rénové, devait-il recommencer à vivre ? "
---------Il le devait. Pour les mêmes raisons impérieuses qui lui firent un devoir de vivre en 1870 et en 1914.
---------Par délibération du 27 Octobre 1939, le Conseil Municipal, sous l'impulsion énergique de M. Rozis, Maire, en décidait ainsi.

---------La soirée d'inauguration fut, plus exactement, un hommage de sympathie et d'admiration rendu à tous ceux qui avaient pu, malgré les écueils, mener à bonne fin leur tâche difficile.
---------Soirée digne. A aucun moment elle ne perdit son caractère de gravité et d'exception.
---------Au premier entr'acte, MM. Rozis et Carrié, Directeur, suivis de nombreuses personnalités, accompagnèrent M. Grégoire, Secrétaire général du Gouvernement, représentant M. le Gouverneur Général, au Grand Foyer. Là, eut lieu la présentation des architectes, MM. Taphoureau et Guermonprez ; de MM. Harzic et Brouty, artistes peintres et de M. Greck, sculpteur, auteurs des travaux de décoration.
---------M. Rozis présenta également l'ceuvre admirable de M. Emile Aubry, dont la présence ne fut pas l'un des moindres attraits de cette cérémonie, suivie, dans l'éblouissement des lumières, par une foule énorme, élégante, où dominaient les uniformes militaires.
---------On joua " Carmen ", dans les décors nouveaux de Numa. Les interprètes, qu'une solide réputation précédait, se donnèrent tout entiers à leur rôle. Je citerai le quatuor meneur du jeu Mme Germaine Pape, Carmen pleine de mordant et de charme ; M. Verdière, Don José chaleureux, ardent et superbe ; M. Nougaro, Escamillo d'un relief surprenant ; Mme Denat, Micaëla tout simplement exquise.
---------M. Georges Lauweryns conduisit l'ouvrage avec une rare autorité.
---------Les choeurs furent d'une qualité certainement inconnue jusque là. J'en dirai tout autant des décors et notamment de ceux du 3e acte. La scène des contrebandiers, sur les hauteurs de la Sierra, avec ses effets de lumières, avec l'impressionnante illusion d'infini que donnait le cyclorama, restera vraiment parmi les plus suggestives. Et je n'aurai garde d'oublier les autres tableaux. Ils se présentèrent comme autant d'estampes animées et du meilleur goût.

---------Au cours des toutes dernières années notre Théâtre connut, il faut bien l'admettre, une certaine défaveur. La faute certes, n'en fut point aux Directeurs qui, successivement, veillèrent sur ses destinées. lis firent chacun l'impossible pour attirer, intéresser et retenir le public. Or, le public boudait.
---------Aussi bien, était-ce une gageure, que de vouloir " faire salle comble ".
---------Mais pourquoi le public boudait-il ?
---------Certainement il avait ses raisons.
---------Je les ignore. Prix des places ? Faiblesse de l'interprétation ? Obstination à jouer des pièces vieillottes, souvent mauvaises ? Influence du Cinéma devenu parlant 2 Peut-être.
---------Certains experts en la matière penchent pour la brièveté du spectacle qu'ils signalent comme un écueil sérieux.
---------A bien y réfléchir, on accorde quelque créance à l'existence de cet écueil.
---------Il est difficile de " tenir " un public pendant trois heures d'horloge pour entendre trois actes qui, somme toute, ne durent guère plus d'une soixantaine de minutes et ne présentent souvent qu'un intérêt tout relatif.
---------Le cinéma, le music-hall, le cirque, que je ne prétends pas comparer au théâtre, donnent cependant un spectacle plus nourri, plus substantiel, si j'ose dire.
---------Autrefois, le lever du rideau était annoncé pour sept heures. Souvent, pour six heures un quart. Les pièces comptaient couramment cinq ou six actes, et elles étaient précédées ou suivies d'une comédie, d'un vaudeville, d'un divertissement...
---------Et même au début du XIXe siècle, il était courant de ne point couper le spectacle par des entr'actes. Les changements de décors, assez laborieux, se faisaient à vue. Le spectateur y trouvait un prétexte de plus à se divertir.
---------Mais n'est-ce point là une tout autre histoire a laquelle je ne saurais m'attarder ?
---------D'autant, que je n'ai point encore parlé des archives de l'Opéra et de la bibliothèque.
---------Après avoir parlé de ces archives et de cette bibliothèque, aurai-je enfin tout dit ?
---------Non ! Loin de là !
---------Tant il est vrai qu'une telle incursion à travers les fastes et les pauvretés de la vie théâtrale algéroise, ne va pas sans lacunes un fait important a pu m'échapper ; un détail peut faire défaut qui, cependant, aurait eu son prix...

---------Les archives de l'Opéra, je l'avoue, sont à peu près inexistantes. Les pièces comptables, les dossiers de gestion ont, au gré des événements et des circonstances, été dirigés sur les services annexes de la Municipalité ou bien, ont disparu fort à propos.
---------Nous avons déjà parlé de liquidations désastreuses, d'exploitations difficiles, de directions malheureuses. Aussi l'on comprendra que la dispersion et la disparition de certains documents ait été, souvent, jugée prudente...
---------La correspondance, les contrats d'engagement, qui eûssent pu présenter un certain intérêt, n'ont pas été conservés : au cours des années, la plupart des archivistes se sont peu souciés de leur classement. D'ailleurs il est fort probable que, très rarement, on ait jugé bon de confier le métier délicat et difficile d'archiviste à un homme de l'art.
---------J'ai retrouvé, tout à fait par hasard, une feuille datée du 17 Décembre 1890, portant autorisation de vendre à un certain Samuel Benfredj, 2, rue du Divan, à Alger, un lot de " vieux papiers " provenant des " caves " de l'Opéra.
---------J'imagine ce qu'étaient ces " vieux papiers " et l'état dans lequel ils devaient se trouver après un séjour de plusieurs années dans les " caves " de l'Opéra...
---------II y avait certainement là tout ce que l'incendie de 1882 avait épargné, c'est-à-dire, le véritable noyau des archives officielles.
---------L'incendie il est vrai, a, dans la question, une grande part de responsabilité. Il a détruit non seulement la majeure partie des " vieux papiers ", mais encore et surtout la bibliothèque musicale et dramatique évaluée, dit-on, à trois cent mille francs.
---------Cette bibliothèque, d'après le peu que nous en savons, était assez richement dotée. Des acquisitions, des dons nombreux l'avaient, en quelques trente ans, pourvue d'one collection considérable, sinon complète, des principaux opéras et ballets. Elle contenait en outre des partitions autographes, des manuscrits, dont la possession constituerait aujourd'hui la meilleure source pour une étude du théâtre algérien.
---------Je passe sur le plaisir que nous aurions éprouvé à compulser encore les partitions gravées, les rôles, les parties de choeurs ou d'orchestre, truffés d'additions et de notes, de remarques et de mots.
---------Je passe sur la documentation inestimable que nous aurait fourni en outre, un recueil méthodique des ordonnances, décisions, délibérations, ordres d'achat, soumissions...
---------Et les affiches donc ?
Je sais, pour en avoir vu de rares reproductions, qu'il en fut de savoureuses : petits chefs-d'oeuvre de naïveté et d'innocente prétention, étonnantes par le texte et par l'image.
---------Et les programmes ?
---------A eux seuls ils eûssent constitué la plus vivante et la plus fidèle histoire de l'Opéra. Leur intérêt iconographique n'eut pas été moindre car, presque tous, du moins depuis le début du XXe siècle, étaient illustrés de portraits d'artistes, voire de directeurs, de chefs d'orchestre et de metteurs en scène.
---------Or, je l'ai déjà dit, les archives de l'Opéra n'existent pas. Tout au plus, un effort louable est-il tenté depuis une dizaine d'années pour réunir et mettre en ordre les pièces dignes d'être épargnées.
---------La bibliothèque musicale est relativement mieux partagée. Cela, grâce au zèle vigilant et à la compétence du bibliothécaire, M. Achille Riva, qui occupe ce poste depuis 1906.
---------M. Riva, musicien soliste de talent, est une vieille et sympathique figure algéroise, très connue dans le monde du théâtre.
---------Le dépôt dont il a la conservation offre, malgré la vétusté de certains numéros, d'excellentes ressources à l'étude. De rares partitions remontent à l'origine de l'Opéra. Elles sont d'ailleurs presque illisibles, couvertes de signes, de marques, de traits au crayon et à la plume ou, ce qui est plus fréquent, de larges taches de rouille.
---------Malgré tout, on les regarde avec émotion. J'en ai vu qui portent encore, nettement, la trace des coups de baguettes du chef d'orchestre et même, dans les marges, des croquis hâtifs : silhouettes, profils, attitudes, bien caractéristiques de l'époque où une main habile les a saisis.
---------Outre les partitions de chant et de danse, la bibliothèque possède des morceaux de musique religieuse, de chant espagnol, italien et arabe.
---------Mais rien dans tout cela ne présente une valeur documentaire sérieuse.
---------J'ajoute que la plupart des oeuvres figurant au catalogue proviennent du fonds de l'Opéra de Metz, acquis en 1886 par la Ville d'Alger.
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Les magasins aux costumes et accessoires, bien que n'ayant pas été touchés par les transformations récentes, réclament quelques mots.
---------À vrai dire, ils n'offrent pas un spectacle inédit. Ils ressemblent, travée par travée, case par case, armoire par armoire, à tous les magasins de tous les théâtres, Ils ont leur atmosphère lourde et indéfinissable, leur faux air de musée régional, et leur pittoresque indescriptible.
---------Il y a là, aussi bien conservés que possible, les innombrables costumes de tous les pays et de toutes les époques ; les uniformes de toutes les armes et de tous les temps.
---------Il y a là, les couvre-chefs les plus invraisemblables : turbans, boisseaux de velours, tricornes et girondins, hauts de forme, casquettes, bombes, shakos, bonnets à poil, montéras, casques grénelés, casques coniques, casques cloutés, casques morions...
---------Il y a là des armures de fer blanc fidèlement reproduites et des armes sans nombre : arbalètes, épées, haches, pistolets, fusils à pierre et à aiguille, arquebuses, poignards enrichis de cabochons multicolores, qui brillent dans l'ombre... Et tant d'autres glaives ou hallebardes d'acier ou de carton...
---------Que dirai-je du magasin aux accessoires ? L'étalage extraordinaire de notre curieuse Place de Chartres, peut en donner une idée. Mille objets les plus disparates, meubles et ustensiles, encombrent les travées, du parquet au plafond. Le lecteur connaît la plupart des objets qui ont figuré dans les différents ouvrages du répertoire et qu'on étiquette aussitôt en les découvrant : le rouet de Marguerite ; la déesse, de Lakmé ; le clavecin, de Werther ; le char d'Hérodiade ; les canons de Saint Ange, de la Tosca ; les cornues, les grimoires, la coupe et le fauteuil du Docteur Faust ; les dés et le cornet de Robert le Diable ; l'épée truquée de Fernand, dans la Favorite ; le miroir de Thaïs ; les enseignes d'Aïda et de l'Africaine...

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---------L'Opéra se trouve placé au point le plus vivant de la ville. Un bouquet de strélitzia géants et de palmes le sépare du square Bresson
---------Le boulevard Maréchal Pétain, les rues de Constantine, Dumont d'Urville, Bab-Azoun, de la Liberté, de Chartres, du Hamma, Littré, les escaliers de la Lyre, le desservent en quelque sorte.

---------Il a donné lui-même naissance à deux passages : à gauche, la rue Cadet-de-Vaux. A droite, la rue Corneille.
L'une et l'autre de ces courtes rues mènent aux escaliers du marché de la Lyre.
---------Je ne dirai rien de Corneille.
---------Cadet de Vaux, est certes moins connu.
---------Il fut le second Maire d'Alger (9 Septembre 1830), après le Sous-intendant Brugnière: M. Cottin lui succéda en 1832.
---------Sur la façade, de part et d'autre des grands escaliers, figurent deux plaques de marbre. Celle placée à gauche est due à l'initiative du Comité du Vieil Alger, qui la fit apposer en 1912. Elle porte l'inscription suivante

Comité du Vieil Alger
A la mémoire
du poète REGNARD
qui fut esclave à Alger
de 1678 à 1681

---------J'ai dit, plus avant, qui était le poète Régnard, né le 8 Février 1655, " fils d'honorable marchand de saline et d'une roturière ". Son aventure aux pays barbaresques est suffisamment connue pour que je n'y insiste point.
---------Le Comité du Vieil Alger avait eu, depuis longtemps, l'idée d'ériger un buste du poète au Foyer de l'Opéra ; mais cette idée ne put, je ne sais pourquoi, avoir de suite.
---------La plaque de droite a été placée en 1939, après l'achèvement des travaux. Due à l'initiative toute personnelle du Commandant Max Perron, elle est ainsi libellée

A la mémoire
de Michel CERVANTES SAAVEDRA
Captif à Alger
de 1575 à 1580

---------Miguel Cervantès, auteur du célèbre roman de Chevalerie " Don Quichotte de la Manche ", fut, tout comme Régnard, prisonnier des Corsaires. Il devint, en 1575, l'esclave d'un rénégat grec, Dali Mami. On sait, par ailleurs, son aventure en Alger : l'attente déçue dans la grotte du Caïd Hassan ; la délation du rénégat Espagnol ; les essais infructueux de nouvelles évasions et enfin la libération, négociée pour 500 écus d'or, par les Pères Rédempteurs.

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---------Par jeu, délassement, tout au moins par goût du documentaire, les peintres ont parfois reproduit sur la toile, ou sur le papier, le monument de Chassériau.
---------Il me paraît utile de noter ce détail. Et même j'aurais aimé connaître et consigner dans ces pages le nom de tous ceux, grands artistes ou amateurs, qui se sont ainsi arrêtés devant l'Opéra, crayon ou pinceau en main.
---------J'en connais peu.
---------Albert Lebourg, mort à Rouen le 7 Janvier 1928, nous a laissé un croquis daté de 1875. René Hanin, né à Alger le 25 Février 1875, a brossé une excellente esquisse.
---------Je citerai également les oeuvres de Joseph Sintès (1880), mort à Alger le 24 Mars 1913 ; Albert Besnard (1893) ; Marius Reynaud (1907), mort à Alger le 11 Décembre 1935 ; Paul Nicolaï (1904) ; Paul-Elie Dubois, ancien pensionnaire de la Villa Abdel-Tif (1921) ; Louis-Michel Bernard (1924) ; Jean-Désiré Bascoulés (Abd-el-Tif, 1925) ; André Hambourg (Abd-el-Tif, 1933) ; de Bernadotte (1938) ; Leroy (Abd-el-Tif, 1938). Enfin, Armand Assus (Prix de Rome) dont la toile " l'Opéra vu de ma terrasse " fut acquise en 1939, par la Municipalité d'Alger.