| ------------J'insisterai 
        moins, beaucoup moins, sur les éphémérides de l'après-guerre, 
        que je daterai de Janvier 1920.------------Ce 
        fut sans doute, pour le théâtre d'Alger, une époque 
        vibrante; mais assez superficielle. Non pas qu'elle péchât 
        par l'indigence du répertoire ou la médiocrité des 
        acteurs. Au contraire. Jamais, semble-t-il, répertoire ne fut plus 
        varié, plus agréablement servi. Mais je prétends 
        que la vieille maison de Chassériau n'est pas animée aujourd'hui 
        de ce même souffle profond qui l'animait autrefois.
 ------------Ainsi, 
        l'amateur, qui faisait le charme de cette maison et le charme de sa vie 
        intime, s'en est détaché peu à peu, parce qu'il n'y 
        a point retrouvé et qu'il n'y retrouve point, cette ambiance ouatée, 
        familière, accueillante, faite pour lui, à son goût, 
        à son image, et qui répondait si bien à ses aspirations.
 ------------Pourquoi 
        ? Mon Dieu, pour beaucoup de raisons.
 ------------Les 
        bonnes gens diraient
 ------------- 
        " C'est un signe des temps ! "
 
 ------------De 
        1920 à la veille du remaniement Taphoureau 
        et Guermonprez, il y aurait beaucoup de pages à écrire. 
        Mais ces quelques quinze ans sont trop près de nous, pour que j'en 
        vienne gâter le souvenir vivace par une vaine littérature.
 ------------Aussi 
        bien, vais-je m'en tenir aux créations ou aux reprises qui firent 
        certain bruit et n'irai-je guère au delà.
 *** 
       ------------1920 
        vit le succès de nombreux artistes. Leurs noms se pressent sous 
        ma plume. Il y eut Maurice Carrié (qui devait, dix-neuf ans plus 
        tard, prendre la direction de notre scène), Planquelle, Parayre, 
        Péral, Chavrat, Baronnie, Charat ; Mmes Clerc, Martine, Jane Bourgeois, 
        qui jouèrent : " L'Africaine ", " Les Huguenots 
        ", " La Favorite ", " Werther ", " Hérodiade 
        ", " La Juive ", " Faust ", " Don Quichotte 
        ", " Sigurd ", " Le Trouvère ", " 
        Messaline ". Il y eut le célèbre ténor Angel, 
        dans " Manon ", " Carmen ", " La Tosca ", 
        " La Vie de Bohême ", " Guillaume Tell ". Il 
        y eut Sardou, dans les rôles de Julien, de " Louise " 
        et de Pinkerton, de " Madame Butterfly ". Il y eut Mme Neuillet-Caussade, 
        dans " La Cocarde de Mimi Pinson " et " La Poupée 
        ".------------Il 
        y eut enfin Gabrielle Robinne, de la Comédie Française, 
        qui joua : " L'Aventurière ", d'Emile Augier ; " 
        Les Marionnettes ", de Pierre Wolf ; " Amoureuse ", de 
        Porto-Riche ; " La Parisienne ", d'Henri Becque.
 ------------Mme 
        Robinne était accompagnée de Mme Lutèce et de MM. 
        Damorés, André Luguet, Edmond Vallée et Montbars.
 
 ------------Sous 
        la direction Savona (chef d'orchestre Ernest Montagné), nous applaudîmes 
        en 1921 : Blanche Delimoges, Mme Viard, Mlle Pérelli, MM. 
        Marcelin, Lapeyre, Rambaud, Saint-Georges, Garcia et Bracco, ce dernier 
        devenu professeur à la Société des BeauxArts d'Alger.
 ------------Nous 
        applaudîmes les mêmes artistes dans : " La Fille du 
        Tambour Major ", " Miss Hélyett ", " 
        Manon " (le menuet du Roi dansé par Mmes Sakhy et Delcher) 
        , " Boccace ", " Rip ", etc...
 ------------Nous 
        eûmes, en représentation, Mme Jane Borel ; Mlle Garcia dans 
        " Hamlet " ; Mlle Imbert, élève du professeur 
        Bourbon, de l'Opéra, dans " La Tosca " ; Mme Léa 
        de Perre, dans " Thaïs " ; le baryton Paul Portier, 
        dans le rôle d'Athanaël, de " Thaïs " 
        ; le comique Saint-Georges, dans " La Cocarde de Mimi Pinson 
        " ; le ténor Charlesky, Mlle Lackmi-Riemain, M. Marzo, dans 
        " La Favorite ". Nous eûmes encore les débuts 
        de Mlle Castets, dans " Le Chalet " ; de M. Hennequin 
        et de Mme Vassilieff, dans " Lakmé " ; de la divette 
        parisienne Mary Malbos, dans " Véronique " et 
        " La Demoiselle du Printemps ".
 ------------Quatre 
        créations demandent surtout à être retenues : " 
        Phryné ", de Saint-Saëns, qui assista à 
        la représentation ; " Le ballet des Erinnyes ", 
        de Massenet, dansé par Mmes Sakhy et Delcher ; " Ninon 
        de Lenclos ", le grand succès de Mme Vassilief ; " 
        Gismonda ".
 ------------Une 
        soirée au bénéfice de l'OEuvre du Monument aux Morts 
        ne doit, non plus, être oubliée.
 
 
 ------------La 
        direction Savona me rappelle, pour l'Opéra d'Alger, un moment plutôt 
        difficile de son existence.
 ------------Ce 
        n'est un secret pour personne : les coffres de M. Savona étaient 
        vides. Les circonstances peu favorables le voulaient ainsi. Or, M. Savona 
        avait engagé deux artistes de grande classe : la chanteuse Mazarin 
        et le ténor Di Falco, en vue de créer à Alger l'oeuvre 
        maîtresse de Ponccielli : " La Joconde ". Les répétitions 
        eurent lieu normalement. Les placards publicitaires firent tout le bruit 
        désirable autour de cette première. Et le rideau se leva 
        devant une belle salle.
 Mais le ténor Di Falco ne parut point, quand ce fut son tour de 
        paraître. Question d'appointements. La représentation fut 
        ajournée et un huissier se mêla de l'affaire. Celle-ci tourna 
        mal pour le ténor, qui fut contraint de verser à son Directeur 
        le montant de la recette, remboursée sur-le-champ au public.
 On s'en souvient, ce n'était pas la première fois qu'un 
        acteur se refusait à entrer en scène, au Théâtre 
        Municipal ; mais c'était bien la première fois qu'un huissier 
        y fut appelé à jouer un rôle aussi inattendu.
 ------------L'huissier 
        y revint d'ailleurs, plus tard, mais pour constater que le Régisseur 
        passait plus de temps à dormir, qu'à s'occuper sérieusement 
        de sa charge...
 
 ------------L'année 
        1921, vit enfin, dans une inoubliable soirée, la danseuse Napierkowska, 
        célèbre par sa beauté et son talent. Prestigieuse 
        dans ses mouvements, à la fois voluptueux et mystiques, elle dansait 
        avec cette virtuosité extrême qui confine à l'inspiration.
 
 
 ------------" 
        Samson et Dalila ", avec le concours des ballets russes, s'inscrivit 
        au premier programme de 1922. On joua 
        ensuite : " Le Chemineau ", avec Mme Mazarin ; " 
        Aida ", avec le ténor Di Falco, revenu à de meilleurs 
        sentiments et le baryton Maurice Carrié.
 ------------En 
        Septembre, MM. Bitard et Julien étaient désignés 
        par le Conseil Municipal pour succéder à M. Savona. Ils 
        ouvrirent la saison 1922-1923 avec 
        : " L'Abbé Constantin " et " Les Deux 
        Orphelines " et donnèrent successivement : " La 
        paix chez soi ", de Courteline ; " La porteuse de pain 
        " ; " Le Bossu " ; " Le Député 
        de Bombignac ", vaudeville de Bisson ; " Manon " 
        et " La Tosca ", avec le ténor Rocca.
 ------------Le 
         14 Octobre 1923, M. Le Danois prenait 
        la Direction du Théâtre, après le passage éphémère 
        de MM. Bitard et Julien.
 
 ------------Quelques artistes de tout premier ordre 
        vinrent donner à la saison 1923-1924 
        un certain éclat : le ténor Rogatchewsky ; Mme Rose Elsie 
        ; le ténor Angel ; Mme Sabran ; Mme Saiman ; Mlle Alexandrowicz 
        ; Lanteri ; Blouse ; Mlle Nordi, qui jouèrent successivement dans 
        " La Tosca " ; " Faust " ; " 
        Rigoletto " ; " L'Arlésienne " ; " 
        Marouf " ; " Thaïs " ; " Les 
        Huguenots " ; " Gismonda " (Henri Février, 
        Grand prix de Rome, dirigea l'orchestre).
 ------------Une 
        représentation du répertoire du Vieux 
        Colombier connut, dans le même temps, un succès de 
        curiosité. On sait ce que furent ces tentatives de " déformation 
        théâtrale " du Vieux Colombier, du Théâtre 
        Alfred Jarry, et autres Théâtres d'avant garde, qui 
        se proposaient, plus ou moins, par des moyens " spécifiquement 
        théâtraux ", de contribuer à la ruine 
        du théâtre tel qu'il existait alors en France !
 ------------Il 
        me faut, quitte à traîner en longueur, vous donner une petite 
        idée de ce que pouvait être le répertoire saugrenu 
        du théâtre Alfred Jarry. La chose en vaut la peine.
 ------------Prenons 
        : " Les Mystères de l'Amour " qui comportaient 
        trois actes. " Dans le premier, nous 
        dit un compte rendu, il ne se passait rien que 
        l'on put retenir. Dans le second, un personnage faisait un rêve, 
        nous permettant de voir un cercueil contenant un mannequin, auquel le 
        personnage coupait la tête. Au troisième acte, ce personnage 
        était couché dans un lit avec sa femme ; un garçon 
        boucher entrait dans la chambre et repartait. Alors la femme sortait et 
        revenait avec un enfant qu'elle venait de mettre au monde dans la coulisse. 
        Cet enfant était placé sur la cheminée " pour 
        remplacer une oeuvre d'art ". Il tombait et se cassait en mille morceaux. 
        Un agent de police se précipitait et demandait des explications. 
        On lui répondait : " C'est mon fils qui est tombé de 
        la cheminée parce qu'il avait la rougeole. "
 ------------Lequel 
        d'entre nous a compris ?
 ------------Mais 
        revenons au Vieux Colombier et à ses essais sur la première 
        scène algéroise. Le succès de curiosité dont 
        je parlais un peu plus haut n'eut pas de lendemain. On pourrait compter 
        ceux qui attachèrent le moindre intérêt à cette 
        littérature symbolique de Nicolas Evereïnov : " La 
        Mort Joyeuse ".
 ------------Les 
        décors étaient d'inspiration cubiste.
 ------------Le 
        brave Quignon en fut malade. Et il n'y eût pas que lui.
 ------------Afin 
        de varier un tant soit peu le programme, M. Le Danois afficha " Le 
        Simoun ", une oeuvre algérienne que firent valoir le ténor 
        Mahieddine, la danseuse arabe Salina, le comique sabir Jeannot 
        (note du site.- Joël Souday apporte, 
        en ce mars 2009, la précision suivante :" Il s'appelait donc 
        Jean CHIARINI dit Jeannot le sabir. Il devait être sur scène 
        dans les années 30 à 50. Il se présentait en djelabbah 
        blanche avec un fez. Il racontait des histoires en sabir. C'était 
        un comique. Je l'ai connu dans les années 55 alors qu'il avait 
        dejà fait un AVC, le laissant tès handicapé) 
        et le fameux orchestre Yaffi.
 ------------Puis, 
        M. le Danois, qui tint le rôle de Bicard dans " Le Crime 
        du Bouif " présenta, en fin de saison et après 
        la troupe Karsenty dont je parlerai tout spécialement, le très 
        célèbre " Choeur National Ukrainien " que 
        dirigeait Kiritschenko.
 ------------Ce 
        fut, je pense, le dernier acte directorial de M. Le Danois, remplacé, 
        en Octobre 1924, par M. Prunet.
 ------------Le 
        règne de M. Prunet dura un an. Jour pour jour. Ainsi, d'Octobre 
        1924 â Octobre 1925, M. Prunet fit jouer : " 
        Antar " ; " Gianni Schichi ", de Puccini ; " 
        La Hulla " ; " Le Voyage de Suzette " ; " 
        Aida " ; " Guillaume Tell ", avec le ténor 
        de grand opéra Guys. Il donna des récitals admirables : 
        le violoniste Jacques Thibaut ; les pianistes Marguerite de Gavardie et 
        Madeleine Grovlez; la cantatrice Mlle Sanderson. Il reçut la troupe 
        " Italica ", pour 
        les débuts de Mile Bianca Cherardi, dans " Sonnambula 
        " ; la troupe de la Porte Saint-Martin 
        (" Cyrano de Bergerac " ; " La Dame aux 
        Camélias " ; " L'Ami Fritz " ; " Mademoiselle 
        Josette ma femme " ; " Montmartre ") ; la tournée 
        du " Ballet russe " 
        enfin, le Théâtre de Mosaïka, avec la basse chantante 
        Cleb Glébor.
 
 ------------En Octobre 
        1925, commença l'heureuse carrière du Directeur 
        Victor Audisio et du chef d'orchestre Saigne, successeur de Kam. Carrière 
        laborieuse et méritoire, que nous allons suivre avec une attention 
        plus soutenue.
 ------------Saison 
        1925-1926 : Lyse Charny chantait dans " Samson et Dalila 
        ", " Colombo ", " Messaline " ; Mme Marie 
        Viard et Banuls dans " La Tosca " ; Rose Helbronner, 
        dans " Thaïs " ; le ténor Razavet, dans " 
        Werther " ; le baryton Georges Petit, dans " La Farce 
        du Cuvier " et " Boris Godounov " ; Mme Ritter Ciampi 
        prêtait son concours aux " Concerts symphoniques " 
        et jouait " Les Noces de Figaro ". Marguerite Soyer était 
        applaudie dans " Quand la cloche sonnera ", de Bachelet 
        ; Marcelle Demougeot et Berthon, dans " La Walkyrie " 
        ; Mme Germaine Vix et Banuls, dans " La Fille du Far-West ", 
        de Puccini ; Paul Franz et Mme Abby Richardson, dans " Samson 
        et Dalila " ; le ténor Yché et Mlle Téclar, 
        dans " Le Gardian ".
 ------------On 
        applaudissait encore le violoncelliste Maurice Maréchal ; la cantatrice 
        Jane Bathori ; les merveilleux danseurs russes Sakharoff ; les grandes 
        vedettes de l'opérette moderne Aurlec, Jane Lacoste, Marthe Ferrare 
        ; la tournée des Villes d'Or : Jane Delvair, Albert Lambert, de 
        la Comédie Française.
 ------------Le 
        violoniste Jacques Thibaut et la danseuse espagnole Argentina, se partagèrent 
        les premiers enthousiasmes de la saison 1926-1927, 
        qui devait briller entre toutes. Je rappellerai simplement le triomphe 
        de Charles Friant, dans " Manon ", " La Tosca ", 
        "Werther ", " Le Jongleur de Notre-Dame " ; le 
        triomphe du pianiste José lturbi, de la violoncelliste Lucienne 
        Radisse, accompagnée par Raoul de Galland ; des danseurs Malkowsky 
        et Ltinova ; du ténor Pédro La Fuente, dans " Guillaume 
        Tell ".
 ------------Je 
        rappellerai en outre la création de " Aboul Hassan 
        " par la troupe arabe Zahia ; et, avec la Tournée des Villes 
        d'Or, les représentations du " 
        Théâtre de l'Oeuvre " : " Les 
        Deux Amis ", " La sonate à Kreutzer ", " Mon 
        gosse de père "..., très agréablement interprétés 
        par Dagmar Gérard, Blanche Jorge, Jacques Séol, Léonce 
        Détroyat.
 ------------Les 
        tournées Malinconi illustrèrent également cette époque. 
        Qui ne se souvient de " Nono Nanette ", de " La danse 
        des Libellules ", de " Pas sur la bouche ", de " La 
        Bayadère " ?
 
 ------------1927-1928. 
        - Récital de piano et de violon Benvénuti et Monvoison ; 
        succès de Rose Elsie dans " La Tosca " ; création 
        de "Résurrection ", avec Jeanne Myrtale et Graux 
        ; concert Berthe Erza, où se fit applaudir la pianiste Génia 
        Néménoff ; récital Walter Rummel ; récital 
        Alfred Cortot ; récital Lacombe-Olivier ; récital de chant 
        Maddalena d'Avezzo ; récital Rubenstein.
 ------------Représentations 
        d' " Orphée ", avec Alice Raveau ; de " Lakmé 
        ", de " Sapho ", avec José Trévi et 
        Madeleine Beyre ; de "Faust ", de " Fidélio 
        ", avec Bertin-Angenot et Rose Helbronner ; de " La Dame 
        Blanche ", " Manon ", " Lakmé ", avec 
        le ténor Miguel Villabella.
 ------------Représentations 
        encore de Louis Douglas, le partenaire de Joséphine Baker dans 
        " La Revue Nègre "; représentations du 
        Théâtre du Coq d'Or ; création de " Oletta, 
        la fille du Corse ", avec Jane Bourguignon et René Lapelleterie 
        ; grand festival de musique et de danse Théodore Szanto et Madika 
        ; ballets fantastiques de Loïe Fuller ; soirées de " 
        El-Moutribia ", avec le jeune et talentueux pianiste indigène 
        Iguerbouchen ; Tournées Rasimi et avec elles " La revue 
        étincelante ".
 ------------Enfin, 
        pour cette saison chargée, représentations de la troupe 
        du Châtelet, et la grande féerie Orientale : " Le 
        Pêcheur et le Génie ou le Roman d'un Prince ", remarquablement 
        interprété par Mlles Sadallah, Ghazala et le ténor 
        Mahieddine.
 ------------Grâce 
        à l'initiative prodigieuse de Raoul de Galland, l'Opéra 
        d'Alger vécut en 1928, l'une 
        des plus belles pages de son histoire : festivals de musique française 
        et étrangère, donnés par la musique de la Garde Républicaine, 
        au complet, sous la direction de son chef éminent, le capitaine 
        Dupont, aujourd'hui commandant.
 ------------Manifestations 
        impressionnantes, profondément marquées dans nos mémoires 
        et sur lesquelles je ne crois pas utile d'insister.
 ------------J'associerai 
        à ce souvenir heureux, celui laissé dans les annales de 
        l'Opéra, par le passage d'une autre musique militaire de grande 
        classe, particulièrement appréciée des algériens 
        : celle de la Légion Etrangère.
 
 ------------1928-1929 
        : excellente saison aussi. Ce sont, dans l'ordre chronologique : Mlle 
        Andrée Cortot, de l'Opéra, dans " La Tosca " 
        et " Dans l'ombre de la Cathédrale " ; Mlle Vava 
        Yakowléva, dans " Manon " ; la production du fameux 
        jazz à deux pianos : Wiéner et Doucet ; le récital 
        Lucien Wurmser, pianiste ; le récital Eugène Reuschel, pianiste 
        ; le gala vocal et instrumental Alicita Félici et J. de Souza-Lima. 
        Les représentations de Gabrielle Robinne et René Alexandre 
        : " Les Marionnettes ", " Mon ami Tedde ", " 
        Robert et Marianne ", " Le Demi-Monde ", " Samson 
        ". La création de " Z'Riberrane ", comédie 
        en arabe parlé, de Bil Laikdar, interprétée par Dahmoun 
        et Kssenteni. La première audition, sous les auspices des Amis 
        de la Musique, du quatuor Kretly. Le festival, vocal et instrumental, 
        Morcelle Gérard et Suzie Welty. La représentation de la 
        revue arabe : " Djezo r ou Tounis ", avec la vedette 
        tunisienne Fadila Khetmi. Le grand succès de Liliane Colty, une 
        algéroise, dans " La Veuve Joyeuse " et " La 
        Danse des Libellules ".
 ------------C'est 
        la représentation du drame lyrique d'Emile Zola : " L'attaque 
        du Moulin ", avec Franz Kaisin, Mlles Trina di Gastardi, Abby 
        Richardson. Le gala d'Opéra italien, avec Amélia Savettiéri, 
        Idda Ferrera, Franco Corbetta, Renato Mazzanti. Le gala Jacques Thibaut, 
        violoniste et Georges de Launay, pianiste. La semaine du Théâtre 
        du Grand Guignol. Le gala des Villes d'Or avec Madeleine Roch, Colonna-Romano, 
        Froment, Romuald Joubé...
 ------------Mon 
        vieil ami Léopold Gomez, un oranais, passé avec armes et 
        bagages au cinéma, fit jouer à cette époque, au Municipal, 
        une pièce d'inspiration cornélienne : " Jacques 
        Grandval ", fort bien accueillie par la presse et par le public.
 Léopold Gomez est, je crois, le plus exigeant des metteurs en scène. 
        Il pousse son désir de perfection au delà des limites permises. 
        Je l'ai vu modifier le texte de ses comédies au cours des représentations. 
        Mais, aussi exigeant qu'il soit, l'est-il autant que le fut Voltaire ? 
        Non, certes. On a raconté que Voltaire ennuyait tellement ses interprètes 
        avec d'incessantes corrections, qu'une actrice, Mlle Desmares, lui ferma 
        sa porte. Comme il lui glissait encore des rectifications par le trou 
        de la serrure, elle boucha ce trou. Alors, Voltaire ayant appris que Mlle 
        Desmares donnait un grand dîner, lui envoya un pâté 
        de perdrix. Quand on ouvrit le pâté, douze perdrix tenaient 
        dans leur bec plusieurs billets mentionnant les vers à retrancher, 
        à ajouter ou à modifier dans le rôle de Mlle Desmares...
 ------------Je 
        dirai en passant, et à ce propos, que le Théâtre de 
        Voltaire ne fut pas, toujours, des mieux appréciés. Dans 
        son " Adélaïde Duguesclin ", jouée 
        à Alger en 1860, un personnage demande à Coucy
 ------------- 
        Es-tu content, Coucy ?
 ------------À 
        quoi tout le parterre d'une grande ville de province répondit un 
        jour : Couci, couça !
 ----------M. 
        Victor de Cottens succéda à M. Audisio. Nous devons à 
        M. de Cottens pour la saison 1929-1930 
        : " La Tosca ", avec Marguerite Soyer et Edmond Fraikin 
        ; " Les Contes d'Hoffmann ", avec Julien Lafont, de l'Opéra-Comique 
        ; " Manon ", avec Augusta Garcia, de l'Opéra-Comique 
        et Soria, de l'Opéra ; " Rigoletto ", avec 
        M. Cahuzac et Mlle Nina d'Ambra ; " Le Barbier de Séville 
        ", avec le ténor Baronnie et Yvonne Brothier, de l'Opéra-Comique 
        ; " Lohengrin ", avec Mireille Berthon, de l'Opéra 
        ; " Hérodiade ", " Aida ", avec Mono 
        Velly, une algérienne au joli talent et Morini, de l'Opéra 
        ; " Mme Butterfly ", avec Marthe Lebasque, de l'OpéraComique 
        ; " Guillaume Tell ", avec Alexandre Guys ; " La 
        Juive ", triomphe de Sullivan, de l'Opéra et de Mono Velly. 
        Je passe sur l'accueil toujours chaleureux réservé aux troupes 
        parfaites du " Grand Guignol ", 
        des Galas Karsenty, du Gala Oriental, du Théâtre du petit 
        monde, fondé par Pierre Humble.
 
 ------------M. de Cottens sut donner un attrait 
        peu commun à la saison 1930-1931. 
        Cette saison débuta par deux créations, qui valurent au 
        jeune ténor Lenzi, à MM. Bayle et Leroy un succès 
        des plus encourageants : " Ali Baba " et surtout : " 
        Hans le joueur de flûte ", de Louis-Ganne, dont je salue 
        ici l'attachante mémoire. Louis Ganne, on ne l'ignore pas, est 
        l'auteur admirablement inspiré de " La Marche Lorraine 
        ", de la chanson patriotique : " Le Père la Victoire 
        " ; l'auteur des opérettes : " Cocorico " 
        et " Les Saltimbanques " ; l'auteur encore de nombreuses 
        mélodies, ballets, chorales, etc...
 ------------Lenzi, 
        Parian, Massart, Mmes Bayle, Gabrielle Olive, Mlle Dechenne, chantèrent 
        aussi dans " Le Grand Mogol ", " La Poupée ", 
        " La Basoche ", " Marouf ", " Le Tzarewitch ", 
        " La dernière valse "...
 ------------Guy 
        Cazenave chanta dans " Hérodiade ". Georges Genin, 
        de l'Opéra-Comique et Mme Lempers, de la Monnaie, dans " La 
        Tosca " ; Mme Richardson, dans " Louise ". Mme 
        Cécile Sorel joua " L'Aventurière ", " 
        Le Demi-Monde ", " La mégère apprivoisée 
        "...
 ------------Aux 
        mérites appréciés de M. de Cottens, s'ajoute incontestablement 
        celui d'avoir su confier, un moment, la baguette de chef d'orchestre à 
        M. Ingelbrecht, dont la personnalité, la science, firent impression. 
        On se souvient aussi de Mme Ingelbrecht qui fut, sous le nom de Carina 
        Ari, une exquise maîtresse de ballet.
 ------------Qu'il 
        me soit permis d'ouvrir ici une parenthèse et de rappeler à 
        propos de la Danse, qui brilla particulièrement sur notre scène, 
        les noms évocateurs d'Emilienne Rousseau, la charmante femme de 
        Durozoy, maître de danse, partenaire de Carina Ari ; les noms, que 
        je cite au hasard du souvenir, de : Amalia-Sberna ; Régia Baudino 
        ; de Vignon ; Patti ; Denis, qui fut engagée à la Monnaie 
        ; Nelsy Dambre ; Darsonval, première danseuse étoile de 
        Paris ; Duscha Lesprilova ; Eglevski ; Ledda Quinelly ; Kett ; Ferri-Carozzi, 
        qui créa à Alger le délicieux ballet-pantomime: " 
        Coppélia ", de Léo Delibes et Ch. Nuitter, archiviste 
        de l'Opéra de Paris.
 
 ------------En 
        Octobre 1931, M. Victor Audisio reprit sa place à la 
        tête du Municipal. Il sut, au cours des années qui suivirent, 
        s'assurer l'inestimable concours d'artistes en renom et aussi, celui de 
        Chefs d'orchestre que je n'hésiterai pas à classer parmi 
        les meilleurs : Spenderman ; Subtil ; Fernand Masson, chef d'orchestre 
        de l'OpéraComique ; Albert Wolff, Directeur des Concerts Lamoureux 
        ; Fourestier ; Stekel, et le très sympathique Georges Riva, d'Alger.
 ------------" 
        Werther " et " Messaline ", avec Suzanne Duman et Yché, 
        tinrent l'affiche au début de la saison 1931-1932. 
        Puis, ce fut la création de " Dante ", avec Beckmans 
        et Legros ; " La peau de chagrin ", avec le ténor 
        Charles Friant, Vera Peeters et Rose Helbronner ; " Hérodiade 
        ", avec Mlle Rémusat ; " Le Voyage en Chine ", 
        avec Berthe Erza ; " Manon ", avec André Burdino, 
        de l'Opéra ; " La Bayadère ", avec René 
        Gerbert ; " La Bataille ", une seconde création, 
        avec Marthe Coiffier, de l'Opéra-Comique ; " Madame Butterfly 
        ", avec José Janson ; " La Juive ", " 
        L'Africaine ", " Les Huguenots ", avec le ténor 
        John Sullivan...
 ------------J'accorderai 
        toutefois, une mention spéciale à la très belle représentation 
        de la " Tétralogie ", de Wagner (L'Or du Rhin, 
        Walkyrie, Siegfried, Crépuscule des Dieux) avec le grand ténor 
        Forti, qui s'imposa comme le meilleur des interprètes Wagnériens 
        ; avec la cantatrice hollandaise, d'origine allemande, Poohnann-Heissner 
        qui interpréta Wagner sur les plus grandes scènes d'Europe 
        ; avec Mlle Suzanne Masson, une toute jeune lauréate du Conservatoire, 
        dans les rôles de Freïa, Sieglinde, Gutrume ; avec enfin, le 
        chef d'orchestre Steckel, premier chef d'orchestre de l'Opéra de 
        Vienne.
 ------------M. 
        Audisio fit encore représenter l'opérette, avec Mlles Sigall, 
        Ida Relli ; MM. Godard, Saint Prés, Lenzi. Il accueillit sur notre 
        scène les merveilleux danseurs Clotilde et Alexandre Sakharoff 
        ; La Térésina ; La Joselita. Il engagea le ténor 
        espagnol Miguel Fléta ; le choeur des Cosaques du Don, dirigé 
        par Serge Jaroff ; la troupe égyptienne Fatima Rouchdy...
 
 ------------" 
        Pelléas et Mélisande ", de Debussy, ouvrit la 
         saison 1932-1933 et permit à 
        Simone Berriau de se distinguer vraiment une nouvelle fois. Cependant, 
        Forti, Beckmans, Madeleine David et Suzanne Duman jouèrent : " 
        Tannhauser " et " Tristan et Ysolde ", de Richard 
        Wagner. Lucie Perelli et Vera Peeters, jouèrent " La Femme 
        nue ". Ritter Ciampi joua " Les Noces de Figaro ". 
        José Janson chanta " Le Pays du Sourire ". Agnès 
        di Véraldi, Larthy, de Courcelles, Sumkay, figurèrent dans 
        la distribution de " Manon " et le baryton José 
        Beckmans dans celle des " Contes d'Hoffmann " et de " 
        Joséphine vendue par ses sceurs " où Mme Féraldi 
        fut sa partenaire. Ritter Ciampi et Rudolph Schwartz, créèrent 
        à Alger " L'enlèvement au Sérail ". 
        Le ténor Lucien Daninos fit impression dans " Hérodiade 
        " et " Rigoletto "...
 ------------Je 
        retiendrai, de cette saison, le passage de Robinne et de René Alexandre 
        qui donnèrent : " Samson " ; " La Parisienne 
        " ; " Poil de Carotte " ; " Amoureuse " ; 
        " Le Cyclone ", de Somerset Maughan. Je retiendrai aussi 
        le gala musical, sous la direction de Spandermans ; le récital 
        Bronislaw Huberman, violoniste ; le gala des Concerts Lamoureux, sous 
        la direction combien remarquable de M. Albert Wolff ; enfin le récital 
        Walter Rummel.
 
 ------------M. 
        Audisio, malgré les obstacles, réussit à donner à 
        la saison 1933-1934 un agrément 
        exceptionnel. En dehors des programmes habituels, sur lesquels nous ne 
        reviendrons pas, cette saison nous valut, notamment, le récital 
        du violoniste Kubélik ; les représentations du Théâtre 
        de la Porte SaintMartin, dirigées par Romuald Joubé ; le 
        grand gala russe, qui présenta, entré autres, un drame musical 
        : " La Khovantchina ", un opéra-comique ; " 
        La foire de Sorotchinzi " et le drame lyrique : " Boris 
        Godounov " ; le grand gala italien, avec Guiseppe Traverso et 
        Fulvia Trévisani ; le Théâtre du petit monde, où 
        nous étonnèrent Michel et Philippe Monda, Nelly Bouchardeau, 
        Janine Boldés, Géo Fontex... ; le récital du pianiste 
        Marcel Ciampi ; la création de " Dardanus " ; 
        le récital du guitariste espagnol Ségovia ; les récitals 
        de danse : Argentina ; Bonifacio ; Mercédés Dalman ; le 
        récital de chant et de piano Ninon Vallin ; le récital de 
        piano Jacqueline Nourrit...
 ------------Et 
        je n'aurai garde d'oublier, dans cette sèche énumération, 
        le passage de Lily Djanel, mezzo soprano du Théâtre 
        Royal de la Monnaie, qui chanta " Carmen ", 
        " La vie brève ", " Salomé " ; le 
        passage du baryton Ponzio, de l'Opéra ; du ténor José 
        Janson ; du ténor Tougne ; de la célèbre chanteuse 
        japonaise Tinay Arel Hao (Mme Butterfly) ; du ténor Titto Schipa, 
        accompagné du pianiste compositeur Bénato Bellini...
 
 ------------Quelques comédies, comme " 
        L'école des contribuables ", de Verneuil et Beer ; " 
        La menace ", de Pierre Frondaie ; " Maître Bolbec 
        et son mari " ; " L'Amant de coeur ", tinrent 
        l'affiche durant les premières semaines de la saison 1934-1935. 
        Elles furent suivies des représentations de Gaby Morlay et de Constant 
        Rémy " Félix ", " Il était une 
        fois ", " Mademoiselle ma mère "...
 ------------Puis, 
        Mlle Bréka et Anzani, chantèrent " La Tosca 
        " ; Mlle Ardoino et Lignon, " Carmen " ; le baryton 
        Yves Noël, de l'Opéra, " Rigoletto " ; Lily 
        Djanel et le ténor Luccioni, " Le Roi d'Ys " et " 
        Hérodiade " ; Miguel Villabella chanta " Manon 
        " et " Lakmé " ; José Janson, " 
        Valses de Vienne ", et son succès " Le Pays 
        du Sourire ".
 ------------Le 
        chansonnier Lucien Bayer et la comédienne Bertrande, de l'Odéon, 
        évoquèrent pour notre plaisir, l'épopée de 
        Montmartre et nous redirent de bonnes vieilles chansons.
 ------------Jacques 
        Thibaut, Walter Rummel donnèrent un récital. Raimu, Orane 
        Demazis, Charpin, se firent acclamer dans " Marius " et " 
        Fanny ".
 ------------M. 
        Audisio fit encore jouer " La Fille du Tambour Major " 
        au bénéfice du Musée Franchet d'Espérey.
 
 ------------M. 
        Joseph Seiberras succéda à M. Audisio le 3 Novembre 1935. 
        Le nouveau Directeur sut équilibrer, assez heureusement, la 
        saison 1935-1936.
 ------------Il 
        faut reconnaître tout de suite, que la charge devenait chaque jour, 
        plus lourde et difficile. Néanmoins, M. Seiberras engagea de très 
        bons artistes : le baryton Jean Hirigaray, Mlle Nadia Dauty, le ténor 
        Georges Thil et Jeanne Manceau, qui jouèrent " Werther 
        ", " Carmen ", " Samson et Dalila " ; le 
        ténor Luccioni ; le ténor Faniard, de l'Opéra, remarquable 
        dans " La Walkyrie " ; Mme Garcia-Frappa et Lignon, interprètes 
        choisis de " Manon ", etc...
 ------------J'aurai 
        un mot pour l'opérette : " Les Cloches de Corneville " 
        ; " Rêve de Valse " ; " Le Petit Duc " ; " 
        Le Soldat de Chocolat ", de Strauss ; " L'Auberge du 
        Cheval blanc " ; " Paganini " (les cadences de Paganini 
        furent jouées par M. Le Meitour) et pour le Théâtre 
        du petit monde ; pour le récital de la pianiste hongroise Lili 
        Kéléti ; pour le succès de Constant Rémy dans 
        " Le Tribun " et " Après l'amour ". 
        Un mot pour le Grand Guignol et le titre éminemment suggestif des 
        pièces inscrites à son répertoire : " Les 
        Pervertis " ; " Les Crucifiés " ; " Le baiser 
        dans la nuit "...
 ------------Gaby 
        Morlay ouvrit la saison 1936-1937, 
        avec " Le Messager " et " Le fauteuil 47 ", 
        de Louis Verneuil.
 ------------Les 
        galas Karsenty lui succédèrent.
 ------------On 
        connaît les galas Karsenty. 
        Ils restent fidèles à notre scène, lui apportant 
        le meilleur des productions parisiennes, avec les créateurs mêmes 
        du rôle. Parmi eux : Jeanne Provost ; Boumer ; Jane Marnac ; Varennes 
        ; Marcelle Géniat ; Renoir ; Michel Simon ; Madeleine Renaud ; 
        Vera Sergine ; Maurice Varny ; Jean Sarment ; Harry Baur ; André 
        Pascal ; André Luguet ; Jeanne Boitel ; Pierre Dux ; Aquistapace 
        ; Charlotte Lysés ; Jeanne Véniat, et j'en passe, qui se 
        produisirent dans de très nombreuses pièces : " Le 
        veilleur de nuit " ; " La Poule " ; " Les amants de 
        Suzy " ; " Frou-Frou " ; " La Dame aux Camélias 
        " ; "Sapho " ; " La Marche Nuptiale " ; " 
        La Bataille " ; " La souriante Madame Beudet " ; " 
        Topaze " ; " Jean de la lune " ; "L'Appassionnata 
        " ; " Fédora " ; " Les ailes brisées 
        " ; " La gardienne " ; " Le Rosaire " ; " 
        Le pêcheur d'ombres " ; " Poliche " ; " Jazz 
        " ; " La prisonnière " ; " Bichon " ; 
        " Espoir " ; "Trois, six, neuf ", etc..., etc...
 ------------Un 
        premier cycle de l'opérette moderne occupa la seconde partie de 
        cette saison, avec " Phi-Phi " ; " Le Comte Obligado 
        " ; "Trois jeunes filles nues " ; " Flossie "... 
        et fut suivi, après les représentations du " 
        Théâtre du petit monde ", d'un second 
        cycle l'opérette viennoise, dont on connaît les plus populaires 
        succès : "Le Pays du Sourire " ; " Paganini " 
        ; " La Veuve Joyeuse " ;
 o Comtesse Maritza " ; " Chanson d'amour " ; " Princesse 
        Czardas " ; " Valse de Vienne " ; " La chaste Suzanne 
        "...
 
 ------------Du 
        16 au 28 Février, le Municipal reprenait 
        l'opérette moderne : "Couchette N° 3 " ; " 
        Yes " ; " Pas sur la bouche " ; " Lulu "... 
        et donnait un dernier gala Karsenty.
 ------------Cette 
        saison nous fit connaître de bons artistes. Vedettes du cinéma, 
        comme Katia Lowa, Géo Valdi, Gaby Morlay. Vedettes du disque, comme 
        Willy Thunis et Georgette Simon, créateurs du "Pays du 
        Sourire ", de Lehar ; Robert Burnier, créateur de " 
        La Poule " ; Germaine de Réville, Christiane Dor, Max 
        Raoul. Cette saison nous fit connaître encore ou revoir des concertistes, 
        comme Ségovia, Térésina, Jacques Thibaut, Medselsky, 
        Rubestein ; des cantatrices, comme Lotte Schoëne.
 
 ------------Le théâtre ferma ses portes 
        le 3 Avril 1937 et ne les rouvrit que le 18 
        Décembre 1939, c'est-à-dire, quand les architectes 
        Taphoureau et Guermonprez, chargés des importants travaux de réfection 
        dont nous allons parler, eurent brillamment joué leur rôle 
        et que commença celui de M. Maurice Carrié, Directeur-Administrateur.
 ------------La 
        personnalité de M. Carrié, chargé de diriger, conjointement 
        avec le nôtre, les Opéras de Nice et de Marseille, vaut qu'on 
        s'y arrête. Nous connaissons en lui, non seulement un artiste des 
        plus distingués, un baryton réputé que nous applaudîmes 
        naguère sur notre scène ; mais encore un homme d'action, 
        un administrateur remarquable, qui allie aux plus sûres qualités 
        de tact, de méthode et de goût, de séduisantes qualités 
        d'esprit.
 ------------J'accorderai 
        également aux collaborateurs si parfaitement choisis de M. Carrié, 
        la part d'attention qu'ils méritent. Parmi eux, je mettrai au premier 
        plan M. Dieudonné.
 ------------M. 
        Dieudonné, Directeur de la scène, metteur en scène, 
        s'acquitte admirablement d'une tâche difficile, compliquée, 
        épineuse. Il possède, pour cela, toute la science et l'autorité 
        voulues. Je me plais à reconnaître que cet homme aimable, 
        d'accueil charmant, m'a été d'un bien grand secours.
 
 ------------Et certainement, ces éphémérides 
        seraient incomplètes, si je ne parlais en terminant du rôle 
        extra-théâtral que notre Opéra fut souvent appelé 
        à jouer.
 ------------Les 
        sociétés de secours mutuels, et notamment les plus anciennes, 
        " Les Arts et Métiers d'Alger " et " La Famille 
        ", y donnèrent eurs galas de bienfaisance ; le Comité 
        des Fêtes ses inoubliables Végliones ; les Etudiants leurs 
        bals officiels, que présidait toujours le Gouverneur Général. 
        Et je noterai à part, parce qu'il était le plus remarqué 
        et le plus suivi, le bal annuel de la " Société de 
        Tir d'Alger ".
 ------------Hier 
        encore, des spahis sabre au clair, étagés sur les marches 
        de pierre, àccueillaient, indifférents et superbes, le flot 
        ininterrompu des invités.
 ------------Hier 
        encore, les hautes voûtes retentissaient jusqu'aux lueurs de l'aube, 
        de cris, de chants et de rires...
 
 
 ------------Oublierai-je les conférenciers 
        ? Ils y parlèrent, nombreux.
 ------------Je 
        citerai entre cent et parmi les contemporains : Paul Chack, Georges Duhamel, 
        Valmy-Baysse, Marcel Berger, René Benjamin, Léon Daudet, 
        le Professeur Picard, Jean Tharaud, Benjamin Crémieux, Louis Fabulet, 
        Jules Romains, Henry Prunières, Georges Wagner, Mme Dussane, Henri 
        Torrès, José Germain, Léon Poirier, Colette...
 Colette avait choisi pour sujet : " De l'autre côté 
        de la rampe ". Elle évoquait là, avec cet humour 
        et ce pittoresque qui font le sel de son beau talent, sa carrière, 
        d'ailleurs éphémère, au Musichall.
 ------------Je 
        me trouvais sur le plateau avec plusieurs de mes confrères de la 
        presse algéroise, quand Madame Colette, recevant les privilégiés 
        à l'issue de sa très spirituelle conférence, eut 
        ce mot savoureux, que je tiens à rapporter sans y changer un iota
 ------------- 
        " Revenir vous parler de moi sur ces vieilles planches ? Que nenni 
        ! Elles craquent à fendre l'âme, et j'aurais bien trop peur 
        de m'y casser la g... ! "
 
 
 ------------Allons, 
        le remaniement de l'Opéra de Chassériau était nécessaire.
 
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