HISTOIRE de L'OPÉRA D'ALGER
Épisodes de la vie théatrale algéroise
1830-1840
Fernand Arnaudiès

1920 - 1939 pages 199 à 222

 
sur site le 27-11-2004...dans un mois, papa Noel sera déjà passé !!!
L'OCR a laiisé des "coquilles" que je n'ai pas reprises. Veuillez me pardonner. Vous pouvez me les signaler..
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------------J'insisterai moins, beaucoup moins, sur les éphémérides de l'après-guerre, que je daterai de Janvier 1920.
------------Ce fut sans doute, pour le théâtre d'Alger, une époque vibrante; mais assez superficielle. Non pas qu'elle péchât par l'indigence du répertoire ou la médiocrité des acteurs. Au contraire. Jamais, semble-t-il, répertoire ne fut plus varié, plus agréablement servi. Mais je prétends que la vieille maison de Chassériau n'est pas animée aujourd'hui de ce même souffle profond qui l'animait autrefois.
------------Ainsi, l'amateur, qui faisait le charme de cette maison et le charme de sa vie intime, s'en est détaché peu à peu, parce qu'il n'y a point retrouvé et qu'il n'y retrouve point, cette ambiance ouatée, familière, accueillante, faite pour lui, à son goût, à son image, et qui répondait si bien à ses aspirations.
------------Pourquoi ? Mon Dieu, pour beaucoup de raisons.
------------Les bonnes gens diraient
------------- " C'est un signe des temps ! "

------------De 1920 à la veille du remaniement Taphoureau et Guermonprez, il y aurait beaucoup de pages à écrire. Mais ces quelques quinze ans sont trop près de nous, pour que j'en vienne gâter le souvenir vivace par une vaine littérature.
------------Aussi bien, vais-je m'en tenir aux créations ou aux reprises qui firent certain bruit et n'irai-je guère au delà.

***

------------1920 vit le succès de nombreux artistes. Leurs noms se pressent sous ma plume. Il y eut Maurice Carrié (qui devait, dix-neuf ans plus tard, prendre la direction de notre scène), Planquelle, Parayre, Péral, Chavrat, Baronnie, Charat ; Mmes Clerc, Martine, Jane Bourgeois, qui jouèrent : " L'Africaine ", " Les Huguenots ", " La Favorite ", " Werther ", " Hérodiade ", " La Juive ", " Faust ", " Don Quichotte ", " Sigurd ", " Le Trouvère ", " Messaline ". Il y eut le célèbre ténor Angel, dans " Manon ", " Carmen ", " La Tosca ", " La Vie de Bohême ", " Guillaume Tell ". Il y eut Sardou, dans les rôles de Julien, de " Louise " et de Pinkerton, de " Madame Butterfly ". Il y eut Mme Neuillet-Caussade, dans " La Cocarde de Mimi Pinson " et " La Poupée ".
------------Il y eut enfin Gabrielle Robinne, de la Comédie Française, qui joua : " L'Aventurière ", d'Emile Augier ; " Les Marionnettes ", de Pierre Wolf ; " Amoureuse ", de Porto-Riche ; " La Parisienne ", d'Henri Becque.
------------Mme Robinne était accompagnée de Mme Lutèce et de MM. Damorés, André Luguet, Edmond Vallée et Montbars.

------------Sous la direction Savona (chef d'orchestre Ernest Montagné), nous applaudîmes en 1921 : Blanche Delimoges, Mme Viard, Mlle Pérelli, MM. Marcelin, Lapeyre, Rambaud, Saint-Georges, Garcia et Bracco, ce dernier devenu professeur à la Société des BeauxArts d'Alger.
------------Nous applaudîmes les mêmes artistes dans : " La Fille du Tambour Major ", " Miss Hélyett ", " Manon " (le menuet du Roi dansé par Mmes Sakhy et Delcher) , " Boccace ", " Rip ", etc...
------------Nous eûmes, en représentation, Mme Jane Borel ; Mlle Garcia dans " Hamlet " ; Mlle Imbert, élève du professeur Bourbon, de l'Opéra, dans " La Tosca " ; Mme Léa de Perre, dans " Thaïs " ; le baryton Paul Portier, dans le rôle d'Athanaël, de " Thaïs " ; le comique Saint-Georges, dans " La Cocarde de Mimi Pinson " ; le ténor Charlesky, Mlle Lackmi-Riemain, M. Marzo, dans " La Favorite ". Nous eûmes encore les débuts de Mlle Castets, dans " Le Chalet " ; de M. Hennequin et de Mme Vassilieff, dans " Lakmé " ; de la divette parisienne Mary Malbos, dans " Véronique " et " La Demoiselle du Printemps ".
------------Quatre créations demandent surtout à être retenues : " Phryné ", de Saint-Saëns, qui assista à la représentation ; " Le ballet des Erinnyes ", de Massenet, dansé par Mmes Sakhy et Delcher ; " Ninon de Lenclos ", le grand succès de Mme Vassilief ; " Gismonda ".
------------Une soirée au bénéfice de l'OEuvre du Monument aux Morts ne doit, non plus, être oubliée.


------------La direction Savona me rappelle, pour l'Opéra d'Alger, un moment plutôt difficile de son existence.
------------Ce n'est un secret pour personne : les coffres de M. Savona étaient vides. Les circonstances peu favorables le voulaient ainsi. Or, M. Savona avait engagé deux artistes de grande classe : la chanteuse Mazarin et le ténor Di Falco, en vue de créer à Alger l'oeuvre maîtresse de Ponccielli : " La Joconde ". Les répétitions eurent lieu normalement. Les placards publicitaires firent tout le bruit désirable autour de cette première. Et le rideau se leva devant une belle salle.
Mais le ténor Di Falco ne parut point, quand ce fut son tour de paraître. Question d'appointements. La représentation fut ajournée et un huissier se mêla de l'affaire. Celle-ci tourna mal pour le ténor, qui fut contraint de verser à son Directeur le montant de la recette, remboursée sur-le-champ au public.
On s'en souvient, ce n'était pas la première fois qu'un acteur se refusait à entrer en scène, au Théâtre Municipal ; mais c'était bien la première fois qu'un huissier y fut appelé à jouer un rôle aussi inattendu.
------------L'huissier y revint d'ailleurs, plus tard, mais pour constater que le Régisseur passait plus de temps à dormir, qu'à s'occuper sérieusement de sa charge...

------------L'année 1921, vit enfin, dans une inoubliable soirée, la danseuse Napierkowska, célèbre par sa beauté et son talent. Prestigieuse dans ses mouvements, à la fois voluptueux et mystiques, elle dansait avec cette virtuosité extrême qui confine à l'inspiration.


------------" Samson et Dalila ", avec le concours des ballets russes, s'inscrivit au premier programme de 1922. On joua ensuite : " Le Chemineau ", avec Mme Mazarin ; " Aida ", avec le ténor Di Falco, revenu à de meilleurs sentiments et le baryton Maurice Carrié.
------------En Septembre, MM. Bitard et Julien étaient désignés par le Conseil Municipal pour succéder à M. Savona. Ils ouvrirent la saison 1922-1923 avec : " L'Abbé Constantin " et " Les Deux Orphelines " et donnèrent successivement : " La paix chez soi ", de Courteline ; " La porteuse de pain " ; " Le Bossu " ; " Le Député de Bombignac ", vaudeville de Bisson ; " Manon " et " La Tosca ", avec le ténor Rocca.
------------Le 14 Octobre 1923, M. Le Danois prenait la Direction du Théâtre, après le passage éphémère de MM. Bitard et Julien.

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Quelques artistes de tout premier ordre vinrent donner à la saison 1923-1924 un certain éclat : le ténor Rogatchewsky ; Mme Rose Elsie ; le ténor Angel ; Mme Sabran ; Mme Saiman ; Mlle Alexandrowicz ; Lanteri ; Blouse ; Mlle Nordi, qui jouèrent successivement dans " La Tosca " ; " Faust " ; " Rigoletto " ; " L'Arlésienne " ; " Marouf " ; " Thaïs " ; " Les Huguenots " ; " Gismonda " (Henri Février, Grand prix de Rome, dirigea l'orchestre).
------------Une représentation du répertoire du Vieux Colombier connut, dans le même temps, un succès de curiosité. On sait ce que furent ces tentatives de " déformation théâtrale " du Vieux Colombier, du Théâtre Alfred Jarry, et autres Théâtres d'avant garde, qui se proposaient, plus ou moins, par des moyens " spécifiquement théâtraux ", de contribuer à la ruine du théâtre tel qu'il existait alors en France !
------------Il me faut, quitte à traîner en longueur, vous donner une petite idée de ce que pouvait être le répertoire saugrenu du théâtre Alfred Jarry. La chose en vaut la peine.
------------Prenons : " Les Mystères de l'Amour " qui comportaient trois actes. " Dans le premier, nous dit un compte rendu, il ne se passait rien que l'on put retenir. Dans le second, un personnage faisait un rêve, nous permettant de voir un cercueil contenant un mannequin, auquel le personnage coupait la tête. Au troisième acte, ce personnage était couché dans un lit avec sa femme ; un garçon boucher entrait dans la chambre et repartait. Alors la femme sortait et revenait avec un enfant qu'elle venait de mettre au monde dans la coulisse. Cet enfant était placé sur la cheminée " pour remplacer une oeuvre d'art ". Il tombait et se cassait en mille morceaux. Un agent de police se précipitait et demandait des explications. On lui répondait : " C'est mon fils qui est tombé de la cheminée parce qu'il avait la rougeole. "
------------Lequel d'entre nous a compris ?
------------Mais revenons au Vieux Colombier et à ses essais sur la première scène algéroise. Le succès de curiosité dont je parlais un peu plus haut n'eut pas de lendemain. On pourrait compter ceux qui attachèrent le moindre intérêt à cette littérature symbolique de Nicolas Evereïnov : " La Mort Joyeuse ".
------------Les décors étaient d'inspiration cubiste.
------------Le brave Quignon en fut malade. Et il n'y eût pas que lui.
------------Afin de varier un tant soit peu le programme, M. Le Danois afficha " Le Simoun ", une oeuvre algérienne que firent valoir le ténor Mahieddine, la danseuse arabe Salina, le comique sabir Jeannot (note du site.- Joël Souday apporte, en ce mars 2009, la précision suivante :" Il s'appelait donc Jean CHIARINI dit Jeannot le sabir. Il devait être sur scène dans les années 30 à 50. Il se présentait en djelabbah blanche avec un fez. Il racontait des histoires en sabir. C'était un comique. Je l'ai connu dans les années 55 alors qu'il avait dejà fait un AVC, le laissant tès handicapé) et le fameux orchestre Yaffi.
------------Puis, M. le Danois, qui tint le rôle de Bicard dans " Le Crime du Bouif " présenta, en fin de saison et après la troupe Karsenty dont je parlerai tout spécialement, le très célèbre " Choeur National Ukrainien " que dirigeait Kiritschenko.
------------Ce fut, je pense, le dernier acte directorial de M. Le Danois, remplacé, en Octobre 1924, par M. Prunet.
------------Le règne de M. Prunet dura un an. Jour pour jour. Ainsi, d'Octobre 1924 â Octobre 1925, M. Prunet fit jouer : " Antar " ; " Gianni Schichi ", de Puccini ; " La Hulla " ; " Le Voyage de Suzette " ; " Aida " ; " Guillaume Tell ", avec le ténor de grand opéra Guys. Il donna des récitals admirables : le violoniste Jacques Thibaut ; les pianistes Marguerite de Gavardie et Madeleine Grovlez; la cantatrice Mlle Sanderson. Il reçut la troupe " Italica ", pour les débuts de Mile Bianca Cherardi, dans " Sonnambula " ; la troupe de la Porte Saint-Martin (" Cyrano de Bergerac " ; " La Dame aux Camélias " ; " L'Ami Fritz " ; " Mademoiselle Josette ma femme " ; " Montmartre ") ; la tournée du " Ballet russe " enfin, le Théâtre de Mosaïka, avec la basse chantante Cleb Glébor.

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En Octobre 1925, commença l'heureuse carrière du Directeur Victor Audisio et du chef d'orchestre Saigne, successeur de Kam. Carrière laborieuse et méritoire, que nous allons suivre avec une attention plus soutenue.
------------Saison 1925-1926 : Lyse Charny chantait dans " Samson et Dalila ", " Colombo ", " Messaline " ; Mme Marie Viard et Banuls dans " La Tosca " ; Rose Helbronner, dans " Thaïs " ; le ténor Razavet, dans " Werther " ; le baryton Georges Petit, dans " La Farce du Cuvier " et " Boris Godounov " ; Mme Ritter Ciampi prêtait son concours aux " Concerts symphoniques " et jouait " Les Noces de Figaro ". Marguerite Soyer était applaudie dans " Quand la cloche sonnera ", de Bachelet ; Marcelle Demougeot et Berthon, dans " La Walkyrie " ; Mme Germaine Vix et Banuls, dans " La Fille du Far-West ", de Puccini ; Paul Franz et Mme Abby Richardson, dans " Samson et Dalila " ; le ténor Yché et Mlle Téclar, dans " Le Gardian ".
------------On applaudissait encore le violoncelliste Maurice Maréchal ; la cantatrice Jane Bathori ; les merveilleux danseurs russes Sakharoff ; les grandes vedettes de l'opérette moderne Aurlec, Jane Lacoste, Marthe Ferrare ; la tournée des Villes d'Or : Jane Delvair, Albert Lambert, de la Comédie Française.
------------Le violoniste Jacques Thibaut et la danseuse espagnole Argentina, se partagèrent les premiers enthousiasmes de la saison 1926-1927, qui devait briller entre toutes. Je rappellerai simplement le triomphe de Charles Friant, dans " Manon ", " La Tosca ", "Werther ", " Le Jongleur de Notre-Dame " ; le triomphe du pianiste José lturbi, de la violoncelliste Lucienne Radisse, accompagnée par Raoul de Galland ; des danseurs Malkowsky et Ltinova ; du ténor Pédro La Fuente, dans " Guillaume Tell ".
------------Je rappellerai en outre la création de " Aboul Hassan " par la troupe arabe Zahia ; et, avec la Tournée des Villes d'Or, les représentations du " Théâtre de l'Oeuvre " : " Les Deux Amis ", " La sonate à Kreutzer ", " Mon gosse de père "..., très agréablement interprétés par Dagmar Gérard, Blanche Jorge, Jacques Séol, Léonce Détroyat.
------------Les tournées Malinconi illustrèrent également cette époque. Qui ne se souvient de " Nono Nanette ", de " La danse des Libellules ", de " Pas sur la bouche ", de " La Bayadère " ?

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1927-1928. - Récital de piano et de violon Benvénuti et Monvoison ; succès de Rose Elsie dans " La Tosca " ; création de "Résurrection ", avec Jeanne Myrtale et Graux ; concert Berthe Erza, où se fit applaudir la pianiste Génia Néménoff ; récital Walter Rummel ; récital Alfred Cortot ; récital Lacombe-Olivier ; récital de chant Maddalena d'Avezzo ; récital Rubenstein.
------------Représentations d' " Orphée ", avec Alice Raveau ; de " Lakmé ", de " Sapho ", avec José Trévi et Madeleine Beyre ; de "Faust ", de " Fidélio ", avec Bertin-Angenot et Rose Helbronner ; de " La Dame Blanche ", " Manon ", " Lakmé ", avec le ténor Miguel Villabella.
------------Représentations encore de Louis Douglas, le partenaire de Joséphine Baker dans " La Revue Nègre "; représentations du Théâtre du Coq d'Or ; création de " Oletta, la fille du Corse ", avec Jane Bourguignon et René Lapelleterie ; grand festival de musique et de danse Théodore Szanto et Madika ; ballets fantastiques de Loïe Fuller ; soirées de " El-Moutribia ", avec le jeune et talentueux pianiste indigène Iguerbouchen ; Tournées Rasimi et avec elles " La revue étincelante ".
------------Enfin, pour cette saison chargée, représentations de la troupe du Châtelet, et la grande féerie Orientale : " Le Pêcheur et le Génie ou le Roman d'un Prince ", remarquablement interprété par Mlles Sadallah, Ghazala et le ténor Mahieddine.
------------Grâce à l'initiative prodigieuse de Raoul de Galland, l'Opéra d'Alger vécut en 1928, l'une des plus belles pages de son histoire : festivals de musique française et étrangère, donnés par la musique de la Garde Républicaine, au complet, sous la direction de son chef éminent, le capitaine Dupont, aujourd'hui commandant.
------------Manifestations impressionnantes, profondément marquées dans nos mémoires et sur lesquelles je ne crois pas utile d'insister.
------------J'associerai à ce souvenir heureux, celui laissé dans les annales de l'Opéra, par le passage d'une autre musique militaire de grande classe, particulièrement appréciée des algériens : celle de la Légion Etrangère.

------------1928-1929 : excellente saison aussi. Ce sont, dans l'ordre chronologique : Mlle Andrée Cortot, de l'Opéra, dans " La Tosca " et " Dans l'ombre de la Cathédrale " ; Mlle Vava Yakowléva, dans " Manon " ; la production du fameux jazz à deux pianos : Wiéner et Doucet ; le récital Lucien Wurmser, pianiste ; le récital Eugène Reuschel, pianiste ; le gala vocal et instrumental Alicita Félici et J. de Souza-Lima. Les représentations de Gabrielle Robinne et René Alexandre : " Les Marionnettes ", " Mon ami Tedde ", " Robert et Marianne ", " Le Demi-Monde ", " Samson ". La création de " Z'Riberrane ", comédie en arabe parlé, de Bil Laikdar, interprétée par Dahmoun et Kssenteni. La première audition, sous les auspices des Amis de la Musique, du quatuor Kretly. Le festival, vocal et instrumental, Morcelle Gérard et Suzie Welty. La représentation de la revue arabe : " Djezo r ou Tounis ", avec la vedette tunisienne Fadila Khetmi. Le grand succès de Liliane Colty, une algéroise, dans " La Veuve Joyeuse " et " La Danse des Libellules ".
------------C'est la représentation du drame lyrique d'Emile Zola : " L'attaque du Moulin ", avec Franz Kaisin, Mlles Trina di Gastardi, Abby Richardson. Le gala d'Opéra italien, avec Amélia Savettiéri, Idda Ferrera, Franco Corbetta, Renato Mazzanti. Le gala Jacques Thibaut, violoniste et Georges de Launay, pianiste. La semaine du Théâtre du Grand Guignol. Le gala des Villes d'Or avec Madeleine Roch, Colonna-Romano, Froment, Romuald Joubé...
------------Mon vieil ami Léopold Gomez, un oranais, passé avec armes et bagages au cinéma, fit jouer à cette époque, au Municipal, une pièce d'inspiration cornélienne : " Jacques Grandval ", fort bien accueillie par la presse et par le public.
Léopold Gomez est, je crois, le plus exigeant des metteurs en scène. Il pousse son désir de perfection au delà des limites permises. Je l'ai vu modifier le texte de ses comédies au cours des représentations. Mais, aussi exigeant qu'il soit, l'est-il autant que le fut Voltaire ? Non, certes. On a raconté que Voltaire ennuyait tellement ses interprètes avec d'incessantes corrections, qu'une actrice, Mlle Desmares, lui ferma sa porte. Comme il lui glissait encore des rectifications par le trou de la serrure, elle boucha ce trou. Alors, Voltaire ayant appris que Mlle Desmares donnait un grand dîner, lui envoya un pâté de perdrix. Quand on ouvrit le pâté, douze perdrix tenaient dans leur bec plusieurs billets mentionnant les vers à retrancher, à ajouter ou à modifier dans le rôle de Mlle Desmares...
------------Je dirai en passant, et à ce propos, que le Théâtre de Voltaire ne fut pas, toujours, des mieux appréciés. Dans son " Adélaïde Duguesclin ", jouée à Alger en 1860, un personnage demande à Coucy
------------- Es-tu content, Coucy ?
------------À quoi tout le parterre d'une grande ville de province répondit un jour : Couci, couça !
----------M. Victor de Cottens succéda à M. Audisio. Nous devons à M. de Cottens pour la saison 1929-1930 : " La Tosca ", avec Marguerite Soyer et Edmond Fraikin ; " Les Contes d'Hoffmann ", avec Julien Lafont, de l'Opéra-Comique ; " Manon ", avec Augusta Garcia, de l'Opéra-Comique et Soria, de l'Opéra ; " Rigoletto ", avec M. Cahuzac et Mlle Nina d'Ambra ; " Le Barbier de Séville ", avec le ténor Baronnie et Yvonne Brothier, de l'Opéra-Comique ; " Lohengrin ", avec Mireille Berthon, de l'Opéra ; " Hérodiade ", " Aida ", avec Mono Velly, une algérienne au joli talent et Morini, de l'Opéra ; " Mme Butterfly ", avec Marthe Lebasque, de l'OpéraComique ; " Guillaume Tell ", avec Alexandre Guys ; " La Juive ", triomphe de Sullivan, de l'Opéra et de Mono Velly. Je passe sur l'accueil toujours chaleureux réservé aux troupes parfaites du " Grand Guignol ", des Galas Karsenty, du Gala Oriental, du Théâtre du petit monde, fondé par Pierre Humble.

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M. de Cottens sut donner un attrait peu commun à la saison 1930-1931. Cette saison débuta par deux créations, qui valurent au jeune ténor Lenzi, à MM. Bayle et Leroy un succès des plus encourageants : " Ali Baba " et surtout : " Hans le joueur de flûte ", de Louis-Ganne, dont je salue ici l'attachante mémoire. Louis Ganne, on ne l'ignore pas, est l'auteur admirablement inspiré de " La Marche Lorraine ", de la chanson patriotique : " Le Père la Victoire " ; l'auteur des opérettes : " Cocorico " et " Les Saltimbanques " ; l'auteur encore de nombreuses mélodies, ballets, chorales, etc...
------------Lenzi, Parian, Massart, Mmes Bayle, Gabrielle Olive, Mlle Dechenne, chantèrent aussi dans " Le Grand Mogol ", " La Poupée ", " La Basoche ", " Marouf ", " Le Tzarewitch ", " La dernière valse "...
------------Guy Cazenave chanta dans " Hérodiade ". Georges Genin, de l'Opéra-Comique et Mme Lempers, de la Monnaie, dans " La Tosca " ; Mme Richardson, dans " Louise ". Mme Cécile Sorel joua " L'Aventurière ", " Le Demi-Monde ", " La mégère apprivoisée "...
------------Aux mérites appréciés de M. de Cottens, s'ajoute incontestablement celui d'avoir su confier, un moment, la baguette de chef d'orchestre à M. Ingelbrecht, dont la personnalité, la science, firent impression. On se souvient aussi de Mme Ingelbrecht qui fut, sous le nom de Carina Ari, une exquise maîtresse de ballet.
------------Qu'il me soit permis d'ouvrir ici une parenthèse et de rappeler à propos de la Danse, qui brilla particulièrement sur notre scène, les noms évocateurs d'Emilienne Rousseau, la charmante femme de Durozoy, maître de danse, partenaire de Carina Ari ; les noms, que je cite au hasard du souvenir, de : Amalia-Sberna ; Régia Baudino ; de Vignon ; Patti ; Denis, qui fut engagée à la Monnaie ; Nelsy Dambre ; Darsonval, première danseuse étoile de Paris ; Duscha Lesprilova ; Eglevski ; Ledda Quinelly ; Kett ; Ferri-Carozzi, qui créa à Alger le délicieux ballet-pantomime: " Coppélia ", de Léo Delibes et Ch. Nuitter, archiviste de l'Opéra de Paris.

------------En Octobre 1931, M. Victor Audisio reprit sa place à la tête du Municipal. Il sut, au cours des années qui suivirent, s'assurer l'inestimable concours d'artistes en renom et aussi, celui de Chefs d'orchestre que je n'hésiterai pas à classer parmi les meilleurs : Spenderman ; Subtil ; Fernand Masson, chef d'orchestre de l'OpéraComique ; Albert Wolff, Directeur des Concerts Lamoureux ; Fourestier ; Stekel, et le très sympathique Georges Riva, d'Alger.
------------" Werther " et " Messaline ", avec Suzanne Duman et Yché, tinrent l'affiche au début de la saison 1931-1932. Puis, ce fut la création de " Dante ", avec Beckmans et Legros ; " La peau de chagrin ", avec le ténor Charles Friant, Vera Peeters et Rose Helbronner ; " Hérodiade ", avec Mlle Rémusat ; " Le Voyage en Chine ", avec Berthe Erza ; " Manon ", avec André Burdino, de l'Opéra ; " La Bayadère ", avec René Gerbert ; " La Bataille ", une seconde création, avec Marthe Coiffier, de l'Opéra-Comique ; " Madame Butterfly ", avec José Janson ; " La Juive ", " L'Africaine ", " Les Huguenots ", avec le ténor John Sullivan...
------------J'accorderai toutefois, une mention spéciale à la très belle représentation de la " Tétralogie ", de Wagner (L'Or du Rhin, Walkyrie, Siegfried, Crépuscule des Dieux) avec le grand ténor Forti, qui s'imposa comme le meilleur des interprètes Wagnériens ; avec la cantatrice hollandaise, d'origine allemande, Poohnann-Heissner qui interpréta Wagner sur les plus grandes scènes d'Europe ; avec Mlle Suzanne Masson, une toute jeune lauréate du Conservatoire, dans les rôles de Freïa, Sieglinde, Gutrume ; avec enfin, le chef d'orchestre Steckel, premier chef d'orchestre de l'Opéra de Vienne.
------------M. Audisio fit encore représenter l'opérette, avec Mlles Sigall, Ida Relli ; MM. Godard, Saint Prés, Lenzi. Il accueillit sur notre scène les merveilleux danseurs Clotilde et Alexandre Sakharoff ; La Térésina ; La Joselita. Il engagea le ténor espagnol Miguel Fléta ; le choeur des Cosaques du Don, dirigé par Serge Jaroff ; la troupe égyptienne Fatima Rouchdy...

------------" Pelléas et Mélisande ", de Debussy, ouvrit la saison 1932-1933 et permit à Simone Berriau de se distinguer vraiment une nouvelle fois. Cependant, Forti, Beckmans, Madeleine David et Suzanne Duman jouèrent : " Tannhauser " et " Tristan et Ysolde ", de Richard Wagner. Lucie Perelli et Vera Peeters, jouèrent " La Femme nue ". Ritter Ciampi joua " Les Noces de Figaro ". José Janson chanta " Le Pays du Sourire ". Agnès di Véraldi, Larthy, de Courcelles, Sumkay, figurèrent dans la distribution de " Manon " et le baryton José Beckmans dans celle des " Contes d'Hoffmann " et de " Joséphine vendue par ses sceurs " où Mme Féraldi fut sa partenaire. Ritter Ciampi et Rudolph Schwartz, créèrent à Alger " L'enlèvement au Sérail ". Le ténor Lucien Daninos fit impression dans " Hérodiade " et " Rigoletto "...
------------Je retiendrai, de cette saison, le passage de Robinne et de René Alexandre qui donnèrent : " Samson " ; " La Parisienne " ; " Poil de Carotte " ; " Amoureuse " ; " Le Cyclone ", de Somerset Maughan. Je retiendrai aussi le gala musical, sous la direction de Spandermans ; le récital Bronislaw Huberman, violoniste ; le gala des Concerts Lamoureux, sous la direction combien remarquable de M. Albert Wolff ; enfin le récital Walter Rummel.

------------M. Audisio, malgré les obstacles, réussit à donner à la saison 1933-1934 un agrément exceptionnel. En dehors des programmes habituels, sur lesquels nous ne reviendrons pas, cette saison nous valut, notamment, le récital du violoniste Kubélik ; les représentations du Théâtre de la Porte SaintMartin, dirigées par Romuald Joubé ; le grand gala russe, qui présenta, entré autres, un drame musical : " La Khovantchina ", un opéra-comique ; " La foire de Sorotchinzi " et le drame lyrique : " Boris Godounov " ; le grand gala italien, avec Guiseppe Traverso et Fulvia Trévisani ; le Théâtre du petit monde, où nous étonnèrent Michel et Philippe Monda, Nelly Bouchardeau, Janine Boldés, Géo Fontex... ; le récital du pianiste Marcel Ciampi ; la création de " Dardanus " ; le récital du guitariste espagnol Ségovia ; les récitals de danse : Argentina ; Bonifacio ; Mercédés Dalman ; le récital de chant et de piano Ninon Vallin ; le récital de piano Jacqueline Nourrit...
------------Et je n'aurai garde d'oublier, dans cette sèche énumération, le passage de Lily Djanel, mezzo soprano du Théâtre Royal de la Monnaie, qui chanta " Carmen ", " La vie brève ", " Salomé " ; le passage du baryton Ponzio, de l'Opéra ; du ténor José Janson ; du ténor Tougne ; de la célèbre chanteuse japonaise Tinay Arel Hao (Mme Butterfly) ; du ténor Titto Schipa, accompagné du pianiste compositeur Bénato Bellini...

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Quelques comédies, comme " L'école des contribuables ", de Verneuil et Beer ; " La menace ", de Pierre Frondaie ; " Maître Bolbec et son mari " ; " L'Amant de coeur ", tinrent l'affiche durant les premières semaines de la saison 1934-1935. Elles furent suivies des représentations de Gaby Morlay et de Constant Rémy " Félix ", " Il était une fois ", " Mademoiselle ma mère "...
------------Puis, Mlle Bréka et Anzani, chantèrent " La Tosca " ; Mlle Ardoino et Lignon, " Carmen " ; le baryton Yves Noël, de l'Opéra, " Rigoletto " ; Lily Djanel et le ténor Luccioni, " Le Roi d'Ys " et " Hérodiade " ; Miguel Villabella chanta " Manon " et " Lakmé " ; José Janson, " Valses de Vienne ", et son succès " Le Pays du Sourire ".
------------Le chansonnier Lucien Bayer et la comédienne Bertrande, de l'Odéon, évoquèrent pour notre plaisir, l'épopée de Montmartre et nous redirent de bonnes vieilles chansons.
------------Jacques Thibaut, Walter Rummel donnèrent un récital. Raimu, Orane Demazis, Charpin, se firent acclamer dans " Marius " et " Fanny ".
------------M. Audisio fit encore jouer " La Fille du Tambour Major " au bénéfice du Musée Franchet d'Espérey.

------------M. Joseph Seiberras succéda à M. Audisio le 3 Novembre 1935. Le nouveau Directeur sut équilibrer, assez heureusement, la saison 1935-1936.
------------Il faut reconnaître tout de suite, que la charge devenait chaque jour, plus lourde et difficile. Néanmoins, M. Seiberras engagea de très bons artistes : le baryton Jean Hirigaray, Mlle Nadia Dauty, le ténor Georges Thil et Jeanne Manceau, qui jouèrent " Werther ", " Carmen ", " Samson et Dalila " ; le ténor Luccioni ; le ténor Faniard, de l'Opéra, remarquable dans " La Walkyrie " ; Mme Garcia-Frappa et Lignon, interprètes choisis de " Manon ", etc...
------------J'aurai un mot pour l'opérette : " Les Cloches de Corneville " ; " Rêve de Valse " ; " Le Petit Duc " ; " Le Soldat de Chocolat ", de Strauss ; " L'Auberge du Cheval blanc " ; " Paganini " (les cadences de Paganini furent jouées par M. Le Meitour) et pour le Théâtre du petit monde ; pour le récital de la pianiste hongroise Lili Kéléti ; pour le succès de Constant Rémy dans " Le Tribun " et " Après l'amour ". Un mot pour le Grand Guignol et le titre éminemment suggestif des pièces inscrites à son répertoire : " Les Pervertis " ; " Les Crucifiés " ; " Le baiser dans la nuit "...
------------Gaby Morlay ouvrit la saison 1936-1937, avec " Le Messager " et " Le fauteuil 47 ", de Louis Verneuil.
------------Les galas Karsenty lui succédèrent.
------------On connaît les galas Karsenty. Ils restent fidèles à notre scène, lui apportant le meilleur des productions parisiennes, avec les créateurs mêmes du rôle. Parmi eux : Jeanne Provost ; Boumer ; Jane Marnac ; Varennes ; Marcelle Géniat ; Renoir ; Michel Simon ; Madeleine Renaud ; Vera Sergine ; Maurice Varny ; Jean Sarment ; Harry Baur ; André Pascal ; André Luguet ; Jeanne Boitel ; Pierre Dux ; Aquistapace ; Charlotte Lysés ; Jeanne Véniat, et j'en passe, qui se produisirent dans de très nombreuses pièces : " Le veilleur de nuit " ; " La Poule " ; " Les amants de Suzy " ; " Frou-Frou " ; " La Dame aux Camélias " ; "Sapho " ; " La Marche Nuptiale " ; " La Bataille " ; " La souriante Madame Beudet " ; " Topaze " ; " Jean de la lune " ; "L'Appassionnata " ; " Fédora " ; " Les ailes brisées " ; " La gardienne " ; " Le Rosaire " ; " Le pêcheur d'ombres " ; " Poliche " ; " Jazz " ; " La prisonnière " ; " Bichon " ; " Espoir " ; "Trois, six, neuf ", etc..., etc...
------------Un premier cycle de l'opérette moderne occupa la seconde partie de cette saison, avec " Phi-Phi " ; " Le Comte Obligado " ; "Trois jeunes filles nues " ; " Flossie "... et fut suivi, après les représentations du " Théâtre du petit monde ", d'un second cycle l'opérette viennoise, dont on connaît les plus populaires succès : "Le Pays du Sourire " ; " Paganini " ; " La Veuve Joyeuse " ;
o Comtesse Maritza " ; " Chanson d'amour " ; " Princesse Czardas " ; " Valse de Vienne " ; " La chaste Suzanne "...

------------Du 16 au 28 Février, le Municipal reprenait l'opérette moderne : "Couchette N° 3 " ; " Yes " ; " Pas sur la bouche " ; " Lulu "... et donnait un dernier gala Karsenty.
------------Cette saison nous fit connaître de bons artistes. Vedettes du cinéma, comme Katia Lowa, Géo Valdi, Gaby Morlay. Vedettes du disque, comme Willy Thunis et Georgette Simon, créateurs du "Pays du Sourire ", de Lehar ; Robert Burnier, créateur de " La Poule " ; Germaine de Réville, Christiane Dor, Max Raoul. Cette saison nous fit connaître encore ou revoir des concertistes, comme Ségovia, Térésina, Jacques Thibaut, Medselsky, Rubestein ; des cantatrices, comme Lotte Schoëne.

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Le théâtre ferma ses portes le 3 Avril 1937 et ne les rouvrit que le 18 Décembre 1939, c'est-à-dire, quand les architectes Taphoureau et Guermonprez, chargés des importants travaux de réfection dont nous allons parler, eurent brillamment joué leur rôle et que commença celui de M. Maurice Carrié, Directeur-Administrateur.
------------La personnalité de M. Carrié, chargé de diriger, conjointement avec le nôtre, les Opéras de Nice et de Marseille, vaut qu'on s'y arrête. Nous connaissons en lui, non seulement un artiste des plus distingués, un baryton réputé que nous applaudîmes naguère sur notre scène ; mais encore un homme d'action, un administrateur remarquable, qui allie aux plus sûres qualités de tact, de méthode et de goût, de séduisantes qualités d'esprit.
------------J'accorderai également aux collaborateurs si parfaitement choisis de M. Carrié, la part d'attention qu'ils méritent. Parmi eux, je mettrai au premier plan M. Dieudonné.
------------M. Dieudonné, Directeur de la scène, metteur en scène, s'acquitte admirablement d'une tâche difficile, compliquée, épineuse. Il possède, pour cela, toute la science et l'autorité voulues. Je me plais à reconnaître que cet homme aimable, d'accueil charmant, m'a été d'un bien grand secours.

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Et certainement, ces éphémérides seraient incomplètes, si je ne parlais en terminant du rôle extra-théâtral que notre Opéra fut souvent appelé à jouer.
------------Les sociétés de secours mutuels, et notamment les plus anciennes, " Les Arts et Métiers d'Alger " et " La Famille ", y donnèrent eurs galas de bienfaisance ; le Comité des Fêtes ses inoubliables Végliones ; les Etudiants leurs bals officiels, que présidait toujours le Gouverneur Général. Et je noterai à part, parce qu'il était le plus remarqué et le plus suivi, le bal annuel de la " Société de Tir d'Alger ".
------------Hier encore, des spahis sabre au clair, étagés sur les marches de pierre, àccueillaient, indifférents et superbes, le flot ininterrompu des invités.
------------Hier encore, les hautes voûtes retentissaient jusqu'aux lueurs de l'aube, de cris, de chants et de rires...


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Oublierai-je les conférenciers ? Ils y parlèrent, nombreux.
------------Je citerai entre cent et parmi les contemporains : Paul Chack, Georges Duhamel, Valmy-Baysse, Marcel Berger, René Benjamin, Léon Daudet, le Professeur Picard, Jean Tharaud, Benjamin Crémieux, Louis Fabulet, Jules Romains, Henry Prunières, Georges Wagner, Mme Dussane, Henri Torrès, José Germain, Léon Poirier, Colette...
Colette avait choisi pour sujet : " De l'autre côté de la rampe ". Elle évoquait là, avec cet humour et ce pittoresque qui font le sel de son beau talent, sa carrière, d'ailleurs éphémère, au Musichall.
------------Je me trouvais sur le plateau avec plusieurs de mes confrères de la presse algéroise, quand Madame Colette, recevant les privilégiés à l'issue de sa très spirituelle conférence, eut ce mot savoureux, que je tiens à rapporter sans y changer un iota
------------- " Revenir vous parler de moi sur ces vieilles planches ? Que nenni ! Elles craquent à fendre l'âme, et j'aurais bien trop peur de m'y casser la g... ! "


------------Allons, le remaniement de l'Opéra de Chassériau était nécessaire.