LA PLAINE DE LA MITIDJA AVANT 1962
RAPIDE SURVOL DES COMMUNES DE LA MITIDJA

MARECHAL FOCH (ou Arbatache)
+ LE VILLAGE DE REGROUPEMENT

Georges Bouchet

mise sur site le 24-5-2011

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MARECHAL FOCH (ou Arbatache)

MARECHAL FOCH (ou Arbatache)

Origine du nom : française. Ferdinand Foch est un général français qui fut nommé généralissime de toutes les armées alliées pour tous les fronts européens en mars 1918. Et le 6 août 1918, avant la fin de la guerre, il fut élevé à la dignité de Maréchal de France. Cette dignité lui fut également accordée par les Anglais et les Polonais.

Origine du centre : française à coup sûr. Mais je ne connais ni les circonstances, ni la date précise de cette création. Sans doute entre 1870 et 1900 sous le nom d'Arbatache, nom local de l'oued Hamiz.

Le territoire communal est à la limite de la Mitidja et du massif du Bou Zegza qui culmine à 1032m. En fait les espaces plats se limitent à la rive droite de la vallée de l'oued Arbatache. Le reste de la commune est constitué de collines de 300 à 450m de haut. Le Bou Zegza est extérieur à la commune.

Trois routes sont à noter : celle qui conduit au barrage dit du Hamiz, celle qui ne fut terminée qu'après 1954 vers Sakamody où elle rejoint la RN 8 entre l'Arba et Tablat, et la RN 29 qui se dirige vers l'oued Keddara, le col du Bou Zegza et au-delà redescend sur Palestro.

Les activités ne sont qu'agricoles : vigne sur les espaces plats et oliviers sur les versants jusqu'à 300m d'altitude. Polyculture vivrière au-dessus.

Le village est tout petit et un peu à l'écart de la RN 29. Etabli sur un dos de terrain à 150m d'altitude, il était desservi par les cars de l'Auto-Traction de l'AFN et par ceux de la société Messaoui Ali.

Particularité : on y trouve le modeste barrage du Hamiz d'une capacité de 23 millions de m3 permettant d'irriguer 17 000 ha ; mais n'en irriguant en 1954 que 5 845 faute de clients prêts à payer le prix de l'eau. Construit en 1883 sans étude géologique sérieuse sur des calcaires fracturés il fut détruit avant 1914 et reconstruit plus haut et encore surélevé en 1933. Son lac est à 160m d'altitude. Son eau fait tourner une modeste centrale hydroélectrique.

Population en 1954 : 7 596 dont 197 non musulmans (soit 2,59%, vraiment très peu).
Population agglomérée en 1948 : 220 personnes ; donc un tout petit village.

Grain de sel de B.Venis : sur ce site, quelques documents sur le barrage du Hamiz: clic

MARECHAL FOCH (ou ARBATACHE) - LE VILLAGE DE REGROUPEMENT

Le plan de ce village échappe à la rigueur du damier qui a présidé à la mise en place du village de regroupement de Bourkika. Il semble mieux pensé.

Les traits communs avec Bourkika sont les maisons alignées et les cours fermées. Mais les maisons ont deux appartements mitoyens avec une cour coupée en deux par un petit mur. Les cours paraissent plus grandes.

Le village a été construit le long d'une route et tout près de deux grandes fermes. Il est à la limite d'une zone de broussailles incultes et d'une zone de cultures européennes. Il est proche du lit d'un oued qui me paraît être l'oued Hamiz. Ses rives sont escarpées.
La route qui passe sur le pont étroit qui permet de relier les deux fermes (que je ne sais pas identifier plus précisément) se poursuit au-delà.

J'ai compté un peu moins de 100 appartements : c'est peu. Mais de nouvelles constructions ont pu être ajoutées vers l'amont. Lorsque la photo a été prise il n'était peut-être pas terminé. L'urbaniste responsable a prévu au centre une grande place semi ovale.
Les bâtiments blancs de la SAS (section administrative spéciale) qui accompagne tous ces villages, sont à droite.


Notules sur les divergences d'appréciation des avantages et inconvénients du système des villages de regroupement. Ces considérations complètent la notule terminant le texte sur Bourkika. Ils seront complétés ultérieurement par un texte sur les SAS.

    - Pour les militaires.

Avantages (majeurs)

Enlever aux rebelles l'aide contrainte ou volontaire des habitants pour le logement, le ravitaillement et le renseignement.

Protéger plus facilement les populations.

Contrôler plus facilement les populations en gênant les contacts rebelles-fellahs.

Faciliter l'auto-défense en enrôlant et en encadrant des supplétifs.
Inconvénients (mineurs)

Le financement.

Technique : les constructions (routes et maisons) mobilisent du matériel et des hommes pour des tâches civiles. L'armée fournit les bulldozers et les camions citernes d'eau et d'essence.

Garantir le ravitaillement de base (semoule, huile, sucre, lait…) sans le faire payer au prix de revient. Gratuité de fait.

    - Pour les regroupés.

Avantages

La sécurité. De loin l'avantage principal qui permet de supporter les inconvénients. Il existe dans tous les villages.

Les autres avantages sont moins généraux. C'est la possibilité d'une école et d'un dispensaire.
Les enfants surtout sont mieux suivis, si les parents le souhaitent. Le docteur (militaire) et les médicaments sont gratuits.

Parfois un emploi pour les adultes sur des chantiers sur les pistes ou en forêts. Mais ce sont des chantiers provisoires.

Pour certains, volontaires, une solde de moghazni ou de harki. ; ou d'employé de la SAS (en tout petit nombre).

Inconvénients

La coupure brutale avec un univers habituel.

La disparition des ressources habituelles des champs, des jardins et des pâturages. Dans certains villages en zone pas trop dangereuse, le retour aux champs pouvait se faire grâce à des laissez-passer, voire sous protection militaire. Mais pas tous les jours.

La promiscuité dans des maisons attenantes et de construction légère.

L'enfermement aggravé des femmes qui n'ont plus la corvée d'eau pour papoter près d'une source ou d'un puits.