Pour examiner l'oeuvre algérianiste,
celle de Robert Randau et de ses amis, à la lumière du contexte
temporel et spatial dans lequel elle s'est située, on pense d'emblée
à l'ensemble de la littérature française - c'est
logique - et plus particulièrement à la littérature
de province, par opposition à celle élaborée dans
la sphère parisienne. Cette réaction aisément explicable
s'avère pourtant une fausse bonne idée.
En effet, dès l'origine, Robert Randau lui-même a pris soin
de rejeter énergiquement, et à sa manière, c'est-à-dire
sans ambages, voire de façon cinglante, toute assimilation de son
entreprise à la nébuleuse régionaliste qui fleurissait
alors en France, en tant que littérature du pittoresque local.
Cette vision d'un terroir à vocation plus ou moins folklorique
lui paraissait réductrice, ne rendant aucunement compte des ambitions
esthétiques, dénuées d'ailleurs de tout dogme artistique,
de ce qu'il refusait de qualifier d'École, résolu à
jouer, avec les siens, les ouvreurs de route sur le chemin de cette fameuse
" autonomie esthétique " de l'Algérie, expression
un peu mystérieuse ayant suscité bien des interrogations
(et dont l'analyse n'entre point dans le cadre de la présente étude).
Nous nous défendons d'être de ces
gloires de clocher qui mitonnent au tiède dans la plupart des chefs-lieux
de province " ( Citations
tirées de la préface de Robert Randau dans L'anthologie
des Treize Poètes algériens, 1920.). Aux antipodes
d'un folklore de pièces de patronage ou de fêtes votives,
c'est la geste de la naissance d'une communauté humaine que Randau
et les siens se donnent pour mission d'entonner. Ils accompagnent et transcrivent
une création: " On bâtissait
l'Alger moderne ", ces quatre mots qui constituent le
début du Sang des Races de Louis Bertrand, claquent à nos
oreilles comme le coup de pistolet du départ d'une course.
" Et puis ce port et ces forces de fer,
Et tout ce germe qui s'érige !
Puberté,
Jeunesse, Jeunesse! " s'écrie Jean Pomier (Poèmes
pour Alger).
Il convenait donc de rappeler cette exigence de Robert Randau et des siens,
et d'en tenir compte. Mais, le fait de se démarquer de ces écrivains
régionalistes qu'ils soupçonnent fort de ne soulever d'autre
attention, dans la contrée où leurs personnages se meuvent,
que celle des curieux désireux de confronter leurs descriptions
avec le cadre dans lequel ils vivent, " et celle de malicieux
dont le souhait est d'y rencontrer des allusions à des faits scandaleux
et à des individus haïssables " (de quoi faire siffler
les oreilles de Mauriac !), n'empêche pas nos écrivains algérianistes
d'être des hommes façonnés par leur terre. Randau
affirme avec force que " l'homme est fonction des horizons qui
l'entourent " (Citations tirées
de la préface de Robert Randau dans L'anthologie des Treize Poètes
algériens, 1920.). Et il proclame ce qui apparaît
comme un véritable principe d'identité : " Nous
sommes simplement des poètes qui aiment leur sol natal et qui entendent
que de leur sol natal surgisse une intellectualité " (
Citations tirées de la préface
de Robert Randau dans L'anthologie des Treize Poètes algériens,
1920.). C'est de l'enracinement à l'état pur!
Et plus loin il déclare: " Notre entreprise constitue un
acte de foi envers ce pays berbéresque dont nous sommes tant orgueilleux
d'être les enfants "
Cet orgueil, expression de la vitalité d'une nouvelle " race
", au sens ethnographique, et non biologique du terme, n'est pas
pour Randau - il le proclame - significatif de révolte (aujourd'hui
on dirait " exclusion "), mais d'union. Comment ne pas citer
ici largement l'illustration de cette affirmation, passage clé
de cette préface à L'Anthologie des Treize poètes
algériens, qui est sans doute le texte le plus important, non seulement
de l'oeuvre de Robert Randau, mais au-delà, de toute la littérature
algérianiste de l'époque:
Depuis bientôt un siècle, la pacifique fusion des peuples
latins s'opère en Afrique française, dans ces pays de farouche
labeur, où le danger est partout, où les fièvres
malignes fauchent les générations, où l'aborigène
défend âprement son individualité, où le plaisir
le plus véhément est de faire baroud, où l'eau est
plus précieuse que la terre, où il ne coule ni fleuves ni
ruisseaux, où nul lac ne s'étale, où chaque grain
de blé représente un effort d'âme; on y lutte dès
l'enfance; on grandit le sourcil froncé par les déboires;
on n'y vit qu'avec le plus âpre travail; on y meurt en combattant
encore. Quand le sirocco brûle la vigne, quand la forêt flambe,
quand advient par nuages la sauterelle, quand sévit la malaria,
quand les voleurs de nuit pillent les troupeaux, quand les béchars
rançonnent fellahs et colons, quand les bureaucrates sévissent,
il n'est plus de distinction d'ascendance entre les hommes; les plus énergiques,
les plus intelligents, les plus méthodiques sont les plus estimés,
qu'ils soient de souche française, espagnole, italienne, maltaise,
grecque, teutonne, arabe ou berbère ".
* *
À notre connaissance, on a jusqu'à
présent traité de la littérature que nous appelons
" algérianiste " uniquement dans le cadre français,
que ce soit par extension à partir de la métropole ou bien,
plus récemment, et dans l'esprit que l'on devine, comme expression
emblématique d'une " littérature coloniale " (Evelyne
Joyaux dans sa remarquable analyse du Premier Homme, de Camus, in l'algérianiste
n° 100 de décembre 2002, a parfaitement démasqué
l'entreprise sournoise tendant à substituer systématiquement
le terme " colonial " au qualificatif " français(e)
" en matière d'Algérie). Rappelons à ce propos
que l'appellation " algérianiste " a été
choisie par les auteurs " algériens " de naissance ou
d'adoption du début du xxe siècle dont Randau s'est trouvé,
de par son charisme, être le chef de file, hommes à la charnière
de deux siècles car très représentatifs de la fin
du >axe siècle, période qui restera dans l'Histoire comme
celle d'une prodigieuse vitalité littéraire, et pas seulement
chez nous, comme nous le verrons plus loin. Qui plus est, en ce qui concerne
l'Algérie, cette époque a été en même
temps, celle de l'émergence d'une personnalité algérienne
certes dans le cadre français, mais qui pouvait évoluer
vers toute une palette de destins différents. C'est le choc irréparable
de la Première Guerre mondiale qui va orienter définitivement
la destinée de l'Algérie française dans le sens que
l'on sait.
A ce propos, qu'il soit permis d'exprimer ici à la fois un regret
et un espoir: l'exploitation intensive, effrénée même,
de la parcelle ultime de l'histoire de l'Algérie française,
liée aux années de déchirement qui ont conduit à
sa mort, laisse en friche des terrains qui recèlent une matière
première historique de premier ordre. Ceux-ci n'attendent que d'être
exploités par les nouvelles générations de chercheurs,
ainsi la période qui fait la charnière entre les xixe et
xxe siècle. Comment a pris définitivement forme la population
européenne d'Algérie, comment, quand et surtout, pourquoi
se sont taris les différents courants d'installation en Algérie,
de toutes provenances... On aimerait connaître dans le détail,
le plus objectivement possible, les conséquences de la guerre de
1914 sur cette population dans les flux et reflux migratoires, de même
que la " solidification " du corps social algérien...
Et, à cette occasion, il serait temps d'aérer un peu les
perspectives de ces études, en les ouvrant sur le champ international,
sans a priori, en vue d'une meilleure connaissance de notre passé...
Cela permettrait à tout le moins de sortir enfin de cet espèce
de ghetto intellectuel dans lequel nous sommes enfermés depuis
des lustres, moyen commode utilisé par tous les idéologues
qui tiennent le haut du pavé dans ce pays pour nous flageller à
loisir, compensant leur incapacité à assumer le présent
et à préparer l'avenir par l'assassinat permanent du passé.
* *
Pour illustrer notre propos, tentons une
avancée du côté de quelques pays où nous pourrions
peut-être trouver des éléments intéressants
nous permettant de situer la littérature algérianiste dans
un environnement élargi. C'est délibérément
que sera écartée toute recherche du côté de
l'Angleterre, non par hostilité de principe à l'encontre
du Royaume- Uni (encore que...), mais parce que l'approche britannique
de la notion d'empire, et des relations humaines dans les zones d'influence
de par le monde, a véritablement été aux antipodes
de ce que fut l'empreinte française, rendant illusoire toute tentative
d'étude de littérature comparée, même si certains,
non sans panache et sans doute bien intentionnés, qualifièrent
Randau de " Kipling africain ". C'est un choix.
*
* *
Ouvrir la recherche vers l'extérieur
tout en gardant le cap sur une meilleure connaissance de notre littérature
algérianiste : on pense d'emblée à l'Espagne, si
proche, si déterminante dans la formation de la communauté
européenne d'Algérie. Le rapprochement est presque trop
facile, et la tentation est très forte de raisonner à l'envers,
à partir de notre époque, d'autant plus que la démarche
en elle-même ne manque pas de pertinence. En effet, dans l'histoire
pas si simple que cela, pas si linéaire en tout cas, de notre communauté
prise comme groupe conscient de son existence, c'est dans les moments
difficiles (mais qu'on ne pouvait même pas concevoir comme désespérés)
de l'extension de la rébellion, de son évolution décisive
vers une guerre terroriste à finalité ethnique car tendant
à faire disparaître de l'Algérie toute une population
en la décimant physiquement et en en détruisant complètement
la personnalité, que l'on a assisté comme à un réveil
d'une conscience collective marquée par un irrésistible
sentiment d'appartenance. C'est toute l'importance, bien au-delà
du divertissement, de la création de cette " Famille Hernandez
" qui allait connaître le succès que l'on sait, atteignant
la portée emblématique d'un facteur identifiant pour toute
notre communauté, même chez ceux socialement bien différents
du pittoresque milieu décrit. Qu'on se souvienne ici que le 26
mars 1962, c'est une foule composée majoritairement d'habitants
des " beaux quartiers ", disons pour la force du trait: "
des gens de la rue Michelet ", qui descendra dans la rue pour aller
vers Bab-el-Oued - le quartier de la Famille Hernandez - assiégé
et martyr... Or justement, ce que représente, chante, exalte, cette
Famille Hernandez promue, de par les événements, symbole
de la famille pied-noire, c'est son ancrage principal dans l'hispanité.
Tout y est: le nom, la musique, les bases du langage, vocabulaire et syntaxe.
Mais, qu'en était-il au temps de nos écrivains algérianistes
? Et que pouvaient-ils trouver dans la littérature espagnole de
l'époque? S'il ne fait aucun doute que l'élément
venu d'Espagne peuple les personnages des romans " algériens
", dès Louis Bertrand et Musette, pour parler des pères
fondateurs, ou plus exactement des inspirateurs et initiateurs, jusqu'aux
Louis Lecoq, Charles Hagel, Charles Courtin, etc... en passant par Randau
(bien que celui-ci ne s'attarde pas en général sur l'origine
géographique de ses héros car il préfère insister
sur " l'homme algérien " déjà accompli,
issu du grand brassage latin, plus que sur son pedigree), le moment est
venu de regarder directement du côté espagnol pour tenter
de découvrir d'éventuelles affinités avec notre littérature
d'Algérie.
En Espagne, en cette fin du me siècle, règne la tendance
réaliste, et même naturaliste, d'ailleurs dans la mouvance
d'influences extérieures, telle celle de Zola. Ces " tranches
de vie " délivrent au demeurant un message sombre, souvent
dénué d'espérance, porté fondamentalement
par une critique sociale; ainsi dans les ouvrages de Benito Pérez
Galdos. Cette critique vise notamment la petite bourgeoisie, laquelle
va se révéler être un filon inépuisable jusqu'à
nos jours ! Au début du xxe siècle, se fera jour une tendance
anarchisante, sans aucune concession aux idées, qualifiées
d'inventions fumeuses, dont les héros s'amusent et se débarrassent...
(Pio Baroja). En revanche, chez un Miguel de Unamuno, le besoin de spiritualité
se fera sentir jusque dans les contradictions internes de ses personnages,
inhérentes à la condition humaine...
À ce stade de notre recherche, il serait bien présomptueux
d'établir des points de comparaison, ne serait-ce que, dans le
cas de l'Algérie, c'est d'une société neuve qu'il
s'agit, et que ces hommes neufs, qu'on les appelle aventuriers ou pionniers,
se trouvent face à une absence de traditions locales. Eux-mêmes,
esprits concrets, sont fort peu enclins aux spéculations intellectuelles.
Aussi l'incontestable parenté, même s'il s'agit plus d'une
filiation collatérale que d'une descendance en ligne directe, pourrait
être plutôt trouvée avec l'Espagne de la période
qui dura du xvie au )(ville siècle, qui vit l'exubérante
floraison de la littérature picaresque. D'ailleurs, le terme "
picaro " signifie à la base " aventurier ".
Nos aventuriers d'Algérie, pêcheurs, rouliers, défricheurs,
négociants, ont été des personnages picaresques,
croqués avec verve, quelle qu'ait été leur origine
ethnique... C'est Pépète le Bien-Aimé de Bertrand,
Titus Galéa, de Paul Achard, c'est bien évidemment
Cagayous! Et ce personnage survivra, au-delà
du premier algérianisme, quel que soit le nom qu'on donne aux "
écoles " qui se sont succédé à partir
des années trente, décrit par les plus grands de nos auteurs,
y compris Camus, jusqu'au Double Tchatche de Jean Simonet, arrivé
sur les tables des libraires d'Algérie en 1959. Petit monde, des
villes et plus encore des ports, adossé à la mer comme à
un refuge, " comme un poisson dans l'eau ". Roublard,
retors, brigand sympathique bien que pas très recommandable, mais
irrésistiblement porté à s'acheter un jour une conduite,
non tellement pour soi mais pour les enfants. Ces acteurs picaresques
de l'aventure algérienne ne sont pas des asociaux. Ils sont comme
certaines bactéries, des agents d'une sélection qui, un
jour, rendra la nouvelle société plus forte, plus aguerrie.
En cela, tout en restant proches de leur modèle ibérique,
ils se situent dans une perspective plus évolutive, au sein d'un
organisme en pleine gestation. Ce faisant, ils ressemblent encore plus
à d'autres personnages que l'on abordera plus loin.
* *
L'autre " grand voisin " qui aura
façonné la communauté française d'Algérie
en formation, c'est bien sûr l'Italie. À l'époque
considérée, elle voit le triomphe du vérisme littéraire,
qui a d'ailleurs eu ses prolongements spectaculaires dans l'univers de
l'Opéra. Ce vérisme italien est lui aussi issu du naturalisme,
mouvement littéraire qui aura marqué profondément
son temps, et dont on retrouvera bien sûr les traces jusque dans
nos romans algériens à la charnière des deux siècles,
et même au-delà. Mais ce qui doit nous intéresser
tout particulièrement dans ce qui peut relier la littérature
des algérianistes au vérisme italien, c'est le fait que
celui-ci a sorti ses personnages du cadre oppressant des villes marquées
par l'impitoyable essor de l'industrie, pour les transporter dans le cadre
des campagnes désolées - du bled dirons-nous - en y mettant
en scène des petits paysans et aussi des pêcheurs. À
ce niveau, la force d'inspiration commune entre les deux littératures
devient passionnante. Comment ne pas citer le grand nom de Giovanni Verga,
chef de file des véristes; comment ne pas citer la nouvelle paysanne,
Cavalleria Rusticana, qui allait conquérir la notoriété
mondiale à travers sa version lyrique due à Pietro Mascagni,
un des principaux musiciens de l'école... vériste, qui comptait
aussi Leoncavallo, Catalani, Giordano, et d'où sortira Puccini.
On a parlé de Verga comme " poète des choses ",
on l'a comparé au Balzac du Père Goriot, mais avec une dimension
sicilienne... Mais, prenons par exemple, les oeuvres de Louis Lecoq, que
ce soit l'inoubliable Pascualète l'Algérien, qui
devait s'intituler Moloch, ou les troublantes histoires, mi-récits,
mi-nouvelles, écrites par Lecoq en collaboration avec son ami Charles
Hagel : Broumitche et le Kabyle... On y découvrira le tragique
de la terre algérienne, l'empreinte du Moloch et du Fatum, sous
le soleil noir de contrées en proie à une malédiction,
qui pèse sur les hommes depuis des millénaires, leur inspirant
l'attraction maléfique et violente pour la mort, comme Jean Brune
l'a rappelé avec tant de force, de façon quasi obsessionnelle...
Combien dérisoire et superficielle serait la frontière qui
séparerait ces courants puissants, inspirés par l'espace
naturel, qui à son tour conditionne les hommes, comme l'a martelé
Randau, pour annoncer la naissance officielle du mouvement algérianiste,
rôdé depuis de nombreuses années, officialisation
qui d'ailleurs aurait eu lieu bien avant s'il n'y avait eu la guerre...
Italie et tout particulièrement Sicile. Pour rejoindre Malte, il
n'y a qu'un coup d'aile de mouette. Mais nous ne franchirons pas ici le
détroit de Gozo qui sépare la pointe qui s'avance au sud
de Syracuse de ces îles qui ont, elles aussi, tant donné,
à leur échelle, à la communauté française
d'Algérie en voie de formation. C'est que Malte, même cousine
de la Sicile, a sa propre histoire et a vu se façonner un destin
qui lui est propre. À l'époque que nous envisageons, Malte
vit dans le tumulte d'une route chaotique qui la mènera à
son indépendance. Malte est alors sous la férule de la toute
puissante British Rule. Sa littérature naissante, sous une langue
qui se cherche, et qui doit frayer son chemin entre italien et anglais,
ne peut nous apporter d'élément tangible et spécifique
dans le cadre de notre investigation. En tout état de cause, l'objectivité
commande de reconnaître qu'à la charnière des xixe
et xxe siècles, tout le domaine culturel, et particulièrement
la littérature, est encore très largement italien d'expression,
ou plus précisément sicilien, au niveau du mental. Cavalleria
Rusticana aurait pu être situé sans le moindre changement
dans un village maltais, par exemple Zurrieq, près de la Grotte
Bleue... Voici quelques années à peine, à la fin
du xxe siècle, j'ai personnellement assisté à une
" explication " sanglante entre pêcheurs du coin, qui
m'a replongé instantanément dans ce drame exalté
(cette fois, heureusement, sans mort d'homme !).
*
* *
Il faut nous éloigner maintenant des
rives de la Méditerranée. La littérature russe présente
un terrain foisonnant, trop éloigné de l'univers algérianiste
à ses débuts. Il faudra, bien sûr, attendre Camus
et, de plus, nous serions aspirés dans un tout autre domaine, passionnant,
déjà fort travaillé, et qui n'est pas de notre sujet.
Une notation sera cependant formulée. Controverses houleuses sur
la mission de l'écrivain et sur les limites de son rôle,
voire à propos de son impuissance intrinsèque, qui marquèrent
la vie littéraire en Russie après le triomphe des Réalistes,
menés par Tolstoï, il se produisit une radicalisation des
positions en mouvements populistes et nihilistes. Les premiers affirmèrent
la nécessité pour l'écrivain " d'aller au peuple
", assumant à la littérature une fonction d'instruction,
cette conception allant de pair avec une vocation scientiste, assortie
d'une foi dans le progrès. On connaît ce message qui a marqué
toute une époque et qui a conditionné bien des démagogies.
On peut toutefois noter que les écrivains algérianistes,
et parmi eux plus particulièrement ceux qui étaient en relation
avec l'univers maçonnique, furent, explicitement ou implicitement,
porteurs d'un message de ce type. Les ouvrages de Robert Randau en sont
imprégnés, notamment ses romans dits " de la Patrie
algérienne " : Les Colons, Les Algérianistes, Cossard
le Berbère (on peut ajouter Diko, frère de la côte).
À ceci près que, dans l'esprit de Randau, il ne s'agissait
pas tant " d'aller au peuple " que de " créer un
peuple ", non pas de toutes pièces, le " matériau
" existant bel et bien sous ses yeux, sur place, mais en contribuant
à son éclosion, par sa prise de conscience, par l'affirmation
de son existence. Randau d'autre part, était trop " homme
de terrain ", lui, le baroudeur d'Afrique Noire, le " blédard
", pour qui Alger devait jouer le rôle de... Paris (je me souviens
avoir, au cours de mon premier voyage en France en 1952, lu dans un bottin,
au mot " Alger " cette définition : " Alger,
le Paris de l'Afrique du Nord ") pour ignorer les vrais problèmes,
notamment ceux séparant les communautés d'origine européenne,
auxquelles s'était rapidement agrégée la communauté
juive, des communautés arabo-berbères et ce, à raison
d'un fossé religieux débouchant sur de profondes différences
de comportement personnel, familial, social. Pour Randau, comme pour ses
amis, cette différence devait être gommée, sous peine
de faire capoter l'entreprise " Algérie, terre française
". Le père de Foucauld avait vu de même. Il en avait
tiré la conclusion que sa foi lui dictait: la nécessaire
conversion des mahométans, ou bien un départ inéluctable
de la France. Randau et les Algérianistes remplacent la religion,
qu'ils jugent dans sa globalité, intrinsèquement génératrice
d'obstacles et de tension entre les groupes, par le progrès des
connaissances et des mentalités, qui mettrait tout le monde sur
le même plan à un niveau supérieur, permettant au
passage de concilier personnalité algérienne (la fameuse
" autonomie esthétique ") avec l'absolue fidélité
à la France, mais - c'est là le point délicat que
nul algérianiste du temps de Randau n'a pu formuler - sans donner
de définition précise au contenu et aux contours de cette
" fidélité "... L'hypothèse d'une forme
de " dominion " de type canadien a été avancée,
et semble effectivement correspondre à la pensée profonde
des algérianistes. Mais on en revient à l'exigence fondamentale,
à défaut de laquelle la formule ne pourrait pas être
viable, celle d'une homogénéisation de la population de
l'Algérie, tout en respectant les variétés traditionnelles.
Et là, la fonction de l'enseignement est capitale, et capital la
place de l'écrivain, qui doit jouer le rôle d'éclaireur,
chargé de faire évoluer les mentalités. Aussi, toute
littérature, y compris de Russie, qui donne à un moment
donné une telle fonction à l'écrivain, peut être
rapprochée de la perspective algérianiste.
* *
Il nous reste une dernière investigation
qui va nous porter au-delà de l'océan, le plus loin géographiquement
de l'Algérie, mais peut-être le plus près de nos algérianistes,
car nous permettant d'aborder un terrain présentant des points
de convergence troublants entre les situations et, en tout cas, nous mettant
en présence d'un cas de figure que nous n'avons pas encore rencontré
jusqu'à présent. Il s'agit des États-Unis d'Amérique.
Jusqu'à maintenant, que ce soit en regard de la littérature
d'Espagne, d'Italie ou de Russie, nous nous sommes trouvés dans
le cas de pays constitués de longue date (même si l'unité
étatique italienne était toute récente, plus récente
que l'arrivée de la France sur le rivage algérois), et d'écrivains
plongés dans une longue histoire, dont leurs contemporains et eux-mêmes
étaient issus. Qui plus est, ces littératures mettaient
en scène des hommes de même origine, séparés
seulement, sur le plan collectif, par des différences sociales.
Aussi le cadrage avec la littérature française d'Algérie
ne pouvait être total, cette dernière se déroulant
sur une terre nouvellement abordée et mettant en présence
des groupes humains que tout opposait. Ces critères vont se retrouver
largement aux États-Unis, même en tenant compte de nécessaires
correctifs de trajectoire. Les deux situations vont aussi permettre paradoxalement
d'effectuer des rapprochements jusque dans le différentiel dans
le temps de l'évolution des deux espaces humains, la situation
américaine, par rapport à la Grande-Bretagne, pouvant globalement
être estimée représentative de ce que les algérianistes
souhaitaient pour l'évolution future de l'Algérie: autonomie/indépendance
politique (la frontière entre les deux peut être fluctuante!);
unité de langue; unité culturelle avec seulement des apports
par " le sang neuf " du Nouveau Monde par rapport à la
vieille (ex) Métropole; solidarité économique, militaire,
etc..., en bref, un beau cas de filiation directe à l'échelon
des peuples et des continents... Cet " effet miroir " entre
les deux mondes, à l'époque qui nous intéresse, est
sans doute vu aujourd'hui avec une ironie qui cache mal un certain agacement,
et pas seulement dans les sphères de gauche. Hostilité à
l'Algérie française et hostilité envers tout ce qui
évoque l'Amérique se nouent en de subtiles combinaisons,
où le passionnel vient fausser le rationnel. Pour raison garder,
restons donc sur le terrain des contemporains de nos écrivains.
On lit ainsi dans l'envoûtant Amour d'Alger de Gabriel Audisio (1938)
: " Craindrons-nous de déclarer que l'Algérie est
une espèce d'Amérique à la française, qu'elle
vaut une Californie de la France ? Je crois franchement que nous aurions
tort ". Ici, la tentation est grande de nous livrer à
une exploration de l'oeuvre d'Audisio, qui est un gisement extraordinaire
pour la compréhension du début du xxe siècle en Algérie.
C'est qu'Audisio, poète inspiré, marseillais et algérois,
a été nourri de la substance même de nos écrivains
algérianistes, même de ceux qu'il rejettera plus tard comme
Louis Bertrand, et a été fidèle en amitié
à l'égard de leurs chefs de file naturels que furent Randau
et Pomier, écrivant d'ailleurs régulièrement dans
Afrique, la revue des Algérianistes, dont la nôtre est la
fille lointaine mais directe. Son témoignage foisonnant et son
évolution même, nettement sensible à travers ses ouvrages
successifs, en font en plus, un homme de transition entre les algérianistes
proprement dits et leurs successeurs, que tout ce qui milite et virevolte
en vue de diminuer l'apport littéraire des hommes d'Algérie
(qui comptèrent d'ailleurs parmi eux, quelques femmes d'une solide
trempe!) tente systématiquement d'opposer aux premiers.
Mais revenons aux Américains. Il faut se garder de tout confusionnisme
réducteur. Il y a plusieurs univers aux USA. Le monde de l'Ouest,
celui de la frontière sans cesse repoussée, où arrivent
par vagues, les émigrants d'un peu partout, n'est pas celui du
Sud, dont le destin va être marqué par la tragédie
que nous appelons " la Guerre de Sécession ". Ils diffèrent
tous deux des grandes villes de la côte Est, encore marquée
par l'influence de l'Europe...
La conquête de l'Ouest aura vu d'abord se créer spontanément
sur place une " littérature orale ", comme ce fut sans
doute le cas dans les premières aimées de l'Algérie
française, la littérature écrite n'étant que
le fait de " voyageurs " en quête d'exotisme. Cette littérature
orale fut marquée par l'humour, mais un humour de pionnier, "
qui rit pour ne pas pleurer, pour ne pas abandonner ". Le
commentateur du Grand Larousse écrit: " On rit parce qu'un
cheval vous a cassé la jambe, parce qu'une balle égarée
vous a percé la fesse, parce que le criminel s'est trompé
de victime. Le rire du Far-West, c'est le rire des poilus dans les tranchées
". On pourrait ajouter par exemple: " C'est le rire du colon
dans la Mitidja pestilentielle... ".
À partir de Mark Twain (1835-1920), de cet humour, féroce
pour n'être pas désespéré, va surgir une langue
dure, sur des thèmes mettant au premier plan la couleur locale,
en un nouveau réalisme. Mais ce réalisme, vérisme
à l'américaine, sera dégagé à l'époque
du contexte social des villes sordides. Ce sera un réalisme de
la campagne, désignée là-bas par le beau vocable
de " country ", qui signifie tout à la fois la campagne,
la contrée (mot dont il est manifestement issu), la patrie. Ce
réalisme, au-delà de sa dureté, de sa brutalité,
va prendra la dimension d'une épopée du quotidien, exalter
la force pure et déboucher sur l'enracinement.
Avec Henry James (1843-1916), le réalisme dépasse le stade
du sujet pour devenir un élément psychologique et esthétique.
Ayant réussi à imposer ses romans en Europe, où il
reçut un accueil de " grand de la littérature ",
il ne put pas être ignoré d'un Robert Randau, son cadet de
30 ans. D'autant que les uvres majeures de James sont quasiment
les contemporaines de grands romans algériens de Randau: Les ailes
de la colombe (1902), Les Ambassadeurs (1903), La coupe d'or (1904). Or,
reportons-nous à la préface de Marius-Ary Leblond aux Colons
(1907): " Sous les races diverses qui la couvrirent, M. Randau
admire en Algérie une terre restée constamment violente
et palpitante... Sur cette terre riche, brûlée par le soleil,
où tout n'est qu'éclats, se modèlent, dans la lumière
en fusion, les Algériens énergiques et sensuels... Race
brutale, avide, pratique, franche, ayant naturellement en horreur les
sentimentalités européennes et l'idéal classiciste
qui anémient la France... ". Cette préface ouvre
l'édition de 1926 des Colons. Elle pourrait être elle-même
un objet d'étude. Notons que, pour rendre compte de cette somptueuse
violence de conception, appuyée sur un style " qui coule
comme un oued torrentueux, roulant les reflets éblouissants du
ciel, la lumière dure et le limon verdâtre avec la pierre
dissoute ", Leblond compare Randau à Rabelais, et à
l'univers de la Renaissance... Certes, mais, s'il n'avait pas été
prisonnier du nombrilisme européen, Leblond aurait pu jeter un
regard au-delà de l'océan, et en tirer des enseignements
plus probants...
À l'époque où va surgir l'Algérianisme "
institutionnel ", composé d'une association, de la fondation
d'une revue trimestrielle, et de la création d'un prix littéraire,
paraissent aux États-Unis, une série de nouveaux romans,
plus axés sur les problèmes de société, dans
la mouvance naturaliste et vériste, dont l'apogée sera marquée
par les oeuvres de Theodore Dreiser (1871-1945), vraiment le contemporain
de Randau: The Financier (1912), The Titan (1914), et le plus célèbre
par sa puissance: Une tragédie américaine (1925). La société
américaine y est décrite comme une jungle dans laquelle
s'opère une sélection éliminant les plus faibles.
On y trouve les influences conjuguées de Darwin, Spengler et Nietzsche.
Mais, certains passages des Colons, par exemple, ne donnent-ils pas le
frisson aux lecteurs d'aujourd'hui, gorgés de potions " humanitaires
" comme canards à foie gras?
Ouvrons ce livre vers les pages 276-278... " À l'origine
de toute colonie prospère sont d'ailleurs les maupiteux, quoique
les plus disciplinés des êtres: les soldats et les prostituées;
derrière eux accourent les aventuriers, et quand ceux-ci prolifèrent,
leurs enfants n'aiment guère être trop gouvernés.
La bureaucratie ne soutient que les décadences. À la robuste
race algérienne, il ne faut que de sages archontes et des maîtres
en philosophie, en attendant Périclès... ". Suit
un passage sur Bugeaud, et surtout sur Pélissier et Beauprêtre,
qui en remontre aux articles du Monde et de Libé - et c'est écrit
en 1907! Qu'ont-elles cru découvrir nos belles âmes? Puis,
un passage baroque à force d'être violent, et même
quelque peu excessif: " Ces soudards avaient pour maîtresses
des filles de tribus qui, prises de force, n'osaient les cocufier, tant
ils leur inspiraient de terreur... Ils se battaient en duel au sabre pour
une vétille, jouaient leur absinthe au premier sang... Prisonniers
de l'ennemi, ils subissaient des supplices atroces et, à leur tour,
brûlaient leurs captifs à feu doux. Lâchés sur
un douar rebelle, ils le razziaient en artistes, raflaient jusqu'au dernier
chevreau, exploraient le silo le mieux dissimulé... Leurs enfants
cultivèrent le sol fécondé par les batailles, exploitèrent
les vaincus, puis se découvrirent des points d'affinité
avec eux. Fils de gouges et de massacreurs pervertis par atavisme, vidés
par les fièvres, ils se sauvèrent du gâtisme social
par l'exubérance même de leurs vices: ils étaient
des énergiques... ". Pour rester dans le strict cadre
de notre sujet, on peut dire qu'il nous aura manqué un Sergio Leone
et un Clint Eastwood pour illustrer Randau!...
Les exemples d'autres convergences avec la littérature américaine
de l'époque ne manquent pas. On pourra citer ici les oeuvres de
Jack London (1876-1916) telles L'appel de la forêt (1903),
The sea zoolf (1904), où se développe une vision épique
de la force conquérante, assortie d'une certaine tradition anarchisante.
Puis, c'est toute la littérature des années trente, avec
ses géants: John Dos Passos, Scott Fitzgerald, Steinbeck, Heminguay...,
et enfin, William Faulkner. L'ampleur même du sujet nous entraînerait
bien trop loin. Le drame du Sud, d'importance planétaire à
raison de ses conséquences capitales sur le rôle dans le
monde joué, par la suite, par les USA, a engendré un état
d'esprit qui s'est traduit de façon flamboyante en littérature.
Il en est résulté des oeuvres, telles celles de Faulkner,
exprimant des sentiments complexes, auxquels le génie de l'auteur
a donné une portée universelle, mais dont l'enracinement
certain dans une société démantelée, sur un
territoire largement métamorphosé, ne peut nous laisser
indifférents, nous incitant à établir une relation
d'ordre intellectuel avec ces autres vaincus. Mais là, la recherche
doit se faire à tâtons, pour éviter de se fourvoyer
sur des chemins de fausses convergences. Comme évoqué plus
avant, les positionnements respectifs des écrivains sudistes et
des algérianistes se situent de part et d'autre de la ligne de
rupture: un Faulkner écrit à partir d'un Sud déjà
vaincu et humilié. Un Randau crée en se projetant sur un
avenir qui sera anéanti avant de se réaliser. Pourtant,
il est incontestable que l'on se trouve en présence de deux univers
animés des mêmes rêves et en proie aux mêmes
cauchemars. Le vieux Sud ne doit pas être jugé à travers
la vision officielle de ses vainqueurs (là est déjà
une similitude, d'ailleurs de portée universelle: l'histoire est
toujours écrite par les vainqueurs), comme expression de l'esclavagisme,
incarnation du mal. Nous n'entrerons pas dans ce débat philosophique
et historique qui nécessiterait à tout le moins, qu'on dresse
au préalable la carte de l'esclavagisme dans le monde contemporain,
et sous toutes ses formes.
Quoi qu'il en soit, une société a été détruite
et la nostalgie qui s'en dégage, en renforce le côté
" Paradis perdu ". Ceci nous intéresse... Ce bonheur
éclaté cache mal cependant toutes les inquiétudes
sourdes qui montaient des profondeurs de ce monde apparemment idyllique.
Il y avait certes les Noirs et l'esclavage, mais aussi les Indiens, sans
cesse repoussés et décimés (mais les Sudistes en
étaient-ils seuls responsables? N'oublions pas la participation
de la nation Cherokee aux combats dans le camp des Confédérés...
Et les plus grands massacreurs d'Indiens furent les Bleus)... Il y avait
enfin le pouvoir maléfique de l'argent dans la société
blanche... Ne peut-on pas aller jusqu'à dire que ce bonheur fut
d'autant plus indicible qu'il était rongé de l'intérieur
par une inquiétude fondamentale? Et là, nous sommes, nous
d'Algérie, en complète " phase ", comme ont dit
maintenant, avec ces sentiments exacerbés et complexes. Sur le
plan littéraire, auquel il nous faut bien revenir, nous pouvons
trouver une nette convergence d'attitudes entre ces auteurs sudistes et
nos auteurs algérianistes, dans la mesure où leurs oeuvres
laissent transparaître, sous le bonheur de vivre et l'étourdissement
de l'action, cette inquiétude latente qui a rongé notre
corps social, et plus encore notre communauté de souche européenne.
Si Randau a transcendé cette inquiétude dans le culte stylistique
d'une violence épique et flamboyante, d'autres l'ont traduite beaucoup
plus directement dans leurs oeuvres. Par exemple, La brousse qui mangea
l'Homme, de Charles Courtin, porte un titre qui est, si l'on ose dire,
tout un programme... Le sens d'une malédiction qui pèse
sur la terre d'Afrique, " Afrique " étant la figure poétique
du mot " Algérie ", a été une constante
qui s'est amplifiée au fur et à mesure que la réalité
événementielle a rattrapé les fantasmes littéraires.
En ce sens, malédiction du vieux Sud des États-Unis et malédiction
d'une Algérie soumise au Moloch sont cousines, issues d'aventures
qui ont bien des points communs, même si les conséquences
finales diffèrent quelque peu puisque, si le vieux Sud est mort,
les habitants du Sud sont toujours là, sur place, et peuvent même
se permettre de se sentir et de se conduire en Sudistes. Si pour eux exil
il y a, c'est uniquement dans leur mental qu'il se situe. Le nôtre
est géographique, il est aussi humain pour ceux d'entre nous qui
ont refusé d'entendre le chant des sirènes des adeptes de
" la page tournée ". Alors, on se sent proches des Sudistes
sur le plan littéraire mais en tant, chez nous, que " littérature
de l'exil ", plus que " littérature algérianiste
", parce que, au temps des algérianistes, tous les espoirs
paraissaient encore permis.
Fac-similé du titre de l'article
de Georges Fallay paru dans Alger-Revue, numéro d'automne
1961.
L'illustration du fond de titre est de Sauveur Galliero. Georges
Fallay récusait le jugement méprisant de Maurice
Clavel, nous traitant dans son ouvrage Le jardin de Djemila, de
" Romains sans la vertu " et de " Sudistes sans
la grâce "... Pourtant, en fin 1961, on y croyait encore!
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Cette réflexion clôt cette étude
qui ne se veut qu'une ouverture de piste pour toutes celles et ceux qui
auraient le désir de défricher la jungle encore épaisse
de l'histoire de l'Algérie française vue sous l'angle de
la littérature. Elle aura eu pour ambition d'inviter nos successeurs
à relever le défi, en refusant les idées reçues
sur notre nanisme en matière de pensée et d'art. Qu'on en
soit bien persuadé, les écrivains algérianistes ont
eu leur place - et toute leur place - dans la littérature de leur
temps.
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