-----LA CALLE, près de la frontière
Tunisienne, n'est pas née de l'expédition de 1830. Son emplacement
se situait en partie sur celui de TUNIZA, ville mentionnée sur
la carte des voies de l'empire Romain, dressée au 3e siècle.
TUNIZA, dans l'antiquité Punique et Romaine, du berbère
"TOUNES." ou Bivouac, devint MARZA EL KHARAZ " Le port
aux breloques", puis MERS EL DJNOUN, port de la baie, et LA CALLE
DE MASSACRES, et finalement LA CALLE ou bastion de France, le plus important
de tous les comptoirs de pêcheurs de coraux .
-----Déjà, vers 1286, où
le commerce et la pêche au corail donnait au port aux breloques
une prospérité importante, LA CALLE servait de havre aux
navires, grâce à sa presqu'île allongée, parallèle
au rivage, qui en faisait un abri naturel, que la providence semblait
avoir aménagée pour les navigateurs, sur cette côte
inhospitalière. Le sol riche en souvenirs recèle d'innombrables
vestiges de civilisations éteintes et nous rappelle, si besoin
était, que des pêcheurs de corail, Corses, Méridionaux
et Français ont été à partir de 1450, les
pionniers de l'installation Française en Algérie.
-----Vers 1553, Thomas LINCIO ou Lenci ,
dit Thomas LENCHES, riche négociant, ancien patron de bateaux,
d'origine Corse, mais demeurant à Marseille, obtient du Sultan
l'autorisation d'installer sur la bastion de France LA CALLE, une compagnie
de pêche, et de cueillir le corail. Il reçut du Roi de France,
l'accréditation, pour représenter la France sur la côte
barbaresque (du Cap Rosa a u Cap Roux). Mais déjà, vers
1450, des Français avaient obtenu des chefs riverains, des concessions
qui se seraient étendues sur plus de 12 lieues sur cette portion
de côte barbaresque et qui s'y seraient installés après
avoir arraché les figuiers sauvages, les ronces et les épineux
et chassé lézards et serpents.
-----En 1628, Samson NAPOLLON, gentilhomme
de la Chambre du Roi, Corse d'origine et Marseillais d'adoption, ayant
rendu de nombreux services dans le Proche-orient, après 2 ans de
négociations, réussit à obtenir la signature d'une
convention, l'autorisant à reconstruire le Bastion de France et
de se livrer à la pêche du corail, et pratiquer le commerce
des marchandises autorisées.
-----En 1633, les arabes se montrant impatients
de secouer le joug des Turcs, et sur ordre du Duc DE GUISE et du Roi de
France HENRI IV, il envisagea de faire du Bastion de France une tête
de pont pour le débarquement des troupes Françaises en Barbarie.
Il trouva la mort en donnant l'assaut de la citadelle de TABARQUE - Tabarka-.
Le chef de garnison attaquée fit jeter son corps à la mer
et clouer sa tête sur une porte de la forteresse. Samson LEPAGE
lui succéda jusqu'en 1637 comme représentant de la France,
suivi de nombreux autres tels que COQUEL 1640-1643, PIQUET de 1643 à
1658, J.ARNAUD de 1666 à 1674 etc... Entre le XIIIe et le XVIe
siècle, une suite ininterrompue de destructions et de reconstructions
: 1586, 1604, 1637, 1658, 1683, 1744, 1798, 1807, consécutives
aux pillages et aux attaques des autochtones et des corsaires, fit que
la concession de pêche changea souvent de mains jusqu'en 1836, ou
Berthier de SAVIGNY, à la tête de 40 cavaliers fut accueilli
avec enthousiasme par les arabes qui les attendaient. Voilà pour
l'historique.
-----A 86 kilomètres de Bône,
sur la route qui menait à Tabarka et Tunis par le bord de mer et
Ain Draham par la montagne, on voyait apparaître du haut de la colline
qui dominait la ville d'une centaine de mètres, une mer d'un bleu
éblouissant, le Cap Gros qui enserrait la rade des Romains toute
proche, ainsi que la plage de sable fin et son île maudite. Le petit
port de LA CALLE faisait corps avec un paysage où le vert des forêts
de chênes-lièges s'harmonisait avec l'azur marin pour former,
au soleil couchant, une symphonie de couleurs, qu'aucun artiste peintre
n'aurait pu reproduire. LA CALLE était un coin délicieux
et l'on retrouvait, dans ses environs proches, de nombreux vestiges de
civilisations éteintes
------le GOURRAH cachait, dans ses immenses
forêts, des monuments mégalithiques,
------la plaine de LA CHEFFIA des stèles
puniques,
------ de nombreuses traces de l'occupation
romaine, dans toutes les limites géographiques de ce qui fût
la Commune Mixte de LA CALLE.
-----Par ailleurs, il est bon de rappeler
les nombreux cites et lieux chers à la mémoire des CALLOIS
------ les lacs OUBEIRA et MELLAH ou mulet,
loups, dorades, anguilles y pénétraient par un chenal relié
directement à la Méditerranée,
------ la mine de plomb argentifère
de OUM TEBOUL, sur la route de Tabarka qui n'était plus exploitée
depuis de nombreuses années,
------ le BOULIF, petite rade très
poissonneuse,
------ le RAVIN DU TRESOR, riche surtout
par ses fonds transparents et calmes,
------ la MESSIDA, crique naturelle et très
poissonneuse,
------ PILE MAUDITE sur la plage du même
nom que l'histoire n'a jamais révélé la malédiction
dont elle était frappée.
-----Et bien d'autres lieux et sites qu'il
serait impossible de développer, tellement ils sont nombreux
-----. Les deux clochers de l'église,
face à la presqu'île où était accostée
la flottille de chalutiers, dominait le cours de promenade (dit cours
BARRIS) où les jeunes et les moins jeunes, se retrouvaient après
une journée de dur labeur, pour un moment de détente, de
joie de vivre et de rires, soit. aux boules, soit aux divers jeux de cartes.
La fête du Mont Carmel, patronne des pêcheurs, était
célébrée chaque année en Juillet, et une messe
dite avec ferveur en l'église St Cyprien, suivie d'une procession
avec la statue, d'abord en ville, puis en mer avec la flottille de chalutiers
au grand complet. Le St Cyprien, autre grande fête religieuse et
patronale du plus pur style Pieds-noirs, était célébrée
à la mi-septembre chaque année, pendant 3 jours inoubliables,
dans une ambiance de grande fête foraine avec jeux inédits,
baraques foraines de PEPE, les premiers à faire du play-back, pour
animer leurs séances de rires. Le sport était pour les Callois
une raison supplémentaire d'être, que ce soit aux boules
ou au foot-ball, musulmans et européens, habitués à
jouer ensemble depuis l'enfance sur les bancs de l'école, avaient
à cur de porter très haut les couleurs locales de
la boule Calloise et du Racing Club et à deux de ses enfants de
devenir professionnels : SCALA Carmelo à l'A. S. Cherbourg , en
équipe foot et water-polo et LAMIA Georges à l'O.G.C. Nice
et Rennes, goal international en équipe de France.
-----A LA CALLE où la pêche
était la principale activité, une flottille de 15 à
17 chalutiers ( des MAISTO, DELERNIA, ,GENNINO) etc... sortait chaque
jour de l'année dans le golfe. Une usine de fabrication d'ébauches
de pipes de bruyère, des Frères GIORDANNO, une usine de
taille de bouchons et de traitement du liège, de la famille MIRANDA.
Des exploitations agricoles, vinicoles, maraîchères, assuraient,
avec la mise en conserve de sardines et de crevettes, le complément
d'activité journalière de la population, estimée
à environ 5.000 personnes (européens et musulmans). A noter
que la ville de LA CALLE était le siège de la commune mixte,
du même nom, dirigée par un Administrateur nommé par
le Gouverneur général et son territoire s'étendait
jusqu'à la frontière tunisienne. LA CALLE a donné
son tribu de figures à la France, pour simple exemple , et il y
en eu bien d'autres, PISANI Rosario, né le 5 Novembre 1880 à
LA CALLE, décédé à 71 ans à Fez (Maroc).
Il a brillamment honoré son pays natal, en accomplissant des services
militaires exceptionnels en Tunisie, au Maroc, en Egypte, en Syrie, en
Arabie, en Algérie. Engagé volontaire, il a conquis ses
galons de Commandant en suivant le rang, sans passer par les écoles.
II a fait campagne en Turquie aux côtés du célèbre
Colonel anglais, T.E. Lawrence D'ARABIE. II était Commandeur de
la Légion d'Honneur, Médaillé Militaire (au feu),
titulaire des Croix de Guerre 1914/1918-1939/1945, T.D.E. MILITARY CROSS
et D.S.O.
Edmond LEPAGE -Enfant
de LA CALLE
Vice-Président délégué de l'Association des
Rapatriés d'A.F.N. (Algérie-Maroc-Tunisie) et ses amis du
Comté de Nice et région PA.C.A.
|