-Alger, le Kursaal ou Nouveau théâtre
La saison Théâtrale à Alger" extraits de "La Terre d'Algérie" (ancienne Algérie Hivernale) 11ème année n° 21, Noël 1920
Envoi de Francis Rambert

sur site le 15-11-2008

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AU NOUVEAU-THEATRE

L'opérette est fille de la gaîté française, de cette saine et franche gaîté chère à Rabelais et à nos pères ; fille pimpante et légère elle distille la joie en des airs enlevés, d'une musique facile et agréable, bien propre à reposer l'esprit. Elle chante l'amour de vivre et d'aimer ; avec elle pétillent les mots d'esprit. Plaisante, aimable même dans ses pamphlets, l'opérette est l'enfant gâté du public.

En notre ville d'Alger, elle a élu domicile au Nouveau-Théâtre, le coquet établissement de l'Esplanade Bab-el-Oued, construit en face du Lycée de garçons, desservi par la principale ligne de tramways algériens.

Lorsqu'on débouche sur le carrefour situé à l'extrémité de la rue Bab-el-Oued, on aperçoit aussitôt, à droite, l'édifice imposant et ses dômes. Vu de l'extérieur le bâtiment paraît peut être massif, mais l'intérieur en est coquet, moderne et très confortable. On est là en plein temple de l'opérette et l'on a l'impression que les ombres de Planquette, Offenbach, Audran, Hervé, Lecocq peuvent s'y donner rendez-vous, comme dans un milieu d'élection.

La scène est vaste, se prêtant aux evolutions des corps de banet et d'une figuration nombreuse. La salle, véritable bonbonnière, est décorée avec goût et offre aux spectateurs le maximum de confortable et de commodités : couloirs-promenoirs, brasserie, fumoir, salles de jeux.

Tel est le cadre charmant dans lequel est jouée l'opérette à Alger, pour le plus grand plaisir des algérois, qui viennent y applaudir les pensionnaires de MM. Prosper et Valensin, les sympathiques directeurs de la Maison.

Au tableau de la troupe, nous relevons des noms connus dans le monde du théâtre : l'exquise divette Marguerite Lacroix, la délicieuse chanteuse et comédienne Angèle Rynaldo et ses camarades Mines Aline. Florin's, Rollande, Rozé Leprince, Morin, Mérina, Moreloh, Donia, Grosso.

Madame Marguerite Lacroix
Madame Marguerite Lacroix
M.Lamy, premier ténor
M.Lamy, premier ténor

Côté hommes, citons le brillant et célèbre ténor italien, Piétro Lamy, qui fit les beaux jours du théâtre de Monte-Carlo ; le fin grand premier comique Philippe Dolne ; l'amusant trial Saint-Pré ; les excellents barytons Herniaux et Beroard ; les basses Marco et Crépy ; Serriani, premier ténor d'opérette ; MM. Rizzi, Georgey, Wertz, Lefévres.

Des choeurs nourris et bien homogènes, encadrent cette pléiade d'artistes.

La chorégraphie, avec les étoiles, Mlles Denis et Prué et un corps de ballet, soigneusement sélectionné ne constitue pas le moindre des attraits de ces spectacles . L'orchestre enfin magistralement dirigé par M.Reynaud, une des premières baguettes de métropole, est formé par une phalange de 32 instrumentistes connus, de solistes réputés, pour la plupart prix du Conservatoire.
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Ayant à leur disposition de tels éléments, MM. Prosper et Valensin, ont pris l'heureuse initiative d'offrir, les vendredis aux dilettantes, des concerts de musique, classique et moderne qui sont très appréciés.

La saison ouverte en octobre se déroule brillante et prometteuse. De nombreuses reprises à succès ont déjà été données : Moins Veuve que Joyeuse, S.A.R., Surcouf, Amour Tzigane.

Parmi lés créations annoncées, citons : La Marraine de l'Escouade, La Reine s'amuse, Mam'zelle Sourire, Le Massage Parisien, Messalinette, Nom d'une Pipe, Le Rendez-vous, etc., etc.