AU NOUVEAU-THEATRE
L'opérette est fille de la gaîté
française, de cette saine et franche gaîté chère
à Rabelais et à nos pères ; fille pimpante et légère
elle distille la joie en des airs enlevés, d'une musique facile
et agréable, bien propre à reposer l'esprit. Elle chante
l'amour de vivre et d'aimer ; avec elle pétillent les mots d'esprit.
Plaisante, aimable même dans ses pamphlets, l'opérette
est l'enfant gâté du public.
En notre ville d'Alger, elle a élu domicile au Nouveau-Théâtre,
le coquet établissement de l'Esplanade Bab-el-Oued, construit
en face du
Lycée de garçons, desservi par la principale
ligne de
tramways algériens.
Lorsqu'on débouche sur le carrefour situé à l'extrémité
de la rue Bab-el-Oued, on aperçoit aussitôt, à droite,
l'édifice imposant et ses dômes. Vu de l'extérieur
le bâtiment paraît peut être massif, mais l'intérieur
en est coquet, moderne et très confortable. On est là
en plein temple de l'opérette et l'on a l'impression que les
ombres de Planquette, Offenbach, Audran, Hervé, Lecocq peuvent
s'y donner rendez-vous, comme dans un milieu d'élection.
La scène est vaste, se prêtant aux evolutions des corps
de banet et d'une figuration nombreuse. La salle, véritable bonbonnière,
est décorée avec goût et offre aux spectateurs le
maximum de confortable et de commodités : couloirs-promenoirs,
brasserie, fumoir, salles de jeux.
Tel est le cadre charmant dans lequel est jouée l'opérette
à Alger, pour le plus grand plaisir des algérois, qui
viennent y applaudir les pensionnaires de MM. Prosper et Valensin, les
sympathiques directeurs de la Maison.
Au tableau de la troupe, nous relevons des noms connus dans le monde
du théâtre : l'exquise divette Marguerite Lacroix, la délicieuse
chanteuse et comédienne Angèle Rynaldo et ses camarades
Mines Aline. Florin's, Rollande, Rozé Leprince, Morin, Mérina,
Moreloh, Donia, Grosso.
Madame Marguerite Lacroix
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M.Lamy, premier ténor
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Côté hommes, citons le brillant et célèbre
ténor italien, Piétro Lamy, qui fit les beaux jours du
théâtre de Monte-Carlo ; le fin grand premier comique Philippe
Dolne ; l'amusant trial Saint-Pré ; les excellents barytons Herniaux
et Beroard ; les basses Marco et Crépy ; Serriani, premier ténor
d'opérette ; MM. Rizzi, Georgey, Wertz, Lefévres.
Des choeurs nourris et bien homogènes, encadrent cette pléiade
d'artistes.
La chorégraphie, avec les étoiles, Mlles Denis et Prué
et un corps de ballet, soigneusement sélectionné ne constitue
pas le moindre des attraits de ces spectacles . L'orchestre enfin magistralement
dirigé par M.Reynaud, une des premières baguettes de métropole,
est formé par une phalange de 32 instrumentistes connus, de solistes
réputés, pour la plupart prix du Conservatoire.
,
Ayant à leur disposition de tels éléments, MM.
Prosper et Valensin, ont pris l'heureuse initiative d'offrir, les vendredis
aux dilettantes, des concerts de musique, classique et moderne qui sont
très appréciés.
La saison ouverte en octobre se déroule brillante et prometteuse.
De nombreuses reprises à succès ont déjà
été données : Moins Veuve que Joyeuse,
S.A.R., Surcouf, Amour Tzigane.
Parmi lés créations annoncées, citons : La
Marraine de l'Escouade, La Reine s'amuse,
Mam'zelle Sourire, Le Massage Parisien, Messalinette,
Nom d'une Pipe, Le Rendez-vous, etc., etc.