En Algérie, les 2/3
de la population vivent de la terre. Or, la terre est en danger...
" ...Le parasitisme gagne, s'étale et submerge tout, car
le terrain biologique perturbé par la science conformiste voit proliférer
de nouvelles générations d'insectes déprédateurs
absolument inconnues jusqu'alors. Ces insectes détruisent plus de
la moitié de la production. Plus on " soigne ", plus on
" traite ", plus il faut " soigner ", plus il faut "
traiter ". Les semences ne donnent rien l'année qui suit. Cela
n'en finit plus et s'aggrave chaque année davantage ( A.-L.
Crozet, la Semaine du Lait). "
Nous avons tenu à faire connaître l'oeuvre de l'Insectarium
d'Alger qui, dès sa création relativement récente,
a sauvé du désastre la culture algérienne des agrumes.
Son action bienfaisante s'étend du reste à bien d'autres domaines...
Au Jardin d'Essai, le bâtiment de l'Insectarium
(face Est).
Dans le cadre magnifique du Jardin d'Essai se trouve un établissement
peu connu du grand public, créé il y a près de 40 ans
par le Service de la Défense des Cultures. II s'agit de l'Insectarium
dont le nom indique la destination principale : élever des insectes
utiles à l'agriculture. C'est le seul établissement de ce
genre qui existe en Afrique du Nord. II y en a un en Métropole, à
Antibes, rattaché à la Station de Zoologie agricole, dépendant
de I'Institut national de la Recherche agronomique ; et un autre à
Menton organisé par le Comité international de Lutte biologique.
L'Insectarium d'Alger a été créé en 1923 pour
importer, multiplier et répartir dans la nature des coccinelles d'origine
australienne connues sous le nom de Novius cardinalis
un destructeur insensible aux traitements chimiques...
En 1 920, en effet, les services officiels avaient identifié la présence
à Boufarik
sur des orangers et des mimosas provenant de la Côte d'Azur d'une
cochenille de même origine que les coccinelles. Cette cochenille se
multipliant très rapidement et étant pratiquement invulnérable
aux traitements insecticides, une véritable panique s'empara des
agriculteurs. On coupa les branches des orangers et autres arbres envahies
par cet insecte, on arracha même des arbres et on les brûla
ensuite : rien ne put enrayer l'invasion.
...vaincu par l'Insectarium
C'est alors que l'on recourut à l'importation de coccinelles spéciales,
se nourrissant uniquement de cette cochenille et qui se multipliaient encore
plus rapidement que leur hôte. Le Novius se répandit vite dans
toute la zone de culture de l'oranger ; faisant " tache d'huile ",
il gagna de proche en proche à peu près toutes les régions
d'Afrique du Nord. Son action bénéfique prit une telle importance
et se généralisa tant que la distribution par l'Insectarium
de colonies de cet insecte alla en diminuant d'année en année
jusqu'à la dernière guerre. Le Novius est en effet maintenant
parfaitement adapté à notre climat. Seuls sont à craindre
les " coups de sirocco" les plus forts et les plus longs qui arrivent
à tuer les adultes et les ufs fraîchement pondus.
les insecticides, arme à double tranchant
toutefois l'utilisation massive, aussitôt après la guerre,
de produits insecticides chlorés, à longue persistance, et
agissant par contact, avait pratiquement éliminé la coccinelle.
Celle-ci est très sensible de par sa nature et, de plus, très
mobile, ce qui augmente les chances d'entrer en contact avec les dépôts
d'insecticides laissés par les pulvérisations ou les poudrages.
Le D.D.T. employé à partir de la fin de l'été
contre la mouche méditerranéenne des fruits, est le principal
responsable de cet état de choses. II a donc fallu reprendre les
élevages de coccinelles dont une souche est gardée tout au
long de l'année avec un soin vigilant.
Le nombre de " colonies de Novius " demandé par les agriculteurs
est devenu beaucoup plus considérable qu'avant la guerre, ce qui
s'explique aussi par l'extension des plantations. On peut estimer à
10.000 le nombre moyen des insectes répandus chaque année
dans les vergers.
Un autre insecte utile fut introduit un peu plus tard en Algérie,
multiplié et répandu dans les vergers de pommiers par l'Insectarium.
Il s'agit d'un petit hyménoptère qui pond, se développe
et se transforme finalement en adulte à l'intérieur du corps
de pucerons. Ceux-ci sont parfaitement protégés contre les
traitements insecticides par des filaments cireux qu'ils sécrètent
en abondance et qui les isolent du milieu extérieur. Cette introduction
s'est révélée très efficace ; à I'heure
actuelle on peut considérer ces hyménoptères comme
parfaitement acclimatés et suffisamment répandus pour que
tout élevage soit devenu inutile depuis de nombreuses années.
Ces élevages d'insectes utiles ne représentent qu'une part
du travail des techniciens de l'Insectarium. Des tâches d'abord complémentaires,
puis essentielles, sont venues s'y ajouter.
un gigantesque travail de recherche et de classement
L'Insectarium a été chargé d'établir l'identité
des insectes parasites des cultures ou dont la présence dans Ies
champs laisse planer un doute sur leur action nuisible éventuelle.
Il a donc fallu se procurer et par ailleurs créer de toute pièce
les instruments de travail nécessaires.
C'est en premier lieu une bibliothèque spécialisée
d'ouvrages et de revues traitant de questions entomologiques, et, en particulier
décrivant les caractères distinctifs, et éventuellement
le mode de vie, des différentes familles, genres et espèces
d'insectes. II a fallu aussi créer un fichier permettant d'obtenir
rapidement les renseignements cherchés en fonction du nom du parasite
ou de son hôte. Ce fichier permet d'utiliser au mieux tous les travaux
parus sur un sujet précis, dont les différents aspects sont
toujours dispersés dans plusieurs ouvrages très divers quant
à leur origine et à leur date.
L'autre instrument essentiel à la détermination est une
collection aussi complète que possible, qui
doit être entretenue avec un soin minutieux et constant. Elle est
dans toute la mesure du possible, enrichie par des achats de collections
particulières, augmentée par les envois faits par des correspondants
répartis à travers le territoire algérien.
Pendant des années, des instituteurs ont recueilli dans la région
où se dressait leur école, des coléoptères
dont beaucoup n'étaient pas encore représentés dans
les cartons de l'Insectarium. Une collection est absolument indispensable,
car elle permet seule la comparaison directe, absolument irremplaçable,
d'un insecte à déterminer avec les espèces que l'on
possède.
Cette identification est toujours délicate, car les caractères
distinctifs sont souvent très peu apparents et échappent
à un il peu averti. Elle exige donc une véritable
spécialisation. Mais celle-ci implique un personnel qualifié
et suffisamment nombreux pour que chaque branche importante de l'entomologie
systématique ait son spécialiste. Ce n'est hélas
pas le cas de I'Insectarium.
Clic et
l'image grandit.
Dans leurs prisons de verre disposées sur ces tables, vivent
dans leur milieu naturel
reconstitué les insectes pensionnaires de l'Insectarium.
Mlle Daumale consigne chaque
jour les observations sur l'évolution des différentes
colonies.
|
Certes, ce Laboratoire détermine la très
grande majorité des insectes soumis à son examen par les
services techniques de l'Agriculture ou du Commerce et même par
des particuliers. Mais certains échantillons présentent
des difficultés d'identification telles qu'ils doivent être
expédiés à des techniciens de la Métropole
ou de I'Etranger -plus spécialisés encore.
II faut préciser que la détermination du nom d'un insecte
n'est nullement un travail d'amateur, d'intérêt uniquement
scientifique, sans répercussions pratiques réelles. Bien
au contraire, elle est indispensable pour connaître au moins approximativement,
le mode de vie d'un insecte et, par conséquent, de quelle manière
on peut, avec le plus de chances de succès entreprendre la lutte
pour enrayer ses dégâts.
de difficiles et délicats élevages d'étude...
Cette détermination n'est possible, dans une très large
mesure, que sur des adultes.
Or les dégâts sont souvent produits par des larves. II faut
donc recourir à des élevages pour obtenir la forme parfaite.
L'Insectarium s'est en conséquence équipé pour ce
travail ; travail long, délicat, exigeant une observation constante
et des conditions d'hygiène rigoureuses, faute desquelles on ne
saurait éviter Ies maladies qui peuvent prendre une forme épidémique
et anéantir en quelques jours un élevage.
II faut avoir une connaissance approfondie des besoins de I'insecte élevé
afin que I'aIimentation qu'on lui donne assure son parfait développement.
II faut enfin le mettre dans des conditions satisfaisantes
au point de vue chaleur, humidité, éclairement, etc...
Il faut savoir que certaines larves ne supportent pas la présence
de congénères. C'est ainsi que les" vers blancs ",
larves de Coléoptères Scarabéides ont un corps très
mou et une peau fragile mais par contre les mandibules développées
et solides ; aussi se mordent-elles quand elles se rencontrent, ce qui
entraîne leur mort dans la plupart des cas ; les blessures entraînent
des infections secondaires qui leur sont fatales.
Faire des élevages pour déterminer l'identité d'un
parasite amène naturellement à étudier le cycle biologique
de cet animal, à noter les dates d'apparition des différents
stades (ponte, éclosion des ufs, mues des larves, nymphose,
naissance de l'adulte).
Cette connaissance peut rendre d'énormes services aux agriculteurs
car certains moments dans cette évolution sont plus particulièrement
propices à l'action de l'insecticide : ainsi en est-il de l'éclosion
des ufs, par exemple, quand les chenilles néonates se déplacent
sur le végétal aux dépens de certains organes duquel
elles vont vivre.
ces élevages permettent de donner l'alarme
Quand cette étude est bien au point, elle peut
être utilisée pratiquement sous forme d'avertissements donnés,
en temps utile, aux agriculteurs par la voie de la radio et de la presse.
C'est alors le Service de la Protection des Végétaux qui
prend en charge ce travail ; il a monté dans ce but des stations
locales d'avertissement spécialisées contre certains ennemis
des cultures comme I'eudémis de la vigne ou le carpocapse des pommes
et des poires.
Les recherches sur la biologie des parasites sont donc d'un très
grand intérêt, d'autant plus que le cycle biologique des
insectes varie parfois considérablement d'un bord à I'autre
de la Méditerranée : ce qui est vrai en France ne I'est
pas forcément en Algérie. C'est ainsi qu'un certain parasite
des légumineuses commet ses dégâts de la fin du printemps
jusqu'à la fin de I'été en métropole, en hiver
et au printemps ici.
On pourrait multiplier les exemples semblables. Tous concourentà
montrer la nécessité d'études " sur place "
sur le plan de l'efficacité
des expertises spéciales hors
de portée des particuliers
L'initiative privée a créé en Algérie
des entreprises de traitement des vergers, en particulier ceux d'agrumes.
A ces entreprises, fortement spécialisées dans leur matériel
et leur technique, les propriétaires font très fréquemment
appel pour lutter contre tes parasites les plus communs et les plus dangereux,
c'est-à-dire Ies cochenilles. De l'efficacité des traitements
dépend évidemment I'état de santé, c'est-à-dire
la production du verger. Lourde responsabilité. Aussi l'Administration
de l'Agriculture avait-elle préconisé aux entrepreneurs
de présenter à leurs clients un modèle de contrat
prévoyant, en cas de contestations. un contrôle, une expertise
faite par l'Insectarium. La vérification de la mortalité
des insectes sur les arbres traités pendant la belle saison constitue
une activité importante de cet établissement. EIIe a permis
de moraliser un travail pratiquement impossible à vérifier
par les moyens dont disposent ordinairement Ies agriculteurs.
Toutes les études poursuivies à l'Insectarium ont permis.
tantôt à un, tantôt à plusieurs spécialistes
de ce Laboratoire de collaborer à divers ouvrages de portée
technique et pratique : " La Lutte contre les Sauterelles en Algérie
", " Les Ennemis des Cultures Fruitières en Algérie",
" Les Ennemis de la Vigne en Algérie". Ces ouvrages furent
accueillis avec une grande faveur par le monde agricole d'Algérie
et même de la Métropole.
la désinsectisation des
produits agricoles question majeure
Le Directeur actuel de l'Insectarium a, d'autre part, consacré
une part de l'activité de cet organisme à l'étude
et à la vulgarisation d'une technique relativement nouvelle : l'utilisation
des gaz toxiques dans la lutte contre les insectes qui s'attaquent aux
produits d'origine agricole conservés plus ou moins longtemps après
leur récolte.
Depuis 1930, les principaux ports d'Algérie et certaines oasis
sahariennes ont été pourvues de stations de désinsectisation
sous vide. Ces stations ont été créées et
sont gérées par le Service de la Protection des végétaux.
Installées suivant Ies plans de l'Insectarium, elles mettent en
uvre la technique de maintenir à la satisfaction de tous
la parfaite qualité de milliers de tonnes de marchandises : figues,
dattes, raisins secs, céréales, légumes secs, etc...
Avant la guerre de 39, elles utilisaient comme gaz insecticide un mélange
d'air, d'oxyde d'éthylène (fabriqué en Allemagne)
et de gaz carbonique (ce dernier nécessaire surtout pour éliminer
les risques d'explosion dus à la grande inflammabilité du
produit utilisé). Vint la guerre. Plus d'oxyde d'éthylène
évidemment. Ce furent lesétudes spécialisées,
heureusement entreprises dès 1938, qui permirent de remplacer le
mélange précédent par un mélange d'air et
de bromure de méthyle, de puissance insecticide équivalente.
La transformation nécessaire des appareils se fit en une nuit :
le rythme des opérations ne s'en trouva pas retardé d'une
heure.
Mais, dira-t-on, pourquoi l'Algérie a-t-elle consacré tant
d'attention à la désinsectisation ? C'est que celle-ci avait
été rendue nécessaire dès 192-1930 par la
perle ou le rétrécissement de certains marchés extérieurs.
Nos produits, figues et dattes en particulier contenaient un pourcentage
important de fruits véreux. Et ne parlons pas trop d'une présentation
mauvaise, souvent entachée de fraudes. L'avilissement des prix,
Ies difficultés d'écoulement, en étaient la conséquence
fatale.
les marchés perdus ont pu être reconquis
II fallut l'action conjointe de I'OFAL.AC qui imposa la standardisation,
et de la Protection des végétaux. qui réalisa une
désinsectisation efficace, pour remonter le courant et revaloriser
les produits d'Algérie. C'est chose faite maintenant.
Les méthodes de désinsectisation n'en continuent pas moins
à être étudiées, contrôlées, perfectionnées
à l'Insectarium qui est doté dans ce but d'une station pilote
très bien équipée. Par aiIIeurs le Directeur de l'établissement
a publié deux ouvrages de base sur I'utiIisation des gaz insecticides,
dont l'un a reçu la médaille d'or
de l'Académie d'Agriculture et a été classé
comme " Document Phytosanitaire " par le Ministère de
l'Agriculture. Il est le principal spécialiste français
et sa renommée a dépassé Iargement Ies frontières
de notre pays. La Métropole I'A.O.F., le Maroc, Madagascar et des
pays étrangers font appel à lui fréquemment pour
résoudre les problèmes posés par la conservation
des denrées d'origine agricole.
***********************
II est à remarquer que l'insectarium d'Alger fonctionne
avec un effectif très restreint.
Clic et l'image
grandit.
M. André Lepigre, ingénieur
en chef des Services agricoles, spécialiste d'une autorité
mondiale, directeur de l'Insectarium.
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II comprend :
M. André Lepigre, directeur, ingénieur en chef des services
agricoles ;
M. Maurice Laporte, ingénieur des services agricoles ;
M. Lafay, agent technique ; Mlle Daumale, laborantine.
A ce personnel éminemment spécialisé et hautement
qualifié incombent Ies différentes tâches de recherches,
d'analyse, d'entomologie, d'essais et d'élevages. Toutes tâches
essentielles pour la protection de I'AgricuIture.
Mais il est des cas particuliers et dans lesquels l'Insectarium est intervenu,
qui n'intéressent nullement le domaine agricole. C'est ainsi qu'il
y a quelques années la Société des Lignes télégraphiques
et téléphoniques a demandé une consultation sur ce
qu'il y avait lieu de faire pour éviter des ennuis extrêmement
sérieux qui venaient de survenir. Cette Société avait
installé une Iigne entre Alger et Constantine. Aux essais, les
résultats furent très mauvais. Un examen approfondi permit
de se rendre compte que çà et là. souvent à
intervalles rapprochés et régulièrement espacés,
l'isolant avait partiellement disparu. ( la suite sous
l'encadré)
LE
DÉLICAT APPAREILLAGE DE MACROPHOTO
Clic
et l'image grandit.
La macrophoto des insectes
(hannetons d'Algérie sur le cliché) est réalisée
avec cet appareillage.
|
La
macrophoto des insectes (hannetons d'Algérie sur le cliché)
est réalisée avec cet appareillage.
Elle permet (le grossir les sujets jusqu'à 3, 5 fois sur
la pellicule 24 X 36, ce qui dorure un bon agrandissement, sur papier,
de 20 et même 25 fois. Ainsi la photo d'une coccinelle atteint
facilement 10 cm
Les sujets photographiés étant en général
vivants, donc mobiles, exigent l'instantané très rapide;
les lampes à incandescence sont trop faibles et, en outre
risquent de" cuire " les insectes. L'instantané
au 1/1.000' de seconde est réalisé avec l'éclair
électronique.
On voit sur la photo, de gauche à droite.
- le coffret de flash électronique renforcé par un
condensateur supplémentaire;
-le tableau des commandes électriques;
- une première torche de flash;
-l'appareil de prise de vues monté sur un robuste pied-support,
avec ses tubes-rallonge et son porte-filtre, le sujet étant
placé horizontalement au-dessous;;
- la lampe de mise au point permanente;
-une seconde torche de flash.
Les agrandissements considérables à obtenir nécessitent
un éclairement intense. Celui-ci est réalisé
sur lu photo avec 2 torches de flash fonctionnant chacune sous 120
joules, et disposées très près du sujet. Une
troisième torche est même souvent nécessaire.
La majorité des trois magnifiques séries de diapositives
d'enseignement en couleur, réalisées ces deux dernières
années par l'Office Algérien du Cinéma éducateur
pour le compte du Ministère de l'Éducation Nationale,
a été tirée à l'Insectarium. Quel progrès
entre les anciens dessins an tableau noir et ces projections "
vivantes "...
|
incroyables méfaits d'une larve
L'examen des tourets de bois de sapin sur lesquels Ies
fils étaient enroulés avant leur utilisation permit de comprendre
ce qui s'était passé. Un insecte vivant à l'état
Iarvaire, pendant 2 ou 3 ans dans le bois de sapin du touret était
devenu adulte avant l'utilisation du fil télégraphique.
II s'était, à coups de mandibules frayé une galerie
de sortie à travers l'isolant des fils et finalement à travers
la Iame de plomb de 3 mm environ d'épaisseur qui recouvrait I'ensemble.
On conseillaà la Société d'utiliser à l'avenir
des tourets métalliques ou d'imprégner ceux qui étaient
en dépôt avec un insecticide puissant et persistant.
10 km de route détruits par des scarabées
Une autre fois, ce furent Ies Ponts et Chaussées qui rencontrèrent
des difficultés. Des insectes, par myriades, avaient soulevé
et complètement endommagé une dizaine de kilomètres
de route près de Souk-Ahras. II s'agissait de Scarabées
de très petite taille qui normalement vivent aux dépens
de matières d'origine organique. Renseignements pris. on s'aperçut
que de la caséine avait été ajoutée au goudron,
sans doute à des doses excessives, puisqu'elle avait attiré
ces insectes et permis leur pullulation. Évidemment l'Insectarium
ne pouvait guérir le mal, mais il en tira une leçon profitable
pour les services techniques intéressés.
au service de la médecine
Même le domaine médical, la parasitologie en particulier,
a quelques rapports avec ('Insectarium. La détermination d'in-sectes
ou de débris d'origine entomologique ayant causé des désordres
divers dans un organisme humain est, de temps à autre, demandé
à cet établissement.
Et, pour terminer, nous n'oublierons pas la part prépondérante
que prit le Directeur de l'Insectarium à la Iutte contre la peste
durant la dernière guerre. Plusieurs militaires de la gestion des
subsistances militaires étaient morts de la peste bubonique. Il
faIIait tuer Ies rats et, ce qui était plus difficile mais indispensable,
Ies puces, pour empêcher la propagation de l'épidémie
La chose fut réalisée par l'Armée sous la direction
de ce technicien. Ce ne fut pas sans danger car il fallut mettre en uvre
d'énormes quantités d'insecticides violents, en particulier
3 quintaux de cyanure. Et il faut, de ce produit, un demi-décigramme
pour tuer un homme. Mais enfin le résultat fut obtenu et la propagation
de la peste se trouva stoppée net.
Nous ne parlerons pas aujourd'hui, car il y aurait trop à dire,
de certaines autres activités auxquelles l'Insectarium se trouva
conduit par la force des choses, par la simple mais rigoureuse observation
de phénomènes apparus au cours d'études sur les insectes.
l'Algérie à l'avant-garde du traitement
du tabac
Ainsi en est-il de la fermentation pré-accélérée
du tabac qui se fait aujourd'hui en trois jours au lieu de 100 et qui
découle d'un fait en apparence bien différent :
des fruits frais soumis à certains gaz blettissaient avec une rapidité
gênante. Ce sera peut-être le sujet d'un article ultérieur
qui nous permettra de montrer comment l'Algérie est aujourd'hui
le premier pays du monde à exploiter ce tout nouveau procédé
avec plein succès - et ce depuis quatre ou cinq ans - sur des milliers
de tonnes de tabac.
Ce coup il rapide sur les travaux principaux ou secondaires de I'Insectarium
en démontre aisément, non pas l'utilité, mais la
nécessité. Son action tenace et bienfaisante s'exerce certes
dans I'ombre. Rien n'est spectaculaire dans ce modeste Iaboratoire. Et
cependant, s'il n'avait pas existé en Algérie, que de retard
dans les progrès de I'Agriculture algérienne 1 Organisme
d'étude et de perfectionnement technique avant tout, il a été
récemment rattaché, et nous pouvons nous en féliciter,
à l'Institut National de la Recherche Agronomique. Nul doute que,
doté de ce fait de moyens plus puissants, il ne contribue à
développer plus encore et plus vite la technique et la prospérité
de l'Agriculture et du Commerce algériens.
Ces " chambres à
gaz pour insectes peuvent traiter 500 tonnes par jour.
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L'usine de désinsectisation du Service de la Protection des
végétaux, sise rue de Béziers sur le port, est
équipée d'un des ensembles les mieux conçus de
France et d'Algérie pour la désinsectisation par gaz,
suivant les méthodes et les plans de l'ingénieur en
chef des Services agricoles Lepigre. Cette vue générale
des "chambres à gaz " pour insectes, montre la batterie
de six autoclaves d'un volume total de 163 m3 (le plus gros à
lui seul fait 72 m3).
Dans ces cylindres on loge environ 100 wagonnets, ce qui permet le
traitement normal de 3 à 400 tonnes par jour - (en période
de pointe jusqu'à 600 tonnes).
Les gaz utilisés sont de 2 sortes, suivant que l'on désinsecticide
des végétaux pour la consommation ou pour la reproduction.
Pour le traitement des végétaux de consommation recommandé
par l'O.FA.LAC, ou réclamé par le commerce local, on
se sert du bromure de méthyle tandis que l'acide cyanhydrique
n'affectant pas la vie végétale, s'emploie pour la destruction
des insectes des végétaux de reproduction.
L'opération de traitement est simple, on enferme hermétiquement
les produits dans les autoclaves, on lâche ensuite à
l'intérieur le volume de gaz nécessaire suivant un laps
de temps codifié par la température.
Avant d'ouvrir les portes étanches, on procède par deux
vidanges successives d'air à la purge des résidus gazeux.
Une échelle d'importance de l'activité de l'usine :
en 1959 le tonnage de marchandises a été de 12.820 t.
et l'on a consommé 47.111 m de bromure de méthyle Les
principales denrées traitées ont été:
les céréales (4.784 t.), les dattes (3.738 t.), les
figues (2.255 t.), les légumes secs (680 t.), les pommes de
terre en provenance de l'étranger, les semences, les arbres
fruitiers et même les platanes importés de la Ville d'Alger.
Derrière
la partie grillagée réservée à
l'usage d'entrepôt de l'acide cyanhydrique, cet homme
masqué, engoncé dans une tenue de protection
en caoutchouc, manipule la a mort foudroyante ", qu'il
verse avec un grand luxe de précaution dans un des
entonnoirs qui communique avec le mélangeur de gaz.
(Au fond la flamme de sécurité au cas d'une
fuite de bromure de méthyle).
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