Hussein-Dey, 9è arrondissement du Grand Alger


1.- les Docks frigorifiques de la Cie Algérienne

[...]
- Il n'y a rien de vrai... En effet, des bateaux prennent de la glace au même titre que les particuliers, les commerçants, mais pas en chargement pour l'exportation... c'est ridicule d'y penser... il nous arrive parfois d'expédier de la glace jusqu'à Constantine, mais c'est par accident, ou plutôt c'est qu'un accident est survenu aux machines des fabriques de glace de cette région, mais tout cela ne peut gêner en rien nos livraisons à Alger, et c'est ainsi que nous avons toujours approvisionné, avec les mêmes quantités les bouchers, les pâtissiers, les limonadiers ; s'il y a eu crise, la faute incombe principalement aux dépositaires qui à un certain moment ont doublé leur achat, absorbant ainsi nos réserves... mais noire production journalière, qui est de près de 100 tonnes, avec l'usine que nous possédons à Hussein-Dey, n'a jamais cessé.

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1928. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.

Afrique du nord illustrée du 25-8-1928 - Transmis par Francis Rambert

mars 2021

2.- ALGER CONSOMME ACTUELLEMENT
300.000 KILOS DE GLACE PAR JOUR

echo du 3-8-1935 - Transmis par Francis Rambert

36° de chaleur = palais asséchés = 300.000 kilos de glace.

Ça a l'air d'une blague mais ça n'est, cependant, que la plus exacte vérité.

Depuis que Phebus a astiqué son bouclier et envoie sur notre bonne ville une confortable chaleur, les glacières font des affaires d'or.

Boiriez-vous du vin tiède, de l'eau douce, de la bière qui n'embuerait pas le verre ? Que non, n'est-ce pas. Et quand vous êtes installés au café, jambes écartées, bras ballants, chapeau sur les genoux, vous ne savez résister au besoin de dire au garçon qui vient de poser devant vous un apéritif couleur de pierre précieuse : « Encore un glaçon, s'il vous plaît 1

Eh bien ! votre glaçon et puis celui du voisin finissent par peser au bout de la journée trois cent mille kilos. De ce chiffre astronomique voici le détail:

La S.E.V.A. produit 160.000 kilos ; les Glacières algéroises, 70.000 kilos ; les Glacières de Birmandreïs, 60.000 kilos et enfin la brasserie de la Gauloise, 10.000 kilos.

Et voilà 1

Il fait peut être chaud à Alger mais on sait s'y rafraîchir et ça permet de tenir le coup sans trop envier ceux qui ont traversé la « grande bleue » et qui se prélassent dans les brises fraîches de petits trous pas cher ou de stations à la mode.


sur site mai 2019

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TEXTE DE L'ARTICLE SOUS LES PAGES DE LA REVUE.

les Docks frigorifiques de la Cie Algérienne

La glace !.. La glace !..

- Tu as de la glace Bachir ? s'inquiète la ménagère en s'insinuant entre les grands paniers de légumes qui encombrent l'épicerie du moutchou.
- Non ma belle, répond l'interpellé avec une familiarité qui nous déconcerte.
- Oh! mon dieu, mon dieu, qu'est-ce que ça veut dire... manquer de glace en cette saison, tu n'en auras pas tout à l'heure ?...
- Peut-être, mais elle est chère tu sais... et pour mieux faire comprendre, et accepter le prix exorbitant qu'il va lui réclamer en échange d'un peu de l'ingrédient qu'elle demande, le dénommé Bachir, dont la mauvaise foi est manifeste, se lance dans des explications d'où il résulte que nous manquons de glace, parce que de gros bateaux viennent la prendre pour l'emporter à Marseille où elle se vend trois francs le kilo.
- Trois francs le kilo, tu vois madame.
- Mon joli Bachir, tu exagères, allons va, donne moi un peu de glace.

Nous laissons la ménagère en prière aux pieds du Dieu moutchou, et animé de ce sentiment que tout effet à une cause, et que le seul moyen de la connaître est de remonter à la source, nous nous dirigeons vers les Docks frigorifiques de la Cie Algérienne, le seul endroit où nous pourrons trouver une explication logique à cet état de choses.

M. Dumouchel, le sympathique directeur de la Cie, écoute nos doléances avec intérêt.
- Monsieur commençons-nous, en été, sous notre latitude, vous n'ignorez pas que les breuvages de quelque composition qu'ils soient ne sont agréables à absorber, qu'agrémentés d'un glaçon limpide... les boissons les plus engageantes sans cet apport, ne sont que de tièdes tisanes qui soulèvent le cœur... Eh bien depuis quelques jours, nous sommes (par la faute de qui, mystère) devant cette alternative, prendre notre parti d'ingurgiter, en fermant les yeux de l'eau tiède, ou mourir simplement de soif, ce qui n'est pas une chose bien agréable.

On a parlé, pour expliquer cette pénurie de glace, d'un grand bateau qui aurait chargé, pour Marseille, un nombre considérable de tonnes de cette précieuse denrée... qu'y a-t-il de vrai dans tous ces racontars...

- Il n'y a rien de vrai... En effet, des bateaux prennent de la glace au même titre que les particuliers, les commerçants, mais pas en chargement pour l'exportation... c'est ridicule d'y penser... il nous arrive parfois d'expédier de la glace jusqu'à Constantine, mais c'est par accident, ou plutôt c'est qu'un accident est survenu aux machines des fabriques de glace de cette région, mais tout cela ne peut gêner en rien nos livraisons à Alger, et c'est ainsi que nous avons toujours approvisionné, avec les mêmes quantités les bouchers, les pâtissiers, les limonadiers ; s'il y a eu crise, la faute incombe principalement aux dépositaires qui à un certain moment ont doublé leur achat, absorbant ainsi nos réserves... mais noire production journalière, qui est de près de 100 tonnes, avec l'usine que nous possédons à Hussein-Dey, n'a jamais cessé.

Naturellement nous avons réduit les livraisons aux petits marchands, qui entre nous, abusent un peu de la situation.
- En effet, nous payons la glace jusqu'à 1 fr. 50 le kilo...
- Et ils nous l'achètent 0 fr. 25, ne manquez pas de le dire.

La dessus, M. le Directeur se lève -pour nous conduire, à travers l'usine.

Une odeur d'ammoniaque nous saute aux narines... les compresseurs tournent avec un bruit monotone, l'atmosphère est chargée d'humidité.
De vastes Chambres frigorifiques révèlent leur présence par l'odeur de viande fraîche qui .s'y dégage... des ouvriers travaillent à l'intérieur sous une température de pôle nord.

Mais nous voilà devant le bac empli de saumure dans lequel baignent les rames, où l'eau se congèle pour devenir la glace, la glace limpide que tout le monde réclame d'un gosier altéré.

On démoule, les blocs de 70 kilos chacun glissent sur un plancher, tandis que M. Demouchel nous répète : " dites bien que nous la vendons et que nous la vendrons toujours 0 fr. 25 le kilo