Le vieux pont de l'Harrach
|
L'oued, dénommé Harrach, prend naissance
à " La Passerelle "à 3 kilomètres en amont
d'Hammam-Mélouane. Il est formé par a réunion de
plusieurs oueds qui prennent leurs sources dans l'Atlas Blidéen,
entre autre sur le versant sud de la crête qui porte
Chréa.
Cliquer sur l'image
pour agrandir (120 ko)
Carte au 1/2000
000è, fleuve d'Alger et de ses affluents. En points-trats,
limite du bassin versant; en traits espacés(couleur)
: courbes altimétriques; en grisé : zones d'irrigation
des cultures.
|
Il sort de la montagne près de Rovigo et coule
du Sud au Nord jusqu'au niveau de Baba-Ali où son cours s'infléchit
vers le Nord-Est, via Gué-de-Constantine, jusqu'à Maison-Carrée
qu'il traverse et où il a son embouchure.
II a pour principaux affluents : sur la rive droite:
- l'oued Djemaa, qui prend sa source dans la région du col des
Deux Bassins et passe à l'Arba
et Sidi-Moussa ;
- l'oued Smar, qui draine la zone située ou Sud de Maison-Blanche
et rejoint l'Harrach à Maison-Carrée. sur la rive gauche:
- l'oued Terra, qui draine par plusieurs affluents la région de
Birtouta-Chebli-Bouïnan ;
- l'oued Kerma, qui débute à Chàteauneuf
et traverse les communes de Birkadem
et Saoula.
A l'embouchure, le bassin versant total est de 1.223 km2, soit le tiers
environ de la superficie du département d'Alger.
Ce bassin versant est bien arrosé; il y tombe des hauteurs d'eau
annuelles de 700 à 1.200 mm, avec une moyenne de 900 environ.
Un débit qui passe de zéro,
à deux fois le débit du Rhône.
|
C'est pourtant le même
cours d'eau
Cliquer sur l'image pour
agrandir (80 ko)
|
|
900 mm est une quantité presque double de celle
qui tombe annuellement à Paris. Malheureusement la mauvaise répartition
des pluies donne au fleuve un régime aussi irrégulier qu'aux
autres oueds algériens.
II passe à Maison-Carrée 140 millions de mètres cubes
par an, ce qui ferait un débit moyen de 4 à 5 m3/seconde.
En fait, le débit est pratiquement nul pendant l'été
et la plus grande partie de l'eau est écoulée par quelques
crues torrentielles, atteignant 3.000 m3/sec, soit 2 fois le débit
moyen du Rhône en aval de Lyon.
L'eau de l'Harrach est actuellement assez mal utilisée car il n'existe
aucun ouvrage de retenue ou de régularisation des eaux.
II ne semble pas que les conditions géographiques et géologiques
soient favorables à l'établissement d'un barrage-réservoir
dans l'Atlas. Néanmoins, des études sont en cours à
la D.H.E.R.
Utilisation actuelle : une irrigation peu
régulière, quelques ballastières.
Des prises d'eau dans l'Harrach et l'oued Djemaa permettent d'irriguer
environ 9.500 ha en Mitidja. Ces irrigations sont effectuées dans
le cadre d'associations syndicales.
Sur les berges
de l'Harrach ces modernes installations de la Société
ballastière de Baba-Ali sont en fonction depuis plus de 2
ans. Ces! l'une des deux grandes usines qui traite le gravier tout
venant du lit de l'oued par le procédé "Balitless"
pour le convertir à travers élévateurs, trémies
et concasseurs en produits criblés, lavés et graviers
concassés de différents calibres, de très bonne
qualité vu leur faible teneur en schiste. Cette ballastière
a une production journalière de 6 à 700 m3, et utilise
un personnel de 30 employés.
|
Le prix de revient de l'eau d'irrigation est très
réduit (0,01 NF/m3 environ, en moyenne). Cela est dû à
la faible importance des ouvrages de prise ; la contrepartie est une grande
irrégularité dans la ressource en eau.
Des améliorations sont en cours, surtout à Rovigo.
Comme utilisation de l'Harrach, il ne faut pas oublier les cailloux et
graviers, qui sont charriés par l'oued depuis l'Atlas. Plusieurs
ballastières sont en exploitation, les extractions étant
dirigées par le Service de l'Hydraulique ; cela permet de fournir
une grande partie des agrégats dont a besoin l'agglomération
algéroise et d'améliorer les conditions d'écoulement
des crues en creusant le lit,
Les Algérois n'ont en général remarqué l'Harrach
que par les désagréments qu'il leur procure.
Ces désagréments sont de deux sortes. Ils se produisent
à des époques différentes; nous allons examiner les
remèdes à y apporter.
En hiver, les crues de l'Harrach produisent des dégâts de
toutes sortes. Le centre de Maison-Carrée n'est inondé qu'exceptionnellement
(crues de 1904 - 1911 - 1916 - 1931 - 1935) mais le remous provoqué
dans les affluents (oued Smar et oued Terra) provoque des inondations
constantes à l'amont, dans les zones de Baba-Ali d'une part, et
d'oued Smar-Maison-Blanche, d'autre part.
Contre les crues dévastatrices: un
vaste projet de rectification du lit.
Chantier de
la société ballastière de Baba-Ali. Cette pelle
mécanique creuse en plein coeur du lit asséché
de l'oued dont on voit (par les arbres) la considérable largeur.
|
D'autre part, le lit amont des oueds, bien tracé
dans l'Atlas, se réduit et s'engrave jusqu'à disparaître
complètement à certains endroits, surtout dans la région
de Chebli. Les eaux de crues de ces oueds divaguent dans la campagne et
il faut des travaux d'entretien annuels pour améliorer un peu la
situation.
Une solution définitive ne peut être apportée que
par une amélioration des conditions d'écoulement à
l'aval.
C'est pourquoi le Service de la D.H.E.R. a mis au point un projet de calibrage
du lit de l'Harrach sur 4.300 mètres dans la traversée de
Maison-Carrée : ce lit serait ainsi porté à 120 mètres
de large et rectifié de l'embouchure jusqu'à 500 m environ
en amont du Pont du Chemin de Fer. Le projet, estimé actuellement
à 43.000.000 NF, serait exécuté en une dizaine d'années,
conjointement avec l'amélioration de la traversée routière
de Maison-Carrée. La question financière n'est pas résolue
actuellement et les seules opérations faites sont des acquisitions
de terrains.
En été, l'Harrach est bien connu des Algérois par
son odeur.
Cela tient au déversement des eaux résiduaires de toute
la région dans un oued dont le débit propre est nul en été.
L'épuration naturelle par dilution ne se produit plus et l'on peut
dire qu'à la saison chaude, l'Harrach roule de l'eau d'égout,
ce que confirme l'analyse chimique et bactériologique.
La situation, qui n'a jamais été brillante, s'est beaucoup
aggravée dans les dix dernières années à la
suite du développement de Maison-Carrée et de l'installation
d'industries dans la zone de Baba-Ali ; l'une d'elles en particulier,
qui traite l'Alfa, rejette un grand volume d'eaux de traitement de cellulose
particulièrement putrescibles.
Divers moyens de traitement ont été essayés; la chloration,
produits désodorisants; ils se sont montrés coûteux
et peu efficaces.
Contre l'Harrach-égout, un collecteur
souterrain.
Cliquer sur l'image
pour agrandir (130 ko)
Vue aérienne
de l'Harrach (traversée de Maison-Carrée) et de son
embouchure. Les deux traits blancs figurent le futur lit du fleuve
rectifié suivant le projet des services de l'Hydraulique.
En haut : le projet de franchissement de l'autoroute "D",
de la place Sarrail à l'aéroport, dont les deux chaussées
auront chacune 10, 50 m de largeur. En 1 : l'hippodrome du Caroubier.
|
Cliquer sur l'image
pour agrandir (140 ko). L'image apparaîtra
sur cette page.
Embouchure
prise au décollage de Maison Blanche lors de mon voyage à
Alger début Mai 2005.(Jean Campardon).
Le site : Il est possible de faire la comparaison avec le projet
de 1961 et la réalité en 2005.
|
Cliquer sur l'image
pour agrandir (140 ko). L'image apparaîtra
seule.
|
La véritable solution, qui est la construction
d'un égout d'eaux usées suivant la rive gauche de l'Harrach
de Baba-Ali à la mer, a aussi fait l'objet d'un avant-projet de
l'Hydraulique.
Les travaux sont estimés à 7.700.000 NF. Il s'agit d'un
collecteur souterrain de 12.700 m de long. Sa section est un ovoïde
d'une hauteur intérieure de 1 m 80, d'une largeur de 1 m 20 dans
la partie amont, jusqu'àSainte-Corinne. En aval, les dimensions
sont 2 m 20 x 2 m 20.
Il part des usines de Baba-Ali, aboutit à peu près en ligne
droite à la gare du Gué-de-Constantine, suit la voie ferrée,
puis la R.N. 38 et le canal Desolliers et traverse Maison-Carrée,
le long de la future berge de l'Harrach jusqu'à la mer.
Là aussi, la solution n'a pas été trouvée
définitivement au point de vue financier, et seules, les acquisitions
de terrain sont faites.
Les deux aménagements ci-dessus sont très coûteux
et c'est ce qui a fait reculer jusqu'à maintenant les services
financiers intéressés. Ils sont cependant seuls capables
d'apporter une solution définitive au problème de l'Harrach;
leur exécution n'offre d'ailleurs aucune difficulté technique
particulière.
Nous souhaiterions que les travaux puissent être commencés
en 1961, car le coût de l'opération ne se réduira
pas, (au contraire), si l'on attend l'encombrement du sol de Maison-Carrée
par des terrains industriels de grande valeur et une voirie assez compliquée,
et du sous-sol par des ouvrages de tous genres. Il ne peut qu'augmenter.
DE DINECHIN,
Ingénieur d'arrondissement au Service de l'Hydraulique.
|