LES PÂQUES OU LA RESURRECTION D'HAMMAM-R'HIRA
Il n'est pas que le Phénix
qui renaisse de ses cendres... Voici le plus pur joyau touristique de
l'Algérie, Hammam-R'hira, qui paraissait ensevelie sous les décombres
accumulés par la plus complète collection d'incompétences
et qu'un souffle nouveau anime, décore, vivifie...
Parmi les conceptions plus ou moins raisonnables du créateur
infortuné de cette station thermale et climatique, une surtout
lui assure un attrait puissant et vraiment unique : ces vastes et somptueuses
piscines de natation, installées dans les sous-sols du Grand-Hôtel.
C'est une joie trop peu connue de nos hiverneurs et touristes, peut-être
même de nous aussi, Algériens et Algérois, que celle
que procure ce bain dans les eaux délicieusement tièdes
de ces bassins qui ne cubent pas moins de cent vingt mille litres.
Et quel appétit ! après, que vient aviver l'air embaumé
des pins, les effluves des iris blancs et des lilas, des roses et des
orangers qui forment, autour de l'établissement, tant et tant
de bosquets discrets, où les lauriers et les pins marient avec
les palmes hautes leurs ombres élégantes.
Hammam-R'hira, en toute saison, délicieux et reposant séjour
; mais, à ces premiers jours annonciateurs de l'été,
véritable Éden, n'avait qu'un tort, celui de n'être
relié à Alger que par des voies moins agréables
et peu directes. Déjà, comme nous l'avons annoncé,
le sollicitude du P.-L.-M. et le souci touristique de la Compagnie Générale
Transatlantique ont rapproché ces deux grandes et belles choses
: la voluptueuse Alger et la plus coquette station thermale de l'Afrique
du Nord.
Un effort nouveau mérite tous les encouragements. Depuis quelques
jours, un service d'autocars de grand luxe est organisé et fonctionne
avec une célérité et un confort de "Rapide",
quotidiennement. Par la corniche, qui m'a souvent parue, plus que de
turquoise, mieux que d'azur... de saphir, l'auto-car, parti de la place
Bugeaud à 7 h. 30, s'achemine vers Tipasa qu'il quitte à
9 h. 15. Ensuite, par les lacets pittoresques qui se déploient
au milieu de l'or des genêts, on ascensionne jusqu'à ce
belvédère prestigieux dominant l'ombreuse vallée
de l'oued Hammam et que surveille, avec magnificence, le somptueux Zaccar-Chergui.
En dépit des pentes et des virevoltes incessantes, à 10
h. 30, l'autocar pénètre sous ce sous-bois délicieux,
vestibule enchanté d'Hammam-R'hira. Pour le retour - si vous
ne vous laissez pas séduire par la perspective d'un séjour
plus prolongé dans cet Éden - même merveilleuse
randonnée " autour de l'énigmatique monument de la
Chrétienne ", de 4 heures du soir à 6 heures, pour,
enfin, retrouver Alger, avant 7 heures.
Je ne sais guère de plus complète excursion touristique
où toutes les joies de vivre, toutes les visions belles et grandioses
soient aussi harmonieusement réunies : la mer et la montagne,
les glorieuses plaines et les forêts altières ; les bruits
de la grande ville et le calme souverain d'un paradis : tout cela, en
un seul et incomparable voyage, c'est le commencement des promesses
d'un Hammam-R'hira qui va fêter les Pâques, en affirmant
sa volonté, d'une résurrection définitive.
Les sources sont nombreuses ; la plupart sont thermales avec une température
variant de 42 à 50° et un débit de 30 à 120
litres à la minute.
Il existe aussi deux sources froides ferrugineuses et gazeuses, dont
l'eau est utilisée comme eau de table à l'établissement.
Mentionnons, enfin, que la douceur du climat d'Hammam-R'hira lui assure
une place importante parmi les stations hivernales et que son altitude
de 325 mètres et la proximité de la mer lui procurent,
en outre, une température relativement fraîche pendant
l'été.