Il serait prétentieux que de vouloir traiter
en quelques lignes 126 ans de présence Française. Nous
voulons éviter de dénaturer notre documentation en la
diluant dans un flot de textes et de commentaires. Notre récit
est la transcription fidèle de nos archives ou de notre documentation.
II aborde l'arrivée des troupes Française, les quelques
dates qui firent Guelma, pour terminer avec ce qu'était cette
ville 50 ans plus tard.-------Le
8 Novembre 1836, l'armée française, forte de 10 000 hommes
quittait Bône, se dirigeant sur Constantine. La colonne en marche
forcée arriva le 10 novembre dans le Ghelma des arabes, qui n'était
qu'un amas de ruines et de décombres antiques sur lesquels de
tristes et rares gourbis se disséminaient ça et là
entourés de leurs ordinaires immondices. Ces ruines antiques,
étaient les restes de l'occupation romaine, les témoins
indéniables d'une époque de splendeurs et de richesses
que vivaient, il y a dix huit siècles, les habitants de Guelma,
autrefois Calama.
-------Comme
toutes les plaines voisines, de montagnes difficiles, les environs de
Guelma étaient dépeuplées et désertes, les
villages des Ouled Dhann et autres kabyles avaient ruiné le pays.
-------"Cette
avant-garde, est commandée par le général de Rigny,
gui espère au départ de Bône rallier au passage
quelques tribus favorables dont le nombre aurait, jusqu'à un
certain point, supplée à l'absence de renfort promis ;
aucune ne se présente. Une pluie glaciale accompagne la marche
de la colonne, le gros de l'armée ne traverse point la Seybouse
et campe duos la plaine qui se trouve de nos jours entre la route d'Héliopolis,
celle de Kellermann et la rivière (Seybouse).
-------Le 16, les troupes plient bagages
et gagnent Medjez-Amar laissant 200 malades et 150 000 cartouches que
l'on ne peut transporter faute de moyens.
-------Le Maréchal Clauzel et son
état major, arrivent le 27 avril devant les murailles de Constantine,
après une marche épuisante dans la boue sous la pluie
et la neige. Dans la nuit du 25 au 26, ordre est donné d'attaquer
la place à l'est et à l'ouest à la fois et de donner
l'assaut aux quatre portes. Dans la masse compacte des assaillants tous
les coups portent. Les sapeurs chargés de sac de poudre destinés
à soulever les lourds vantaux tombent un à un ...l...
A cinq heures du matin l'ordre de retraite est donné elle se
fait dans des conditions effroyables ...l...
-------Le général duc de
Caraman, un vieillard de 75 ans, arrache (du Général Clauzel)
ce glorieux éloge : "Il y a au dessus de tous ces malheureux
évènements, une chose qui m'étonne et qui fait
mon admiration, c'est la résignation avec laquelle le soldat
supporte ses misères : il n'a ni à boire ni à manger,
il se bat du matin au soir il peut se coucher c'est dans la boue ; pas
une plainte ne sort de sa bouche : c'est admirable ...l.. "
------
Le 11 janvier 1837, le général
Clauzel quitte Alger pour ne plus revenir.
----Pendant
ce temps la garnison de Guelma résistait victorieusement à
l'attaque de 2 000 à 3 000 indigènes.
-------A
la fin de septembre 1837, le colonel Duvivier partit avec l'armée
pour prendre part à la seconde expédition (victorieuse)
de Constantine.
------Ainsi, désormais à
la retraite le Général Clauzel aura la satisfaction d'apprendre
la prise de Constantine moins d'un an après son échec.
------Quand l'occupation de Guelma fut
décidée de préférence à celle de
Medjez-Amar, on éleva d'abord des bâtiments permanents.
Le général Duvivier fut croyons nous le premier commandant
supérieur de Guelma. C'est lui qui fit ouvrir le chemin Duvivier
qui gravissait les collines au sud pour ouvrir la route la plus courte
sur Medjez Amar alors préféré à Guelma.
------En 1843 seulement on commençait
à s'occuper de l'enceinte du réduit de Guelma, alors appelé
camps.
En 1844, on dressait le plan relatif aux travaux de défense de
Guelma, et aux alignements de la ville.
------En 1844 et 1845 le génie construisait
le pont sur la Seybouse et le tracé actuel de la route de Bône,
(qui n'est autre que la voie romaine). Le 20 janvier 1845 par arrêté
du ministère de la guerre, création annexée au
camp, d'un centre européen de 250 familles, avec un terrain de
1 000 à 1 500 hectares.
------Un budget présenté
par la commission administrative pour l'exercice de 1845 renfermait
les articles suivants
- Tracé et nivellement des rues.
- Ouverture des chemins d'exploitation.
-Distribution des eaux. ?
- Construction des lavoirs publics.
- Commencement de construction de l'église.
- Construction d'une école et d'un presbytère
- Pépinière
En 1846, la place de Guelma fut érigée en chefferie indépendante
de Bône.
------En 1847, le camp militaire de Medjez
Amar fut abandonné et le 17 février 1847, on autorisa
la cession provisoire à messieurs les abbés Landmann et
Deluc pour y fonder un établissement d'orphelins.
------L'enceinte de la ville de Guelma
a été faite en grande partie en 1848, sous la direction
du capitaine du génie Valette et en 1851 seulement à l'installation
d'une administration civile.
------Outre Guelma, le cercle contient
quelques postes de villages dépendants de la chefferie, Nechmeya
limite du cercle construit en 1835 ou 1836, la redoute d'Hamman Meskoutine,
et Medjez Amar, Hammam Berda est un petit poste entouré d'un
mauvais mur en maçonnerie sur le mamelon qui domine la source
d'eau chaude connue sous ce nom.
------Recensement de la population au 31/12/1843
: 200 européens, en 1845 : 540 ; en 1847 : 700. En 1849 en fin
d'année Guelma renfermait une population de 200 colons. Au mois
d'août 1850 il était compté : 690 européens
et 130 arabes. En 1870 : 3630, en 1876 : 5233, en 1882 : 5627, en 1884
: 6056, en 1886 : 6271, en 1896 : 6667, en 1901 : 7679, en 1906 : 10214
habitants.
------Construction de la mosquée
vers 1850.
------Le 10/04/1850, il était demandé
de fixer la délimitation définitive entre les cercles
de Guelma et de Constantine en réservant autour de Guelma un
large espace pour la colonisation afin de cantonner les arabes dans
des terrains aujourd'hui presque vides.
------08/06/1883 : Enquête sur la
province de Constantine afin qu'elle soit divisée en trois départements
: Souhaits que Guelma soit le chef lieu du département de la
Seybouse.
------Note du bureau de l'association
"Guelma 89" : En quelques dates et points de repères
nous avons retracé très rapidement, sans les développer,
les moments importants du début et de la colonisation de Guelma.
Notre documentation vaste et riche en archives nous permettra d'écrire
des centaines de pages relatant l'histoire de Guelma et des villages
alentours.
------Ces textes et cartes d'époque
feront l'objet ultérieurement d'une parution dans un livre que
l'association "Guelma 89" éditera.
La suite que nous vous donnons à lire est la résultante
d'un peuple qui créa par son travail, une région où
il faisait bon vivre.
Guelma à la fin du siècle dernier
La ville.
------Placée au milieu environ du
cours de la Seybouse, lorsque ce fleuve, après avoir coulé
directement presque du sud au nord, décrit un grand crochet de
l'ouest à l'est pour reprendre, à Duvivier, sa primitive
direction vers le nord, Guelma occupe le point le plus important de
la riche et féconde vallée de la Seybouse.
------L'excellence de cette situation stratégique
n'échappa point au maréchal Clauzel qui, dès 1838,
après la prise de Constantine, résolut d'y établir
un camp retranché d'où nos soldats pourraient maintenir
en respect les tribus belliqueuses de la contrée.
------Telles turent les origines de Guelma
sous la domination française. Bientôt le génie militaire
environna le camp d'une vaste enceinte, au centre de laquelle, la ville
s'est peu à peu développée à côté
de bâtiments militaires enfermés eux mêmes dans une
seconde muraille qui en fait une sorte de Casbah, de citadelle, entièrement
indépendante de la ville.
------Guelma, disent les archéologues,
occupe l'ancien emplacement de "Calama", ville romaine voisine
de "Suthul", la capitale des rois Numides, dont Jugurtha fut
un de ceux qui opposèrent la plus vive et la plus longue résistance
aux Romains.
------D'importants vestiges attestent,
d'ailleurs, la véracité de cette hypothèse que
l'on peut considérer jusqu'à présent comme l'expression
la plus exacte de la vérité.
------Il s'agit d'abord les ruines d'un
théâtre romain construit dans les années 372 à
l'époque de Valentinien.
------Dans l'enceinte de la Casbah, à
l'extrémité méridionale de ce quartier militaire,
se trouvent les abris d'un établissement thermal. ----
------Une légende populaire, pendant très longtemps,
voulut voir dans ces ruines les vestiges d'un palais de Jugurtha ; mais
la disposition des lieux, ainsi qu'on en peut juger par les restes de
deux magnifiques portails et par ceux de deux fours placés en
contrebas du sol, ne laisse subsister aucun doute sur l'affectation
de ce monument à des bains comme il s'en trouvait dans toutes
les cités romaines de quelque importance. La présence
d'eaux chaudes naturelles dans le voisinage même du monument,
eaux recueillies dans une citerne, confirme encore cette hypothèse
qui nous parait la plus plausible et la mieux fondée.
------Les vestiges de l'ancien théâtre
occupent une assez vaste superficie. On y voit, sous les herbes folles
qui se sont emparées de la place, les traces de gradins en amphithéâtre
du haut desquels le peuple assistait au spectacle. Au dernier étage
de gradins, deux grandes ouvertures indiquent les portes du théâtre,
les "vomitoriums", par où pénétrait et
sortait la foule. L'emplacement de ce théâtre paraît
avoir été exprès choisi par les Romains pour la
plus belle fête des yeux, car, au delà de la scène,
du "proscenium", le regard plonge, aujourd'hui comme alors,
sur le splendide panorama de la vallée de la Seybouse, étalant
au pied des montagnes, massées en barrière violette à
l'horizon, la splendeur de ses rives toutes vertes et couvertes de trais
ombrages, sous lesquels ce cours d'eau laisse entrevoir par échappées
ses capricieux méandres.
------La ville de Guelma a réussi
à le faire classer comme monument historique depuis peu.
------Sans préjuger, faute de preuves
suffisantes, sur ce que devait être l'antique cité romaine
de Calama, on peut toutefois soupçonner sa grandeur, son importance
par ces deux monuments : les thermes et le théâtre.
------La ville moderne la suit dans cette
voie, car, depuis sa fondation relativement récente, étant
donné le rôle exclusivement militaire qu'elle joua pendant
la première période de la conquête, elle a pris,
elle aussi, une grande extension que la place immédiatement après
Bône et Philippeville parmi les grandes sous-préfectures
du département de Constantine.
------Son plan tracé au cordeau,
ses vastes rues droites et longues, du centre desquelles la vue s'étend
jusqu'à l'enceinte de la ville, et qui se coupent à angles
rigoureusement droits, tout atteste l'origine militaire dont nous parlions
plus haut.
------De la gare, située au nord-est
de la ville, à une distance d'environ 800 mètres, on pénètre
dans Guelma par la porte de Bône après avoir parcouru une
magnifique avenue spacieuse plantée d'arbres superbes qui, l'été
et aux belles journées d'hiver, est un des buts de promenade
les plus fréquentés de la population.
------La rue de Bône, (rue Sadi Carnot)
une des plus belles de Guelma, continue à travers la ville l'avenue
de la gare et aboutit devant la place de Saint Augustin, ornée
en son milieu d'une coquette fontaine, où de jeunes tritons,
jonchés sur des cygnes, font jaillir du bec des oiseaux de hauts
jets d'eau scintillant de mille feux à travers les feuillages
des arbres qui, sur plusieurs rangées, embellissent à
ravir les quatre côtés de cette mignonne place particulièrement
affectionnée par les habitants. Là aussi ont lieu les
auditions musicales de la société "Philharmonique"
et toutes les principales réjouissances publiques offertes à
la population dans le cours de l'année.
------En creusant les fondations de la
fontaine, qui orne de si heureuse manière le centre de la place
Saint Augustin, on trouva, il y a trente ans environ, une superbe mosaïque
représentant le "Triomphe d'Amphitrite", ce beau sujet
de la mythologie, autour duquel les artistes païens aimaient à
exercer leur subtile imagination. M. Papier, l'honorable président
de l'Académie d'Hippone, a décrit, avec tout le talent
et toute la science qui le distinguent, cet antique vestige de la splendeur
dont jouissait Guelma à l'époque de la domination romaine.
-------------En
face de l'un des hôtels qui se dressent aux deux angles de la
place sur un portique d'arcades du plus gracieux effet, se voit une
maison de construction récente (1886). L'originalité de
ce bâtiment consiste en sa terrasse, surmontée d'une sorte
de bastion crénelé, qui lui donne les apparences d'un
fortin moyenâgeux enfermé au centre d'une construction
de style moderne. Les deux plus grands cafés de Guelma, le "Café
Glacier" et le 'Café du Globe", occupent les rez de
chaussées des belles maisons de la place. Le côté
de la place, occupé par les immeubles Chuchana, était
il y a dix ans à peine, couvert d'un magnifique jardin public,
dont quelques arbres et quelques plantes subsistent seuls encore dans
la cour du "Café du Globe". Au nord-ouest de la place,
s'élève l'église cathédrale, consacrée
à saint Posidius, disciple et biographe de Saint Augustin.
----
--Dans le prolongement de la place, tout contre les murailles
de l'enceinte militaire, qui l'enserre sur deux de ses côtés,
tandis que la rue Saint Ferdinand le borde sur sa longueur, s'ouvre
le square de la République. vaste et splendide jardin public,
très bien entretenu, ombragé d'arbres nouveaux et rempli
de fleurs variées, dont l'éclat le dispute au parfum.
--
-Contre les fortifications du quartier militaire on a rassemblé
en un musée en plein vent la plupart des débris de l'occupation
romaine qui ont eu la bonne fortune d'échapper au vandalisme
des successeurs des maîtres du monde. Ce sont des inscriptions
épigraphiques et tumulaires, dont quelques unes datent des derniers
temps de l'empire romain, tandis que d'autres remontent aux temps de
la domination lybique et phénicienne. On trouve là une
preuve matérielle de l'origine carthaginoise de la vieille cité
de "Calama" qui, en punique, s'appelait "Malaca"
(Royale).
------En face du même square, vers
le tiers supérieur de la rue Saint Ferdinand, se trouve l'hôtel
de la sous-préfecture. Dans la première rue transversale,
la rue Sainte Hélène, se trouve la mairie, modeste bâtiment
qui, lui aussi, ne répond plus au développement et à
l'importance de la ville moderne.
------Par la rue Sainte Hélène
on descend sur la "place du théâtre", plantée
de magnifiques arbres. Au milieu s'élève l'édifice
auquel cette place doit son nom et qui, malgré ses modestes proportions,
témoigne de l'intérêt porté aux arts dans
cette ville dont, somme toute, la création et le peuplement remontent
à peine à quarante ans. (érigée en commune
cri 1858).
------Les magnifiques vestiges du théâtre
romain (construit dans les années 372) doivent engager les habitants
de Guelma à ne désespérer ni du temps, ni de l'avenir,
car, si les Romains, après deux siècles et plus d'occupation,
en étaient arrivés à donner un semblable cachet
de splendeur à l'antique Calama, que ne doit-on pas espérer
et attendre d'une race qui, dans moins d'un demi siècle, a su
déjà bâtir toute une ville, et non des moins importantes,
sur les débris de la primitive cité assez belle, dit l'histoire,
pour avoir été une des villes de prédilection des
anciens rois numides ?
------A l'ouest de la place passe la rue
de la Pépinière qui conduit à l'une des portes
de la ville, la porte de la Pépinière, ainsi nommée
parce qu'y aboutit la route conduisant à ce domaine communal
placé à un kilomètre et demi environ de l'enceinte
de la ville, dans la direction du sud-est.
---
Dans la partie méridionale de cette rue se trouvent la
justice de paix, de construction récente, l'école laïque
de garçons, enfin au coin des rues de Bône, de la Pépinière
et de l'Abreuvoir, la gendarmerie nationale, environnée sur l'une
de ses faces d'un coquet jardinet.
A son extrémité vient aussi aboutir la "rue d'Anouna"
parcourant la ville dans sa plus grande longueur (1 kilomètre
environ), large et rigoureusement droite, comme toutes les voies tracées,
au moment de l'occupation, par le génie militaire.
------C'est la seule rue de Guelma qui,
avec ses étroites boutiques de marchands d'étoffes mozabites
aux chatoyants étalages de foulards et de tissus, avec ses relents
de suint musqué, avec ses originales boutiques de barbiers, de
bouchers, de cafetiers indigènes, avec, dans sa partie supérieure,
sur la gauche en montant, au fond d'une placette, le minaret gracile
d'une mosquée entourée d'un encorbellement de marbre rose
délicatement découpé en moucharabies, ait conservé
un reste de physionomie mauresque, tout en apparence, d'ailleurs,
car la plupart des maisons, bien qu'affectées à des industries
indigènes, sont de construction européenne et datent de
l'occupation française. Guelma est, en effet, avec Philippeville,
Batna et Sétif, l'une des sous-préfecture du département
de Constantine qui peuvent se prévaloir à juste titre
de leur origine exclusivement française.
------L'Arabe ne s'y est implanté
qu'après nous et à l'occasion de notre occupation.
------Aussi ne faut-il pas s'attendre
à y trouver cette singularité d'aspect qui caractérise,
dans d'autre villes algériennes comme Alger, Constantine, Bône,
Tlemcen, Mascara, les quartiers privitivement occupés par les
Maures.
----
--Guelma s'est honoré d'une autre manière
en conservant a la plupart de ses rues et places les noms destinés
à rappeler la splendeur passée de la région, dont
elle occupe l'un des principaux centres.
------Ainsi, la "place Salluste",
à l'extrémité de la rue d'Anouna, devant la porte
de ce nom, la "rue Caton", la "rue Barberousse",
à l'extrémité occidentale de la ville, la "rue
Bélisaire", le long des remparts du côté de
Constantine et de la porte de ce nom, la "rue des Numides",
de la porte de Constantine au "Théâtre romain",
la "rue Scipion", qui traverse transversalement la ville dans
sa partie supérieure, la "rue de Carthage", sur le
côté méridionale de la place du Théatre,
la "rue Saint Possidius", sur le côté oriental
de l'église, la "rue Saint Cyprien", devant le marché
aux légumes, la "rue d'Anouna", elle même, la
"place Saint Augustin" rappellent aux générations
présentes les différentes phases historiques traversées
par leur ville depuis l'occupation lybique jusqu'aux derniers jours
de l'empire romain et aux premiers temps de l'ère chrétienne.
------Parallèlement aux rues d'Anouna
et de Bône, entre elles deux, monte en pente douce une des plus
belles rues européennes de Guelma, la rue Saint Louis, qui, à
son extrémité inférieure, après avoir traversé
la place Saint Augustin qu'elle sépare de l'esplanade de l'église,
prend le nom de rue Saint Augustin. Là, bat son plein le commerce
européen de Guelma. On y remarque l'hôtel des postes et
télégraphes, récemment construit, de belles vitrines,
les principaux magasins de la ville et, à la partie supérieure,
la prison civile véritable monument du genre, dont la façade
donne sur la rue de Bône, à quelques mètres de la
"porte Hackett", par où l'on pénètre
dans l'enceinte exclusivement militaire, la Casbah, si l'on veut, pour
conserver une dénomination générale en Algérie,
où se trouvent les casernes, l'hôpital militaire, les ruines
des Thermes romains et tous les autres bâtiments affectés
à l'armée.
-------Le
quartier militaire, la Casbah, justifie l'origine militaire française
de la ville.
-------Comme
à Batna, comme à Sétif, c'est presque une seconde
ville dans la première. Des rues bordées de casernes monumentales,
bien aérées, des places plantées d'arbres et environnées
de logements d'officiers et de cantines divisent sa superficie, le 1/8""`
environ de celle de la ville, qui, en totalité, couvre 470 hectares.
---On remarque
encore, dans le Casbah, un hôpital militaire de belle et solide
construction, fort bien aménagé et entretenu, orné
des jardins coquets destinés aux promenades des malades convalescents.
-------L'animation
de ce quartier est toute due naturellement aux zouaves et soldats de
toutes armes qui y jettent la note bruyante et gaie de la vie des camps.
-------La
porte Hackett, entrée de la Casbah en ville, est réunie
à la porte de la Casbah donnant sur la campagne par une large
rue qui traverse tout le quartier militaire et continue la "rue
Négrier" parcourant la ville dans sa plus grande largeur.
-------Après
les portes de la Casbah et de la Pépinière, au sud, la
porte de Bône, à l'est, la porte d'Anouna, au nord ouest,
par où l'on accède au marché aux bestiaux, point
culminant de la ville, la porte de Constantine ou de Medjez?Amar est
la seule issue de la ville vers le nord. Bien que peu élevée
et d'accès facile, la ceinture des fortifications, qui environne
et ferme complètement la ville, a été pendant longtemps
suffisante pour tenir en respect les tribus belliqueuses de la contrée,
dominée, comme elle l'est, par les hauteurs du Djebel Hallouf
au sud, et par une colline qui commande la ville au nord est sur la
rive droite de la Seybouse.
-------Outre
les jardins publics, déjà mentionnés, la ville
est ornée de jardins privés qui font de certaines maisons
de véritables villas au centre même de Guelma. C'est ainsi
que l'Oratoire protestant, boulevard du Sud, offre l'aspect d'un véritable
nid de verdure.
Le long des remparts, du côté est de la ville et au sud,
un boulevard large et bien ombragé offre aux habitants un but
de promenade dans l'enceinte même des fortifications. Le square
et la place Saint Augustin, par leur situation centrale, demeurent cependant
les endroits les plus fréquentés de l'intérieur
de la ville.
-------Par
son exceptionnelle situation au centre géographique d'une des
plus riches contrées du département de Constantine, arrosée
par un des plus importants cours d'eau d'Algérie, Guelma, bien
qu'érigée en commune depuis 1858 seulement, a pris un
rapide développement.
Sa population, qui n'était en 1858 que de 3585 habitants, tant
Européens qu'indigènes, s'est élevée progressivement
à 6 000 habitants (1884) et est aujourd'hui sur le point d'atteindre
le chiffre de 8 000.
-------La
création du chemin de fer de Bône à Guelma avec
prolongement jusqu'à Constantine par le Kroubs a, certes, beaucoup
contribué à l'essor de cette cité naissante ; mais,
comme il n'y a pas de progrès sans contre coups fâcheux,
au moins pendant un certain temps, le commerce de céréales,
depuis longtemps une des sources principales de revenus de la ville,
s'est ralenti par suite des facilités de transport offertes par
le chemin de fer aux centres avoisinants, qui n'ont plus dès
lors cherché l'écoulement de leurs produits à Guelma.
-------Les
céréales ne sont pas, d'ailleurs, l'unique ressource de
la commune. Des forêts d'oliviers environnent Guelma dans toutes
les directions et produisent une huile excellente. La vigne peut être
cultivée avec profit, quoiqu'elle n'ait pas pris ici toute l'extension
qu'on lui a donnée dans les régions de Bône et de
SoukAhras. Les magnifiques carrières de marbres colorés
de la Mahouna (à six kilomètres de la ville, au sud),
deviendront aussi rapidement une des principales sources de richesses
de Guelma.
-------Les
laines, l'huile, les blés et la pierre à bâtir,
que l'on rencontre aux portes mêmes de la ville, sont les principaux
débouchés offerts sur place par la nature à l'industrie
locale.
-------La
ville, depuis quelques années, est éclairée à
l'électricité. Une usine à vapeur, bien outillée,
alimente l'éclairage public et celui des particuliers qui ont
jugé à propos de recourir à ce nouveau système,
dont la supériorité sur l'éclairage au gaz s'affirme
chaque jour davantage et deviendra complète, quand l'emploi de
l'électricité aura été vulgarisé
par le bon marché du prix de revient.
Note du bureau : Nous vous avons présenté des extraits
d'un texte, non datés, mais qui a vraisemblablement été
écrit dans les années 1888/1902.
Avertissement : La reproduction même partielle de textes,
illustration (photos et dessins) pins et objets divers provenant de
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