Mission
des Chotts du Sahara de Constantine
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La mission des Chotts est organisée en novembre
1874 par le ministère de la Guerre et le Gouvernement général
de l'Algérie. Son objet principal est de connaître les cotes des Chotts du Sud constantinois dans la perspective de créer une mer intérieure en les remplissant par l'eau de la Méditerranée prise dans le golfe de Gabès. Celle-ci serait amenée par un canal traversant les chotts tunisiens et le seuil qui semble les séparer des chotts algériens. En connaissant les cotes de ceux-ci, on pourra alors déterminer l'extension du futur bassin et sa profondeur. Les dimensions approximatives de celui-ci seraient de 120 km (E-0) sur 90 km (N-S) et concernent les chotts Melrir (le plus étendu), Mouïa Tafelat, Bou Ksiba, Asloudj et quelques autres plus modestes (cf. carte) |
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Mission des Chotts du Sahara de Constantine
Le nivellement partira du signal géodésique
de Chegga qui s'élève sur le bord occidental du chott Melrir.
Situé à 60 km au sud-est de Biskra, ce signal est à
la cote + 24 du nivellement général de l'Algérie. A - L'expédition Pour suivre le déroulement de cette expédition
et ses résultats, nous nous reporterons, en l'abrégeant,
à la communication faite le 7 juillet 1875 à la Société
de géographie de Paris par le capitaine Roudaire, chef de la mission,
qui est essentiellement consacrée à la reconnaissance du
niveau des chotts.
Le campement est installé à Bir Smea le
6 janvier 1875 alors que le nivellement après avoir traversé
un oued sec (cote-18) constate un relèvement sensible puisque 12
km avant Bir Smea, la courbe zéro est atteinte. La mission se dirige
en conséquence vers le sud-est et arrive à Bir El Achana
le 16 janvier après avoir rencontré quatre fois la courbe
zéro. Les opérations se poursuivent dans le chott Mouïa
Tafelat (- 9), puis Bir Zeninim (+ 12) est atteint le 18 janvier. Une
dépression existe entre chott Tafelat et chott Rharsa à
la frontière tunisienne mais le chef de mission veut s'assurer
qu'une dépression plus marquée n'existe pas plus au sud.
Le nivellement partant du chott Asloudj (0) se dirige jusqu'à Bir
El Araf (+33) le 18 février et constate un relèvement progressif.
Il n'y a donc pas de dépression méridionale mais pour confirmer
ce fait, les travaux se poursuivent jusqu'à El Oued (+ 81) à
travers les oasis du Souf. B - Conditions de travail Du 7 décembre 1874 au 12 avril 1875 une ligne développée de 650 km est nivelée par portées de 120 à 150 m. La modicité du budget accordé à la mission ne lui permet pas d'avoir un équipage chargé de l'approvisionner en eau douce. Aussi le campement est installé près de puits à l'eau souvent saumâtre et se déplace au strict minimum pour économiser les frais de transport. Le lieu de travail est souvent loin de la base et les opérateurs font 15 à 20 km le matin, et autant le soir, ce qui représente un très gros effort physique. Cette obligation de ne pas s'éloigner d'un puits dérange le programme initial qui souhaitait se tenir le plus près possible du niveau zéro. C'est elle, en particulier, qui oblige le détachement sud à renoncer au chemin longeant le littoral sud du chott Melrir pour passer par les puits El Foulea et Bir Touil, ce qui contraint les hommes à des trajets épuisants pour aller rechercher le niveau zéro. C - Observations C-1 - La différence entre les chiffres relevés
par la mission au nord et le détachement du sud lors de leur rencontre
à Mguebra est de 74 cm. D - Résultats La mission des Chotts montre la possibilité de créer une mer intérieure dans le Sud constantinois. Sa réalisation en territoire algérien ne pose aucune difficulté sérieuse d'exécution. Il faudrait cependant déterminer s'il en serait de même en Tunisie et étudier l'isthme de Gabès sur toute son étendue pour trouver le passage le plus favorable.
Un nivellement régulier des chotts tunisiens répondrait à cette question et aurait l'avantage de vérifier les opérations faites dans le bassin du chott Melrir puisqu'il partirait du niveau de la mer à Gabès. En effet le nivellement géodésique est d'une manière générale, moins précis que le nivellement géométrique et les résultats obtenus en France par les deux méthodes montrent que les altitudes géodésiques sont généralement trop fortes. Si celles utilisées en Algérie par la mission des Chotts étaient dans le même cas, il suffirait alors, dans l'état actuel d'une différence d'un mètre pour que les deux bassins fussent en communication à marée haute.
Avant de terminer sa communication, le capitaine Roudaire, chef de la mission, rend un témoignage admiratif à son équipe: officiers, soldats, collaborateurs qui ont supporté avec énergie, intelligence et dévouement les péripéties de ce difficile travail, finalement mené à bien sans incident particulier. Réflexion personnelle S'il suffit d'une erreur d'un mètre pour envisager
une communication entre les deux bassins algérien et tunisien lors
d'une marée haute, hypothèse émise en 1875, qu'en
sera-t-il au milieu du xxie siècle ? Avec le relèvement
général du niveau des mers annoncé pour les prochaines
décennies, la Méditerranée se chargera peut-être
elle-même d'établir cette communication dont on parlait déjà
au me siècle. |