La porte monumentale de la Foire d'Alger |
---------LES foires
sont une excellente occasion, non seulement de stimuler le commerce en
facilitant les contacts entre vendeurs et acheteurs, mais encore de de
faire le point des principales activités d'une région. Ainsi
celles qui se sont tenues dernièrement dans différentes
villes algériennes ont-elles permis de constater le rythme soutenu
du développement économique de l'Algérie en même
temps que l'esprit d'entreprise et d'émulation
qui anime ses
habitants.
---------L'AMPLEUR
de cette manifestation réalise, de l'avis unanime, une véritable
synthèse agricole, commerciale et industrielle où les productions
:cales des trois départements voisinent avec les derniers perfectionnements
venus de la métropole ou de l'étranger. Après avoir
parcouru la foire d'Alger, M. Louvel, ministre du Commerce, exprimait
en ces termes sa satisfaction aux organisateurs et exposants :
---------"
J'avais entendu, certes, vanter les mérites
de votre manifestation commerciale, mais je n'imaginais pas, en vérité,
qu'elle ait pu, en quelques années à peine, malgré
la longue interruption de la guerre, réunir autant de participants
et susciter bien au delà de cette grande région française
d'Algérie un tel mouvement d'intérêt.
---------Pour
expliquer ce succès, on ne peut pas invoquer une tradition séculaire
comme beaucoup de manifestations métropolitaines analogues, dont
l'histoire r remonte parfois au moyen âge. La réussite chez
vous est venue d'un seul coup non par un heureux effet du hasard, mais
par le réalisme, l'opiniâtre volonté, le patriotisme
ardent d'une équipe d'hommes dignes continuateurs des générations
qui ont fait en moins d'un siècle d'une terre jadis inhospitalière,
l'une des plus riches et plus prospères provinces françaises.
---------"
Je ne saurais trop vous féliciter, messieurs, d'avoir été
ces hommes, d'avoir su, à l'aide souvent de moyens de fortune et
sur des emplacements que je sais trop restreints rassembler les meilleurs
échantillons d'une économie locale où voisinent les
produits d'une agriculture réputée par sa qualité,
les premières réalisations d'une industrie déjà
pleine de promesses et les aspects toujours variés d'une production
artisanale dont le succès va croissant... ".
---------Nous avions signalé dans notre précédent
numéro, alors qu'elle battait son plein, les caractéristiques
générales de la foire-exposition sur laquelle nous complétons
aujourd'hui notre information. Son emplacement sur le champ de manoeuvre
qui, sérieusement agrandi par l'adjonction de l'avenue Charles
Lutaud, couvrait une superficie totale de 50.000 mètres carrés,
avait permis de la rendre plus complète et plus attrayante ; malgré
cela, il s'est encore révélé insuffisant étant
donné le nombre des demandes de participations qui avaient été
présentées et qui n'ont pu être toutes satisfaites.
Le problème subsiste donc pour le comité de trouver des
terrains qui puissent constituer un cadre permanent digne de l'importance
croissante que prend la foire. Quoi qu'il en soit, il peut cependant se
féliciter des résultats obtenus dont on ne peut nier qu'ils
sont appréciables puisque plus de 250.000 entrées ont été
enregistrées entre le 7 et le 22 avril et que beaucoup d'affaires
ont été conclues.
---------La
section du machinisme agricole qui accueillait le visiteur, dès
l'entrée franchie, était particulièrement imposante,
tant par le nombre que par la qualité des engins de toutes natures
qui y étaient exposés. L'attention du technicien, agriculteur,
entrepreneur ou industriel était immédiatement sollicitée
par une gamme extrêmement étendue de machines allant des
tracteurs les plus massifs aux outils les plus délicats en passant
par les moteurs électriques et le matériel industriel et
métallurgique le plus varié.
---------Les
exposants de la section commerciale avaient rivalisé d'ingéniosité
et de goût pour agencer des stands plaisants dans les six galeries
couvertes mises à leur disposition. Une publicité habile
vantait les mérites de telle ou telle marque, les avantages de
tel ou tel appareil, ceux d'utilité courante comme ceux d'agrément
: on trouvait là tout ce qui concerne les arts ménagers,
l'alimentation, la radio, le froid, les accessoires automobiles et autres...
Le palais du Foyer Civique abritait, comme l'an passé, le salon
de l'ameublement et le matériel de bureau ; qu'il s'agisse de meubler
un appartement ou des locaux administratifs et commerciaux, les ébénistes
et les fabricants semblaient s'être surtout efforcés de ne
présenter que les mobiliers susceptibles de s'adapter le plus efficacement
à leurs fonctions et aux conditions de vie et de travail modernes,
combinant heureusement le maximum de confort avec le minimum de place.
---------L'élégante
documentation des pavillons de la Tunisie, de la Suisse, du Plan Marshall,
de la ville d'Alger, de l'Artisanat, de la S.N.C.F., de l'E.G.A., nous
avait paru du meilleur aloi, nous devons également signaler celle
de nombreuses firmes, telles Frigidaire ; les Phosphates du Constantinois
; ESSO, qui, pour lancer son nouveau lubrifiant " esso extra motor
oil ", montrait comment, grâce à lui, un moteur placé
dans une grande quantité de glace, pouvait néanmoins démarrer
instantanément et faisait promener par deux chameaux imperturbables
des barils à ses couleurs ; Vespa dont les scooters tournaient
en manège autour d'une grosse mappemonde ; AIR FRANCE qui montrait
à la télévision l'appareillage et atterrissage de
ses courriers ; Cellunaf qui tapissait ses murs de brochures, affiches
et éditions diverses imprimées sur son papier de qualité...
---------Il
faudrait en signaler encore bien d'autres, parer de ces camelots à
la verve intarissable dont la faconde laisse les badauds bouche bée
; il faudrait décrire l'empressement de la foule autour des débitants
de victuailles et des buvettes surmontées de bouteilles géantes,
symboles de boissons apéritives ou rafraîchissantes connues
; le joyeux charivari du parc des attractions, la bousculade des enfants
qui galopent partout, brandissant des ballons multicolores, quêtant
inlassablement prospectus et images ; bref, toute cette animation qui
donne à la foire un air de fête, l'allure enjouée
d'une kermesse...
 Du parc des machines agricoles à la promenade à dos de chameau, chacun trouve un sujet d'intérêt ou de distraction. |
---------Mais maintenant ses portes sont closes et c'est vers les projets (ils vont déjà bon train) qu'il convient de se tourner. Peut-être pourrait-on reprendre, l'an prochain, le salon de l'Auto, l'un des clous des manifestations d'avant guerre et créer une section nautique et, pourquoi pas ? une section de l'aviation. On espère en outre qu'Alger sera inscrite sur le calendrier international des foires-expositions attirant de la sorte de nombreuses participations étrangères et de l'Union Française dont la présence ne pourra qu'être bénéfique au commerce algérien et achèvera de faire de la foire d'Alger cette grande preuve de vitalité que M. le Ministre Louvel classe " ... comme la première manifestation commerciale de notre Afrique du Nord et comme l'un des principaux marchés du bassin méditerranéen... ".
LA PREMIÈRE FOIRE DE BLIDA
---------LE succès
de la foire de la capitale a entraîné un grand mouvement
en faveur des foires et suscité des émules. Blida a profité
de ses grandes fêtes annuelles pour organiser à son tour
et pour la première fois une exposition commerciale
et agricole qui a dure du 10 au 25 mai.
---------Sous l'impulsion
du maire de Blida, M. Guerrand, assisté de son adjoint, M. Penin,
le comité de la fopire s'était activement employé
à en faire un rendez-vous agréable qui a connu la faveur
des Blidéens visiteurs venus nombreux d'Alger et des environs.
C'est qu'en effet, située en plein coeur de la plaine fertile de
la Mitidja dont l'aspect verdoyant n'est pas sans rappeler des paysages
de France, la coquette cité de Blida a toujours attiré beaucoup
de monde par sa grâce riante et son activité.
---------Dans
l'enceinte de la foire, l'agriculture une fois de plus, était à
l'honneur et les ruraux pouvaient retrouver dans leur section préférée,
tracteurs et machines agricoles de tous modèles et de marques.
 Un stand original |
---------La
halle aux tabacs, détournée momentanément de sa destination
habituelle, abritait les élégants comptoirs du salon de
la femme, garnis de lingeries fines, de bijoux et d'objets d'art, ceux
de l'auto et du motocyclisme, les représentations de la ville de
Blida et de la Chambre de Commerce d'Alger . cette dernière, en
quelques panneaux, résumait par des graphiques et des photos bien
choisis, l'essentiel de ses activités, une fort belle maquette
évoquant l'allure grandiose qu'aura la
nouvelle gare maritime d'Alger lorsque les travaux en cours
seront achevés. Le kouba de la ville de Blida entourée d'une
pergola fleurie somptueusement décorée de tapis de haute
laine, de cuivres et de tableaux servait d'écrin aux clefs d'or
de la cité que l'on pouvait admirer sous vitrine.
---------Des
dioramas, photographies, plans et tableaux statistiques illustraient de
façon très évocatrice les réalisations et
les projets de la municipalité. Les stands commerçants s'étaient
installés en grand nombre dans le vaste hall du marché aux
légumes, et l'on peut dire que cette jeune foire a connu là
un encourageant début dont on est heureux de féliciter ses
organisateurs.
LA IIIé FOIRE DE MAISON-CARRÉE
---------Cité
agricole, lieu de passage dont la zone industrielle
se développe continuellement, Maison-Carrée a toujours été
un centre important d'échanges, un carrefour aux portes de la Mitidja,
il n'est donc pas étonnant que la Municipalité ait songé
à y fonder une foire annuelle ; celle-ci fut même, lorsqu'elle
fut décidée en 1949, la première à renouer
les traditions d'avant guerre. L'an passé, elle a obtenu des résultats
exceptionnels, les tractations effectuées ayant largement dépassé
les prévisions les plus optimistes. Cette année, la troisième
foire de Maison-Carrée a été inaugurée le
30 mai en présence de nombreuses personnalités du monde
politique et commercial, par M. Barbut, inspecteur général
de l'Agriculture et directeur de l'Institut agricole de Maison-Carrée,
représentant M. Roger Léonard, Gouverneur général
de l'Algérie. Justement qualifiée " Foire des colons
", elle occupait, sur son emplacement coutumier, une surface de 8.000
m2 où plus de deux cents exposants s'étaient groupés
pour présenter aux agriculteurs tout ce qui dans l'activité
commerciale et industrielle est susceptible de les intéresser.
Pour corser l'attrait de cette troisième foire, son Comité,
que préside M. le Colonel Jamilloux, l'actif maire de Maison-Carrée,
délégué à l'Assemblée algérienne,
avait mis une partie de ses terrains à la disposition d'un véritable
marché de voitures neuves et d'occasion.
---------Un
comice agricole placé sous le parrainage de la direction de l'Agriculture,
du Syndicat de l'élevage et de l'Union des groupements d'élevage
du département d'Alger distribua des prix aux plus beaux reproducteurs
du département.
---------Les
organisateurs avaient eu l'excellente idée de placer la foire sous
le signe d'une grande province française, en l'occurrence, pour
cette année, la Gascogne. Avec le concours dévoué
de la société " la Gascogne " présidée
par M. le professeur Fourment, tout un programme de réjouissances
avait été mis sur pied : on put assister à des fêtes
folkloriques où des groupes en costumes régionaux présentèrent
les chants et les danses les plus populaires du Béarn, de la région
basquaise et de toute la Gascogne, donnant à la foire une ambiance
gaiement champêtre à l'ombre du plaisant chalet basque que
l'E.G.A. avait aménagé en ferme modèle.
---------L'auberge
basque " Etche Ona " offrait aux gourmets maintes succulentes
spécialités gastronomiques des bords de la Dordogne et de
l'Adour, depuis les jambons de Bayonne jusqu'aux salmis de palombes, généreusement
arrosées de vins du cru.
---------On
conçoit que dans de telles conditions, la foire se soit placée
sous le signe d'une bonne humeur à laquelle participaient également
vendeurs, acheteurs et visiteurs.
x x x
M. Louvel félicitait les membres du
Comité de la foire d'Alger :
---------"
... de ne pas avoir négligé les besoins d'une population
indigène qui cherche à améliorer ses conditions d'existence
et à perfectionner ses instruments de travail... "
et il continuait sur cette constatation que " ... c'est
en effet une des missions importantes des foires et des expositions d'allier
au souci de la propagande celui de l'orientation des besoins et de l'éducation
du goût des consommateurs. Aussi, avez-vous eu raison de réserver
une place de choix au machinisme agricole dont le développement
rendra moins dur le labeur des hommes et plus rentable l'exploitation
des terres, et d'avoir également présenté une sorte
d'exposition en raccourci des arts ménagers qui, en éveillant
le désir de plus de bien-être e de plus de confort, contribuera,
j'en suis convaincu à rendre la vie plus douce à de nombreux
foyers.."
---------Il
semble bien qu'à Alger comme à Blida et Maison-Carrée,
ces buts aient été atteints.