les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

ENVIRONS d'ALGER
- Le Cap Matifou (voir pages cap Matfou)
- Le Tombeau de la Chrétienne (voir aussi à Tipasa)
sur site le 22-5-2009

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Environs d'Alger
Le Cap Matifou

A l'extrémité du Cap-Matifou se trouve l'ancien ouvrage militaire : Bordj Tementfoust (cité à : Batteries Extérieures). Ce bordj, depuis longtemps déclassé, avait été cédé ainsi que les terres environnantes, au baron de la Villegontier, en échange d'une portion du promontoire où ont été installés le Lazaret et le FortMatifou. Non loin de là, se trouvait le domaine de Daly-Bey que MM. Luce et Lacroutz acquirent en 1831, moyennant une rente annuelle de 900 francs.

Le promontoire de Matifou était, à la Conquête, à peu près inculte. Il s'y trouvait sur la droite d'Aïn-Taya : Aïn Bida ou Fontaine Blanche et Aïn-Chrobou-Ahrob (bois et fuis !) dénomination qui en disait long sur l'insécurité de ces lieux.

La plaine s'étendant au delà, comprenait avec Daly-Bey, (nom du propriétaire), celles de Haraoua (nom d'une petite population de pêcheurs et de chasseurs) et d'Aïn-Khala (la fontaine noire).

Le cap Matifou avait reçu des indigènes le nom de Tementfoust, nom berbère signifiant : le côté de l'Est. Rappelons à ce propos, que d'autres noms de même origine, subsistèrent ici en dépit de la conquête arabe. Tels sont ceux de Ras-Tafoura (le cap de la sortie), sur lequel fut érigé le fort Bab-Azoun; de Telemly, Telem Oumly (la Fontaine Blanche), où passe le chemin des Aqueducs - et de Tixeraïn (les Fortins).

Aux temps romains, le Cap fut très cultivé, ainsi que le prouvent les restes des nombreux puits, aqueducs et fontaines qu'on y découvre. La région d'Aïn-Taya, où furent installés en grande quantité des tuyaux de poterie, reçut le nom de Mogaren Souaghi (la réunion des canaux).

Au promontoire se trouvait la cité de Rusguniœ. Ce fut son cadre que les indigènes donnèrent à la légende des Sept-Dormants.

Cette légende, on le sait, a une origine romaine. Mahomet l'emprunta aux Chrétiens. Rappelons-la ici :

En 271, sous l'empereur Décius, sept jeunes hommes chrétiens d'Ephèse se réfugient dans une caverne pour échapper aux persécutions des païens. Les païens murent la caverne et les jeunes chrétiens meurent de faim.

Cent quarante-quatre ans plus tard, sous l'empereur Théodose, alors que le christianisme est triomphant, des ouvriers construisant une étable mettent au jour, la caverne. Les sept martyrs se réveillent, croyant être toujours à l'époque de Décius. Comme ils possèdent quelques pièces d'or à l'effigie de ce souverain, on croit qu'ils ont trouvé là un trésor. Théodose vient constater le prodige, mais aussitôt les sept martyrs se rendorment d'un sommeil éternel.
Frappé de ce miracle, Théodose transforme la caverne en un sanctuaire qu'il pare de pierres précieuses.

L'Église célèbre le souvenir de ces sept martyrs, le 26 juillet.

Cette légende, reprise par Mahomet, figure dans le Coran au XVIIIème chapitre.

Les indigènes de la région, ayant considéré de tout temps les ruines de Rusguniœ comme un lieu mystérieux et plein de richesses, en ont fait naturellement le théâtre de cette légende.

La ville de Rusguniae reçut de l'empereur Claude, le droit latin donnant â ses habitants le titre de citoyens. La ville fut pillée par les Turcs qui utilisèrent ses ruines à la construction des ouvrages fortifiés d'El-Djezaïr.

Les vestiges de ses monuments subirent aussi "les razzias du Corps Consulaire d'Alger" lequel s'appropria de ceux-ci, maints échantillons intéressants.

Le Prince de Mir reçut en concession, en 1833, tout le territoire de la Rassauta; mais ses essais de colonisation ne furent pas heureux.

Le baron de la Villegontier, précité, s'établit plus tard dans la région.

Le 29 novembre 1844, la ferme domaniale de la Rassauta et ses dépendances (4.000 hectares) furent vendues au prix de 135.000 francs à un Grand d'Espagne, M. le comte del Valle San Juan.

Ajoutons que les conteurs arabes placent aussi à Matifou, le palais enchanté qu'ils dénomment : Mitidja (1 Rappelons à ce propos, que la désignation; Mitidja, qui est celle de la vallée située en contre-bas du Sahel, fut identifiée par l'historien Cat, avec le nom : Matidia, porté par la nièce de Trajan, devenue en Maurétanie, propriétaire de vastes domaines.).

Le Tombeau de la Chrétienne (voir aussi à Tipasa)

Le Tombeau de la Chrétienne au sujet duquel l'archéologie poursuit toujours des recherches, se trouve près de Tipasa.

Le Tombeau de la Chrétienne, en arabe : Kbour er Roumia, est un édifice rond, de 30 mètres de hauteur, de forme tronconique, reposant sur une partie carrée de 63 mètres de côté.

Le monument était orné à sa base, de 60 demi-colonnes engagées, de l'ordre ionique, de quatre portes, répondant à peu près aux quatres points cardinaux.

Sur la partie tronconique s'étagent, en cercles, 33 degrés de 0 m. 58 chacun de haut.

Le monument fut exploré en 1855 et en 1856 par Berbrugger, puis en 1865 et en 1866, par M. O'Mac-Carthy. On découvrit là, un couloir, des cavaux, des galeries aboutissant à une chambre où furent probablement déposés le roi Juba II et sa femme Cléopâtre Sélené. (Pomponius Mela le signale comme ayant servi de sépulture à toute une famille de rois maures). De forme analogue est, dans la province de Constantine, le Medracen qui servit de sépulture à la famille de Massinissa.

Il existe sur ce monument cette légende arabe :

"Un indigène de la Mitidja, Ben Kassem, avait été fait prisonnier par les Espagnols et emmené en leur pays, où il fut vendu comme esclave à un vieux savant. Très affecté de sa capture, il ne cessait de pleurer.

"- Écoute, lui dit un jour son maître, je puis te rendre ta liberté, si tu veux me jurer de faire ce que je vais te dire, et qui ne sera point contraire à ta foi de musulman."

Ben Kassem jura.

"Tu t'embarqueras, dit le savant; après avoir revu ta famille, tu te rendras au Tombeau de la Chrétienne, et là, tu brûleras le papier que voici, sur le feu d'un brasier, et tourné vers l'Orient. Quoi qu'il t'arrive, ne t'étonne de rien et rentre sous ta tente."

Ben Kassem exécuta fidèlement les ordres de son maître, mais à peine le papier fut-il consommé qu'il vit le tombeau s'entr' ouvrir et donner passage à un nuage de pièces d'or et d'argent qui s'élevait et filait vers la mer.

Ben Kassem, interdit tout d'abord, lança bientôt son burnous sur les dernières pièces. Il en retint quelques-unes.
Puis le tombeau se referma.

"Ben Kassem, qui avait d'abord gàrdé le silence, conta à ses proches l'aventure. Celle-ci ne tarda pas à être connue du sultan, que la légende nomme Salah-Raïs."

"Des fouilles furent ordonnées par le pacha. Mais à peine les ouvriers donnèrent-ils les premiers coups de pic, qu'une femme chrétienne apparut au sommet de l'édifice et étendant ses bras vers le lac de la plaine, s'écria :
"Halloula ! Halloula ! A mon secours !"

"A l'instant une nuée de moustiques fondit sur les travailleurs qui se dispersèrent et ne revinrent plus".

Plus tard, aux dernières années du XVIIIème siècle, poussé par l'espoir d'y trouver un trésor, le dey Baba-Mohammed fit démolir à coups de canon, mais sans résultat, le revêtement Est du tombeau.

En raison de la croyance populaire, les Turcs dénommèrent le monument : Maltapasy (Le trésor au pain de sucre).

Le monument reçut en 1866, la visite du duc de Magenta. Sur une pierre de l'édifice fut gravée cette inscription :

Le 22 mai 1866
Son Excellence le maréchal de Mac-Mahon
Gouverneur Général de l'Algérie
Entra
Le premier depuis 12 siècles
Dans le mausolée royal de Mauritanie
Avec mesdames les Maréchales
De Mac-Mahon et Niel.

Le soir de leur visite, le Maréchal et la Maréchale s'installèrent sous une tente de Bugeaud. La Maréchale Niel qu'accompagnait sa fille, Mme Duhesme, sous une tente de Randon.