Environs d'Alger
Le Cap Matifou
A l'extrémité du Cap-Matifou
se trouve l'ancien ouvrage militaire : Bordj Tementfoust (cité
à : Batteries
Extérieures). Ce bordj, depuis longtemps déclassé,
avait été cédé ainsi que les terres environnantes,
au baron de la Villegontier, en échange d'une portion du promontoire
où ont été installés le Lazaret et le FortMatifou.
Non loin de là, se trouvait le domaine de Daly-Bey que MM. Luce
et Lacroutz acquirent en 1831, moyennant une rente annuelle de 900 francs.
Le promontoire de Matifou était, à la Conquête,
à peu près inculte. Il s'y trouvait sur la droite d'Aïn-Taya
: Aïn Bida ou Fontaine Blanche et Aïn-Chrobou-Ahrob (bois
et fuis !) dénomination qui en disait long sur l'insécurité
de ces lieux.
La plaine s'étendant au delà, comprenait avec Daly-Bey,
(nom du propriétaire), celles de Haraoua
(nom d'une petite population de pêcheurs et de chasseurs) et d'Aïn-Khala
(la fontaine noire).
Le cap Matifou avait reçu des indigènes le nom de Tementfoust,
nom berbère signifiant : le côté de l'Est. Rappelons
à ce propos, que d'autres noms de même origine, subsistèrent
ici en dépit de la conquête arabe. Tels sont ceux de Ras-Tafoura
(le cap de la sortie), sur lequel fut érigé le fort Bab-Azoun;
de Telemly,
Telem Oumly (la Fontaine Blanche), où passe le chemin des Aqueducs
- et de Tixeraïn (les Fortins).
Aux temps romains, le Cap fut très cultivé, ainsi que
le prouvent les restes des nombreux puits, aqueducs et fontaines qu'on
y découvre. La région d'Aïn-Taya, où furent
installés en grande quantité des tuyaux de poterie, reçut
le nom de Mogaren Souaghi (la réunion des canaux).
Au promontoire se trouvait la cité de Rusguni. Ce fut son
cadre que les indigènes donnèrent à la légende
des Sept-Dormants.
Cette légende, on le sait, a une origine romaine. Mahomet l'emprunta
aux Chrétiens. Rappelons-la ici :
En 271, sous l'empereur Décius, sept jeunes hommes chrétiens
d'Ephèse se réfugient dans une caverne pour échapper
aux persécutions des païens. Les païens murent la caverne
et les jeunes chrétiens meurent de faim.
Cent quarante-quatre ans plus tard, sous l'empereur Théodose,
alors que le christianisme est triomphant, des ouvriers construisant
une étable mettent au jour, la caverne. Les sept martyrs se réveillent,
croyant être toujours à l'époque de Décius.
Comme ils possèdent quelques pièces d'or à l'effigie
de ce souverain, on croit qu'ils ont trouvé là un trésor.
Théodose vient constater le prodige, mais aussitôt les
sept martyrs se rendorment d'un sommeil éternel.
Frappé de ce miracle, Théodose transforme la caverne en
un sanctuaire qu'il pare de pierres précieuses.
L'Église célèbre le souvenir de ces sept martyrs,
le 26 juillet.
Cette légende, reprise par Mahomet, figure dans le Coran au XVIIIème
chapitre.
Les indigènes de la région, ayant considéré
de tout temps les ruines de Rusguni comme un lieu mystérieux
et plein de richesses, en ont fait naturellement le théâtre
de cette légende.
La ville de Rusguniae reçut de l'empereur Claude, le droit latin
donnant â ses habitants le titre de citoyens. La ville fut pillée
par les Turcs qui utilisèrent ses ruines à la construction
des ouvrages fortifiés d'El-Djezaïr.
Les vestiges de ses monuments subirent aussi "les razzias du Corps
Consulaire d'Alger" lequel s'appropria de ceux-ci, maints échantillons
intéressants.
Le Prince de Mir reçut en concession, en 1833, tout le territoire
de la Rassauta; mais ses essais de colonisation ne furent pas heureux.
Le baron de la Villegontier, précité, s'établit
plus tard dans la région.
Le 29 novembre 1844, la ferme domaniale de la Rassauta et ses dépendances
(4.000 hectares) furent vendues au prix de 135.000 francs à un
Grand d'Espagne, M. le comte del Valle San Juan.
Ajoutons que les conteurs arabes placent aussi à Matifou, le
palais enchanté qu'ils dénomment : Mitidja (1
Rappelons à ce propos, que la désignation; Mitidja, qui
est celle de la vallée située en contre-bas du Sahel,
fut identifiée par l'historien Cat, avec le nom : Matidia, porté
par la nièce de Trajan, devenue en Maurétanie, propriétaire
de vastes domaines.).
Le Tombeau de
la Chrétienne (voir
aussi à Tipasa)
Le Tombeau de la Chrétienne au sujet
duquel l'archéologie poursuit toujours des recherches, se trouve
près de Tipasa.
Le Tombeau de la Chrétienne, en arabe :
Kbour er Roumia, est un édifice rond, de 30 mètres
de hauteur, de forme tronconique, reposant sur une partie carrée
de 63 mètres de côté.
Le monument était orné à sa base, de 60 demi-colonnes
engagées, de l'ordre ionique, de quatre portes, répondant
à peu près aux quatres points cardinaux.
Sur la partie tronconique s'étagent, en cercles, 33 degrés
de 0 m. 58 chacun de haut.
Le monument fut exploré en 1855 et en 1856 par Berbrugger, puis
en 1865 et en 1866, par M. O'Mac-Carthy. On découvrit là,
un couloir, des cavaux, des galeries aboutissant à une chambre
où furent probablement déposés le roi Juba II et
sa femme Cléopâtre Sélené. (Pomponius Mela
le signale comme ayant servi de sépulture à toute une
famille de rois maures). De forme analogue est, dans la province de
Constantine, le Medracen qui servit de sépulture à la
famille de Massinissa.
Il existe sur ce monument cette légende arabe :
"Un indigène de la Mitidja, Ben Kassem, avait été
fait prisonnier par les Espagnols et emmené en leur pays, où
il fut vendu comme esclave à un vieux savant. Très affecté
de sa capture, il ne cessait de pleurer.
"- Écoute, lui dit un jour son maître, je puis te
rendre ta liberté, si tu veux me jurer de faire ce que je vais
te dire, et qui ne sera point contraire à ta foi de musulman."
Ben Kassem jura.
"Tu t'embarqueras, dit le savant; après avoir revu ta famille,
tu te rendras au Tombeau de la Chrétienne, et là, tu brûleras
le papier que voici, sur le feu d'un brasier, et tourné vers
l'Orient. Quoi qu'il t'arrive, ne t'étonne de rien et rentre
sous ta tente."
Ben Kassem exécuta fidèlement les ordres de son maître,
mais à peine le papier fut-il consommé qu'il vit le tombeau
s'entr' ouvrir et donner passage à un nuage de pièces
d'or et d'argent qui s'élevait et filait vers la mer.
Ben Kassem, interdit tout d'abord, lança bientôt son burnous
sur les dernières pièces. Il en retint quelques-unes.
Puis le tombeau se referma.
"Ben Kassem, qui avait d'abord gàrdé le silence,
conta à ses proches l'aventure. Celle-ci ne tarda pas à
être connue du sultan, que la légende nomme Salah-Raïs."
"Des fouilles furent ordonnées par le pacha. Mais à
peine les ouvriers donnèrent-ils les premiers coups de pic, qu'une
femme chrétienne apparut au sommet de l'édifice et étendant
ses bras vers le lac de la plaine, s'écria :
"Halloula ! Halloula ! A mon secours !"
"A l'instant une nuée de moustiques fondit sur les travailleurs
qui se dispersèrent et ne revinrent plus".
Plus tard, aux dernières années du XVIIIème siècle,
poussé par l'espoir d'y trouver un trésor, le dey Baba-Mohammed
fit démolir à coups de canon, mais sans résultat,
le revêtement Est du tombeau.
En raison de la croyance populaire, les Turcs dénommèrent
le monument : Maltapasy (Le trésor
au pain de sucre).
Le monument reçut en 1866, la visite du duc de Magenta. Sur une
pierre de l'édifice fut gravée cette inscription :
Le 22 mai 1866
Son Excellence le maréchal de Mac-Mahon
Gouverneur Général de l'Algérie
Entra
Le premier depuis 12 siècles
Dans le mausolée royal de Mauritanie
Avec mesdames les Maréchales
De Mac-Mahon et Niel.
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Le soir de leur visite, le Maréchal
et la Maréchale s'installèrent sous une tente de Bugeaud.
La Maréchale Niel qu'accompagnait sa fille, Mme Duhesme, sous
une tente de Randon.