les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

Les aqueducs

voir quelques fontaines
sur site le 25-4-2009

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Les Aqueducs

Pendant le premier siècle de la domination turque, Alger n'était alimentée d'eau que par des puits et des citernes. Cela changea après l'expulsion des Maures d'Espagne. Ce furent, en effet, des Andalous émigrés à Alger, qui dotèrent cette ville d'aqueducs.

Ces ouvrages qu'on transforma après la Conquête et qu'on n'a jamais cessé d'utiliser, étaient en 1830, au nombre de quatre.

L'Aqueduc du Hamma, de 5 kilomètres de longueur, entrant en ville par le quartier Bab-Azoun. (On voyait naguère encore ses arceaux enjamber le ravin de l'Agha où fut installée l'Usine à Gaz) ( En cet endroit, au pied de cet aqueduc, existaient, en 1830, une douzaine de grands fours à pain, en briques, que le peuple disait avoir été construits par Charles Quint.).

Cet aqueduc fut construit en 1662, par l'Andalou Sta-Mouça, qui devint janissaire et dont le nom fut donné à la caserne où servit celui-ci. Cette caserne fut dénommée dans la suite : Caserne Lemercier. Sta-Mouça construisit la caserne inférieure de la rue Médée.

L'Histoire fait connaître que des travaux furent à nouveau exécutés au Hamma, en 1759, par Ali Pacha, pour une meilleure captation des eaux.

Voici la traduction que donna Devoulx, de l'inscription qui fut découverte en cet endroit :

"Le Sid Mohammed Pacha (que Dieu le comble de ses bienfaits), résolut d'amener à Alger - avec l'aide de Dieu, notre souverain - les eaux de la source du Hamma. Il consulta, à ce sujet, des gens experts, les Maîtres-ouvriers et le Khodjet-el-Aïoun (l'Intendant des Fontaines), et obtint un avis favorable à cette entreprise. En conséquence, les ouvriers ont commencé avec ardeur à creuser les conduits et à les revêtir de maçonnerie. Ils les continueront jusqu'à Alger."
"Que Dieu facilite leur travail ! Ecrit le 7 Choual 1203 (1758)
".

L'Aqueduc du Télémly, de 2 kilomètres, commençant près de l'actuel Palais d'Eté et arrivant dans la cité par la Porte-Neuve.

L'Aqueduc de Birtraria, venant de la vallée du Fort-l'Empereur et pénétrant dans Alger du côté de Bab-el-Oued. (Birtraria : puits de la fraîcheur. Treria mot turc).

L'Aqueduc d'Aïn-Zboudja (Fontaine de l'olivier sauvage), s'amorçant à Ben-Aknoun et arrivant en ville par les Tagarins et la Casbah, après un cours de 19 kilomètres.

En 1848, le 28 septembre, un tunnel de cinq cent quarante mètres fut creusé à Hydra, qui réduisit de près d'un kilomètre la canalisation très défectueuse d'Aïn Zboudja. L'inauguration de ce tunnel eut lieu le 28 septembre de cette année, en présence du général Charon qui traversa le souterrain éclairé de flambeaux.

L'aqueduc avait été creusé dans une roche blanchâtre, à vingt-deux mètres de profondeur. Il avait été pourvu d'un trottoir longeant la cuvette sur tout son parcours. A mille cinq cents mètres en amont, un autre tunnel de deux cents mètres fut également construit. D'autres tunnels complétèrent ce travail, que l'on creusa sous le Consulat de Suède et sous la butte du Fort l'Empereur. Un réservoir fut plus tard, établi au sommet de la cité.

En ville, les conduites d'eau furent uniformément placées à un mètre au-dessus de la canalisation des égouts.

Les canaux de ces aqueducs, qui étaient tous en poterie, furent très souvent, au début de l'occupation, écrasés par les chariots militaires, crevés par les soldats désireux de se procurer de l'eau sur place, ou défoncés involontairement par les ouvriers qui construisirent les premières routes.

Les aqueducs, ainsi que les, fontaines, étaient placés sous la garde du Caïd-el Aïoun, qui avait également l'administration des biens légués par des particuliers pour l'entretien de ces ouvrages. Le Caïd-el-Aïoun avait, en raison de certaines dispositions testamentaires, à subir parfois le contrôle du Scheik-el-Bled (le chef communal).

Pour certaines fontaines et certaines canalisations particulières ( Ces canalisations qui alimentaient les villas, étaient au nombre de deux cents.), c'était un oukil qui était spécialement chargé de l'administration des immeubles affectés à leur entretien.

Tous ces ouvrages étaient protégés par une loi sévère.

Tout individu convaincu d'avoir détérioré une conduite d'eau, avait la main droite coupée.
Ces travaux hydrauliques qui, pendant des siècles alimentèrent El-Djezaïr de la quantité d'eau nécessaire à sa nombreuse population, lui permirent aussi de parer sa banlieue des luxuriants jardins dont nous avons parlé.

La plupart des fontaines étaient des fondations pieuses.