Alger,
MARDI GRIS… MARDI GRAS
Le mauvais temps n’a pas détrôné CARNAVAL
La pluie n’a pas empêché CELLE DE CONFETTI...
Trois séries d'articles

C’était. un mardi gris. Le ciel était masqué. La pluie fine se mêlait aux tourbillons multicolores des confetti. Le froid n’arrivait cependant pas à disperser la foule des badauds qui se pressaient aux alentours de la Grande Poste.

C’était hier Mardi-Gras.

A l’instant même où, place Massena, les fastueuses réjouissances niçoises atteignaient les sommets, Alger, selon la coutume, fêtait Sa Majesté « Carnaval ». Avec toutefois moins d’ampleur, moins de passion, moins d‘ambiance.

Sans chars...
La face de la ville avait, pourtant, changé : elle s'était peuplée d’un monde étrange, coloré, bruyant.
Personnages grotesques, issus d'une légende, d’un conte. de l’Histoire...
Caricatures hideuses. évadées d’un tableau de Picasso, d’une poésie de Prévert, d’un dessin de Dubout...
Et dans l’anonymat des masques les plus divers, cette foule s’ébattait, se battait, hurlait. riait, raillait... la tête des autres.
Sous l’œil débonnaire des agents, an grand dam des grincheux, gens pressés, des cafardeux et des rhumatisants !
Quelques « affreux » profitaient aussi de l’aubaine : ils promenaient - avec succès - leurs têtes de tous les jours.
Dame ! Ce n’est pas tous les jours Carnaval

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Echo d'Alger des 18/22 et 24-3-1953 - Transmis par Francis Rambert
mise sur site : mai 2024

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MARDI GRIS… MARDI GRAS

Le mauvais temps n’a pas détrôné CARNAVAL
Le mauvais temps n’a pas détrôné CARNAVAL
MALGRÉ LA PLUIE DE SAMEDI ET LE TEMPS MAUSSADE D'HIER
15.000 ALGÉROIS ont assisté à la venue de S.M. Carnaval 1953

C’étaient la Rome antique, Babel et Charenton. C’étaient Bagdad et Chinatown. C’étaient la Renaissance et l’An 2.000. La Belle Époque et la Préhistoire. C’étaient le Moyen-Age et l’Age Moyen; l’Age de Bronze, l’Age d’Or et l’Age Ingrat.
C’étaient l’Empire et la Restauration. La Restauration du Rire et de la Joie. C’étaient la Gaule, les Gaulois et les mille gouvernements de la 4e République. C’étaient la Nuit des Temps et le Temps des Cerises, le Temps d’Aimer, le Bon Temps et le Mauvais Temps... Le mauvais temps déguisé en giboulées, en vent aigre et en ciel gris.
C’était lui le coupable. L’empêcheur de tourner en rond.
Horreur ! Il avait dispersé la joyeuse incohérence.
On l’arrêta dans la nuit même. C’était un samedi soir. Alors les légendes, les fables, les contes, l’Histoire et la Géographie se retrouvèrent dimanche, délivrés de tous soucis. Sur 300 mètres de boulevard. Boulevard Carnot.
Tout cela, c’était Alger, paré, masqué, travesti, bariolé. Alger dans les flonflons. Saupoudré de confetti multicolores, vêtu de culottes bouffantes et de caleçons longs.
C’était le grand corso carnavalesque. L’odeur de papier mâché. Les rires. Les fleurs. La cohue.
Un monde fou.
Oui. Un monde fou : 10.000 personnes qui regardaient, gesticulaient, raillaient, se découvraient.
Le spectacle était dans la rue : Curieux spectacle ! Un monde à l’envers. Vu par Effel, Peynet, Dubout, Prévert.
Et l’envers, cette fois, valait mieux que l’endroit !

Carnaval en chiffres !
Pour ceux de nos lecteurs qui ne firent point partie des quinze mille spectateurs massés aux abords des artères en folie, nous donnons ici quelques chiffres-témoins probants du succès carnavalesque :
-Trente-six chars fleuris rivalisèrent de goût et d’originalité.
- Mille travestis riches de couleurs et de fantaisie.
- Un escadron de spahis (le sixième).
- Cent tirailleurs sénégalais ajoutant une « noire » aux 2.000 autres participants...
- Deux tonnes de confetti, serpentins et fleurs distribués gratuitement aux combattants.
- Six tonnes de ces « fragiles projectiles » vendues aux spectateurs.
- Douze prix importants
- Six cents mètres de tribunes.
- Quinze à 18.000 places payantes.
- Trois cent vingt agents, une cinquantaine de gendarmes pour le service d’ordre.
- Cinq enfants perdus et... retrouvés, grâce au micro de Robert Salis.
- Quatre invités d’honneur constituant la délégation niçoise.
Un succès populaire immense, imprévu, sans précédent ! Le corso fleuri
Les réjouissances commencèrent samedi, dès 14 h. 30. La musique de l’air conduisait l’invraisemblable cortège. Suivie du fastueux char de la reine.
Le circuit se faisait sur le boulevard Carnot, dont les immeubles avaient pour la circonstance fleuri leurs façades.
Dans le s tribunes officielles, M. Roger Léonard, gouverneur général de l’Algérie, avait pris place. Entouré de nombreuses personnalités.
Rires et applaudissements saluèrent le passage des chars dont le « Spahis Circus » fut le plus remarqué, il devait d’ailleurs emporter la palme.
Et tandis que les véhicules fleuris poursuivaient leur ronde joyeuse, la bataille éclata. Multicolore et bruyante. Personne ne fut épargné.
Bon nombre de jeunes filles mangèrent les munitions...
Le veglione
Tous se retrouvèrent, le soir, dans les salons de l’hôtel de ville, magnifiquement décorés.
Des orchestres réputés firent danser la foule des travestis jusqu’aux premières lueurs de l’aube.
Elles chassèrent ce monde fantastique qui... revint le lendemain participer à la grande finale. Sur le
boulevard Carnot !
Le palmarès
Le jury, présidé par M. Gontrand Dessagne, eut alors à se prononcer sur les plus belles réalisations
Toutes dues à l’initiative privée des participants.
Une formidable ovation salua les décisions.
CHARS
1er grand prix d’honneur : Spahis Circus (n° 20).
2e prix d'honneur : Le temps des cerises (n° 8).
3e prix d’honneur : Cyrnos (n° 5).
4e prix d’honneur : Jardins d’enfants d’Alger (n° 29).
5e prix d’honneur : Andalousie (n° 27).
1er prix d’excellence : Scène africaine (n° 25).
2e prix d’excellence : Fête à Séville (n° 10).
3° prix d’excellence : Le sultan et son harem (n° 9).
4e prix d’excellence : Les jouteurs sétois (n° 4).
5e prix d'excellence : Blanche-Neige et les 7 nains (n° 3).
6e prix d'excellence : A la cabane bambou (n° 28).
7° prix d’excellence : Le paradis terrestre (n° 18).
GROUPEMENTS TRAVESTIS
1er prix d’honneur ; Annie au Far-West (n® 44).
2e prix d’honneur : Le petit duc (n° 42).
3* prix d’honneur : La quadrilla (n° 45).
4e prix d’honneur : Folies d’un soir (n° 46). Carnaval reviendra
Les barrières tombèrent avec la nuit. Les tribunes ne tarderont pas à disparaître. Et bientôt le boulevard Carnot aura retrouvé sa physionomie habituelle.
Carnaval n’a pas été déçu. Il reviendra l’an prochain.
Il nous l’a bien promis.


Le mauvais temps n’a pas détrôné CARNAVAL