La faculté
mixte de médecine et de pharmacie d'Alger.
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La faculté
des sciences d'Alger face à ses responsabilités (1909-1962)
Je
crois utile, dans notre effort de mémoire, de donner quelques-uns
des événements vécus au sujet d'une institution qui
a eu de l'importance dans l'ceuvre française, tant du point de
vue de l'enseignement supérieur que de la recherche académique. L' immensité du territoire Les 550 000 km2 de l'hexagone métropolitain étaient couverts par une quinzaine d'universités. Dès sa création, l'université d'Alger - et par conséquent sa faculté des sciences - coiffait un territoire d'une superficie plus vaste que toute la France métropolitaine. Au fil du temps, avec la pacification de l'ensemble du Sahara et la définition de frontières avec les états voisins, la superficie dépendant de la seule université d'Alger devait être quatre fois plus vaste que l'hexagone. Mais il y a plus. Dès avant l'établissement de la paix et de la civilisation française sur les pays voisins, les scientifiques de la faculté d'Alger allaient les reconnaître, les étudier, parfois dans des conditions héroïques au péril de leur vie. Citons le voyage du géologue Brives au Maroc, dès avant l'installation du protectorat. Après la mise en place des protectorats et des colonies à la périphérie du vaste territoire algérien, nombreuses ont été les missions de ces universitaires pour la reconnaissance et l'exploration scientifique de ces immenses terra incognita. Il est vrai que dans ce domaine, comme dans tous les autres, Alger avait naturellement vocation à être la capitale de l'Afrique francophone, comme elle allait être la capitale de la France en guerre après le 8 novembre 1942. Les milliers de kilomètres à pied, dans les terres les plus désolées et bien au-delà du Sahara algérien, effectués par le géographe Capot-Rey - unijambiste depuis la guerre de 1914 ! - le géologue Dalloni - avec ses missions jusqu'au Tibesti e dans l'Ennedi -, la grande tournée transafricaine, jusqu'au Tchad, l'Oubangui et le Cameroun, dirigée par le biologiste André Hollande, n'en sont que quelques exemples parmi une multitude d'autres. La vocation africaine de l'université d'Alger, bien au-delà de la seule Algérie, est également illustrée par la présence, jusqu'au milieu du xxe siècle, d'un certain nombre d'étudiants en provenance des deux protectorats d'Afrique du Nord ou des pays de l'Afrique Sud-saharienne. Un territoire à découvrir et à explorer Il est difficile d'imaginer à quel
point ce nord-ouest de l'Afrique était plongé dans les ténèbres
de l'ignorance - comme il était plongé dans l'esclavage,
dans la misère et dans le sous-équipement sanitaire et scolaire
- avant l'arrivée de la France. Du point de vue géographique,
il n'existait pas une carte même à petite échelle
pour ces millions de kilomètres carrés. Aucune étude
géologique n'avait vu le jour alors qu'existait déjà
en France et dans d'autres pays européens une Société
géologique. La faune et la flore, tant continentales que dulçaquicoles
( d'eau douce.) ou marines,
n'avaient fait l'objet d'aucun inventaire. Il n'en était pas mieux
évidemment pour la météorologie, science qui ne peut
être prédictive qu'autant qu'elle bénéficie
de données globales, pour tous les champs de la physique du globe
et pour les sciences telles que l'hydrogéologie, la recherche minière,
l'agronomie et la pédologie (Pédologie:
science des sols; branche de la géologie appliquée qui étudie
les caractères chimiques, physiques et biologiques, l'évolution
et la répartition des sols.) , disciplines indispensables
à tout espoir de mise en valeur. La déshérence n'en
était pas moins totale dans les sciences humaines. L'histoire si
riche de cette Afrique du Nord souffrait du vandalisme arabe et musulman
autant que des inévitables atteintes du temps et - pour ne citer
qu'un exemple - la civilisation berbère dépourvue d'écriture
était vouée à une disparition totale. Le devoir de mise en valeur Dès l'époque de l'École
des sciences, les savants - comme on disait à l'époque -
ont connu et exprimé le souci dominant de participer à la
mise en valeur de ce pays immense et quasiment laissé à
l'état sauvage, pour en améliorer la prospérité
et contribuer à amener ces populations à la civilisation.
Considérablement plus que dans toute autre université et
malgré l'immensité du champ d'étude relevant de la
science pure, les universitaires algérois ont dû s'impliquer
dans la recherche appliquée. Il leur fallait aider les colons,
les ingénieurs, les aménageurs, les forestiers, les prospecteurs
et les mineurs, les industriels, les services publics, les médecins,
tous confrontés à un univers totalement différent
de celui de la métropole. Bien des faits portent témoignage
de ce volet d'importance fondamentale: la constitution de chaires de physique
appliquée, de chimie appliquée, de zoologie appliquée,
de botanique agricole et expérimentale la création d'instituts
tels que l'Institut pratique de prospection minière coloniale,
l'Institut de recherche saharienne, l'Institut d'étude nucléaire,
la création d'un diplôme de chimiste et la délivrance
du grade d'ingénieur-docteur. La participation des indigènes Il y a là un point délicat
qui tient en un mot et qu'on ne saurait passer sous silence: il y avait
très peu d'étudiants indigènes en faculté
des sciences, encore dans les années 1950. Le fait était
paradoxal. Car à l'époque, il était évident
pour tous que l'Algérie en particulier, comme le monde en général,
entrait dans une ère où la technique et la science allaient
être reines. Cela était d'autant plus vrai dans un pays comme
l'Algérie connaissant un tel retard de développement - on
espérait de telles richesses naturelles indispensables pour élever
un niveau de vie moyen encore très bas. En fait la question est
la suivante: était-ce de notre faute? o |