A peu près par là
!!!!
(collection B.Venis)
*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle
de la revue. Nous sommes ici en 1928. Amélioration notable plus
tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
N.B : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande
TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.
L'Association
pour l'Enseignement des Aveugles
RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE
Ancien Comité Valentin Haüy.
Notre public algérien
ne connaît pas encore suffisamment l'uvre si méritante
entreprise, en faveur des jeunes aveugles par l' " Association
Nord-Africaine pour l'Enseignement des Aveugles " qui s'est substituée,
avec l'assentiment et le patronage de la grande Société
Valentin Haüy de Paris, à son Comité local. Un récent
décret vient de lui accorder la reconnaissance d'utilité
publique, avec tous les avantages inhérents à cette consécration
officielle.
Cette uvre s'est proposée, tout d'abord, de recueillir
et d'instruire les enfants des deux sexes, tant français qu'indigènes,
qui sont privés de la vue. A cet effet, avec le concours du Gouvernement
général, des Assemblées algériennes et de
tous les Pouvoirs publics, une belle propriété, la Villa
Scala, située sur les coteaux d'El-Biar, a pu être achetée
et aménagée. Nous reproduisons ici quelques vues photographiques
représentant la façade de l'Institution, le groupe de
ses professeurs aveugles, ses salles de classe et son atelier d'apprentissage.
La situation de la propriété est admirable, et l'on y
est pénétré d'un sentiment de mélancolie
à l'idée que les enfants qui y sont reçus n'en
goûtent pas les charmes visuels. Ils en respirent, sans doute,
l'atmosphère paisible et reconstituante. Mais s'ils peuvent s'ébattre
dans ses jardins, ils n'aperçoivent pas le panorama splendide
qui se déroule sous les yeux des visiteurs. Et cependant, ces
déshérités ne donnent pas l'impression de la tristesse.
Ils sont souriants et joyeux, parce qu'ils se sentent enveloppés
de tendresse et de sollicitude, et que ce sont des non voyants comme
eux qui se chargent de leur instruction et de leur éducation
professionnelle.
Les classes sont convenablement aménagées, et les élèves
y reçoivent toutes les notions élémentaires du
français, de l'histoire, des sciences naturelles, de l'arithmétique.
On leur donne aussi des leçons de musique, et garçons
et filles montrent de remarquables aptitudes pour le piano et le violon.
Comme il s'agit surtout de former les jeunes aveugles à un métier
qui leur permette, lorsqu'ils seront adultes, de gagner honorablement
leur vie,- ce qu'ils désirent tous avec une légitime fierté
- on leur enseigne, à l'atelier, les arts manuels qui sont à
leur portée, notamment la brosserie, la vannerie, le cannage
de chaises.
Les dortoirs ne sont pas très spacieux, mais ils respirent l'ordre
et la propreté. Le réfectoire n'est pas luxueux, mais
on y goûte une cuisine saine et abondante.
Telle qu'elle est actuellement organisée la Villa Scala ne suffit
plus, cependant, aux besoins de la Colonie. Ce n'est pas trente pensionnaires
qu'il faudrait y recevoir, mais au moins cent.
Là se pose un problème angoissant. Le Comité devra-t-il
refuser plus longtemps d'accueillir les pensionnaires que l'Administration
est prête à lui envoyer ? Il faudrait agrandir les locaux,
en attendant le moment, qui est proche, de reconstruire entièrement
les bâtiments, soit sur l'emplacement actuel, soit même
en un lieu plus rapproché de la ville. Un plan a été
dressé pour exhausser la villa Scala d'un étage. Mais
il faudrait, pour réaliser ce projet, pour la bâtisse et
son ameublement, des sommes importantes. L'Administration, toujours
généreuse, est disposée à aider le Comité.
Mais il faut que la charité publique donne aussi son concours
à l'uvre, en lui accordant une large contribution pécuniaire.
Nous sommes convaincus qu'il suffira d'avoir signalé ces besoins
au public algérien pour qu'il réponde immédiatement
à notre appel. Une souscription va être ouverte pour recevoir
tous les dons, lesquels peuvent être adressés dès
maintenant au siège de l'uvre,
rue Roland-de-Bussy.
La cécité est digne de la sollicitude de tous. En France,
depuis longtemps, l'Association Valentin Haüy a fait, à
cet égard, des merveilles pour compléter l'uvre
gouvernementale. Les institutions privées, fondées au
profit des aveugles se sont formées dans toutes les grandes villes,
et ce sont des institutions modèles. En Algérie, un effort
similaire était encore à réaliser, il y a peu d'années.
Le Comité qui s'est créé à Alger, à
l'instigation de l'Association Valentin Haüy, s'est efforcé
d'y pourvoir. On ne saurait lui en être trop reconnaissant. Dans
le budget de charité de toutes les familles, cette uvre
doit être désormais inscrite parmi les plus favorisées.
Les besoins auxquels il s'agit de faire face sont immenses. C'est par
millier, d'après les statistiques récentes, que l'on devrait
recueillir ici les enfants de toutes races, de toute origine, qui ne
peuvent être reçus dans les écoles, parce qu'ils
sont des non voyants. Notre population, toujours prête à
secourir toutes les infortunes, ne voudra pas rester en arrière
de ce qu'il s'est fait dans la Métropole, et l'Association Nord-Africaine
pour l'Enseignement des Aveugles est sûre d'y trouver l'appui
pécuniaire et moral sur lequel elle est en droit de compter.
Il ne s'agit pas seulement d'élever et d'instruire les enfants
aveugles, il faut s'occuper aussi de leur faire gagner leur pain dès
qu'ils arrivent à l'âge adulte. A côté de
l'école proprement dite, il faudra donc installer des ouvroirs
où le travail sera abondamment fourni, judicieusement dirigé
et pratiquement utilisé. C'est là une vaste entreprise
à laquelle se consacrera l'Association Nord-Africaine si l'opinion
la soutient, et s'il n'est pas fait appel en vain à son concours.
Il est nécessaire aussi d'organiser le patronage des aveugles
à domicile. Ceux qui vivent dans leur famille, et demeurent à
leur charge, doivent être soutenus et encouragés. On peut
leur rendre d'immenses services en les aidant à travailler chez
eux, en leur procurant les outils et les matières premières,
en leur apportant des commandes. Beaucoup d'entre eux vivent dans la
misère et ont à peine de quoi se vêtir. Il est urgent
de constituer un vestiaire pour les aveugles indigents, une bibliothèque
circulante de livres en caractères Braille ; il faut aussi les
soigner quand ils sont malades. L'Association Nord-Africaine envisage,
pour le développement de ce patronage, la création d'un
Comité de dames qui entreprendra cette tâche.
Mais il n'y a pas que les aveugles, il y a les malades des yeux, candidats
à la cécité, qui sont innombrables en Algérie,
non seulement dans nos grandes villes, mais surtout en territoire indigène.
C'est pour soulager ces infortunés et en réduire le nombre
que l'Association Nord-Africaine a créé son dispensaire
ophtalmologique de la rue de la Charte, dont le Gouverneur général
a inauguré cette année la nouvelle installation, dans
le bâtiment mis généreusement à la disposition
du Comité par le Conseil général. Grâce au
dévouement d'un service médical irréprochable,
qui fonctionne tous les jours avec l'aide des admirables infirmières
que sont les surs blanches, le dispensaire de la rue de la Charte
a pu, depuis le 1er février de cette année, accueillir
près de deux mille nouveaux malades, leur faire près de
vingt mille pansements et près de six cents opérations,
et l'affluence des consultants augmente tous les jours.
Nous en avons assez dit pour démontrer l'intérêt
exceptionnel qui s'attache aux efforts de l'Association Nord-Africaine
pour l'Enseignement des Aveugles, et le devoir qui s'impose à
tous de lui apporter désormais une collaboration empressée.
Il faut que, lors du prochain Centenaire de l'Algérie tous ceux
qui visiteront ce pays constatent les bienfaits que la domination française
y a réalisé dans tous les domaines. On y constatera que
notre grande nation ne se contente pas d'apporter avec elle dans ses
colonies la prospérité et la paix, mais qu'elle entend
y faire régner aussi les nobles sentiments de fraternité
et de bonté qui font si brillant son rayonnement civilisateur
dans le monde.
Tous les déshérités trouvent, en Algérie,
à l'abri de notre drapeau, l'aide et le réconfort qui
leur adoucissent l'existence et les mettent à l'abri de toute
déchéance morale ou matérielle. Les aveugles aussi
seront de ce nombre.