Communes,villages d'Algérie et ..plus :
El Affroun
: entre ciel bleu et marécages
Edgar Scotti (†)

Entre le Gué du Bou Roumi et celui de l'Oued Djer, au pied de l'Atlas Tellien, de basses collines s'avancent sur les alluvions de la plaine. Elles dominent et surveillent les routes antiques de Sufazar (Blida) à Cesarae (Cherchell) et la voie romaine de l'Oued Djer au Chélif f par Miliana et Appidium Novum (Affreville). Point de passage obligatoire au sud des marécages du lac Halloula et de la Mitidja, ce tronçon de route a toujours été le lieu des batailles que livraient les montagnards avides, encadrés par les Turcs, aux caravanes et aux voyageurs mal gardés, ainsi qu'aux laboureurs de la vallée... El Affroun...

extraits du numéro 104, décembre 2003, de "l'Algérianiste", bulletin d'idées et d'information, avec l'autorisation de la direction actuelle de la revue "l'Algérianiste"
ici, le 29-3-2010

34 Ko
retour
 

Le toponyme de ce village serait évocateur de combats. Combats que livraient les Hadjoutes aux caravanes, aux voyageurs mal protégés, ainsi qu'aux éleveurs installés sur ce point de passage entre les derniers contreforts de l'Atlas blidéen et les collines du Sahel.

El-Affroun, situé dans la Mitidja occidentale, est traversé par l'oued Djer, mince filet d'eau en été, torrent en hiver qui coule sur un lit de cailloux entre les oliviers et les lauriers-roses. Il rejoint l'oued Bou Roumi pour former le Mazafran, dont les méandres lui assurent un débouché vers la Méditerranée à proximité de Zéralda.

Les marécages, provoqués par les divagations du Mazafran ainsi que la proximité du lac Halloula, rendront cette région d'El-Affroun particulièrement insalubre; cela jusqu'à l'assèchement de ce lac par un tunnel qui rejoindra la mer
en passant sous le " Tombeau de la Chrétienne ".

El-Affroun ne dispose que de deux sources, l'une située dans le ravin des " Carrières ", l'autre est celle de l'Aïn Saf-Saf.

Ce village est né de la loi du 19 septembre 1848, prise par l'Assemblée nationale, qui ratifiait une proposition du gouvernement destinée à éloigner de la capitale les ouvriers privés de travail par la fermeture des " Ateliers nationaux ".

Comme toutes les autres " colonies agricoles ", El-Affroun a été conçu dans la douleur et l'incertitude du départ du quatrième convoi. C'est en effet le dimanche 22 octobre 1848 que sont partis du quai Saint-Bernard, 843 colons adultes avec enfants de plus de 2 ans, destinés aux villages en projet de Bou- Ismaël (Castiglione), Tefeschoun, Bou- Roumi et El-Affroun.

Selon l'Akhbar du 31 octobre 1848, " les quais et les ports environnants étaient couverts d'une foule immense de spectateurs, qui emplissaient aussi les barques sillonnant dans tous les sens le bassin de la Seine, entre la passerelle de Constantine et le pont d'Austerlitz ". La direction du convoi était confiée au commandant Durrieu, chef d'escadron au 3' régiment de spahis et directeur des Affaires arabes de la division militaire d'Alger. L'organisation sanitaire était dirigée par le D' Mounier, chirurgien-major, professeur à l'hôpital du Val-de-Grâce, tandis que M. Goy, adjudant des subsistances militaires, représentait l'administration.

Le drapeau de la future colonie confié à M. André, était accroché au fronton du cabanage du bateau de l'état-major. Il portait sur une face " Liberté, Egalité, Fraternité. Colonies agricoles de l'Algérie. Départ de Paris le 22 octobre 1848 ". Sur l'autre face " République Française. Province d'Alger. Communes de Bou-Roumi et d'El-Affroun ".

Avec la présence du nouvel archevêque de Paris, Mg' Sibour, entouré de tout son clergé, ce départ revêtait une grande solennité. Des discours furent prononcés par MM. Corbon, vice-président de l'Assemblée nationale, Dupuis aîné,Victor Considérant, Edgar Quinet, Latapie, Ceyras et Trélat représentant du peuple, maire du 12e arrondissement de Paris.

C'est d'abord dans la promiscuité et l'inconfort total des chalands de la Loire que se déroula la première partie du voyage sur la Seine et les canaux du Loing, de Briare, puis sur le canal latéral de la Loire jusqu'à Chalon. Durant cette première partie du voyage, seize personnes du quatrième convoi sont tombées à l'eau. A part six angines, cinq entorses, deux abcès au cou, une luxation et l'accident d'une femme dont le pied s'est coincé entre deux bateaux, nécessitant une amputation de l'orteil, l'état sanitaire des futurs colons d'El-Affroun et de Tafeschoun était relativement satisfaisant.

Entre Lyon et Arles, les colons assistèrent inquiets à une course de vitesse que se livrèrent deux paquebots à aubes, affrétés par l'administration.

Après Arles, les colons découvrirent, vendredi 4 novembre, Marseille, son port et la mer. Dimanche 6 novembre, les 843 colons embarquèrent sur la frégate " Montézuma ", commandée par le capitaine de vaisseau Cunéo d'Ornano.

Premier contact avec Alger

Après trois jours de mer, mercredi 9 novembre 1848, à 6 h 30, ils découvraient le port, la ville ainsi qu'un accueil enthousiaste et chaleureux de la population et des autorités civiles, militaires et religieuses.

C'est dans l'allégresse générale et les clameurs des chants patriotiques que les colons massés sur les bastingages du " Montézuma " voient cingler vers eux, les vedettes du gouverneur général Charron et du contre-amiral, commandant la marine. Il y a aussi celle de l'évêque d'Alger, Mg' Pavy, qui ne sera nommé archevêque que le 25 juillet 1866. Le chef d'état-major et le maire d'Alger, venus sur leur vedette, montent à bord du " Montézuma ". Après les discours, la cérémonie d'accueil étant achevée, les autorités se retirent. C'est alors que commencent les opérations de débarquements effectuées sur des chalands chargés de 70 colons qui abordent sur le terre-plein du nouveau quai Bab-Azoun, l'ancien port turc de la jetée Kheredine s'étant depuis longtemps révélé trop exigu. Le débarquement achevé, Mn Pavy bénissait les nouveaux colons ainsi que leur drapeau porté par M. André. La municipalité faisait distribuer du lait aux enfants et offrait collations et rafraîchissements aux parents.

Le voyage vers El-Affroun

À l'issue de cette cérémonie, les colons furent dirigés sur la caserne des Tagarins pour y passer la nuit. Ils reçurent aussi des vêtements mieux adaptés que ceux qu'ils avaient depuis Paris.

Vendredi 11 novembre, après une journée passée aux Tagarins, dès 6 heures du matin, les colons destinés à " l'Affroun ", musique en tête, se mirent en route. C'est sous les acclamations qu'ils arrivèrent à El-Biar où ils reçurent la bénédiction de M. le curé entouré de toutes ses ouailles. Les chants patriotiques et les hymnes militaires firent alors place à un profond recueillement.

Il convient de noter le changement de comportement de ces hommes et femmes, exaspérés par le chômage et la dureté des conditions de la vie à Paris, abordant en Algérie une phase incertaine de leur existence. Après les paroles d'encouragement et la bénédiction de M. le curé d'El-Biar, les colons poursuivirent leur route jusqu'à Douéra, où ils déjeunèrent pour en repartir aussitôt après vers Boufarik pour y passer la nuit.

La dernière partie du chemin jusqu'à l'Affroun, où ils arrivèrent samedi 12 novembre, s'effectua par des chemins détrempés par la pluie. Après cet accueil dans l'allégresse, les colons constatèrent que le village n'était encore qu'à l'état d'un plan dressé par le chef de bataillon Ducasse et par le capitaine de Lédingen avec l'aide du géomètre Wagner. Comme tous les villages, il est de forme rectangulaire, avec des maisons construites de part et d'autre de la route de Blida à Miliana.

Le logement des colons

Dès leur arrivée, ils sont logés dans d'inconfortables baraques recouvertes de tuiles. En raison des retards pris dans la construction de 40 maisons doubles et de 26 maisons simples construites par le Génie, il est décidé que les célibataires resteront dans des baraques en planches recouvertes de " diss " jusqu'en 1850. Les familles de trois personnes et plus habiteront dans des demeures simples, les autres devront se contenter d'une chambre-cuisine ou demi-maison. Ces demeures sont toutes de même type. Leur prix de revient est de 2500 F pour une maison simple, et de 4800 F pour une maison double. En attendant l'achèvement de ces habitations, les familles sont logées dans des baraquements en planches compartimentés par des cloisons qui n'atteignent pas le plafond. Une porte et une fenêtre sont percées dans chaque compartiment. C'est dans une situation d'inconfort et de promiscuité que les colons s'installent pour un temps provisoire mais indéterminé.

C'est ainsi que pour 1849, les crédits demandés pour le village d'El-Affroun ne couvrent que la construction de 16 maisons doubles, 5 maisons simples, une maison à étages et 36 demi-maisons.

Les édifices publics

Quelques mois après l'arrivée du quatrième convoi, il n'y a qu'un seul bâtiment public, l'église. Elle est installée dans une baraque en planches de 4 compartiments dont on a abattu une cloison pour la célébration du culte, les deux autres compartiments étant affectés à la sacristie et au logement de l'abbé Olivier, premier curé de Sainte-Marcienne depuis le 31 janvier 1849. Après l'installation provisoire de l'église dans une baraque en planches, couverte de tuiles, en raison des retards pris dans la construction du village, l'édification en dur des édifices publics: mairie, église, gendarmerie, école, salle d'asile, est remise à plus tard. Beaucoup plus tard, El-Affroun réunira dans une mosquée du plus pur style oriental, un lieu de culte et une institution de bienfaisance et d'enseignement du Coran. Avec son minaret émergeant des arbres, il faisait face au clocher de l'église, symboles concrets de l'entente et de l'harmonie des relations entre chrétiens et musulmans.

Débuts difficiles d'un village

Les maisons, pas plus que les baraques en planches, ne permettent aux familles de supporter le froid de janvier et la canicule du mois de juin 1849. Un très mauvais état sanitaire est à l'origine de 14 départs volontaires et de 3 évictions de colons turbulents.

Du fait de la proximité des marécages du lac Halloula, les fièvres paludéennes font des victimes : 4 morts en août 1849, 5 en septembre, 8 en octobre, 4 en novembre et autant en décembre.

En 1850, le paludisme est beaucoup moins meurtrier mais, en octobre, le choléra fait 8 victimes. En 1851, des pluies diluviennes minent les fondations des maisons de la rue du Nord.

L'état sanitaire restera longtemps un fléau majeur qui menace la survie des colons de la Mitidja, et notamment de ceux d'El-Affroun. En 1852, ils enterrent 46 des leurs, soit un taux de mortalité de 150 pour mille. L'année suivante, la proportion tombe à 18 pour mille et oscille par la suite entre 23 et 43 pour mille.

L'exiguïté des concessions

Autre source de préoccupations, ElAffroun est handicapé par la faible étendue de la surface cultivable qui n'est que de 735 ha pour les 132 concessionnaires des deux centres de Bou-Roumi et d'ElAffroun.

Un fois déduit les 9,99 ha affectés aux constructions du village, chaque colon reçoit un jardin de 24 ares et un lot de culture beaucoup trop exigu de 2 ha. Après l'abandon ou l'éviction pour diverses raisons entre le 13 novembre 1848 et le 20 janvier 1849 de 26 colons, l'inexpérience des premiers jours fait place à une sensible amélioration de la technicité de ceux qui se maintiennent. Leur remplacement par 24 nouveaux concessionnaires auxquels sont venus s'ajouter, entre le ler janvier et le 3 mars 1850, treize nouveaux colons, ainsi que des isolés, donne un nouvel élan au village.

De meurtrières épidémies

En 1850, le choléra fait de nombreuses victimes. C'est aussi l'année de l'arrivée des soeurs de Saint-Vincent-de-Paul, accourues à la demande du directeur du centre et de l'abbé Olivier, curé du village. Elles ouvrent une infirmerie, un dispensaire, ainsi qu'une école maternelle pour les enfants et un ouvroir pour les orphelines. El-Affroun conservera longtemps de ces religieuses des souvenirs empreints de la plus vive gratitude. Très dévouées et discrètes dans leurs actions, s'il ne nous est pas possible de citer leurs noms, évoquons au moins le souvenir de Soeur Marie, chargée de l'asile où, jusqu'au début du xxe siècle, elle enseignait à une soixantaine d'enfants. N'oublions pas non plus Mère Lagarde (Mère Lagarde était la tante d'Édouard Branly, inventeur du " cohéreur ", ou récepteur des ondes de la télégraphie sans fil, lointain ancêtre de nos récepteurs), au dévouement inépuisable pour secourir et aider, jusqu'à son décès en 1888, tous les malheureux sans aucune distinction. En 1867, le typhus cause de nombreux morts que la population démoralisée accompagne au cimetière.

Les tremblements de terre

Les 2 et 3 janvier 1867, de violentes secousses sismiques accompagnées de pluies diluviennes, minent les fondations des maisons construites par le Génie.

Le 6 janvier 1888, un deuxième et très violent séisme détruit la majeure partie des habitations des colons, faisant 12 morts et 50 blessés. Le clocher de l'église est détruit. Le village doit être reconstruit.

La population du nouveau centre

À l'origine, El-Affroun c'était, selon Mlle G. Lebel, 77 familles (composées de 77 hommes, 75 femmes, 59 garçons, 46 filles) et 22 célibataires. Originaires de la région parisienne, avec une importante proportion d'habitants du xiie arrondissement, les colons sont menuisiers, peintres, maçons, serruriers, mécaniciens, imprimeurs sur étoffe, bijoutiers, marchands de vin, charpentiers, pâtissiers, concierges, fleuristes, instituteurs, compositeurs, graveurs, écrivains, typographes. Les dures conditions d'existence d'hommes et de femmes minés pour le restant de leur vie par les fièvres paludéennes, exposés aux aléas du présent et aux incertitudes de l'avenir, les incitent
malgré tout à s'attacher à cette terre qu'ils ne sont d'ailleurs plus en mesure d'abandonner. D'autant plus que de nouvelles familles s'installent à El Affroun et y apportent l'espoir. Parmi les nouveaux arrivés, citons les familles Averseng, Pélissier, Fabre, Gracis, Tissot, Lloret, Molina, Durra, Monja, Soler, Camacho.

Afin de remédier au manque de qualification agricole, le lieutenant Buquet, du 1" régiment du Train des équipages, directeur du centre d'El-Affroun, charge Alexandre Ravix, un colon en instance d'attribution d'une concession à Ouedel-Alleug, de rédiger un rapport sur les perspectives agricoles du village.

Projet de mise en valeur agricole

Le 28 décembre 1848, Alexandre Ravix remet au lieutenant Buquet un rapport sur l'aménagement des eaux de cette partie de la Mitidja et notamment de la région de " l'Affroun ". Le rapport insiste sur l'importance de l'irrigation et sur les quantités d'eau à prélever dans les puits à norias, les sources, les rivières ou les puits artésiens dont les colons pourraient disposer. Il évoque les ressources offertes par l'oued Bou-Roumi et celles plus limitées de l'oued Djer, un affluent de l'oued Chiffa. L'auteur préconise l'aménagement de ces cours d'eau dont certains seraient susceptibles d'être captés pour actionner un moulin.

Alexandre Ravix termine son étude en insistant sur les dépenses des aménagements proposés, bien inférieures aux bénéfices que l'on pourra en tirer. " C'est un devoir d'humanité et de mise en valeur bien comprise, écrivait-il. Il y a trois choses indispensables en Afrique: de l'eau, des bras et de l'argent. Les belles réalisations sont coûteuses à leurs débuts, mais elles offrent une consolation bien grande dans l'avenir: c'est la production. Ce mot résume tout. Si par des essais, on pouvait arriver à créer des puits artésiens, l'Afrique en général se réveillerait du sommeil où elle a été plongée jusqu'à ce jour ".

Cette conclusion prémonitoire, rédigée en fin de la première moitié du xixe siècle préfigurait l'avenir des villages d'Algérie. Elle dépeint bien l'état d'esprit des pionniers qui transformèrent des marécages en vergers.

En raison de sa qualité, ce rapport sera transmis par le lieutenant Buquet dès le 5 janvier 1849 au gouverneur général de l'Algérie.

Enfin, compte tenu des importantes et trop nombreuses responsabilités confiées à des officiers insuffisamment préparés à des tâches administratives, judiciaires, économiques, techniques et sociales, le lieutenant Buquet s'est doté des services du colon Blanchin, chargé du secrétariat.

Les directeurs du centre

Durant cinq années, plusieurs officiers se sont succédé à la direction du centre. Après le départ du lieutenant Buquet, le capitaine Demésy, commandant adjoint de la place de Blida, se désiste après une visite du centre. C'est enfin le lieutenant Blanc, du 9' Zouaves, qui assure le redressement d'une situation compromise par les difficultés du défrichement d'un sol occupé par le palmier nain, avec des moyens dérisoires.

Il faut, en effet, 500 journées d'hommes travaillant huit heures par jour pour en défricher un hectare.

Un colon de Douéra, M. Lesigne, expérimente avec succès une nouvelle charrue. Cependant les attelages fournis par le Train des équipages ne permettent pas sa mise en oeuvre.

Après le départ d'Alexandre Ravix pour une concession attribuée sur l'Aouch Caïd Chakor à Oued-el-Alleug, un poste de moniteur horticole est confié, en juin 1849, au colon Roy, fils de jardinier. Fort compétent, il est chargé de mettre le " communal " en culture et de conseiller les colons dans leurs travaux de jardinage.

L'arrêté du 18 juin 1852

À son départ, le dernier directeur du centre d'El-Affroun laisse un village organisé, un plan de mise en valeur et une pépinière horticole d'un hectare qui sera par la suite étendue sur deux, puis sur quatre hectares, pour être enfin confiée au colon Auclair. Les difficultés d'un milieu hostile où tout est à faire, expliquent le transfert des responsabilités administratives dans un premier temps à des civils désignés, puis par la suite à des élus issus d'un scrutin électoral. L'arrêté du 18 juin 1852 remettait en effet ce village à l'autorité d'un maire et d'un adjoint désignés à titre d'officiers d'état-civil à compter du 1er janvier 1853.

Les 77 familles et les 22 célibataires du quatrième convoi, arrivés à El-Affroun le samedi 12 novembre 1848, réunissaient 279 hommes, femmes et enfants. À la suite de l'éviction, des décès ou des départs volontaires de 26 colons et de leur remplacement par de nouveaux concessionnaires, le village comptait au 10 janvier 1849: 289 personnes; au 30 juin 1849: 304 personnes; au 31 décembre 1849: 297 personnes.

Après les années de misère

En dépit de la dureté des travaux d'assèchement des marécages, malgré les fièvres paludéennes, les épidémies de choléra ou de typhus, les séismes, les pluies de janvier 1851, les nuées de criquets, ainsi que le sirocco et autres calamités qui anéantirent leurs efforts, les survivants des 279 émigrants parisiens du quatrième convoi sont à l'origine de la création d'El-Affroun.

Bien mieux, les familles André, dont le chef était porte-drapeau, Delas, Duthilleul, Fleddermann, Gonon, Cresson, Émile Monneret (ancien instituteur), Sauvage, Tulet et Vidal (liste non exhaustive), ont fait mieux que se maintenir. Elles créèrent en effet une dynamique et une aisance favorables à l'accueil des Pavia et Raphaell en 1858, Bérenguer, Villa, Mesquida, Llopis, Azéma en 1860, avec en 1863 l'arrivée des familles Pérez.

Dans le respect et la considération de tous et de toutes les convictions, le village d'El-Affroun va être à la pointe du progrès social, économique et technique.

********

Bibliographie:
_ MARTIN-LARRAS (Émile et Simone), En chaland de Paris à Marseille en 1848, Les Cahiers de la Batellerie n" 18 et 19, de mai et juillet 1986.
- Historique de la commune d'El-Affroun.
- LEBEL (G.), docteur ès lettres, administrateur de la bibliothèque d'Alger, auteur d'un ouvrage sur Les débuts d'un village de colonisation dans la Mitidja: El-Affroun (1848-1850), publié dans Les actes du 79' Congrès national des Sociétés savantes, Alger, 1954.
- La documentation du Dr Georges Duboucher.
- La documentation de M. Michel Averseng.
- Biwa (Anne-Marie), de LA HOGUE (Jeanine), APPEL (André), BAROLI (Marc), Des chemins et des hommes, collection Mémoire d'Afrique du Nord.
- Les Carnets de Généalogie Algérie-Maroc-Tunisie, 1830-1962, sur Les convois de 1848, documentation de Maurice Bel, avril 1998.

Remerciements:
Cette remise en mémoire de la création du village d'El-Affroun n'a pu être rédigée que grâce à des archives personnelles, mais aussi aux encouragements, documents et souvenirs, aimablement mis à notre disposition par MM. Michel Averseng, Yvan Cuesta, Georges Duboucher, Robert Feutray, Mmes Marie-Madeleine Faure, Roland Will.
L'auteur prie toutes ces personnes de bien vouloir accepter ses plus vifs remerciements.