Douéra, village d'Algérie
Le Sanatorium de Douera


Dans " L'Algérie Médicale " de décembre 1930, M. le Professeur Pierre Lombard a publié un très intéressant article relatif à l'organisation et au but poursuivi par le Sanatorium de Douera. C'est avec une amabilité charmante que cet éminent praticien nous autorise à reproduire, pour les lecteurs de " L'Afrique du Nord Illustrée " les photographies ci-dessous. Nous ne saurions trop en remercier M. le Professeur P. Lombard.

Le Sanatorium de Douera est spécialisé dans les cures solaires contre les tuberculoses chirurgicales.

La situation exceptionnellement bonne de l'établissement permet des cures relativement rapides et atteignant toujours les résultats recherchés, grâce à son altitude (190 m.), sa proximité de la mer (8 km. à vol d'oiseau) et son orientation. Ce sont surtout des enfants qui y sont traités par des spécialistes dont le Professeur P. Lombard.

Après un court passage à l'Hôpital de Mustapha, les enfants opérés sont dirigés sur Douera où ils sont soustraits au milieu contaminé, ce qui est, de l'avis même du professeur, " la première condition du traitement des tuberculoses chirurgicales. "
Les photographies ci-jointes montrent assez clairement quels soulagements peuvent être apportés aux misères physiques des pauvres petits malades, grâce au soleil et au dévouement inlassable des docteurs, infirmières et même des éducateurs qui forment le personnel du sanatorium. Il faut ajouter que le prix très minime (8 fr. par jour) de la pension des malades, permet des cures salutaires aux déshérités de la nature et de la fortune.

Rien n'a été négligé dans l'organisation du sanatorium de Douera. Les enfants qui y sont en traitement et qui sont d'âge à suivre les cours normaux dans les écoles pourraient, du fait de leur maladie subir un retard très long dans leurs études, étant donné que certains y doivent demeurer plusieurs années. Ce grave inconvénient a été évité grâce au dévouement d'éducateurs spécialement attachés à l'établissement. Tous les enfants, quelles que soient les difficultés qui naissent de l'immobilité qui leur est imposée reçoivent une éducation régulière.

Notre photo représente un cours en plein air fait aux demi-valides, tandis que les enfants qui ne peuvent se lever sont instruits individuellement ou par groupes de deux.

Afrique illustrée du 31-1-1931 - Adressé par Francis Rambert
sur site : mai 2021
2.- Le Sanatorium de Douera
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Afrique illustrée du 9-6-1934 - Adressé par Francis Rambert
juin 2021

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Le Sanatorium de Douera
Le Sanatorium de Douera


Le Sanatorium de Douera

L'Algérie possède depuis plusieurs années un sanatorium destiné au traitement des tuberculoses chirurgicales : sa création date de 1923. On peut aujourd'hui apprécier les résultats obtenus : ils apparaissent tout à fait remarquables.

Ce sanatorium est situé à Douera, il domine la plaine de la Mitidja, large ici de 25 kilomètres et bordée au sud par le puissant relief de l'Atlas.

Sur ce plateau, l'atmosphère est d'une pureté, d'une transparence admirables : l'air est vif et remarquablement sec, la brume à peu près inconnue, les variations de température peu importantes : toutes conditions particulièrement favorables à la pratique d'une héliothérapie journalière - méthodique - vraiment régulière. Sous son influence, l'état général, se transforme, l'appétit renaît, le poids augmente d'une façon rapide, souvent impressionnante.
Limitant un jardin de sept mille mètres carrés, deux bâtiments se font vis à vis, orientés Nord-Sud ; un troisième les réunit presque, dirigé de l'Est à l'Ouest.
Des deux premiers, l'un est occupé par les filles, l'autre est destiné à recevoir les adultes, le troisième loge les garçons. A proximité, une quatrième construction de dimensions réduites est destinée à l'isolement d'enfants passagèrement contagieux (rougeole, varicelle, oreillons).

Tout le long des façades, de larges surfaces carrelées communiquant directement avec les salles, servent de terrasses d'insolation et permettent de varier à volonté la durée des séances et de laisser les malades soit à l'ombre, soit directement au soleil.

En fait et grâce aux conditions climatiques que nous indiquions tout à l'heure, les malades vivent dehors toute la journée et pendant onze mois, de l'année en moyenne. Les salles demeurent demeurent fenêtres grandes ouvertes du matin au soir.

Précisons le fonctionnement du service : les malades sont reçus à l'hôpital de Mustapha : ils y sont examinés, observés. Examen complet qui porte sur tous les appareils ; les yeux, nez, gorge, oreilles, les dents sont systématiquement passés en revue.

Les lésions de tuberculose chirurgicale reçoivent les traitements locaux, chirurgicaux, qu'elles nécessitent, elles sont appareillées, bref le malade est mis en état de bénéficier vraiment de l'héliothérapie.

Cette première étape à l'hôpital de Mustapha présente encore une autre utilité : elle prépare la séparation plus complète, l'éloignement de la famille ; elle donne le temps de convaincre les parents de cette nécessité: tout le personnel du service s'y emploie, mais les meilleurs avocats de la cause sont encore une fois le service : leurs joues, rouges et rebondies valent mieux que tous les arguments.

Il faut bien s'en persuader : cet éloignement qui interdit les visites trop fréquentes est une nécessité absolue dans la cure des lésions tuberculeuses, car l'agent de la contagion est bien souvent l'entourage immédiat.

Une fois installés à Douera, les malades sont étroitement surveillés. Lorsqu'il devient nécessaire, lorsqu'une intervention chirurgicale apparaît opportune, lorsque la guérison est obtenue, les malades sont ramenés à Mustapha. La liaison est assurée par l'automobile de l'hôpital, qui fait le trajet en 35 ou 40 minutes.
On s'est préoccupé de l'éducation de ces enfants dont la plupart sont appelés à faire au sanatorium un séjour très, prolongé : grâce à l'appui de M. Meunier et de M. Versini qui dirige l'hôpital avec une vigilance éclairée, une institutrice est attachée au service ; elle s'occupe particulièrement des jeunes enfants et des analphabétiques si nombreux parmi les indigènes. Pour les adolescents déjà dégrossis, on a organisé des cours par correspondance. Les enfants sont mis en relation avec les professeurs bénévoles qui leur adressent des devoirs et les corrigent. L'institutrice veille à leur exécution et en assure l'envoi.

L'instruction est complétée par des projections cinématographiques. Les efforts combinés de l'Administration et de personnes charitables ont en effet permis l'acquisition d'un appareil de projections (Pathé rural) et l'Office du Cinéma Éducateur d'Alger nous fournit chaque semaine à prix réduit des films d'instruction et de récréation. A la récréation de ces " Allongés " contribue encore un poste de T.S.F. On s'occupe enfin de leur faire exécuter quelques petits travaux manuels.

Telle est rapidement esquissée l'organisation de ce sanatorium qui compte aujourd'hui 100 lits et dans lequel les résultats obtenus dépassent ceux qui ont fait la fortune de Berck ; la preuve est faite que dans la cure des tuberculoses chirurgicales, le soleil d'Algérie sur les coteaux du Sahel vaut mieux que les brumes de la mer du Nord.