Alger, Algérie : documents algériens
Série politique
Edification du plan d'action communal *
* Document n° 9 de la série : Politique - Paru le 10 mars 1947 - Rubrique PLAN D'ACTION COMMUNAL
mise sur site le 22-8-2011

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Edification du plan d'action communal

Le programme d'ascension sociale et de progrès économique au profit des populations françaises musulmanes esquissé en 1943 par le Comité français de la Libération nationale, puis tracé dans ses grandes lignes en 1944 et 1945, est actuellement en pleine voie de réalisation.

Réformes sociales, politiques, administratives et économiques impriment déjà à l'Algérie un mouvement d'évolution dont il est facile de prévoir que le rythme ne peut que s'accélérer.

Ce programme de réformes dont le plan d'ensemble a été élaboré par l'Administration algérienne présente des aspects divers, et si certains secteurs restent le domaine des techniciens, d'autres requièrent le concours de l'ensemble de la population.

C'est le cas de l'édification du " plan d'action communal ", vaste enquête administrative portant sur toutes les activités algériennes ( Voir " Documents Algériens " - Série économique - N° 12 du 16 juin 1946).

Chaque chef de commune a été invité à préparer, en liaison avec les représentants des services intéressés, le plan d'action de son unité administrative suivant les principes d'une méthodeuniforme. Ces différentes études permettent actuellement aux services compétents du Gouvernement Général d'embrasser exactement l'ensemble des problèmes à résoudre.

Initiative nécessaire, car elle permet d'édifier un plan général d'action communal cohérent, et intéressante, car elle révèle de façon tangible l'évolution de toute une partie de la population algérienne nouvellement amenée à prendre une part active à la vie politique et administrative du pays.

PORTÉE DE, L'ENQUÊTE DU 1er JUIN 1946.

C'est la vie entière de l'Algérie qui se dessine à travers les différentes réponses des chefs de commune : vie passée souvent lointaine, échos de légendes, efforts des premiers colons, vie présente hérissée de difficultés que l'on s'efforce d'aplanir, esquisse de la vie future, axée vers le progrès et la modernisation, aspirations d'une population souvent figée depuis des siècles et qui entre dans une voie certaine d'évolution.

Prenonsà titre d'exemple l'étude présentée par la Djemaâ du douar Medjadjas (Orléansville).

ORGANISATION ADMINISTRATIVE.

     Historique. - L'origine du douar Medjadjas remonte à l'époque du Saint Sidi Ali BAHLOUL, ascendant de Sidi M'Hamed ben Ali (XV° siècle). Les habitants sont, pour la plupart, de descendance arabe. On retrouve encore les descendants des Andalous enfuis d'Espagne et qui se sont fixés à Medjadjas depuis le XVI° siècle. Quelques familles de Berbères du Dahra, fixées à Medjadjas depuis plusieurs générations, ont maintenant les mêmes mœurs et la même langue que les indigènes du douar.

     Population. - Toute la population du douar est sédentaire. Elle est répartie en 18 boccaâs ( Boccaâ : Fraction dé Douars.) différentes, peuplées chacune de 500 habitants en moyenne (population du douar : 9.000 habitants environ).

On compte environ 150 lettrés en français et 1.000 en langue arabe, dont une quarantaine dé " cheikhs " ou " Oulémas ". Il y a une centaine d'anciens militaires retraités et environ 500 hommes qui ont accompli leurs obligations militaires. Deux gérants de fermes, européens, sont installés sur le territoire du douar, mais ils sont domiciliés à Orléansville.

Les habitants sont fellahs ou ouvriers agricoles. On ne peut en excepter qu'une vingtaine qui sont artisans : maçons, charrons, mécaniciens.

     Réorganisation administrative. - Lé plan quinquennal de réorganisation administrative proposé est le suivant :
           - 1947 : Rattachement des boccaâs Ouled Hadj Kaddour, Ouled Hamdani, Heraïg, Ouled Benarbia, au centre de Warnier. Ces boccaâs comptent une population totale de 2 000 habitants environ et ne sont distantes du centre de Warnier que de 1 à 3 km.
           - 1948 : Rattachement des boccaâs Ouled Ben Chebra, Ouled Hamed, Ouled Meghazi et Yarmoul à la commune de plein exercice d'Orléansville. (Ces quatre boccaâs sont toutes voisines de Ponteba).
           - 1949 : Érection d'un centre municipal à la boccaâ Médina, pour les boccaâs restantes (5.000 habitants environ).
           - 1950 et 1951 : Améliorations, s'il y a lieu, de ces solutions.

URBANISME ET TRAVAUX D'ÉDILITÉ.


" Le seul bâtiment public édifié dans le douar est l'école construite vers 1860 et qui demande à être réparée. "
Les réalisations proposées sont les suivantes :
           - 1947 : Aménagement d'un marché à la boccaâ Médina.
                  - Coût approximatif de la muraille à construire 150.000
                  - Réparation de l'école . 40.000
           - 1948: Édification d'un bâtiment public à Médina. 500.000
           - 1949: Construction d'un abattoir au marché 200.000
           - 1950-1951 : Améliorations, s'il y a lieu, de ces constructions.

Les capitaux nécessaires pourraient être trouvés sous forme d'emprunt. Pour ces différentes constructions on ne peut trouver sur place que les pierres, le sable et les manœuvres.

HABITAT.

État actuel.


Le douar compte environ 9.000 habitants dont 8 000 sont logés dans des gourbis, les 1.000 autres, fellahs, habitent des maisons de pierres couvertes de tuiles. Tous ces habitants sont sédentaires et sont fellahs ou ouvriers agricoles. Les 8.000 habitants cités plus haut se répartissent en 1.300 familles environ. Chaque famille se compose en moyenne de 6 à 7 personnes. Les artisans (charrons, maçons, mécaniciens) sont au nombre de 20 environ.

En général, chaque famille d'ouvriers agricoles vit du salaire de deux de ses membres en âge de travailler, ce qui lui fait environ un revenu annuel de 24.000 francs, soit : 2.000 francs par mois. Une grande partie des ouvriers travaillant comme khammès, leurs revenus varient avec les récoltes. Les familles ne disposent d'aucune autre ressource ; pas d'élevage en raison du manque de terrains de pacage. De plus, dans l'année, les ouvriers chôment davantage que les ouvriers de la plaine du Chéliff, ces derniers étant employés dans les cultures maraîchères. Seuls les gros fellahs - environ une cinquantaine de familles - mènent une vie aisée. L'hygiène laisse à désirer : promiscuité dans les habitations (gourbis), pas d'évacuation des eaux, pas de prophylaxie ni de précautions contré les maladies contagieuses, manque de tissus et de savon, etc..

La population est répartie en boccaâs groupées autour des sources. L'habitation courante est le gourbi en terre, couvert de chaumes. 150 fellahs sont logés dans des maisons de pierres, couvertes de tuiles. Ces maisons se composent en général de trois pièces sans plafond, d'une cour, d'un W.-C. et d'une écurie donnant sur la cour. Il faut ajouter une quinzaine dé familles de fellahs ou de gérants qui logent dans des fermes conçues suivant le modèle de fermes françaises.

16 boccaâs sur 18 ont chacune plusieurs sources. Mais aucun travail de captage à l'usage des habitants n'a été effectué : les habitants puisent l'eau à même la source et, pour abreuver leurs bêtes, ils barrent simplement le cours du ruisseau d'un barrage de terre pour faire accumuler l'eau. Seules deux boccaâs sont favorisées : elles ont des sources captées et des abreuvoirs.

Pas d'installation pour l'évacuation des eaux, sauf à la boccaâ Médina où les égouts sont installés dans les différentes habitations de pierres. Chauffage au bois et éclairage au pétrole et à l'acétylène

Aucune expérience concernant l'habitat n'a été réalisée à ce jour.

Projets.

Pour porter remède à cette situation, la population demande la construction dé maisons-types pour les 1.300 familles logées actuellement dans des gourbis. Le type de maison à adopter serait le suivant : 3 pièces 4 m. x 3 m., avec plafond, une cuisine avec une grande cheminée pouvant servir à la place du " kanoun ", une cour de 6 m. x 6 m., avec un W.-C., une écurie (pour les fellahs) donnant sur le dehors. Pour les ouvriers agricoles, l'écurie sera remplacée par une pièce donnant sur le dehors et pouvant servir, soit de débarras, soit d'étable pour la vache, s'il y a lieu.

Comme matériaux, la pierre et le sable nécessaires à ces constructions peuvent être trouvés sur place. Le reste des matériaux est à faire venir d'Orléansville ou d'ailleurs. On ne peut trouver sur place que six maçons ; les manœuvres nécessaires peuvent être recrutés sur place.

Plan annuel des réalisations.

Evaluation d'une maison-type : 300.000 francs.
- 1947: Attribution de matériaux aux fellahs qui sont en mesure d'effectuer la construction à leurs frais : 300 fellahs environ, logés actuellement dans des gourbis, pourraient se faire construire une maison-type chacun s'ils recevaient les matériaux.
- 1948 : Construction de 100 maisons-types, dans les différentes boccaâs, au bénéfice des familles les plus nombreuses et les plus évoluées (afin de donner l'exemple).
- 1949 : Construction de 100 maisons-types dans les mêmes conditions.
- 1950-1951 : Construction, chaque année, de 100 maisons-types, dans les mêmes conditions que précédemment.

Au 31 décembre 1951, il y aurait ainsi 700 maisons construites. Pour les 600 familles restantes, on pourrait échelonner la construction des maisons nécessaires pour les loger sur les années 1952-1953 et suivantes.

Financement.

Le coût approximatif d'une maison-type étant de 300.000 francs, l'Office de l'Habitat rural devrait avancer, pour chacune des années 1948, 1949, 1950 et 1951, la somme de :
        300.000 fr. X 100 -= 30.000.000 de francs.

Les bénéficiaires aisés ayant des revenus suffisants pourront rembourser le prix de la construction à raison de 10 à 12.000 francs par an, ce qui leur ferait un crédit de 20 à 30 ans.

Les indigents (ouvriers agricoles et khammès) pourraient acquitter un loyer annuel de 3.000 à 4 000 francs avec promesse de location-vente.

En résumé, il y aurait, sur les 1.300 maisons-types à construire : 300 payées au comptant par les bénéficiaires et le reste payé sous forme de location-vente.

HYDRAULIQUE ET ADDUCTION.

Utilisation pour l'agriculture.

Au douar Medjadjas, les agriculteurs cultivent essentiellement les céréales En raison du relief accidenté et sujet à des éboulements fréquents, il y a très peu de jardins, bien que les sources né manquent pas. Seul un jardin de plusieurs hectares, sis à la boccaâ Yarmoul, mérite d'être signalé.

Le douar est traversé par l'Oued Boukhansous et l'Oued Yarmoul, affluents du Chélif. (L'Oued " Ghebal ", à débit intermittent, se perd dans un terrain sablonneux). Débit permanent quoique faible en été. Un barrage avait été édifié il y a une cinquantaine d'années, par M. Laiah Mohammed Ben Henni, sur l'Oued Yarmoul. Il a servi à créer un verger de plusieurs hectares à Yarmoul. Ce barrage pourrait être reconstruit en plus grandes dimensions afin de permettre d'irriguer tous les terrains avoisinants.

Presque pas d'élevage dans le douar. Il est d'ailleurs en nette régression depuis quelques années, par suite du manque dé terrains de pacage et de la mortalité qui a décimé les troupeaux ces derniers temps. Il n'y a d'abreuvoir qu'aux boccaâs Médina et Meden. Dans les seize autres boccaâs, les bêtes s'abreuvent dans des excavations faites pour accumuler l'eau de source à cet effet.

Deux puits à la boccaâ Médina (un avec noria, mais hors d'usage).

Ressources en eau potable.

Le douar est particulièrement pourvu en eau potable : beaucoup de sources réparties entre les différentes boccaâs. Les sources dites " Selabine " et " Boubekar " sont captées et alimentent en eau potable la ville d'Orléansville. Les sources dites " Chaâb " et " Abid ", captées également, ravitaillent en eau potable le centre de Warnier.

Pour les sources servant à alimenter la population du douar, aucun captage n'a été fait dans 16 boccaâs sur 18. L'eau de chaque source s'accumule et les habitants viennent y puiser directement. Pas d'abreuvoirs ni de bassins. Seules les boccaâs Médina et Meden bénéficient de sources aménagées et d'abreuvoirs.

La boccaâ Médina dispose d'un abreuvoir à deux bassins, dit " Ain Bouziane ". La source " Aïn Bouchène ", captée, ravitaille en eau potable l'école, l'habitation du caïd et celle de M. Saïah Henni.

La source " Aïn ben Soufi " est actuellement endommagée. La boccaâ Maden dispose de la source " Aïn Kadi ", captée et pourvue d'un abreuvoir. L'eau du trop-plein sert à irriguer deux jardins sis plus bas. Beaucoup de sources encore servent à la population, mais elles ne sont pas aménagées.

Plan proposé.

- 1947 : Captage et construction d'abreuvoirs, à raison de deux par boccaâ dans chacune des 16 boccaâs qui en sont dépourvues.
- 1948 : Captage des sources restantes (environ 20 sources).
- 1949 : Construction de bassins d'irrigation, aux frais des bénéficiaires, auprès de chaque source.
- 1950 et 1951 : Construction d'un nouveau bar rage sur l'Oued Yarmoul. Les bénéficiaires pourraient être invités à participer aux frais de construction.

Prévoir, ultérieurement à la réalisation du projet sur l'habitat, l'installation de l'eau courante.

ÉLECTRIFICATION.

Le problème de l'électrification ne peut donc se poser qu'après la réalisation du projet sur l'habitat. Un seul artisan est installé dans le douar : il exerce le métier de charron-forgeron dans un atelier sis à la boccaâ Médina. Les autres artisans du douar (charrons, maçons, mécaniciens) ne sont pas installés et exercent leur métier là où ils sont appelés pour le faire. L'installation de la force motrice serait également à prévoir ultérieurement à la réalisation du projet sur l'habitat : elle servirait surtout à l'installation de deux ateliers au moins de mouture indigène ,ce qui éviterait de longs déplacements à la population.

Projets.

L'éléctrification pourra se faire par une dérivation de la ligne de Warnier pour une partie du douar ; une dérivation de la ligne de Pontéba pour la partie Est du douar ; une ligne partant d'Orléansville pour alimenter la partie Sud et le centre du douar.

- 1952 : Dérivation de la ligne de Warnier pour alimenter les boccaâs Ouled Hadj Kaddour, Ouled Hamdani, Heraïg, Ouled Benarbia, peuplées au total de 20.000 habitants environ. Cette ligne atteindrait moins de 3 km de longueur à vol d'oiseau.
- 1953 : Dérivation de la ligne de Pontéba pour alimenter les boccaâs Yarmoul, Ouled Bouzaghète, Azouzène, Ahl Echaoui, Touafria, peuplées au total de 2 500 habitants environ. Cette ligne aurait une longueur totale de moins de 10 kmà vol d'oiseau.
- 1954 : Alimentation en électricité des 9 boccaâs restantes, sises toutes à proximité de la boccaâ Médina, centre du douar, par une ligne venant d'Orléansville (10 à 12 kmà vol d'oiseau). Ces 9 boccaâs totalisent une population de 4 500 habitants environ.
- 1955: Installation de la force motrice à la boccaâ Médina pour faire fonctionner deux moulins. La force motrice pourra servir également pour les battages et, éventuellement, pour le pompage d'eau dans les endroits où cela sera nécessaire.

Les capitaux à engager pourront être avancés par la Compagnie d'électricité, la S.I.P. et le nouveau Centre municipal.

SCOLARISATION.

Plan proposé.

- 1947 : Réparation de l'école sise à la boccaâ Médina. Fourniture de mobilier au personnel (un lit, une table, un buffet). Coût approximatif : 50.000 francs.
- 1948 : Construction d'une classe et d'un logement à la boccaâ Ouled Hamdani. Coût approximatif : 400.000 francs.
- 1949 : Construction d'une classe et d'un logement à la boccaâ Yarmoul, près de l'embranchement dit " Bouhkansous ". Coût approximatif : 400.000 francs.
- 1950: Adjonction d'une classe à chacune des trois écoles. Coût approximatif : 300.000 francs.
- 1951: Construction d'une autre classe et d'un second logement, soit à la boccaâ Médina, soit à la boccaâ Yarmoul, là où la population se sera montrée la plus favorable à l'école. Coût : 400.000 francs.

FORMATION PROFESSIONNELLE, INDUSTRIALISATION.

Artisanat.

La totalité des habitants exerce la profession de cultivateurs (fellahs ou ouvriers agricoles). On ne peut compter qu'une vingtaine d'artisans : 6 maçons, 3 charrons, 10 ou 11 mécaniciens pour tracteurs et machines agricoles. Autrefois - il y a seulement une cinquantaine d'années - beaucoup d'artisans étaient spécialisés dans le tissage de la laine : les " haïks " de Medjadjas étaient très recherchés sur les marchés de la région. Actuellement, il ne subsiste plus aucun métier à tisser, ni aucun artisan tisserand.

Main-d'oeuvre.

Le douar aurait encore besoin de 5 à 6 maçons, de 2 à 3 menuisiers, de 2 ou 3 charrons-forgerons, de 2 ateliers de mouture indigène En vue du développement de la culture des arbres fruitiers et des plantes maraîchères, il serait utile d'initier les jeunes du douar aux méthodes modernes de culture.
On peut évaluer à 100 le nombre de " chômeurs " au douar. Un grand nombre d'ouvriers agricoles - environ 500 - émigrent chaque année vers la Mitidja, au moment des vendanges. Une centaine d'ouvriers désireraient émigrer en France, comme manœuvres. Pas de travailleurs étrangers dans le douar.

Formation professionnelle.


Les ouvriers agricoles n'ont aucune spécialité. Les artisans se sont formés par " routine ". Les uns et les autres pourraient recevoir une formation professionnelle dès leur jeune âge.

Il semble utile d'installer des artisans au douar en nombre suffisant pour les besoins de la population : 2 ou 3 menuisiers, 2 ou 3 charrons-forgerons, 5 à 6 mécaniciens pour matériel agricole, 2 meuniers.

Créer des centres d'apprentissage à Orléansville où les jeunes de l'extérieur viendraient faire un stage de 3 ou 4 ans et iraient s'installer par la suite dans leur douar ;

Créer au douar Medjadjas une " ferme modèle " où les jeunes du douar - et même les grandes personnes - viendraient s'initier aux méthodes modernes d'arboriculture fruitière, de céréaliculture, de cultures maraîchères et d'élevage ;

Diriger la main-d'oeuvre en surnombre en France, où les manœuvres manquent.

PAYSANAT.

État actuel.

Le douar compte une vingtaine de gros agriculteurs. exploitant au-dessus de 100 hectares, une centaine de producteurs moyens exploitant de 30 à 100 hectares et 150 petits producteurs exploitant au-dessous dé 30 hectares, dont 100 exploitent de un à cinq hectares. Pas d'élevage à proprement parler, mais chaque fellah entretient un troupeau de 10 moutons environ et une à trois vaches. Peu de caprins. Il y a seulement une vingtaine d'années, les troupeaux de moutons étaient beaucoup plus
importants et apportaient à l'économie du douar un appoint appréciable. Cette régression est due au manque de terrains de pacage et à la mortalité du cheptel durant ces dernières années.

Les petits fellahs ne disposant pas de bêtes ni de matériel agricole n'ont pas un rendement maximum. De plus, le manque de semences et de fourrages, conséquent à toute une année de sécheresse, oblige ces fellahs à n'exploiter qu'une faible partie de leurs terres.

Améliorations envisagées.

Parallèlement à la réalisation des différents projets du plan quinquennal, les solutions suivantes peuvent être envisagées pour favoriser le paysanat : mettre des terrains de pacage à la disposition de ta copulation, soit en les louant à long bail, soit en les achetant à leurs propriétaires pour " utilité publique " (il n'y a pas de terrains communaux dans le douar, mais il y a 200 hectares de terrains domaniaux, dont 120 hectares, sablonneux et impropres à toutes culture ; l'herbe même y est très rare).

Accorder aux fellahs des prêts à long terme pour achat de cheptel et de matériel moderne ;

Création d'une coopérative agricole - subventionnée au besoin par la S.I P. - pourvue d'un matériel agricole moderne pour effectuer les travaux là où le terrain le permet.

ASSISTANCE MEDICALE ET SOCIALE.

Il n'y a pas de médecin au douar, ni aucun service d'assistance médicale. Le médecin de colonisation, chargé dé l'assistance médicale du douar, est domicilié à Malakoff, à 26 km de Medjadjas. Il effectue une à deux tournées par an dans le douar.

La population, en général, vit dans des conditions d'hygiène qui laissent à désirer et aucune précaution n'est prise pour éviter la contamination en cas de maladies contagieuses ; les règles de prophylaxie sont complètement méconnues.

L'installation d'un médecin au douar même - à la boccaâ Médina - serait à souhaiter, la population s'habituerait à recourir au docteur en cas de maladie au lieu d'avoir recours à des procédés empiriques, souvent dangereux.

Des auxiliaires médicaux et des infirmières (deux à trois) feraient hebdomadairement des tournées dans les différentes hoccaâs pour, non seulement donner des soins, mais encore initier la population aux règles de l'hygiène : eau, habitation et notamment prophylaxie des affections contagieuses.

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Maille infime de l'immense réseau algérien cette suggestive étude présentée par la Djemaà du douar Medjadjas concrétise les aspirations d'une population jeune en voie d'évolution. Etude complète, claire, où à côté des réalisations destinées à améliorer la vie économique du pays, sont surtout envisagés les problèmes d'habitat, d'enseignement et d'hygiène, garanties essentielles d'ascension sociale et de progrès vers la modernisation.

Ainsi se dresse le bilan d'un passé et seprépare l'oeuvre de demain. Œuvre harmonieuse à laquelle les forces vives du pays participent efficacement, si l'on en juge par les suggestions pleines de bon sens formulées par les différentes assemblées municipales et les djemaâs.