Edification du
plan d'action communal
Le programme d'ascension sociale et de progrès
économique au profit des populations françaises musulmanes
esquissé en 1943 par le Comité français de la Libération
nationale, puis tracé dans ses grandes lignes en 1944 et 1945,
est actuellement en pleine voie de réalisation.
Réformes sociales, politiques, administratives et économiques
impriment déjà à l'Algérie un mouvement d'évolution
dont il est facile de prévoir que le rythme ne peut que s'accélérer.
Ce programme de réformes dont le plan d'ensemble a été
élaboré par l'Administration algérienne présente
des aspects divers, et si certains secteurs restent le domaine des techniciens,
d'autres requièrent le concours de l'ensemble de la population.
C'est le cas de l'édification du " plan d'action communal
", vaste enquête administrative portant sur toutes les activités
algériennes ( Voir " Documents
Algériens " - Série économique - N°
12 du 16 juin 1946).
Chaque chef de commune a été invité à préparer,
en liaison avec les représentants des services intéressés,
le plan d'action de son unité administrative suivant les principes
d'une méthodeuniforme. Ces différentes études permettent
actuellement aux services compétents du Gouvernement Général
d'embrasser exactement l'ensemble des problèmes à résoudre.
Initiative nécessaire, car elle permet d'édifier un plan
général d'action communal cohérent, et intéressante,
car elle révèle de façon tangible l'évolution
de toute une partie de la population algérienne nouvellement amenée
à prendre une part active à la vie politique et administrative
du pays.
PORTÉE DE, L'ENQUÊTE DU 1er JUIN
1946.
C'est la vie entière de l'Algérie qui se dessine à
travers les différentes réponses des chefs de commune :
vie passée souvent lointaine, échos de légendes,
efforts des premiers colons, vie présente hérissée
de difficultés que l'on s'efforce d'aplanir, esquisse de la vie
future, axée vers le progrès et la modernisation, aspirations
d'une population souvent figée depuis des siècles et qui
entre dans une voie certaine d'évolution.
Prenonsà titre d'exemple l'étude présentée
par la Djemaâ du douar Medjadjas (Orléansville).
ORGANISATION ADMINISTRATIVE.
Historique.
- L'origine du douar Medjadjas remonte à l'époque du Saint
Sidi Ali BAHLOUL, ascendant de Sidi M'Hamed ben Ali (XV° siècle).
Les habitants sont, pour la plupart, de descendance arabe. On retrouve
encore les descendants des Andalous enfuis d'Espagne et qui se sont fixés
à Medjadjas depuis le XVI° siècle. Quelques familles
de Berbères du Dahra, fixées à Medjadjas depuis plusieurs
générations, ont maintenant les mêmes murs et
la même langue que les indigènes du douar.
Population. -
Toute la population du douar est sédentaire. Elle est répartie
en 18 boccaâs ( Boccaâ :
Fraction dé Douars.) différentes, peuplées
chacune de 500 habitants en moyenne (population du douar : 9.000 habitants
environ).
On compte environ 150 lettrés en français et 1.000 en langue
arabe, dont une quarantaine dé " cheikhs " ou "
Oulémas ". Il y a une centaine d'anciens militaires retraités
et environ 500 hommes qui ont accompli leurs obligations militaires. Deux
gérants de fermes, européens, sont installés sur
le territoire du douar, mais ils sont domiciliés à Orléansville.
Les habitants sont fellahs ou ouvriers agricoles. On ne peut en excepter
qu'une vingtaine qui sont artisans : maçons, charrons, mécaniciens.
Réorganisation
administrative. - Lé plan quinquennal de réorganisation
administrative proposé est le suivant :
- 1947
: Rattachement des boccaâs Ouled Hadj Kaddour, Ouled Hamdani, Heraïg,
Ouled Benarbia, au centre de Warnier. Ces boccaâs comptent une population
totale de 2 000 habitants environ et ne sont distantes du centre de Warnier
que de 1 à 3 km.
- 1948
: Rattachement des boccaâs Ouled Ben Chebra, Ouled Hamed, Ouled
Meghazi et Yarmoul à la commune de plein exercice d'Orléansville.
(Ces quatre boccaâs sont toutes voisines de Ponteba).
- 1949
: Érection d'un centre municipal à la boccaâ Médina,
pour les boccaâs restantes (5.000 habitants environ).
- 1950
et 1951 : Améliorations, s'il y a lieu, de ces solutions.
URBANISME ET TRAVAUX D'ÉDILITÉ.
" Le seul bâtiment public édifié dans le douar
est l'école construite vers 1860 et qui demande à être
réparée. "
Les réalisations proposées sont les suivantes :
- 1947
: Aménagement d'un marché à la boccaâ Médina.
-
Coût approximatif de la muraille à construire 150.000
-
Réparation de l'école . 40.000
- 1948:
Édification d'un bâtiment public à Médina.
500.000
- 1949:
Construction d'un abattoir au marché 200.000
- 1950-1951
: Améliorations, s'il y a lieu, de ces constructions.
Les capitaux nécessaires pourraient être trouvés sous
forme d'emprunt. Pour ces différentes constructions on ne peut
trouver sur place que les pierres, le sable et les manuvres.
HABITAT.
État actuel.
Le douar compte environ 9.000 habitants dont 8 000 sont logés dans
des gourbis, les 1.000 autres, fellahs, habitent des maisons de pierres
couvertes de tuiles. Tous ces habitants sont sédentaires et sont
fellahs ou ouvriers agricoles. Les 8.000 habitants cités plus haut
se répartissent en 1.300 familles environ. Chaque famille se compose
en moyenne de 6 à 7 personnes. Les artisans (charrons, maçons,
mécaniciens) sont au nombre de 20 environ.
En général, chaque famille d'ouvriers agricoles vit du salaire
de deux de ses membres en âge de travailler, ce qui lui fait environ
un revenu annuel de 24.000 francs, soit : 2.000 francs par mois. Une grande
partie des ouvriers travaillant comme khammès, leurs revenus varient
avec les récoltes. Les familles ne disposent d'aucune autre ressource
; pas d'élevage en raison du manque de terrains de pacage. De plus,
dans l'année, les ouvriers chôment davantage que les ouvriers
de la plaine du Chéliff, ces derniers étant employés
dans les cultures maraîchères. Seuls les gros fellahs - environ
une cinquantaine de familles - mènent une vie aisée. L'hygiène
laisse à désirer : promiscuité dans les habitations
(gourbis), pas d'évacuation des eaux, pas de prophylaxie ni de
précautions contré les maladies contagieuses, manque de
tissus et de savon, etc..
La population est répartie en boccaâs groupées autour
des sources. L'habitation courante est le gourbi en terre, couvert de
chaumes. 150 fellahs sont logés dans des maisons de pierres, couvertes
de tuiles. Ces maisons se composent en général de trois
pièces sans plafond, d'une cour, d'un W.-C. et d'une écurie
donnant sur la cour. Il faut ajouter une quinzaine dé familles
de fellahs ou de gérants qui logent dans des fermes conçues
suivant le modèle de fermes françaises.
16 boccaâs sur 18 ont chacune plusieurs sources. Mais aucun travail
de captage à l'usage des habitants n'a été effectué
: les habitants puisent l'eau à même la source et, pour abreuver
leurs bêtes, ils barrent simplement le cours du ruisseau d'un barrage
de terre pour faire accumuler l'eau. Seules deux boccaâs sont favorisées
: elles ont des sources captées et des abreuvoirs.
Pas d'installation pour l'évacuation des eaux, sauf à la
boccaâ Médina où les égouts sont installés
dans les différentes habitations de pierres. Chauffage au bois
et éclairage au pétrole et à l'acétylène
Aucune expérience concernant l'habitat n'a été réalisée
à ce jour.
Projets.
Pour porter remède à cette situation, la population demande
la construction dé maisons-types pour les 1.300 familles logées
actuellement dans des gourbis. Le type de maison à adopter serait
le suivant : 3 pièces 4 m. x 3 m., avec plafond, une cuisine avec
une grande cheminée pouvant servir à la place du "
kanoun ", une cour de 6 m. x 6 m., avec un W.-C., une écurie
(pour les fellahs) donnant sur le dehors. Pour les ouvriers agricoles,
l'écurie sera remplacée par une pièce donnant sur
le dehors et pouvant servir, soit de débarras, soit d'étable
pour la vache, s'il y a lieu.
Comme matériaux, la pierre et le sable nécessaires à
ces constructions peuvent être trouvés sur place. Le reste
des matériaux est à faire venir d'Orléansville ou
d'ailleurs. On ne peut trouver sur place que six maçons ; les manuvres
nécessaires peuvent être recrutés sur place.
Plan annuel des réalisations.
Evaluation d'une maison-type : 300.000 francs.
- 1947: Attribution de matériaux aux fellahs qui sont en mesure
d'effectuer la construction à leurs frais : 300 fellahs environ,
logés actuellement dans des gourbis, pourraient se faire construire
une maison-type chacun s'ils recevaient les matériaux.
- 1948 : Construction de 100 maisons-types, dans les différentes
boccaâs, au bénéfice des familles les plus nombreuses
et les plus évoluées (afin de donner l'exemple).
- 1949 : Construction de 100 maisons-types dans les mêmes conditions.
- 1950-1951 : Construction, chaque année, de 100 maisons-types,
dans les mêmes conditions que précédemment.
Au 31 décembre 1951, il y aurait ainsi 700 maisons construites.
Pour les 600 familles restantes, on pourrait échelonner la construction
des maisons nécessaires pour les loger sur les années 1952-1953
et suivantes.
Financement.
Le coût approximatif d'une maison-type étant de 300.000 francs,
l'Office de l'Habitat rural devrait avancer, pour chacune des années
1948, 1949, 1950 et 1951, la somme de :
300.000 fr. X 100 -= 30.000.000
de francs.
Les bénéficiaires aisés ayant des revenus suffisants
pourront rembourser le prix de la construction à raison de 10 à
12.000 francs par an, ce qui leur ferait un crédit de 20 à
30 ans.
Les indigents (ouvriers agricoles et khammès) pourraient acquitter
un loyer annuel de 3.000 à 4 000 francs avec promesse de location-vente.
En résumé, il y aurait, sur les 1.300 maisons-types à
construire : 300 payées au comptant par les bénéficiaires
et le reste payé sous forme de location-vente.
HYDRAULIQUE ET ADDUCTION.
Utilisation pour l'agriculture.
Au douar Medjadjas, les agriculteurs cultivent essentiellement les céréales
En raison du relief accidenté et sujet à des éboulements
fréquents, il y a très peu de jardins, bien que les sources
né manquent pas. Seul un jardin de plusieurs hectares, sis à
la boccaâ Yarmoul, mérite d'être signalé.
Le douar est traversé par l'Oued Boukhansous et l'Oued Yarmoul,
affluents du Chélif. (L'Oued " Ghebal ", à débit
intermittent, se perd dans un terrain sablonneux). Débit permanent
quoique faible en été. Un barrage avait été
édifié il y a une cinquantaine d'années, par M. Laiah
Mohammed Ben Henni, sur l'Oued Yarmoul. Il a servi à créer
un verger de plusieurs hectares à Yarmoul. Ce barrage pourrait
être reconstruit en plus grandes dimensions afin de permettre d'irriguer
tous les terrains avoisinants.
Presque pas d'élevage dans le douar. Il est d'ailleurs en nette
régression depuis quelques années, par suite du manque dé
terrains de pacage et de la mortalité qui a décimé
les troupeaux ces derniers temps. Il n'y a d'abreuvoir qu'aux boccaâs
Médina et Meden. Dans les seize autres boccaâs, les bêtes
s'abreuvent dans des excavations faites pour accumuler l'eau de source
à cet effet.
Deux puits à la boccaâ Médina (un avec noria, mais
hors d'usage).
Ressources en eau potable.
Le douar est particulièrement pourvu en eau potable : beaucoup
de sources réparties entre les différentes boccaâs.
Les sources dites " Selabine " et " Boubekar " sont
captées et alimentent en eau potable la ville d'Orléansville.
Les sources dites " Chaâb " et " Abid ", captées
également, ravitaillent en eau potable le centre de Warnier.
Pour les sources servant à alimenter la population du douar, aucun
captage n'a été fait dans 16 boccaâs sur 18. L'eau
de chaque source s'accumule et les habitants viennent y puiser directement.
Pas d'abreuvoirs ni de bassins. Seules les boccaâs Médina
et Meden bénéficient de sources aménagées
et d'abreuvoirs.
La boccaâ Médina dispose d'un abreuvoir à deux bassins,
dit " Ain Bouziane ". La source " Aïn Bouchène
", captée, ravitaille en eau potable l'école, l'habitation
du caïd et celle de M. Saïah Henni.
La source " Aïn ben Soufi " est actuellement endommagée.
La boccaâ Maden dispose de la source " Aïn Kadi ",
captée et pourvue d'un abreuvoir. L'eau du trop-plein sert à
irriguer deux jardins sis plus bas. Beaucoup de sources encore servent
à la population, mais elles ne sont pas aménagées.
Plan proposé.
- 1947 : Captage et construction d'abreuvoirs, à raison de deux
par boccaâ dans chacune des 16 boccaâs qui en sont dépourvues.
- 1948 : Captage des sources restantes (environ 20 sources).
- 1949 : Construction de bassins d'irrigation, aux frais des bénéficiaires,
auprès de chaque source.
- 1950 et 1951 : Construction d'un nouveau bar rage sur l'Oued Yarmoul.
Les bénéficiaires pourraient être invités à
participer aux frais de construction.
Prévoir, ultérieurement à la réalisation du
projet sur l'habitat, l'installation de l'eau courante.
ÉLECTRIFICATION.
Le problème de l'électrification ne peut donc se poser qu'après
la réalisation du projet sur l'habitat. Un seul artisan est installé
dans le douar : il exerce le métier de charron-forgeron dans un
atelier sis à la boccaâ Médina. Les autres artisans
du douar (charrons, maçons, mécaniciens) ne sont pas installés
et exercent leur métier là où ils sont appelés
pour le faire. L'installation de la force motrice serait également
à prévoir ultérieurement à la réalisation
du projet sur l'habitat : elle servirait surtout à l'installation
de deux ateliers au moins de mouture indigène ,ce qui éviterait
de longs déplacements à la population.
Projets.
L'éléctrification pourra se faire par une dérivation
de la ligne de Warnier pour une partie du douar ; une dérivation
de la ligne de Pontéba pour la partie Est du douar ; une ligne
partant d'Orléansville pour alimenter la partie Sud et le centre
du douar.
- 1952 : Dérivation de la ligne de Warnier pour alimenter les boccaâs
Ouled Hadj Kaddour, Ouled Hamdani, Heraïg, Ouled Benarbia, peuplées
au total de 20.000 habitants environ. Cette ligne atteindrait moins de
3 km de longueur à vol d'oiseau.
- 1953 : Dérivation de la ligne de Pontéba pour alimenter
les boccaâs Yarmoul, Ouled Bouzaghète, Azouzène, Ahl
Echaoui, Touafria, peuplées au total de 2 500 habitants environ.
Cette ligne aurait une longueur totale de moins de 10 kmà vol d'oiseau.
- 1954 : Alimentation en électricité des 9 boccaâs
restantes, sises toutes à proximité de la boccaâ Médina,
centre du douar, par une ligne venant d'Orléansville (10 à
12 kmà vol d'oiseau). Ces 9 boccaâs totalisent une population
de 4 500 habitants environ.
- 1955: Installation de la force motrice à la boccaâ Médina
pour faire fonctionner deux moulins. La force motrice pourra servir également
pour les battages et, éventuellement, pour le pompage d'eau dans
les endroits où cela sera nécessaire.
Les capitaux à engager pourront être avancés par la
Compagnie d'électricité, la S.I.P. et le nouveau Centre
municipal.
SCOLARISATION.
Plan proposé.
- 1947 : Réparation de l'école sise à la boccaâ
Médina. Fourniture de mobilier au personnel (un lit, une table,
un buffet). Coût approximatif : 50.000 francs.
- 1948 : Construction d'une classe et d'un logement à la boccaâ
Ouled Hamdani. Coût approximatif : 400.000 francs.
- 1949 : Construction d'une classe et d'un logement à la boccaâ
Yarmoul, près de l'embranchement dit " Bouhkansous ".
Coût approximatif : 400.000 francs.
- 1950: Adjonction d'une classe à chacune des trois écoles.
Coût approximatif : 300.000 francs.
- 1951: Construction d'une autre classe et d'un second logement, soit
à la boccaâ Médina, soit à la boccaâ
Yarmoul, là où la population se sera montrée la plus
favorable à l'école. Coût : 400.000 francs.
FORMATION PROFESSIONNELLE, INDUSTRIALISATION.
Artisanat.
La totalité des habitants exerce la profession de cultivateurs
(fellahs ou ouvriers agricoles). On ne peut compter qu'une vingtaine d'artisans
: 6 maçons, 3 charrons, 10 ou 11 mécaniciens pour tracteurs
et machines agricoles. Autrefois - il y a seulement une cinquantaine d'années
- beaucoup d'artisans étaient spécialisés dans le
tissage de la laine : les " haïks " de Medjadjas étaient
très recherchés sur les marchés de la région.
Actuellement, il ne subsiste plus aucun métier à tisser,
ni aucun artisan tisserand.
Main-d'oeuvre.
Le douar aurait encore besoin de 5 à 6 maçons, de 2 à
3 menuisiers, de 2 ou 3 charrons-forgerons, de 2 ateliers de mouture indigène
En vue du développement de la culture des arbres fruitiers et des
plantes maraîchères, il serait utile d'initier les jeunes
du douar aux méthodes modernes de culture.
On peut évaluer à 100 le nombre de " chômeurs
" au douar. Un grand nombre d'ouvriers agricoles - environ 500 -
émigrent chaque année vers la Mitidja, au moment des vendanges.
Une centaine d'ouvriers désireraient émigrer en France,
comme manuvres. Pas de travailleurs étrangers dans le douar.
Formation professionnelle.
Les ouvriers agricoles n'ont aucune spécialité. Les artisans
se sont formés par " routine ". Les uns et les autres
pourraient recevoir une formation professionnelle dès leur jeune
âge.
Il semble utile d'installer des artisans au douar en nombre suffisant
pour les besoins de la population : 2 ou 3 menuisiers, 2 ou 3 charrons-forgerons,
5 à 6 mécaniciens pour matériel agricole, 2 meuniers.
Créer des centres d'apprentissage à Orléansville
où les jeunes de l'extérieur viendraient faire un stage
de 3 ou 4 ans et iraient s'installer par la suite dans leur douar ;
Créer au douar Medjadjas une " ferme modèle "
où les jeunes du douar - et même les grandes personnes -
viendraient s'initier aux méthodes modernes d'arboriculture fruitière,
de céréaliculture, de cultures maraîchères
et d'élevage ;
Diriger la main-d'oeuvre en surnombre en France, où les manuvres
manquent.
PAYSANAT.
État actuel.
Le douar compte une vingtaine de gros agriculteurs. exploitant au-dessus
de 100 hectares, une centaine de producteurs moyens exploitant de 30 à
100 hectares et 150 petits producteurs exploitant au-dessous dé
30 hectares, dont 100 exploitent de un à cinq hectares. Pas d'élevage
à proprement parler, mais chaque fellah entretient un troupeau
de 10 moutons environ et une à trois vaches. Peu de caprins. Il
y a seulement une vingtaine d'années, les troupeaux de moutons
étaient beaucoup plus importants et apportaient
à l'économie du douar un appoint appréciable. Cette
régression est due au manque de terrains de pacage et à
la mortalité du cheptel durant ces dernières années.
Les petits fellahs ne disposant pas de bêtes ni de matériel
agricole n'ont pas un rendement maximum. De plus, le manque de semences
et de fourrages, conséquent à toute une année de
sécheresse, oblige ces fellahs à n'exploiter qu'une faible
partie de leurs terres.
Améliorations envisagées.
Parallèlement à la réalisation des différents
projets du plan quinquennal, les solutions suivantes peuvent être
envisagées pour favoriser le paysanat : mettre des terrains de
pacage à la disposition de ta copulation, soit en les louant à
long bail, soit en les achetant à leurs propriétaires pour
" utilité publique " (il n'y a pas de terrains communaux
dans le douar, mais il y a 200 hectares de terrains domaniaux, dont 120
hectares, sablonneux et impropres à toutes culture ; l'herbe même
y est très rare).
Accorder aux fellahs des prêts à long terme pour achat de
cheptel et de matériel moderne ;
Création d'une coopérative agricole - subventionnée
au besoin par la S.I P. - pourvue d'un matériel agricole moderne
pour effectuer les travaux là où le terrain le permet.
ASSISTANCE MEDICALE ET SOCIALE.
Il n'y a pas de médecin au douar, ni aucun service d'assistance
médicale. Le médecin de colonisation, chargé dé
l'assistance médicale du douar, est domicilié à Malakoff,
à 26 km de Medjadjas. Il effectue une à deux tournées
par an dans le douar.
La population, en général, vit dans des conditions d'hygiène
qui laissent à désirer et aucune précaution n'est
prise pour éviter la contamination en cas de maladies contagieuses
; les règles de prophylaxie sont complètement méconnues.
L'installation d'un médecin au douar même - à la boccaâ
Médina - serait à souhaiter, la population s'habituerait
à recourir au docteur en cas de maladie au lieu d'avoir recours
à des procédés empiriques, souvent dangereux.
Des auxiliaires médicaux et des infirmières (deux à
trois) feraient hebdomadairement des tournées dans les différentes
hoccaâs pour, non seulement donner des soins, mais encore initier
la population aux règles de l'hygiène : eau, habitation
et notamment prophylaxie des affections contagieuses.
***
Maille infime de l'immense réseau algérien
cette suggestive étude présentée par la Djemaà
du douar Medjadjas concrétise les aspirations d'une population
jeune en voie d'évolution. Etude complète, claire, où
à côté des réalisations destinées à
améliorer la vie économique du pays, sont surtout envisagés
les problèmes d'habitat, d'enseignement et d'hygiène, garanties
essentielles d'ascension sociale et de progrès vers la modernisation.
Ainsi se dresse le bilan d'un passé et seprépare l'oeuvre
de demain. uvre harmonieuse à laquelle les forces vives du
pays participent efficacement, si l'on en juge par les suggestions pleines
de bon sens formulées par les différentes assemblées
municipales et les djemaâs.
|