Alger, Algérie : documents algériens
Série sociale : institut Pasteur
L'œuvre de l'Institut Pasteur en Algérie

14 pages - n°44 - 30 décembre 1953

Le Gouverneur Général Th. Steeg a condensé, en 1926, en une brève formule, le programme assigné à l'activité de l'Institut Pasteur : " Asile de réflexion et d'expérience où la science se crée, où la science s'enseigne, où la science s'applique ".

mise sur site le 3-07-2005
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-------------Le Gouverneur Général Th. Steeg a condensé, en 1926, en une brève formule, le programme assigné à l'activité de l'Institut Pasteur : " Asile de réflexion et d'expérience où la science se crée, où la science s'enseigne, où la science s'applique ".

-------------L'exposé de l'oeuvre de l'Institut Pasteur en Algérie traitera donc : des travaux ayant pour objet l'avancement de la Science, - de l'enseignement supérieur de la microbiologie donné à des stagiaires ou s'adressant au public -, des Services pratiques d'analyses, d'enquêtes épidémiologiques, de sérothérapie et de vaccinothérapie.

TRAVAUX DE RECHERCHE

-------------La participation de l'école de Pasteur à l'oeuvre médicale française en Algérie débute par une découverte éclatante. Le 6 novembre 1880, à Constantine, A. Laveran découvre le parasite du paludisme. Ainsi, la cause d'un mal si redouté et si répandu, de la grande plaie des pays chauds, n'était pas une émanation invisible des marais, un " miasme " subtil, mais bien un microbe figuré. Cette découverte a inauguré l'ère scientifique de la pathologie exotique ; elle a ouvert la voie aux recherches sur les maladies mystérieuses convoyées par des insectes, qui, bien plus que le climat, interdisaient l'accès des riches contrées tropicales à la race blanche. En moins de quarante ans, grâce à Laveran, la médecine des pays chauds a été transformée, rénovée, la mise en valeur des colonies rendue possible, des milliers d'existences gardées saines et sauves.
-------------Calmette a pu dire : " L'oeuvre de Laveran apparaît aujourd'hui comme la plus importante en médecine et en hygiène après celle de Pasteur ". C'est pour l'Algérie un motif de fierté légitime qu'une découverte de si heureuse conséquence ait eu lieu sur son sol, et c'est pour la science française un titre éminent à la reconnaissance des populations indigènes. Laveran poursuivit lui-même à l'Institut t'asteur, pendant 25 ans, des travaux sur d'autres maladies des pays chauds causées par des protozoaires : les trypanosomiases et les leishmanioses.

-------------Dans le sillon ouvert par Laveran, sous l'inspiration du Dr E. Roux et conseillé par Félix Mesnil, Edmond Sergent et Etienne Sergent instaurent, en 1900, des recherches sur les maladies infectieuses les plus répandues en Algérie.

-------------Ce sont surtout les affections transmises par des insectes qui sont, depuis 50 ans, l'objet de leurs études et de celles des membres de l'Institut Pasteur d'Algérie, au laboratoire ou dans le bled.

-------------Paludisme.
-------------D'abord, les recherches sur le paludisme et sur la prophylaxie palustre. Elles sont, plus tard, étendues grâce au concours d'une équipe de collaborateurs : H. Foley, L. Parrot, A. Catanei. Dès 1900, Edmond et Etienne Sergent vérifient la découverte par Ronald Ross du mode de propagation du paludisme des oiseaux à Plasmodium relictum, en transmettant l'infection au canari par l'intermédiaire de mous-tiques communs. Ils confirment ensuite l'exactitude de la loi de Grassi : " Pas de paludisme sans anophélisme ", c'est-à-dire sans la présence de certains moustiques. En même temps, ils démontrent l'existence, dans la France métropolitaine, d'un état " d'anophélisme sans paludisme ", observent pour la première fois des différences morphologiques et biologiques entre les Anopheles maculipennis des régions paludéennes (Algérie, Vendée) et des régions qui ne sont plus paludéennes (environs de Paris). Dans des " champs de démonstration ", établis dans les contrées les plus malsaines de l'Algérie, ils élaborent les méthodes de l'étude épidémiologique du paludisme, établissent la notion du " seuil de danger " des deux facteurs épidémiques actifs du paludisme : le plasmodique et l'anophélien, et la notion de l'importance de " l'apport de virus étranger ". Ils expérimentent dans ces " champs de démonstration " les procédés de la prophylaxie palustre, définissent les " grandes mesures antilarvaires ", ouvrages de premier établisse-ment, et les " petites mesures antilarvaires ", travaux d'entretien, sans lesquels les grandes mesures restent inefficaces. Ils inventent des techniques nouvelles, comme " l'alternance des écoulements d'eau " et le remblai des thalwegs jusqu'au niveau de la nappe phréatique. Ils réalisent, pour la première fois en Algérie, un colmatage vrai, au sens de Léonard de Vinci. Ils introduisent, en 1926, en Afrique du Nord, des gambouses du Texas (Gambusia holbrooki Grd.), précieux petits poissons larvivores, qui prospèrent admirablement dans ce pays, depuis le bord de la mer jusque dans les oasis sahariennes, et sont devenus innombrables. H. Foley a montré, en 1926, à Beni Ounif-de-Figuig, comment on peut assainir complète-ment et définitivement une oasis saharienne.
-------------Au cours de la première guerre mondiale, les paludologues algériens sont envoyés par le Ministre de la Guerre à l'armée d'Orient, après le désastre sanitaire causé par le paludisme dans cette armée, en 1916. Les mesures prophylactiques rigoureuses et sévères proposées par Edmond et Etienne Sergent ont pour résultat de délivrer, en 1917 et en 1918, l'armée d'Orient du péril paludéen.
-------------Au laboratoire, l'expérimentation avec le paludisme des oiseaux à pl. relictum permet aux pastoriens d'Algérie d'établir la notion de " l'infection latente d'emblée ", d'aborder le problème de la prémunition contre le paludisme et de divers modes possibles de vaccination par des sporozoïtes atténués par le vieillissement ou très peu nombreux, par du virus prélevé pendant l'incubation, - d'inventer une méthode d'épreuve des médicaments antipaludiques, - et la méthode de l'isodiagnostic, indispensable dans les expériences de cet ordre. D'autre part ils découvrent l'agent de transmission du paludisme des pigeons (à Haemoproteus columbae), un hippoboscide : Lynchia maura, fait inattendu, les autres paludismes connus étant propagés par des moustiques. Le cycle sporogonique d'Haemoproteus columbae chez Lynchia maure, découvert par Mrs H. Adie, a été établi par elle à l'Institut Pasteur d'Algérie. Edmond et Etienne Sergent étudient la morphologie des plasmodies humaines et animales, découvrent plusieurs espèces nouvelles d'hématozoaires chez les oiseaux, les batraciens et les reptiles. Edm. Sergent et Alice Poncet étudient, à partir de 1950, la plasmodie qui cause le paludisme de rongeurs africains, Plasmodium berghei. Elle est très peu virulente pour un rongeur nord-africain, le mérion, qui peut présenter cependant une très longue infection latente métacritique persistant pendant le tiers environ de la durée moyen-ne de la vie d'un mérion. Le cobaye présente une résistance innée totale à P. berghei.
-------------Edm. et Et. Sergent décrivent dans le sang des malades anémiques les " corps en pessaire " et les " corps semi-lunaires ". Enfin, ils complètent cette série de travaux par l'étude morphologique et systématique des moustiques, et, en particulier, des anophèles.
-------------A la demande du Comité d'Hygiène de la Société des Nations, l'Institut Pasteur d'Algérie a collabore à l'étude, poursuivie pendant plusieurs années, des médicaments antipaludiques de synthèse appliqués à la prophylaxie collective du paludisme (L. Parrot et A. Catanei).

-------------Fièvre récurrente mondiale.

-------------En 1907, des circonstances particulièrement favorables à l'observation et à l'expérimentation ont con-duit Edmond Sergent et H. Foley à la découverte du rôle du pou dans la transmission de la fièvre récurrente. La démonstration de ce rôle résulte d'une observation épidémiologique rigoureuse, faite dans un milieu étroitement surveillé, - de l'infection donnée au singe par l'inoculation de poux broyés, - et enfin, preuve décisive, de la transmission expérimentale de la maladie à l'homme, obtenue chez deux volontaires, isolés dans un local parfaitement clos, désinfecté et désinsectisé, au moyen de poux infectés placés sous leurs couvertures. Pour la première fois, le pou prenait ainsi place parmi les agents vecteurs d'une maladie humaine (1907-1908). Sergent et Foley signalent d'autre part l'absence d'éléments figurés
dans le broyat des poux infectieux, et le fait que ce n'est point par piqûres visibles que la transmission s'effectue. Ils signalent ainsi les premiers que les spirochètes passent par un stade d'invisibilité dans l'intestin des poux, d'une part, et, d'autre part, dans le sang des malades entre deux rechutes. Pendant ce stade invisible, la virulence persiste.

-------------En 1911, les auteurs démontrent l'efficacité du 606 dans le traitement de la fièvre récurrente, chez les singes inoculés, et chez l'homme.

-------------Fièvre récurrente hispano-nord-africaine.
-------------André Sergent signale, en 1933, l'existence en Algérie, chez l'homme et chez le rat d'égout, de la fièvre récurrente hispano-nord-africaine à Spirochaeta hispanica. Il trouve aussi des Sp. hispanica chez des tiques, Rhipicephalus sanguineus, prélevées sur des chiens sains en apparence. Rh. sanguineus n'avait pas encore été signalé comme second hôte de ce spirochète. Dans un cas humain et dans une série de cas expérimentaux chez le cobaye, l'infection a été transmise par piqûre de cette tique.

-------------Typhus exanthématique.
-------------La découverte du mode de transmission de la fièvre récurrente devait nécessairement orienter vers le pou les recherches visant à élucider le mode de transmission du typhus exanthématique. Charles Ni-colle, Blaizot et Conseil, rappelant l'étroite parenté épidémiologique, reconnue depuis longtemps, des deux maladies, écrivaient en 1912: " Les médecins qui se sont attachés à l'étude de la fièvre récurrente dans l'Afrique du Nord ont été tous frappés de l'analogie que présentent ces épidémies avec celles du typhus exanthématique [...]. Comme agent possible de transmission un seul facteur constant dans les deux cas, le pou. Cette opinion est celle d'Edmond Sergent et H. Foley ". " L'opinion d'Edmond Sergent et H. Foley [...] nous avait frappés ". " Nous ne pouvions manquer d'être frappés de tant de similitude entre les épidémies de typhus exanthématique et de fièvre récurrente ". - Récurrente et typhus étant des ma-ladies " de génie épidémique identique ", ayant un " facteur étiologique commun ", la découverte du mode de transmission de l'une d'elle devait éclairer l'étiologie de l'autre. - Or le rôle propagateur du pou dans la propagation de la fièvre récurrente a été mis en évidence par Edmond Sergent et H. Foley dans leurs expériences de 1907-1908, rapportées dans une première note en mars 1908. Et c'est le 1e` juillet 1909 que Charles Nicolle et ses collaborateurs commencèrent leurs recherches sur la transmission du typhus par le pou ; ils les publièrent en septembre 1909.

-------------En juin 1914, Edmond Sergent, H. Foley et Ch. Vialatte découvrent, en Algérie, le microbe du typhus chez des poux nourris sur des malades et décrivent son évolution dans l'intestin de ces insectes.

-------------En janvier 1943, l'Institut Pasteur d'Algérie a institué avec un succès complet les premières expériences qui aient été faites dans le bassin méditerranéen sur l'action de la poudre D.D.T. sur les poux.

-------------Debab des dromadaires.
-------------La principale maladie du dromadaire, l'animal indispensable au Sahara, est, disent les nomades, le debab. Edm. et Et. Sergent découvrent, en 1902, que cette maladie est due à un trypanosome. Leurs recherches expérimentales prouvent qu'il est transmis par la piqûre de taons dans le bled, et par celle des stomoxes dans les fondouks. L'étude complète est faite des symptômes, de la distribution géographique et de l'épizootiologie de la maladie. Le dixième du troupeau camelin de l'Afrique du Nord est trouvé infecté. -------------Des thérapeutiques chimiques efficaces sont établies. Si l'on applique les techniques de pré-munition et de traitement conseillées par l'Institut Pasteur, on ne verra plus les hécatombes de drornadaires qui ont marqué jadis l'expédition du S€irsou, dirigée par le Général Marey-Monge, et, plus tard, l'occupation des oasis du Touat.

-------------Piroplasmoses.
-------------Tous les colons savent que le développement de leur cheptel bovin et, en particulier, son amélioration par l'introduction de géniteurs de races fines européennes, sont empêchés par une maladie qu'ils appellent : la jaunisse. La mortalité atteint 100% chez les animaux de souches françaises. Les travaux de l'Institut Pasteur (Edm. Sergent, A. Donatien, L. Parrot et F. Lestoquard) ont montré que sous ce nom de " jaunisse " il faut distinguer cinq piroplasmoses bovines, dont les agents ont été déterminés, le mode de propagation par les tiques démontré, des médications efficaces trouvées. Il a été établi que la plus grave de ces piroplasmoses bovines est due à un microbe nouveau : Theileria dispar, que ce microbe est inoculé par des tiques du genre Hyalomma (tandis que la theilériose de l'Afrique noire est transmise par des tiques du genre Rhipicephalus), que Theileria dispar est transmissible par inoculation du sang pré-levé pendant l'accès aigu, - et enfin qu'au cours de ces passages en série par inoculation de sang de bovin malade à bovin sain, cette theilérie perd sa sexualité. Enfin, une méthode de vaccination prémunitive a été instaurée qui permet de protéger les bovins contre ces multiples piroplasmes. Des pacages luxuriants, désertés autrefois par crainte des piroplasmoses, peuvent, à présent, être utilisés.
-------------Des études du même ordre ont fait connaître les piroplasmoses ovines et équines sévissant en Afrique du Nord (Donatien et Lestoquard).

-------------Leishmanioses. - Bouton d'Orient. - Leishmaniose viscérale.
-------------Le bouton d'Orient, curieuse lésion cutanée qui dure des mois, sévit dans des régions steppiques ou désertiques : Biskra, Gafsa, Alep, Bagdad, Delhi. (Un foyer d'endémicité est découvert par Etienne Sergent, à Mila, dépt de Constantine). Le bouton d'Orient est dû à un protozoaire : Leishmania tropica. On ignorait son mode de propagation, quand Edm. et Et. Sergent concluent, en 1904, d'une étude épidémiologique faite à Biskra, qu'il faut soupçonner un petit moucheron piqueur, le phlébotome (Phlebotomus papatasi). Edm. et Et. Sergent, L. Parrot, A. Dona tien et M. Béguet démontrent, en 1921, l'exactitude de cette hypothèse en transmettant le bouton d'Orient, à Alger, pays indemne, à un sujet sain venant de France, avec des phlébotomes capturés à Biskra, pays infecté. Ils font l'étude de la répartition géographique du bouton d'Orient en Algérie et au Sahara ; - l'étude morphologique et biologique des phlébotomes et de leur taxinomie (L. Parrot) ; - l'étude de l'évolution du parasite chez le phlébotome transmetteur (L. Parrot et A. Donatien).

-------------La découverte du rôle joué par un phlébotome (P. papatasi) dans la propagation du bouton d'Orient, ou leishmaniose cutanée, conduit à incriminer d'autres phlébotomes dans la transmission, du chien à l'enfant, d'une autre leishmaniose, bien plus grave (leishmaniose générale ou viscérale dont Edm. et Et. Sergent démontrent, en 1910, l'existence chez les chiens d'Alger), et à constater l'évolution du parasite de la maladie dans l'organisme de ces phlébotomes (P. perniciosus et P. longicuspis) (L. Parrot, A. Donatien, F. Lestoquard et Edm. Plantureux).

-------------Levures et Drosophiles.
-------------Pasteur, dans ses immortelles expériences, avait démontré que la fermentation du jus de raisin est due à des levures qui, en automne, se trouvent sur la pellicule des grains de raisin mûrs. On croyait qu'elles y étaient portées par les poussières.

-------------Edmond Sergent et H. Rougebief montrent, en 1924, en Algérie et à Sauternes, que ce sont de petits moucherons, les drosophiles, qui vont déposer, sur les raisins mûrs des vignobles, en même temps que leur ponte, des levures dans leurs déjections. Dans le jus des raisins écrasés, les levures pullulent, et elles le font fermenter. En même temps les oeufs de drosophiles éclosent. Les larves de drosophiles se nourrissent de levures, qui passent dans l'intestin des drosophiles adultes ailés. Il s'établit ainsi, entre les levures et les drosophiles, une sorte de mutualisme qui assure, à la fois pour le microbe et l'insecte, la perpétuation de l'espèce. La fermentation vinique est le résultat indirect de cette association entre un in-secte et un microbe. Pasteur avait dit que la fermentation vinique est une maladie du jus de raisin.

-------------Thimni, nouvelle myiase humaine.
-------------Edm. et Et. Sergent signalent, en 1907, que l'oes tre du mouton (en kabyle thimni, dans le dialecte des Touareg tamné), qui n'était connu jusqu'alors que comme parasite du mouton, peut pondre ses larves sur la muqueuse oculaire ou nasale d'êtres humains, causant ainsi des conjonctivites et des rhinites. Edm. Sergent publie, en 1952, une enquête sur la répartition géographique, dans le monde entier, de cette myiase oculo-nasale de l'homme due à l'oestre du mouton.

-------------Entomologie médicale.
-------------Nombreuses études de sciences naturelles (zoologie et botanique médicales), en particulier recherches sur les insectes et autres invertébrés intéressant le pathologiste : moustiques, phlébotomes, poux, tabanides, tiques, hippoboscides, oestres., hypodermes, cératopogoninés, sauterelles, bullins, scorpions, etc.

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Après l'énumération des maladies humaines ou animales dont la transmission par des insectes a été mise en lumière par les travaux effectués à l'Institut Pasteur d'Algérie, nous signalerons les parasites nouveaux qu'ils ont fait connaître.

-------------Baïoudh du dattier.
-------------Dans le Sahara occidental. les Indigènes dénoncent, comme la maladie la plus grave du dattier, le baïoudh, dont l'extension menace l'existence même des palmeraies. Edm. Sergent et M. Béguet montrent, en 1921, la présence constante, et à l'état de pureté. d'un champignon nouveau, dans les lésions ainsi que dans les parties saines en apparence des dattiers malades. Ils obtiennent régulièrement en culture pure ce champignon, en ensemençant dans les milieux appropriés le tissu de palmes atteintes de baioudh. L'ensemencement de tissus de dattiers sains ou atteints de lésions autres que le baïoudh n'a jamais don-né de culture de ce champignon. Il y a donc lieu de le considérer comme l'agent de la maladie. Edrn. Sergent et M. Béquet rapportent, d'après leurs enquêtes faites à Figuig, que certaines variétés de dattiers (par exemple l'àsian et, à un degré moindre, l'aziza) résistent davantage au baïoudh que d'autres, comme la ghars et l'afrokh ntigent.

-------------Sergentella hominis. Brumpt.
-------------Edm. et Et. Sergent découvrent, en 1903, un protozoaire d'une espèce nouvelle dans le sang d'un Algérien d'origine européenne atteint d'une affection fébrile inconnue, à symptômes frustes.

-------------Agalaxie contagieuse.
-------------J. Bridré et A. Donatien parviennent, en 1923, à cultiver le virus de l'agalaxie contagieuse in vitro dans des milieux renfermant une proportion convenable de sérum. A la faveur de ces cultures, ils peu-vent voir le microbe spécifique, microbe qui, par sa morphologie et certains caractères biologiques, se rapproche du microbe de la péripneumonie. C'est le deuxième exemple d'un microbe filtrable, cultivable et visible.

-------------Mycoses, Teignes.
-------------A. Catanei effectue de vastes enquêtes, sur des milliers de sujets, qui lui permettent de préciser la répartition des teignes en Algérie et leurs rapports avec les conditions démographiques. Il fait l'étude systématique par l'ensemencement en milieu de culture et surtout par l'inoculation aux animaux, de nombreux champignons causant des mycoses humaines ou animales, et décrit dix espèces ou variétés nouvelles.

-------------Maladies des animaux domestiques.
-------------A. Donatien et F. Lestoquard découvrent plusieurs Rickettsia, parasites du chien, du boeuf, du mouton et du porc, font une étude détaillée de leur cycle évolutif et montrent que ces rickettsioses sont des maladies à prémunition.
-------------Ils décrivent des maladies nouvelles : l'anémie pernicieuse du mouton et de la chèvre, la bartonellose du boeuf, le typhus du porc. Ils élucident la question des maladies rouges du porc et inventent un pro-cédé de diagnostic rapide de la peste porcine par intradermo-réaction.

-------------En 1919, Edm. Sergent et A. Lhéritier découvrent une maladie nouvelle, la fièvre bilieuse hémoglobinurique des bovins, et indiquent des caractères suggérant que la cause de la maladie doit être une spirochétale. Cette hypothèse a été montrée juste en 1935 en Russie, où est décrit l'agent causal, Spirochaeta ictero-haemoglobinuriae. Ce microbe est retrouvé en Algérie par A. Donatien et ses collaborateurs. Ils étudient aussi la leptospirose canine et montrent la fréquence de la leptospirose du rat à Alger.
-------------Description et étude expérimentale par Edm. Sergent d'une maladie des agneaux du Présahara algérien, la namoussia.

-------------Edm. et Et. Sergent étudient la biologie, la thérapeutique et la prophylaxie du varron du boeuf dû à Hypoderma bovis en Algérie.

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L'Institut Pasteur d'Algérie poursuit l'étude épidémiologique approfondie et de longue haleine d'autres maladies menacantes pour l'Algérie, en prenant pour base les recherches de laboratoire, et en ayant pour objet l'instauration de méthodes prophylactiques rationnelles.

-------------Tuberculose.
-------------La carte de la répartition de l'infection tuberculeuse chez les Indigènes d'Algérie est établie par la méthode de la cuti-réaction à la tuberculine. grâce à plus de 45.000 cuti-réactions vérifiées. Cette carte a nermis de suivre la marche de la contas-ion dans le pays. L'Institut Pasteur d'Algérie, oui a délivré, de 1994 à 1960. 2RR non closes de vaccin antituberculeux B.C.G., poursuit, depuis 1935. l'annlication svstématinue de la vaccination antituberculeuse nar le B C.G. dans la commune d'Alger, avec un contrôle riso urenx de ses résultats. D'autre part, H. Folev et L. Parrot montrent, depuis 1928, comment on peut effectuer la vaccination des enfants de tout âge, sans cuti-réactions préalables, dans la population rurale. Les méthodes de lutte sociale contre la tuberculose, qui produisent de bons résultats dans les pays civilisés - et d'autant plus qu'ils sont plus civilisés - sont inanplicahles dans les milieux ruraux d'Aleérie (à population disnersée), à cause de la misère générale des Indicènes. de leur ignorance. de leur imnrévovance. Seule. dans ce pays de civilisation attardée. une méthode de vaccination collective neut lutter contre la nronaaation de la tuberculose. Cette vaccination, le vaccin B.C.G. permet de la généraliser à neu de frais. La méthode la plus sûre, et la plus facile à pratiquer dans le bled et la brousse, est la méthode de Foley et Parrot de vaccination par scarifications cutanées, sans cuti-réactions préalables, appliquées à tous les enfants au-dessous de 15 ans.

-------------Fièvre ondulante.
-------------L'étude épidémiologique de la fièvre ondulante, ou brucellose, a permis à Edmond Sergent de conseiller, en 1908, des mesures prophylactiques qui ont fait disparaître presque complètement la fièvre ondulante des départements d'Alger et de Constantine. Il a montré, dès 1908, la fréquence de la contamination par contact, et l'existence de plusieurs races de Brucella melitensis.

-------------Trachome.
-------------H. Foley, L. Parrot et Edmond Sergent effectuent des enquêtes sur l'épidémiologie du trachome dans le Tell et au Sahara. L. Parrot propose un projet de lutte contre le trachome en milieu indigène rural et crée les " biout el aïnin ", organes principaux de cette lutte.
-------------H. Foley et L. Parrot montrent que les " corps de Prowazek-Halberstadter ", agents réels de la maladie, présentent les plus grandes analogies avec les Protistes du genre Rickettsia, et en décèlent l'existence dans l'épithélium conjonctival de nourrissons bien avant l'apparition des lésions trachomateuses.
-------------A. Donatien et F. Lestoquard étudient des conjonctivites granuleuses à Rickettsia chez le boeuf, le mouton, le chien et le porc.

-------------Sodoku.
-------------R. Horrenberger isole, en 1953, du cerveau de rats d'égout d'Alger, six couches de Spirillum minus Carter, 1887 var. morsus muris Ch. Ruys. 1925, agent du sodoku. Le rat est donc à Alger un réservoir de virus latent de cette maladie humaine.
-------------De l'ensemble de ses recherches expérimentales, l'Institut Pasteur d'Algérie a tiré une théorie qui intéresse à la fois la biologie générale et la médecine : la théorie de la prémunition.
-------------A côté de l'immunité " vraie " que procure une première attaque de certaines maladies infectieuses (rougeole, scarlatine, etc.), il distingue une autre forme de résistance acquise qu'il a désignée sous le nom de prémunition, et qui est caractérisée par le fait qu'après certaines autres maladies infectieuses (paludisme, piroplasmose, tuberculose, syphilis, récurrente, fièvre ondulante, etc.) l'organisme ne résiste à une nouvelle contamination que tant qu'il héberge encore des microbes. Le terme de prémunition est aujourd'hui entré dans le langage scientifique. L'avantage de cette notion n'est pas seule-ment d'ordre théorique : elle sert à définir et à préciser les possibilités et les limites de la vaccination, de la sérothérapie, et des méthodes prophylactiques, pour chacune des maladies virulentes.

------------L'Institut Pasteur d'Algérie a été amené à s'occuper de questions de pathologie non microbienne et de questions d'ordre économique.

-------------Cailles empoisonneuses.
-------------Mise en évidence, avec preuve expérimentale, de cas d'intoxication causés par l'ingestion de cailles " vertes " (du printemps) qui s'étaient nourries de graines de ciguë. Les cailles " de chaume " de la migration automnale, au retour d'Europe, ne sont pas toxiques. Ces faits, observés en Algérie, expliquent les cas d'intoxication suivant l'ingestion de cailles printanières par les Hébreux, au cours de leur exode, et l'innocuité des cailles dont ils se nourrirent à l'automne. A la suite de ces observations, des cas d'empoisonnement par les cailles ont été observés également en France (ciguë, oenanthe).

-------------Vitamine antinévritique B1 conservée dans le riz étuvé.
-------------Des expériences sur le pigeon montrent que lorsqu'on décortique le paddy après l'avoir étuvé, une quantité appréciable de vitamines actives subsistent dans le grain, d'où l'indication de préférer le riz étuvé au riz blanc.

-------------Toxicité de la décoction de thé noir.
-------------Des expériences sur le cobaye montrent l'existence dans les préparations de thé noir, dans les décoctions plus que dans les infusions, d'une substance très toxique pour cet animal. Ce poison se pro-duit sans doute pendant la fermentation que subit le thé noir au cours de sa préparation en usine. Le thé vert, qui subit seulement un début de fermentation, vite arrêtée par le chauffage, ne contient qu'une très faible quantité de ce toxique.
-------------Ces expériences sur le cobaye viennent à l'appui des observations des hygiénistes qui ont dénoncé les ravages causés par l'abus de la décoction de thé noir, causant une véritable toxicomanie, chez les populations indigènes de l'Afrique du Nord, depuis l'Egypte jusqu'en Tunisie. Au contraire, l'infusion de thé vert à la marocaine, à la menthe et très sucrée, est inoffensive.

-------------Hygiène rurale. - Fosse et fumier sans mouches.
-------------Différents procédés propres à empêcher les fumières de devenir des gîtes à mouches ont été expérimentés. Celui qui donne le meilleur résultat, tant au point de vue de la lutte contre les mouches qu'au point de vue de la production d'un bon compost, est la fosse double à fonctionnement alternatif, à fermentation anaérobie.

-------------Rouissage de textiles.
-------------Pendant la seconde guerre mondiale, l'Institut Pasteur a pu improviser la fabrication; avec les moyens les plus simples, 'd'une excellente ficelle avec des tiges de lin ayant servi à la production de graines. Il a préparé également, avec l'alfa, une pâte qui a été utilisée pour fabriquer du papier d'emballage et des tissus grossiers.

-------------Chèvre rouge du Sahara du Nord-Est.
-------------Les caractères anatomiques et biologiques de la chèvre rouge du Sahara du Nord-Est (Mzab, Touggourt) ont été étudiés, et on a montré que le duvet hivernal de ces chèvres, sans emploi jusqu'ici dans ce pays, peut être filé et tissé et donner un tissu analogue au châle de Cachemire.

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Protection des forêts contre les chèvres dévastatrices.
-------------Des expériences ont montré que la section des incisives, pratiquée dans certains districts des Pyrénées pour éviter que les chèvres écorcent les châtaigniers, ne les empêche pas de détruire les bourgeons et les ramuscules des arbres.

-------------Des recherches ont été effectuées sur des questions n'ayant pas de rapport direct avec la pathologie.


-------------Cristallites.
L'étude microscopique de liquides organiques étalés en couche mince sur une plaque de verre a permis à Etienne Sergent d'assister à l'apparition et au développement, dans des préparations en voie de dessiccation rapide, de figures géométriques, les cristallites.

-------------Indice digital.
-------------Un nouvel indice somatique a été étudié, par Etienne Sergent, dans les races humaines et chez les quadrumanes. Il a été appelé indice digital : c'est le rapport entre la longueur de l'index et celle de l'annulaire d'une même main. La recherche de l'indice digital, quand elle aura porté sur un grand nombre de sujets, présentera sans doute de l'intérêt pour distinguer et classer les groupes humains. Elle peut, d'autre part, être utile, à cause de sa simplicité, dans l'anthropométrie judiciaire, qui se sert déjà, pour l'identification des individus, de la longueur du médius gauche et de la longueur de l'auriculaire gauche.

-------------Stigmates héréditaires des races chevalines.
Etienne Sergent établit un rapport entre les épis des diverses races de chevaux d'Algérie et leurs harnachements, qui laissent des stigmates héréditaires différents chez le cheval de selle et chez la bête de somme.

-------------Biologie des moineaux.
Edm. et Et. Sergent publient, en 1951, une étude sur " La vie des moineaux algérois ".

SERUMS, VACCINS, ETC... INVENTES A L'INSTITUT PASTEUR D'ALGERIE.

-------------Sérum antiscorpionique. (voir n°31)
-------------L'Institut Pasteur d'Algérie a été sollicité d'étudier la préparation d'un sérum contre les scorpions. Les scorpions tuent, en Algérie, plus de monde que les vipères à cornes : plusieurs dizaines de personnes par an. Etienne Sergent a résolu la question. Ses recherches ont établi d'abord la toxicité du venin des différents scorpions de l'Afrique du Nord. Cette toxicité varie beaucoup d'une espèce à l'autre et, pour la même espèce, suivant les régions. Ainsi, le scorpion dit " languedocien ", qui existe dans le Midi de la France, n'y cause jamais d'accidents mortels, tandis que sur le littoral algérien, aux portes d'Alger, il a plusieurs fois donné la mort à des enfants européens. Etienne Sergent a ensuite préparé un sérum antiscorpionique polyvalent qui, au titrage, sauve de 80 à 100 % des souris, dont les témoins, qui ont reçu la même dose de venin, meurent tous en moins de deux heures. Chez les êtres humains piqués par des scorpions, et qui présentent des symptômes alarmants faisant prévoir une fin imminente, le sérum en sauve de 89 à 93 %.

-------------Etienne Sergent montre que l'injection d'une grande quantité d'eau salée a un heureux effet contre les envenimements.

-------------Vaccin anticlaveleux.
-------------La Métropole a intérêt à faire venir des moutons d'Algérie, pour diminuer le prix de la viande sur les marchés français. Mais les moutons d'Algérie peuvent introduire en France la clavelée, maladie qu'ils supportent assez bien, tandis que les moutons français y sont très sensibles. Par suite, le Ministère de l'Agriculture n'autorise l'entrée en France des moutons algériens vivants que s'ils sont préalablement immunisés contre la clavelée. J. Bridré et A. Boquet ont inventé un vaccin anticlaveleux sensibilisé qui produit les meilleurs résultats et qui permet ainsi l'exportation en France des moutons de l'Afrique du Nord, pour le plus grand profit des éleveurs algériens et des consommateurs métropolitains. Ce vaccin est demandé à enstitut Pasteur d'Algérie par plusieurs pays étrangers. A. Donatien et F. Les-toquard inventent une méthode de contrôle de l'immunité anticlaveleuse par intradermo-réaction.

-------------Virus-vaccins antipiroplasmiques.
-------------Une expérience de 20 ans, portant sur plus de 36.000 bovins, montre l'efficacité et l'innocuité des virus-vaccins antipiroplasmiques inventés à l'Institut Pasteur d'Algérie.

-------------Sérum antibrucellique.
-------------Edmond Sergent a préparé, chez le cheval, un sérum contre la fièvre ondulante avec des souches algériennes de Brucella melitensis. Ce sérum n'a aucune action sur les accès aigus, mais il a procuré un soulagement complet et immédiat dans les séquelles douloureuses tardives de la maladie.

-------------Antagonisme microbien.
-------------Edmond Sergent a obtenu, en 1903, un extrait de levure de bière qui agit comme la levure fraîche sur les lésions suppuratives à staphylocoques (furonculose de l'homme, abcès expérimentaux sous-cutanés du lapin).

-------------Vaccination par des virus colorés vivants.
-------------Edmond Sergent a inoculé, en 1902, à des lapins, dans la veine, ou dans le péritoine, ou sous la peau, des pneumocoques colorés par le cristal-violet, qui étaient restés bien vivants, car, ensemencés dans un milieu de culture approprié, ils poussaient abondamment. Inoculés sous la peau, ces pneumocoques colorés vivants tuaient les lapins aussi vite que les pneumocoques non colorés ; inoculés dans une veine ou dans le péritoine, ils ne les faisaient aucunement souffrir et les immunisaient solidement, au contraire, comme une inoculation d'épreuve le montrait.
-------------Cette méthode de préparation d'un vaccin grâce à la coloration du virus par le cristal-violet a été utilisée, 34 ans plus tard, par Marion Dorset, pour l'obteni ion d'un vaccin contre la peste porcine.

-------------Extrait de Mélia pour la protection des cultures contre les acridiens.
-------------Le Melia azedarach, est un arbre que les sauterelles pèlerines et leurs criquets n'attaquent jamais. A l'Institut Pasteur d'Algérie, Michel Volkonsky a eu l'idée, en 1937, de tirer du Mélia des extraits qui ont le même pouvoir répulsif que la plante vivante sur les acridiens. Etienne Sergent, en 1944, simplifie la préparation de ces extraits, les expérimente et en vulgarise l'emploi, efficace en particulier pour la protection des potagers, des vergers et des cultures les plus précieuses, telles celles qui poussent sous les dattiers des oasis.

-------------Edm. Sergent et Alice Poncet montrent que l'effet répulsif du feuillage de Mélia, qui est puissant sur certaines espèces d'acridiens, est nul sur d'autres espèces très voisines.

SERUMS, VACCINS, ETC... DONT LA PREPARATION EST PARTICULIEREMENT DEVELOPPEE A L'INSTITUT PASTEUR D'ALGERIE.

-------------Vaccin triple contre la typhoïde et les paratyphoïdes A et B.
-------------C'est à l'Institut Pasteur d'Algérie que fut ins tauré pour la première fois, en octobre 1914, le vaccin triple appelé plus tard T.A.B.

-------------Sérum contre la peste porcine.
-------------La peste porcine, maladie due à un virus invisible, doit son nom à la rapidité avec laquelle elle se propage et à la gravité de ses atteintes. On peut dire que 95 % des animaux frappés dans un troupeau succombent. L'Institut Pasteur (A. Donatien, F. Lestoquard, Edm. Plantureux) prépare, à Alger, un sérum dont l'emploi renverse la proportion des pertes et sauve 95 % d'un effectif conta-miné. Ce sérum satisfait non seulement aux besoins de l'Algérie, mais à ceux de la Métropole, pour :'application de la séro-inoculation.
-------------Un vaccin antisuipestique, coloré par le cristal-violet, conformément au principe établi par Edm. Sergent en 1902, est préparé à l'Institut Pasteur d'Algérie.

-------------Vaccins antirabiques.
-------------La rage est encore extrêmement répandue en Algérie : le nombre des personnes traitées à Alger varie, suivant les années, de 3.000 à 4.000. Le traitement préventif contre la rage après morsure, appliqué à l'Institut Pasteur même à Alger, a utilisé le vaccin classique préparé avec les moelles desséchées, puis un vaccin phéniqué. Depuis le ter janvier 1950, les médecins de l'intérieur de l'Algérie peuvent pratiquer la vaccination à domicile avec du vaccin phéniqué qui leur est envoyé par l'Institut Pasteur d'Alger.

-------------R. Horrenberger constate en 1952, dans une gr ande enquête, que les rats d'égout d'Alger ne sont pas un réservoir de virus rabique latent, comme c'est le cas à Tanger.

-------------Edm. Plantureux prépare, depuis 1930, un vaccin formolé contre la rage, destiné à la vaccination des chiens avant morsure. Les décrets présidentiels du 14 décembre 1929 et du 19 août 1936 dispensent de l'abatage, en Algérie, les chiens mordus ou roulés par un animal enragé ou ayant pu être en contact avec lui, pourvu qu'ils aient été vaccinés depuis plus de 20 jours et moins d'un an, ou revaccinés depuis moins d'un an. Plusieurs milliers de chiens sont vaccinés préventivement chaque année. Le même vaccin peut être utilisé, après morsure, chez les herbivores.

-------------Vaccin antityphique non vivant.
L'Institut Pasteur d'Algérie prépare, en grand es quantités, le vaccin antityphique non vivant, d'après la méthode de Paul Durand et Paul Giroud. Pour cette préparation, il a pris l'initiative d'utiliser, outre la souris et le lapin, deux nouveaux an imaux, le mouton et la chèvre, ce qui augmente beaucoup le rendement.

-------------Vaccin antivariolique.
-------------Ce vaccin est préparé pour l'Algérie et les Ter ritoires du Sud. Il a été délivré, pendant la guerre, aux armées alliées. A. Donatien a instauré l'heureuse technique de sacrifier la génisse avant la récolte du vaccin.

-------------Autres vaccins.
-------------Préparation à Alger du vaccin anti-rouget par le procédé de Staub, du vaccin contre le charbon symptomatique, des vaccins contre la mammite gangréneuse de la chèvre et contre la mammite gangréneuse de la brebis, par le procédé de Bridré, du vaccin de Nègre et Boquet contre la lymphangite épizootique des Solipèdes. Auto-vaccins à usage médical ou à usage vétérinaire.

-------------Ferments lactiques.
-------------L'emploi des ferments lactiques contre les infections intestinales est connu et pratiqué depuis longtemps. Une circonstance fortuite amena l'Institut Pasteur d'Algérie à s'en occuper. Un médecin de Bône ayant demandé, en 1917, du ferment bulgare, dont la culture avait dû être abandonnée pendant la guerre, Edmond Sergent lui envoya, pour remplacer ce bacille, un microcoque isolé du beurre, d'un faible pouvoir acidifiant. Ces cultures eurent un effet prodigieux dans le traitement de plusieurs cas de gastro-entérites infantiles. Maurice Béguet fut alors chargé de cette étude. Il établit les deux règles suivantes qui donnent des résultats excellents : administrer des cultures fraîches (de moins de 4 jours, tous les microbes y sont encore vivants) - à doses massives, correspondant au volume de la ration alimentaire qu'elles remplacent. Les cultures fraîches de ferments lactiques en lait écrémé ont, en plus de leur action thérapeutique, u ' va leur nutritive qui met les nourrissons à l'abri de l'inanition, danger de la diète hydrique.

ENSEIGNEMENT.

-------------En plus de sa mission de recherche scientifique, l'Institut Pasteur est chargé de l'enseignement supérieur de la microbiologie, par la parole et par l'écrit : conférences et cours de paludologie; - stages dans ses laboratoires, de travailleurs français ou étrangers ; - direction scientifique des médecins désignés pour les postes des Territoires du Sud ; - publication, chaque année, de plusieurs dizaines de milliers de tracts diffusant les notions nouvelles sur les maladies infectieuses et leur prophylaxie; - enseignement par l'exemple, dans une station expérimentale, des méthodes inspirées par la microbiologie et applicables à l'hygiène et à l'économie rurales. - L. Parrot a écrit, en 1922, le " Livre de la bonne santé " (Kitab eç Cih'h'a), avec une version en arabe, " dédié aux Musulmans de l'Afrique du Nord par l'Institut Pasteur ".

-------------Toutes les recherches effectuées à l'Institut Pasteur d'Algérie, ainsi que le compte rendu des applications pratiques, sont consignés, chaque année, dans une publication trimestrielle, les Archives de l'Institut Pasteur d'Algérie ; un Rapport annuel du directeur les résume. On y trouve également l'inventaire de recherches sur les parasites d'animaux inférieurs et d'animaux sauvages : bactéries, protozoaires, champignons, etc... Ces études ne sont pas seulement intéressantes pour le naturaliste, mais, par les analogies qu'elles révèlent, elles apportent d'utiles enseignements au médecin.

SERVICES PRATIQUES.

-------------Enfin, l'Institut Pasteur d'Algérie assure des services pratiques d'intérêt public : Enquêtes et missions demandées par le Gouverneur général ; - services d'analyses microbiologiques concernant sur-tout les maladies pestilentielles dont la constatation peut entraîner l'intervention de l'Etat; - service de préparation et de délivrance dei sérums, vaccins et produits microbiologiques nécessaires aux services d'assistance et d'hygiène et aux services vété rinaires sanitaires de l'Algérie.

-------------Le directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie est le conseiller technique du Gouverneur général pour toutes les questions de pathologie, d'hygiène et d' économie rurale relevant de la microbiologie.

STATION EXPERIMENTALE DU MARAIS DES OULED- MENDIL.

-------------Un marais de 360 hectares, dernière retraite des paludismes et des piroplasmoses bovines dans la plaine de la Mitidja, à 25 km. d'Alger, a servi d'expérience cruciale d'assainissement rapide, total, sans risques pour la santé des travailleurs, par les méthodes modernes. Le réservoir de virus a été tari par la cure médicamenteuse des anciens paludéens voisins du marais, les gîtes à anophèles ont été abolis, le sol a été drainé, desséché, essarté, défoncé, mis en valeur, boisé, couvert de routes, de constructions.

-------------Vingt ans après le début de l'expérience, on peut en tirer la conclusion : aucun des pionniers qui ont débroussaillé, défoncé, drainé le marais, aucun des ouvriers agricoles qui l'ont labouré, semé, moissonné, n'a eu le paludisme. Les Européens, neufs et sensibles au paludisme, qui constituaient les " sujets d'expérience ", parmi lesquels des enfants nés sur le domaine, habitent les trois fermes de jour et de nuit. Ils sont tous restés complètement indemnes de paludisme. Aucun des ouvriers indigènes, sédentaires ou de passage, n'a manqué à l'appel pour cause de fièvres. Aucun n'a signalé de cas dans sa famille. Des vaches laitières de races françaises pacagent là où naguère on n'osait point, par crainte des piroplasmoses, mener les boeufs de labour.
-------------La dépression marécageuse jusque là inhabita ble et inculte a été " humanisée " et a été transformée en une station expérimentale particulièrement favorable à l'étude des problèmes d'hygiène et d'économie rurales propres au pays.

-------------Le compte rendu de cette expérience a été pu blié par l'Institut Pasteur d'Algérie, sous le titre : " Histoire d'un marais algérien ", en un volume d e 294 pages, 310 figures, planches ou cartes.

ETUDES SAHARIENNES DE L'INSTITUT PASTEUR D'ALGERIE.

-------------L'exploration scientifique, du point de vue de la microbiologie, de la parasitologie et de l'entomologie médicale, à laquelle s'est livré l'Institut P asteur d'Algérie, ne s'est pas bornée au Tell, mais s'est étendue à tout le Sahara.

-------------Nous rappellerons brièvement les principales découvertes concernant la pathologie humaine, animale ou végétale du désert :

-------------- Découverte du mode de transmission de la fièvre récurrente à poux ;
-------------- Découverte du mode de transmission du bouton d'Orient ;
-------------- Invention du sérum antiscorpionique ;
-------------- Découverte du microbe, un trypanosome, qui cause la principale maladie du dromadaire, le debab, et de son mode de transmission ;
-------------- Découverte du champignon qui cause la plus dangereuse maladie du dattier, le baïoudh ;
-------------- Divulgation de l'existence, dans les montagnes du Sahara central, de la myiase oculaire humaine découverte en Kabylie (en kabyle " thimni ", - dans la langue des Touareg " tamné ") ;
-------------- Invention de l'extrait de Mélia, qui protège contre les sauterelles pèlerines et leurs criquets les cultures des palmeraies- ;
-------------- Décèlement d'un foyer d'ankylostomiase dans une oasis du Sud constantinois ;
-------------- Description et étude expérimentale d'une m aladie des agneaux du Présahara algérien, la na.-moussia ;
-------------- Dénonciation du danger d'invasion de l'Afrique du Nord par la peste bovine, à travers le Sahara, et indication des mesures de douane sanitaire à prendre ;
-------------- Monographies d'oasis et de populations sah ariennes ;
-------------- Publication, en 1953, par Edmond Sergent, d'une étude sur " Le peuplement humain du Sahara ", d'après les connaissances actuelles de géographie physique et de géographie humaine : quelles races d'hommes pourront repeupler le Sahara ? L' acclimatement d' familles " blanches " ainsi que l'acclimatement de familles " noires " est impossible au Grand-Désert pour des raisons d'ordre physiologique, d'ailleurs différentes. Sous le climat actuel, le peuplement proprement dit du Sahara ne pourra être réalisé que par les familles des Oasiens négroïdes, travailleurs de la terre, dans la mesure où l'eau vitale et une alimentation suffisante leur seront assurées. Quant aux Nomades, s'ils ne se sédentarisent pas, ils sont incapables de prospérer dans un pays pacifié et policé.

-------------H. Foley, poursuit, depuis 40 ans, l'exploration scientifique du Sahara, au cours d'un long séjour dans le poste de Beni Ounif-de-Figuig et de nombreuses missions, et en dirigeant les investigations des médecins des Territoires du Sud, qui sont tous ses élèves. Son oeuvre de prospection n'est pas seulement médicale ; elle embrasse toutes les questions de démographie et d'histoire naturelle.

RAYONNEMENT DE L'INSTITUT PASTEUR D'ALGERIE.

-------------Le directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie a été envoyé en Grèce, en 1919, par le Dr E. Roux, pour négocier avec le gouvernement de ce pays les bases d'un Institut Pasteur à Athènes et, de nouveau, en 1934, pour la révision du contrat passé entre l'Institut Pasteur de Paris et le gouvernement hellénique.

-------------Le Dr Roux l'a également chargé, de 1928 à 1932, de créer un Institut Pasteur à Casablanca, d'établir un contrat avec le gouvernement chérifien du Maroc, de choisir l'emplacement du nouvel Institut, d'en dresser les plans, de le construire, de l'organiser et d'équiper les laboratoires.
Il a été appelé par le Comité d'Hygiène de la S.D.N. à faire partie de la Commission du paludisme de la S.D.N., et à la présider à partir de 1935.
-------------L'Institut Pasteur d'Algérie s'efforce de remplir la tâche essentielle qui lui est assignée : contribuer à l'avancement de la science par des travaux de recherche. D'autre part, il assure les services pratiques, relevant de la microbiologie, nécessair es à la préservation de la Santé publique et à l'économie rurale du pays. En Algérie, comme dans tous les pays d'outre-mer, et plus encore que dans la Métropole, les travaux des Instituts Pasteur ne présentent pas seulement un intérêt d'ordre scientifique, mais, à ne les envisager que du point de vue utilitaire, ils ont pour résultat une économie de vies humaines et de journées de maladies, et la protection des troupeaux et des cultures.

Dr Edmond SERGENT,
Membre de l'Institut (Académie des Sciences),
de l'Académie nationale de Médecine,
de l'Académie d'Agriculture de France
et de l'Académie des Sciences coloniales.
Directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie.