-------------Le
Gouverneur Général Th. Steeg a condensé, en 1926,
en une brève formule, le programme assigné à l'activité
de l'Institut Pasteur : " Asile de réflexion
et d'expérience où la science se crée, où
la science s'enseigne, où la science s'applique ".
-------------L'exposé
de l'oeuvre de l'Institut Pasteur en Algérie traitera donc : des
travaux ayant pour objet l'avancement de la Science, - de l'enseignement
supérieur de la microbiologie donné à des stagiaires
ou s'adressant au public -, des Services pratiques d'analyses, d'enquêtes
épidémiologiques, de sérothérapie et de vaccinothérapie.
TRAVAUX DE RECHERCHE
-------------La
participation de l'école de Pasteur à l'oeuvre médicale
française en Algérie débute par une découverte
éclatante. Le 6 novembre 1880, à Constantine, A. Laveran
découvre le parasite du paludisme. Ainsi, la cause d'un mal si
redouté et si répandu, de la grande plaie des pays chauds,
n'était pas une émanation invisible des marais, un "
miasme " subtil, mais bien un microbe figuré. Cette découverte
a inauguré l'ère scientifique de la pathologie exotique
; elle a ouvert la voie aux recherches sur les maladies mystérieuses
convoyées par des insectes, qui, bien plus que le climat, interdisaient
l'accès des riches contrées tropicales à la race
blanche. En moins de quarante ans, grâce à Laveran, la médecine
des pays chauds a été transformée, rénovée,
la mise en valeur des colonies rendue possible, des milliers d'existences
gardées saines et sauves.
-------------Calmette
a pu dire : " L'oeuvre de Laveran apparaît
aujourd'hui comme la plus importante en médecine et en hygiène
après celle de Pasteur ". C'est pour l'Algérie
un motif de fierté légitime qu'une découverte de
si heureuse conséquence ait eu lieu sur son sol, et c'est pour
la science française un titre éminent à la reconnaissance
des populations indigènes. Laveran poursuivit lui-même à
l'Institut t'asteur, pendant 25 ans, des travaux sur d'autres maladies
des pays chauds causées par des protozoaires : les trypanosomiases
et les leishmanioses.
-------------Dans
le sillon ouvert par Laveran, sous l'inspiration du Dr E. Roux et conseillé
par Félix Mesnil, Edmond Sergent et Etienne Sergent instaurent,
en 1900, des recherches sur les maladies infectieuses les plus répandues
en Algérie.
-------------Ce
sont surtout les affections transmises par des insectes qui sont, depuis
50 ans, l'objet de leurs études et de celles des membres de l'Institut
Pasteur d'Algérie, au laboratoire ou dans le bled.
-------------Paludisme.
-------------D'abord,
les recherches sur le paludisme et sur la prophylaxie palustre. Elles
sont, plus tard, étendues grâce au concours d'une équipe
de collaborateurs : H. Foley, L. Parrot, A. Catanei. Dès 1900,
Edmond et Etienne Sergent vérifient la découverte par Ronald
Ross du mode de propagation du paludisme des oiseaux à Plasmodium
relictum, en transmettant l'infection au canari par l'intermédiaire
de mous-tiques communs. Ils confirment ensuite l'exactitude de la loi
de Grassi : " Pas de paludisme sans anophélisme
", c'est-à-dire sans la présence de certains
moustiques. En même temps, ils démontrent l'existence, dans
la France métropolitaine, d'un état "
d'anophélisme sans paludisme ", observent pour
la première fois des différences morphologiques et biologiques
entre les Anopheles maculipennis des régions paludéennes
(Algérie, Vendée) et des régions qui ne sont plus
paludéennes (environs de Paris). Dans des " champs de démonstration
", établis dans les contrées les plus malsaines de
l'Algérie, ils élaborent les méthodes de l'étude
épidémiologique du paludisme, établissent la notion
du " seuil de danger " des deux facteurs épidémiques
actifs du paludisme : le plasmodique et l'anophélien, et la notion
de l'importance de " l'apport de virus étranger ". Ils
expérimentent dans ces " champs de démonstration "
les procédés de la prophylaxie palustre, définissent
les " grandes mesures antilarvaires ", ouvrages de premier établisse-ment,
et les " petites mesures antilarvaires ", travaux d'entretien,
sans lesquels les grandes mesures restent inefficaces. Ils inventent des
techniques nouvelles, comme " l'alternance des écoulements
d'eau " et le remblai des thalwegs jusqu'au niveau de la nappe phréatique.
Ils réalisent, pour la première fois en Algérie,
un colmatage vrai, au sens de Léonard de Vinci. Ils introduisent,
en 1926, en Afrique du Nord, des gambouses du Texas (Gambusia holbrooki
Grd.), précieux petits poissons larvivores, qui prospèrent
admirablement dans ce pays, depuis le bord de la mer jusque dans les oasis
sahariennes, et sont devenus innombrables. H. Foley a montré, en
1926, à Beni Ounif-de-Figuig, comment on peut assainir complète-ment
et définitivement une oasis saharienne.
-------------Au
cours de la première guerre mondiale, les paludologues algériens
sont envoyés par le Ministre de la Guerre à l'armée
d'Orient, après le désastre sanitaire causé par le
paludisme dans cette armée, en 1916. Les mesures prophylactiques
rigoureuses et sévères proposées par Edmond et Etienne
Sergent ont pour résultat de délivrer, en 1917 et en 1918,
l'armée d'Orient du péril paludéen.
-------------Au
laboratoire, l'expérimentation avec le paludisme des oiseaux à
pl. relictum permet aux pastoriens d'Algérie d'établir la
notion de " l'infection latente d'emblée ", d'aborder
le problème de la prémunition contre le paludisme et de
divers modes possibles de vaccination par des sporozoïtes atténués
par le vieillissement ou très peu nombreux, par du virus prélevé
pendant l'incubation, - d'inventer une méthode d'épreuve
des médicaments antipaludiques, - et la méthode de l'isodiagnostic,
indispensable dans les expériences de cet ordre. D'autre part ils
découvrent l'agent de transmission du paludisme des pigeons (à
Haemoproteus columbae), un hippoboscide : Lynchia maura, fait inattendu,
les autres paludismes connus étant propagés par des moustiques.
Le cycle sporogonique d'Haemoproteus columbae chez Lynchia maure, découvert
par Mrs H. Adie, a été établi par elle à l'Institut
Pasteur d'Algérie. Edmond et Etienne Sergent étudient la
morphologie des plasmodies humaines et animales, découvrent plusieurs
espèces nouvelles d'hématozoaires chez les oiseaux, les
batraciens et les reptiles. Edm. Sergent et Alice Poncet étudient,
à partir de 1950, la plasmodie qui cause le paludisme de rongeurs
africains, Plasmodium berghei. Elle est très peu virulente pour
un rongeur nord-africain, le mérion, qui peut présenter
cependant une très longue infection latente métacritique
persistant pendant le tiers environ de la durée moyen-ne de la
vie d'un mérion. Le cobaye présente une résistance
innée totale à P. berghei.
-------------Edm.
et Et. Sergent décrivent dans le sang des malades anémiques
les " corps en pessaire " et les " corps semi-lunaires
". Enfin, ils complètent cette série de travaux par
l'étude morphologique et systématique des moustiques, et,
en particulier, des anophèles.
-------------A
la demande du Comité d'Hygiène de la Société
des Nations, l'Institut Pasteur d'Algérie a collabore à
l'étude, poursuivie pendant plusieurs années, des médicaments
antipaludiques de synthèse appliqués à la prophylaxie
collective du paludisme (L. Parrot et A. Catanei).
-------------Fièvre
récurrente mondiale.
-------------En
1907, des circonstances particulièrement favorables à l'observation
et à l'expérimentation ont con-duit Edmond Sergent et H.
Foley à la découverte du rôle du pou dans la transmission
de la fièvre récurrente. La démonstration de ce rôle
résulte d'une observation épidémiologique rigoureuse,
faite dans un milieu étroitement surveillé, - de l'infection
donnée au singe par l'inoculation de poux broyés, - et enfin,
preuve décisive, de la transmission expérimentale de la
maladie à l'homme, obtenue chez deux volontaires, isolés
dans un local parfaitement clos, désinfecté et désinsectisé,
au moyen de poux infectés placés sous leurs couvertures.
Pour la première fois, le pou prenait ainsi place parmi les agents
vecteurs d'une maladie humaine (1907-1908). Sergent et Foley signalent
d'autre part l'absence d'éléments figurés
dans le broyat des poux infectieux, et le fait que ce n'est point par
piqûres visibles que la transmission s'effectue. Ils signalent ainsi
les premiers que les spirochètes passent par un stade d'invisibilité
dans l'intestin des poux, d'une part, et, d'autre part, dans le sang des
malades entre deux rechutes. Pendant ce stade invisible, la virulence
persiste.
-------------En
1911, les auteurs démontrent l'efficacité du 606 dans le
traitement de la fièvre récurrente, chez les singes inoculés,
et chez l'homme.
-------------Fièvre
récurrente hispano-nord-africaine.
-------------André
Sergent signale, en 1933, l'existence en Algérie, chez l'homme
et chez le rat d'égout, de la fièvre récurrente hispano-nord-africaine
à Spirochaeta hispanica. Il trouve aussi des Sp. hispanica chez
des tiques, Rhipicephalus sanguineus, prélevées sur des
chiens sains en apparence. Rh. sanguineus n'avait pas encore été
signalé comme second hôte de ce spirochète. Dans un
cas humain et dans une série de cas expérimentaux chez le
cobaye, l'infection a été transmise par piqûre de
cette tique.
-------------Typhus
exanthématique.
-------------La
découverte du mode de transmission de la fièvre récurrente
devait nécessairement orienter vers le pou les recherches visant
à élucider le mode de transmission du typhus exanthématique.
Charles Ni-colle, Blaizot et Conseil, rappelant l'étroite parenté
épidémiologique, reconnue depuis longtemps, des deux maladies,
écrivaient en 1912: " Les médecins
qui se sont attachés à l'étude de la fièvre
récurrente dans l'Afrique du Nord ont été tous frappés
de l'analogie que présentent ces épidémies avec celles
du typhus exanthématique [...]. Comme agent possible de transmission
un seul facteur constant dans les deux cas, le pou. Cette opinion est
celle d'Edmond Sergent et H. Foley ". " L'opinion
d'Edmond Sergent et H. Foley [...] nous avait frappés ". "
Nous ne pouvions manquer d'être frappés de tant de similitude
entre les épidémies de typhus exanthématique et de
fièvre récurrente ". - Récurrente
et typhus étant des ma-ladies " de génie épidémique
identique ", ayant un " facteur étiologique commun ",
la découverte du mode de transmission de l'une d'elle devait éclairer
l'étiologie de l'autre. - Or le rôle propagateur du pou dans
la propagation de la fièvre récurrente a été
mis en évidence par Edmond Sergent et H. Foley dans leurs expériences
de 1907-1908, rapportées dans une première note en mars
1908. Et c'est le 1e` juillet 1909 que Charles Nicolle et ses collaborateurs
commencèrent leurs recherches sur la transmission du typhus par
le pou ; ils les publièrent en septembre 1909.
-------------En
juin 1914, Edmond Sergent, H. Foley et Ch. Vialatte découvrent,
en Algérie, le microbe du typhus chez des poux nourris sur des
malades et décrivent son évolution dans l'intestin de ces
insectes.
-------------En
janvier 1943, l'Institut Pasteur d'Algérie a institué avec
un succès complet les premières expériences qui aient
été faites dans le bassin méditerranéen sur
l'action de la poudre D.D.T. sur les poux.
-------------Debab
des dromadaires.
-------------La
principale maladie du dromadaire, l'animal indispensable au Sahara, est,
disent les nomades, le debab. Edm. et Et. Sergent découvrent, en
1902, que cette maladie est due à un trypanosome. Leurs recherches
expérimentales prouvent qu'il est transmis par la piqûre
de taons dans le bled, et par celle des stomoxes dans les fondouks. L'étude
complète est faite des symptômes, de la distribution géographique
et de l'épizootiologie de la maladie. Le dixième du troupeau
camelin de l'Afrique du Nord est trouvé infecté. -------------Des
thérapeutiques chimiques efficaces sont établies. Si l'on
applique les techniques de pré-munition et de traitement conseillées
par l'Institut Pasteur, on ne verra plus les hécatombes de drornadaires
qui ont marqué jadis l'expédition du S€irsou, dirigée
par le Général Marey-Monge, et, plus tard, l'occupation
des oasis du Touat.
-------------Piroplasmoses.
-------------Tous
les colons savent que le développement de leur cheptel bovin et,
en particulier, son amélioration par l'introduction de géniteurs
de races fines européennes, sont empêchés par une
maladie qu'ils appellent : la jaunisse. La mortalité atteint 100%
chez les animaux de souches françaises. Les travaux de l'Institut
Pasteur (Edm. Sergent, A. Donatien, L. Parrot et F. Lestoquard) ont montré
que sous ce nom de " jaunisse " il faut distinguer cinq piroplasmoses
bovines, dont les agents ont été déterminés,
le mode de propagation par les tiques démontré, des médications
efficaces trouvées. Il a été établi que la
plus grave de ces piroplasmoses bovines est due à un microbe nouveau
: Theileria dispar, que ce microbe est inoculé par des tiques du
genre Hyalomma (tandis que la theilériose de l'Afrique noire est
transmise par des tiques du genre Rhipicephalus), que Theileria dispar
est transmissible par inoculation du sang pré-levé pendant
l'accès aigu, - et enfin qu'au cours de ces passages en série
par inoculation de sang de bovin malade à bovin sain, cette theilérie
perd sa sexualité. Enfin, une méthode de vaccination prémunitive
a été instaurée qui permet de protéger les
bovins contre ces multiples piroplasmes. Des pacages luxuriants, désertés
autrefois par crainte des piroplasmoses, peuvent, à présent,
être utilisés.
-------------Des
études du même ordre ont fait connaître les piroplasmoses
ovines et équines sévissant en Afrique du Nord (Donatien
et Lestoquard).
-------------Leishmanioses.
- Bouton d'Orient. - Leishmaniose viscérale.
-------------Le
bouton d'Orient, curieuse lésion cutanée qui dure des mois,
sévit dans des régions steppiques ou désertiques
: Biskra, Gafsa, Alep, Bagdad, Delhi. (Un foyer d'endémicité
est découvert par Etienne Sergent, à Mila, dépt de
Constantine). Le bouton d'Orient est dû à un protozoaire
: Leishmania tropica. On ignorait son mode de propagation, quand Edm.
et Et. Sergent concluent, en 1904, d'une étude épidémiologique
faite à Biskra, qu'il faut soupçonner un petit moucheron
piqueur, le phlébotome (Phlebotomus papatasi). Edm. et Et. Sergent,
L. Parrot, A. Dona tien et M. Béguet démontrent, en 1921,
l'exactitude de cette hypothèse en transmettant le bouton d'Orient,
à Alger, pays indemne, à un sujet sain venant de France,
avec des phlébotomes capturés à Biskra, pays infecté.
Ils font l'étude de la répartition géographique du
bouton d'Orient en Algérie et au Sahara ; - l'étude morphologique
et biologique des phlébotomes et de leur taxinomie (L. Parrot)
; - l'étude de l'évolution du parasite chez le phlébotome
transmetteur (L. Parrot et A. Donatien).
-------------La
découverte du rôle joué par un phlébotome (P.
papatasi) dans la propagation du bouton d'Orient, ou leishmaniose cutanée,
conduit à incriminer d'autres phlébotomes dans la transmission,
du chien à l'enfant, d'une autre leishmaniose, bien plus grave
(leishmaniose générale ou viscérale dont Edm. et
Et. Sergent démontrent, en 1910, l'existence chez les chiens d'Alger),
et à constater l'évolution du parasite de la maladie dans
l'organisme de ces phlébotomes (P. perniciosus et P. longicuspis)
(L. Parrot, A. Donatien, F. Lestoquard et Edm. Plantureux).
-------------Levures
et Drosophiles.
-------------Pasteur,
dans ses immortelles expériences, avait démontré
que la fermentation du jus de raisin est due à des levures qui,
en automne, se trouvent sur la pellicule des grains de raisin mûrs.
On croyait qu'elles y étaient portées par les poussières.
-------------Edmond
Sergent et H. Rougebief montrent, en 1924, en Algérie et à
Sauternes, que ce sont de petits moucherons, les drosophiles, qui vont
déposer, sur les raisins mûrs des vignobles, en même
temps que leur ponte, des levures dans leurs déjections. Dans le
jus des raisins écrasés, les levures pullulent, et elles
le font fermenter. En même temps les oeufs de drosophiles éclosent.
Les larves de drosophiles se nourrissent de levures, qui passent dans
l'intestin des drosophiles adultes ailés. Il s'établit ainsi,
entre les levures et les drosophiles, une sorte de mutualisme qui assure,
à la fois pour le microbe et l'insecte, la perpétuation
de l'espèce. La fermentation vinique est le résultat indirect
de cette association entre un in-secte et un microbe. Pasteur avait dit
que la fermentation vinique est une maladie du jus de raisin.
-------------Thimni,
nouvelle myiase humaine.
-------------Edm.
et Et. Sergent signalent, en 1907, que l'oes tre du mouton (en kabyle
thimni, dans le dialecte des Touareg tamné), qui n'était
connu jusqu'alors que comme parasite du mouton, peut pondre ses larves
sur la muqueuse oculaire ou nasale d'êtres humains, causant ainsi
des conjonctivites et des rhinites. Edm. Sergent publie, en 1952, une
enquête sur la répartition géographique, dans le monde
entier, de cette myiase oculo-nasale de l'homme due à l'oestre
du mouton.
-------------Entomologie
médicale.
-------------Nombreuses
études de sciences naturelles (zoologie et botanique médicales),
en particulier recherches sur les insectes et autres invertébrés
intéressant le pathologiste : moustiques, phlébotomes, poux,
tabanides, tiques, hippoboscides, oestres., hypodermes, cératopogoninés,
sauterelles, bullins, scorpions, etc.
-------------Après l'énumération
des maladies humaines ou animales dont la transmission par des insectes
a été mise en lumière par les travaux effectués
à l'Institut Pasteur d'Algérie, nous signalerons les parasites
nouveaux qu'ils ont fait connaître.
-------------Baïoudh
du dattier.
-------------Dans
le Sahara occidental. les Indigènes dénoncent, comme la
maladie la plus grave du dattier, le baïoudh, dont l'extension menace
l'existence même des palmeraies. Edm. Sergent et M. Béguet
montrent, en 1921, la présence constante, et à l'état
de pureté. d'un champignon nouveau, dans les lésions ainsi
que dans les parties saines en apparence des dattiers malades. Ils obtiennent
régulièrement en culture pure ce champignon, en ensemençant
dans les milieux appropriés le tissu de palmes atteintes de baioudh.
L'ensemencement de tissus de dattiers sains ou atteints de lésions
autres que le baïoudh n'a jamais don-né de culture de ce champignon.
Il y a donc lieu de le considérer comme l'agent de la maladie.
Edrn. Sergent et M. Béquet rapportent, d'après leurs enquêtes
faites à Figuig, que certaines variétés de dattiers
(par exemple l'àsian et, à un degré moindre, l'aziza)
résistent davantage au baïoudh que d'autres, comme la ghars
et l'afrokh ntigent.
-------------Sergentella
hominis. Brumpt.
-------------Edm.
et Et. Sergent découvrent, en 1903, un protozoaire d'une espèce
nouvelle dans le sang d'un Algérien d'origine européenne
atteint d'une affection fébrile inconnue, à symptômes
frustes.
-------------Agalaxie
contagieuse.
-------------J.
Bridré et A. Donatien parviennent, en 1923, à cultiver le
virus de l'agalaxie contagieuse in vitro dans des milieux renfermant une
proportion convenable de sérum. A la faveur de ces cultures, ils
peu-vent voir le microbe spécifique, microbe qui, par sa morphologie
et certains caractères biologiques, se rapproche du microbe de
la péripneumonie. C'est le deuxième exemple d'un microbe
filtrable, cultivable et visible.
-------------Mycoses,
Teignes.
-------------A.
Catanei effectue de vastes enquêtes, sur des milliers de sujets,
qui lui permettent de préciser la répartition des teignes
en Algérie et leurs rapports avec les conditions démographiques.
Il fait l'étude systématique par l'ensemencement en milieu
de culture et surtout par l'inoculation aux animaux, de nombreux champignons
causant des mycoses humaines ou animales, et décrit dix espèces
ou variétés nouvelles.
-------------Maladies
des animaux domestiques.
-------------A.
Donatien et F. Lestoquard découvrent plusieurs Rickettsia, parasites
du chien, du boeuf, du mouton et du porc, font une étude détaillée
de leur cycle évolutif et montrent que ces rickettsioses sont des
maladies à prémunition.
-------------Ils
décrivent des maladies nouvelles : l'anémie pernicieuse
du mouton et de la chèvre, la bartonellose du boeuf, le typhus
du porc. Ils élucident la question des maladies rouges du porc
et inventent un pro-cédé de diagnostic rapide de la peste
porcine par intradermo-réaction.
-------------En
1919, Edm. Sergent et A. Lhéritier découvrent une maladie
nouvelle, la fièvre bilieuse hémoglobinurique des bovins,
et indiquent des caractères suggérant que la cause de la
maladie doit être une spirochétale. Cette hypothèse
a été montrée juste en 1935 en Russie, où
est décrit l'agent causal, Spirochaeta ictero-haemoglobinuriae.
Ce microbe est retrouvé en Algérie par A. Donatien et ses
collaborateurs. Ils étudient aussi la leptospirose canine et montrent
la fréquence de la leptospirose du rat à Alger.
-------------Description
et étude expérimentale par Edm. Sergent d'une maladie des
agneaux du Présahara algérien, la namoussia.
-------------Edm.
et Et. Sergent étudient la biologie, la thérapeutique et
la prophylaxie du varron du boeuf dû à Hypoderma bovis en
Algérie.
-------------L'Institut
Pasteur d'Algérie poursuit l'étude épidémiologique
approfondie et de longue haleine d'autres maladies menacantes pour l'Algérie,
en prenant pour base les recherches de laboratoire, et en ayant pour objet
l'instauration de méthodes prophylactiques rationnelles.
-------------Tuberculose.
-------------La
carte de la répartition de l'infection tuberculeuse chez les Indigènes
d'Algérie est établie par la méthode de la cuti-réaction
à la tuberculine. grâce à plus de 45.000 cuti-réactions
vérifiées. Cette carte a nermis de suivre la marche de la
contas-ion dans le pays. L'Institut Pasteur d'Algérie, oui a délivré,
de 1994 à 1960. 2RR non closes de vaccin antituberculeux B.C.G.,
poursuit, depuis 1935. l'annlication svstématinue de la vaccination
antituberculeuse nar le B C.G. dans la commune d'Alger, avec un contrôle
riso urenx de ses résultats. D'autre part, H. Folev et L. Parrot
montrent, depuis 1928, comment on peut effectuer la vaccination des enfants
de tout âge, sans cuti-réactions préalables, dans
la population rurale. Les méthodes de lutte sociale contre la tuberculose,
qui produisent de bons résultats dans les pays civilisés
- et d'autant plus qu'ils sont plus civilisés - sont inanplicahles
dans les milieux ruraux d'Aleérie (à population disnersée),
à cause de la misère générale des Indicènes.
de leur ignorance. de leur imnrévovance. Seule. dans ce pays de
civilisation attardée. une méthode de vaccination collective
neut lutter contre la nronaaation de la tuberculose. Cette vaccination,
le vaccin B.C.G. permet de la généraliser à neu de
frais. La méthode la plus sûre, et la plus facile à
pratiquer dans le bled et la brousse, est la méthode de Foley et
Parrot de vaccination par scarifications cutanées, sans cuti-réactions
préalables, appliquées à tous les enfants au-dessous
de 15 ans.
-------------Fièvre
ondulante.
-------------L'étude
épidémiologique de la fièvre ondulante, ou brucellose,
a permis à Edmond Sergent de conseiller, en 1908, des mesures prophylactiques
qui ont fait disparaître presque complètement la fièvre
ondulante des départements d'Alger et de Constantine. Il a montré,
dès 1908, la fréquence de la contamination par contact,
et l'existence de plusieurs races de Brucella melitensis.
-------------Trachome.
-------------H.
Foley, L. Parrot et Edmond Sergent effectuent des enquêtes sur l'épidémiologie
du trachome dans le Tell et au Sahara. L. Parrot propose un projet de
lutte contre le trachome en milieu indigène rural et crée
les " biout el aïnin ", organes principaux de cette lutte.
-------------H.
Foley et L. Parrot montrent que les " corps de Prowazek-Halberstadter
", agents réels de la maladie, présentent les plus
grandes analogies avec les Protistes du genre Rickettsia, et en décèlent
l'existence dans l'épithélium conjonctival de nourrissons
bien avant l'apparition des lésions trachomateuses.
-------------A.
Donatien et F. Lestoquard étudient des conjonctivites granuleuses
à Rickettsia chez le boeuf, le mouton, le chien et le porc.
-------------Sodoku.
-------------R.
Horrenberger isole, en 1953, du cerveau de rats d'égout d'Alger,
six couches de Spirillum minus Carter, 1887 var. morsus muris Ch. Ruys.
1925, agent du sodoku. Le rat est donc à Alger un réservoir
de virus latent de cette maladie humaine.
-------------De
l'ensemble de ses recherches expérimentales, l'Institut Pasteur
d'Algérie a tiré une théorie qui intéresse
à la fois la biologie générale et la médecine
: la théorie de la prémunition.
-------------A
côté de l'immunité " vraie " que procure
une première attaque de certaines maladies infectieuses (rougeole,
scarlatine, etc.), il distingue une autre forme de résistance acquise
qu'il a désignée sous le nom de prémunition, et qui
est caractérisée par le fait qu'après certaines autres
maladies infectieuses (paludisme, piroplasmose, tuberculose, syphilis,
récurrente, fièvre ondulante, etc.) l'organisme ne résiste
à une nouvelle contamination que tant qu'il héberge encore
des microbes. Le terme de prémunition est aujourd'hui entré
dans le langage scientifique. L'avantage de cette notion n'est pas seule-ment
d'ordre théorique : elle sert à définir et à
préciser les possibilités et les limites de la vaccination,
de la sérothérapie, et des méthodes prophylactiques,
pour chacune des maladies virulentes.
------------L'Institut
Pasteur d'Algérie a été amené à s'occuper
de questions de pathologie non microbienne et de questions d'ordre économique.
-------------Cailles
empoisonneuses.
-------------Mise
en évidence, avec preuve expérimentale, de cas d'intoxication
causés par l'ingestion de cailles " vertes " (du printemps)
qui s'étaient nourries de graines de ciguë. Les cailles "
de chaume " de la migration automnale, au retour d'Europe, ne sont
pas toxiques. Ces faits, observés en Algérie, expliquent
les cas d'intoxication suivant l'ingestion de cailles printanières
par les Hébreux, au cours de leur exode, et l'innocuité
des cailles dont ils se nourrirent à l'automne. A la suite de ces
observations, des cas d'empoisonnement par les cailles ont été
observés également en France (ciguë, oenanthe).
-------------Vitamine
antinévritique B1 conservée dans le riz étuvé.
-------------Des
expériences sur le pigeon montrent que lorsqu'on décortique
le paddy après l'avoir étuvé, une quantité
appréciable de vitamines actives subsistent dans le grain, d'où
l'indication de préférer le riz étuvé au riz
blanc.
-------------Toxicité
de la décoction de thé noir.
-------------Des
expériences sur le cobaye montrent l'existence dans les préparations
de thé noir, dans les décoctions plus que dans les infusions,
d'une substance très toxique pour cet animal. Ce poison se pro-duit
sans doute pendant la fermentation que subit le thé noir au cours
de sa préparation en usine. Le thé vert, qui subit seulement
un début de fermentation, vite arrêtée par le chauffage,
ne contient qu'une très faible quantité de ce toxique.
-------------Ces
expériences sur le cobaye viennent à l'appui des observations
des hygiénistes qui ont dénoncé les ravages causés
par l'abus de la décoction de thé noir, causant une véritable
toxicomanie, chez les populations indigènes de l'Afrique du Nord,
depuis l'Egypte jusqu'en Tunisie. Au contraire, l'infusion de thé
vert à la marocaine, à la menthe et très sucrée,
est inoffensive.
-------------Hygiène
rurale. - Fosse et fumier sans mouches.
-------------Différents
procédés propres à empêcher les fumières
de devenir des gîtes à mouches ont été expérimentés.
Celui qui donne le meilleur résultat, tant au point de vue de la
lutte contre les mouches qu'au point de vue de la production d'un bon
compost, est la fosse double à fonctionnement alternatif, à
fermentation anaérobie.
-------------Rouissage
de textiles.
-------------Pendant
la seconde guerre mondiale, l'Institut Pasteur a pu improviser la fabrication;
avec les moyens les plus simples, 'd'une excellente ficelle avec des tiges
de lin ayant servi à la production de graines. Il a préparé
également, avec l'alfa, une pâte qui a été
utilisée pour fabriquer du papier d'emballage et des tissus grossiers.
-------------Chèvre
rouge du Sahara du Nord-Est.
-------------Les
caractères anatomiques et biologiques de la chèvre rouge
du Sahara du Nord-Est (Mzab, Touggourt) ont été étudiés,
et on a montré que le duvet hivernal de ces chèvres, sans
emploi jusqu'ici dans ce pays, peut être filé et tissé
et donner un tissu analogue au châle de Cachemire.
-------------Protection des forêts
contre les chèvres dévastatrices.
-------------Des
expériences ont montré que la section des incisives, pratiquée
dans certains districts des Pyrénées pour éviter
que les chèvres écorcent les châtaigniers, ne les
empêche pas de détruire les bourgeons et les ramuscules des
arbres.
-------------Des
recherches ont été effectuées sur des questions n'ayant
pas de rapport direct avec la pathologie.
-------------Cristallites.
L'étude microscopique de liquides organiques étalés
en couche mince sur une plaque de verre a permis à Etienne Sergent
d'assister à l'apparition et au développement, dans des
préparations en voie de dessiccation rapide, de figures géométriques,
les cristallites.
-------------Indice
digital.
-------------Un
nouvel indice somatique a été étudié, par
Etienne Sergent, dans les races humaines et chez les quadrumanes. Il a
été appelé indice digital : c'est le rapport entre
la longueur de l'index et celle de l'annulaire d'une même main.
La recherche de l'indice digital, quand elle aura porté sur un
grand nombre de sujets, présentera sans doute de l'intérêt
pour distinguer et classer les groupes humains. Elle peut, d'autre part,
être utile, à cause de sa simplicité, dans l'anthropométrie
judiciaire, qui se sert déjà, pour l'identification des
individus, de la longueur du médius gauche et de la longueur de
l'auriculaire gauche.
-------------Stigmates
héréditaires des races chevalines.
Etienne Sergent établit un rapport entre les épis des diverses
races de chevaux d'Algérie et leurs harnachements, qui laissent
des stigmates héréditaires différents chez le cheval
de selle et chez la bête de somme.
-------------Biologie
des moineaux.
Edm. et Et. Sergent publient, en 1951, une étude sur " La
vie des moineaux algérois ".
SERUMS, VACCINS, ETC...
INVENTES A L'INSTITUT PASTEUR D'ALGERIE.
-------------Sérum
antiscorpionique. (voir
n°31)
-------------L'Institut
Pasteur d'Algérie a été sollicité d'étudier
la préparation d'un sérum contre les scorpions. Les scorpions
tuent, en Algérie, plus de monde que les vipères à
cornes : plusieurs dizaines de personnes par an. Etienne Sergent a résolu
la question. Ses recherches ont établi d'abord la toxicité
du venin des différents scorpions de l'Afrique du Nord. Cette toxicité
varie beaucoup d'une espèce à l'autre et, pour la même
espèce, suivant les régions. Ainsi, le scorpion dit "
languedocien ", qui existe dans le Midi de la France, n'y cause jamais
d'accidents mortels, tandis que sur le littoral algérien, aux portes
d'Alger, il a plusieurs fois donné la mort à des enfants
européens. Etienne Sergent a ensuite préparé un sérum
antiscorpionique polyvalent qui, au titrage, sauve de 80 à 100
% des souris, dont les témoins, qui ont reçu la même
dose de venin, meurent tous en moins de deux heures. Chez les êtres
humains piqués par des scorpions, et qui présentent des
symptômes alarmants faisant prévoir une fin imminente, le
sérum en sauve de 89 à 93 %.
-------------Etienne
Sergent montre que l'injection d'une grande quantité d'eau salée
a un heureux effet contre les envenimements.
-------------Vaccin
anticlaveleux.
-------------La
Métropole a intérêt à faire venir des moutons
d'Algérie, pour diminuer le prix de la viande sur les marchés
français. Mais les moutons d'Algérie peuvent introduire
en France la clavelée, maladie qu'ils supportent assez bien, tandis
que les moutons français y sont très sensibles. Par suite,
le Ministère de l'Agriculture n'autorise l'entrée en France
des moutons algériens vivants que s'ils sont préalablement
immunisés contre la clavelée. J. Bridré et A. Boquet
ont inventé un vaccin anticlaveleux sensibilisé qui produit
les meilleurs résultats et qui permet ainsi l'exportation en France
des moutons de l'Afrique du Nord, pour le plus grand profit des éleveurs
algériens et des consommateurs métropolitains. Ce vaccin
est demandé à enstitut Pasteur d'Algérie par plusieurs
pays étrangers. A. Donatien et F. Les-toquard inventent une méthode
de contrôle de l'immunité anticlaveleuse par intradermo-réaction.
-------------Virus-vaccins
antipiroplasmiques.
-------------Une
expérience de 20 ans, portant sur plus de 36.000 bovins, montre
l'efficacité et l'innocuité des virus-vaccins antipiroplasmiques
inventés à l'Institut Pasteur d'Algérie.
-------------Sérum
antibrucellique.
-------------Edmond
Sergent a préparé, chez le cheval, un sérum contre
la fièvre ondulante avec des souches algériennes de Brucella
melitensis. Ce sérum n'a aucune action sur les accès aigus,
mais il a procuré un soulagement complet et immédiat dans
les séquelles douloureuses tardives de la maladie.
-------------Antagonisme
microbien.
-------------Edmond
Sergent a obtenu, en 1903, un extrait de levure de bière qui agit
comme la levure fraîche sur les lésions suppuratives à
staphylocoques (furonculose de l'homme, abcès expérimentaux
sous-cutanés du lapin).
-------------Vaccination
par des virus colorés vivants.
-------------Edmond
Sergent a inoculé, en 1902, à des lapins, dans la veine,
ou dans le péritoine, ou sous la peau, des pneumocoques colorés
par le cristal-violet, qui étaient restés bien vivants,
car, ensemencés dans un milieu de culture approprié, ils
poussaient abondamment. Inoculés sous la peau, ces pneumocoques
colorés vivants tuaient les lapins aussi vite que les pneumocoques
non colorés ; inoculés dans une veine ou dans le péritoine,
ils ne les faisaient aucunement souffrir et les immunisaient solidement,
au contraire, comme une inoculation d'épreuve le montrait.
-------------Cette
méthode de préparation d'un vaccin grâce à
la coloration du virus par le cristal-violet a été utilisée,
34 ans plus tard, par Marion Dorset, pour l'obteni ion d'un vaccin contre
la peste porcine.
-------------Extrait
de Mélia pour la protection des cultures contre les acridiens.
-------------Le
Melia azedarach, est un arbre que les sauterelles pèlerines et
leurs criquets n'attaquent jamais. A l'Institut Pasteur d'Algérie,
Michel Volkonsky a eu l'idée, en 1937, de tirer du Mélia
des extraits qui ont le même pouvoir répulsif que la plante
vivante sur les acridiens. Etienne Sergent, en 1944, simplifie la préparation
de ces extraits, les expérimente et en vulgarise l'emploi, efficace
en particulier pour la protection des potagers, des vergers et des cultures
les plus précieuses, telles celles qui poussent sous les dattiers
des oasis.
-------------Edm.
Sergent et Alice Poncet montrent que l'effet répulsif du feuillage
de Mélia, qui est puissant sur certaines espèces d'acridiens,
est nul sur d'autres espèces très voisines.
SERUMS, VACCINS, ETC...
DONT LA PREPARATION EST PARTICULIEREMENT DEVELOPPEE A L'INSTITUT PASTEUR
D'ALGERIE.
-------------Vaccin
triple contre la typhoïde et les paratyphoïdes A et B.
-------------C'est
à l'Institut Pasteur d'Algérie que fut ins tauré
pour la première fois, en octobre 1914, le vaccin triple appelé
plus tard T.A.B.
-------------Sérum
contre la peste porcine.
-------------La
peste porcine, maladie due à un virus invisible, doit son nom à
la rapidité avec laquelle elle se propage et à la gravité
de ses atteintes. On peut dire que 95 % des animaux frappés dans
un troupeau succombent. L'Institut Pasteur (A. Donatien, F. Lestoquard,
Edm. Plantureux) prépare, à Alger, un sérum dont
l'emploi renverse la proportion des pertes et sauve 95 % d'un effectif
conta-miné. Ce sérum satisfait non seulement aux besoins
de l'Algérie, mais à ceux de la Métropole, pour :'application
de la séro-inoculation.
-------------Un
vaccin antisuipestique, coloré par le cristal-violet, conformément
au principe établi par Edm. Sergent en 1902, est préparé
à l'Institut Pasteur d'Algérie.
-------------Vaccins
antirabiques.
-------------La
rage est encore extrêmement répandue en Algérie :
le nombre des personnes traitées à Alger varie, suivant
les années, de 3.000 à 4.000. Le traitement préventif
contre la rage après morsure, appliqué à l'Institut
Pasteur même à Alger, a utilisé le vaccin classique
préparé avec les moelles desséchées, puis
un vaccin phéniqué. Depuis le ter janvier 1950, les médecins
de l'intérieur de l'Algérie peuvent pratiquer la vaccination
à domicile avec du vaccin phéniqué qui leur est envoyé
par l'Institut Pasteur d'Alger.
-------------R.
Horrenberger constate en 1952, dans une gr ande enquête, que les
rats d'égout d'Alger ne sont pas un réservoir de virus rabique
latent, comme c'est le cas à Tanger.
-------------Edm.
Plantureux prépare, depuis 1930, un vaccin formolé contre
la rage, destiné à la vaccination des chiens avant morsure.
Les décrets présidentiels du 14 décembre 1929 et
du 19 août 1936 dispensent de l'abatage, en Algérie, les
chiens mordus ou roulés par un animal enragé ou ayant pu
être en contact avec lui, pourvu qu'ils aient été
vaccinés depuis plus de 20 jours et moins d'un an, ou revaccinés
depuis moins d'un an. Plusieurs milliers de chiens sont vaccinés
préventivement chaque année. Le même vaccin peut être
utilisé, après morsure, chez les herbivores.
-------------Vaccin
antityphique non vivant.
L'Institut Pasteur d'Algérie prépare, en grand es quantités,
le vaccin antityphique non vivant, d'après la méthode de
Paul Durand et Paul Giroud. Pour cette préparation, il a pris l'initiative
d'utiliser, outre la souris et le lapin, deux nouveaux an imaux, le mouton
et la chèvre, ce qui augmente beaucoup le rendement.
-------------Vaccin
antivariolique.
-------------Ce
vaccin est préparé pour l'Algérie et les Ter ritoires
du Sud. Il a été délivré, pendant la guerre,
aux armées alliées. A. Donatien a instauré l'heureuse
technique de sacrifier la génisse avant la récolte du vaccin.
-------------Autres
vaccins.
-------------Préparation
à Alger du vaccin anti-rouget par le procédé de Staub,
du vaccin contre le charbon symptomatique, des vaccins contre la mammite
gangréneuse de la chèvre et contre la mammite gangréneuse
de la brebis, par le procédé de Bridré, du vaccin
de Nègre et Boquet contre la lymphangite épizootique des
Solipèdes. Auto-vaccins à usage médical ou à
usage vétérinaire.
-------------Ferments
lactiques.
-------------L'emploi
des ferments lactiques contre les infections intestinales est connu et
pratiqué depuis longtemps. Une circonstance fortuite amena l'Institut
Pasteur d'Algérie à s'en occuper. Un médecin de Bône
ayant demandé, en 1917, du ferment bulgare, dont la culture avait
dû être abandonnée pendant la guerre, Edmond Sergent
lui envoya, pour remplacer ce bacille, un microcoque isolé du beurre,
d'un faible pouvoir acidifiant. Ces cultures eurent un effet prodigieux
dans le traitement de plusieurs cas de gastro-entérites infantiles.
Maurice Béguet fut alors chargé de cette étude. Il
établit les deux règles suivantes qui donnent des résultats
excellents : administrer des cultures fraîches (de moins de 4 jours,
tous les microbes y sont encore vivants) - à doses massives, correspondant
au volume de la ration alimentaire qu'elles remplacent. Les cultures fraîches
de ferments lactiques en lait écrémé ont, en plus
de leur action thérapeutique, u ' va leur nutritive qui met les
nourrissons à l'abri de l'inanition, danger de la diète
hydrique.
ENSEIGNEMENT.
-------------En
plus de sa mission de recherche scientifique, l'Institut Pasteur est chargé
de l'enseignement supérieur de la microbiologie, par la parole
et par l'écrit : conférences et cours de paludologie; -
stages dans ses laboratoires, de travailleurs français ou étrangers
; - direction scientifique des médecins désignés
pour les postes des Territoires du Sud ; - publication, chaque année,
de plusieurs dizaines de milliers de tracts diffusant les notions nouvelles
sur les maladies infectieuses et leur prophylaxie; - enseignement par
l'exemple, dans une station expérimentale, des méthodes
inspirées par la microbiologie et applicables à l'hygiène
et à l'économie rurales. - L. Parrot a écrit, en
1922, le " Livre de la bonne santé " (Kitab eç
Cih'h'a), avec une version en arabe, " dédié aux Musulmans
de l'Afrique du Nord par l'Institut Pasteur ".
-------------Toutes
les recherches effectuées à l'Institut Pasteur d'Algérie,
ainsi que le compte rendu des applications pratiques, sont consignés,
chaque année, dans une publication trimestrielle, les Archives
de l'Institut Pasteur d'Algérie ; un Rapport annuel du directeur
les résume. On y trouve également l'inventaire de recherches
sur les parasites d'animaux inférieurs et d'animaux sauvages :
bactéries, protozoaires, champignons, etc... Ces études
ne sont pas seulement intéressantes pour le naturaliste, mais,
par les analogies qu'elles révèlent, elles apportent d'utiles
enseignements au médecin.
SERVICES PRATIQUES.
-------------Enfin,
l'Institut Pasteur d'Algérie assure des services pratiques d'intérêt
public : Enquêtes et missions demandées par le Gouverneur
général ; - services d'analyses microbiologiques concernant
sur-tout les maladies pestilentielles dont la constatation peut entraîner
l'intervention de l'Etat; - service de préparation et de délivrance
dei sérums, vaccins et produits microbiologiques nécessaires
aux services d'assistance et d'hygiène et aux services vété
rinaires sanitaires de l'Algérie.
-------------Le
directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie est le conseiller technique
du Gouverneur général pour toutes les questions de pathologie,
d'hygiène et d' économie rurale relevant de la microbiologie.
STATION EXPERIMENTALE
DU MARAIS DES OULED- MENDIL.
-------------Un
marais de 360 hectares, dernière retraite des paludismes et des
piroplasmoses bovines dans la plaine de la Mitidja, à 25 km. d'Alger,
a servi d'expérience cruciale d'assainissement rapide, total, sans
risques pour la santé des travailleurs, par les méthodes
modernes. Le réservoir de virus a été tari par la
cure médicamenteuse des anciens paludéens voisins du marais,
les gîtes à anophèles ont été abolis,
le sol a été drainé, desséché, essarté,
défoncé, mis en valeur, boisé, couvert de routes,
de constructions.
-------------Vingt
ans après le début de l'expérience, on peut en tirer
la conclusion : aucun des pionniers qui ont débroussaillé,
défoncé, drainé le marais, aucun des ouvriers agricoles
qui l'ont labouré, semé, moissonné, n'a eu le paludisme.
Les Européens, neufs et sensibles au paludisme, qui constituaient
les " sujets d'expérience ", parmi lesquels des enfants
nés sur le domaine, habitent les trois fermes de jour et de nuit.
Ils sont tous restés complètement indemnes de paludisme.
Aucun des ouvriers indigènes, sédentaires ou de passage,
n'a manqué à l'appel pour cause de fièvres. Aucun
n'a signalé de cas dans sa famille. Des vaches laitières
de races françaises pacagent là où naguère
on n'osait point, par crainte des piroplasmoses, mener les boeufs de labour.
-------------La
dépression marécageuse jusque là inhabita ble et
inculte a été " humanisée " et a été
transformée en une station expérimentale particulièrement
favorable à l'étude des problèmes d'hygiène
et d'économie rurales propres au pays.
-------------Le
compte rendu de cette expérience a été pu blié
par l'Institut Pasteur d'Algérie, sous le titre : "
Histoire d'un marais algérien ", en un volume d e
294 pages, 310 figures, planches ou cartes.
ETUDES SAHARIENNES DE
L'INSTITUT PASTEUR D'ALGERIE.
-------------L'exploration
scientifique, du point de vue de la microbiologie, de la parasitologie
et de l'entomologie médicale, à laquelle s'est livré
l'Institut P asteur d'Algérie, ne s'est pas bornée au Tell,
mais s'est étendue à tout le Sahara.
-------------Nous
rappellerons brièvement les principales découvertes concernant
la pathologie humaine, animale ou végétale du désert
:
--------------
Découverte du mode de transmission de la fièvre récurrente
à poux ;
--------------
Découverte du mode de transmission du bouton d'Orient ;
--------------
Invention du sérum antiscorpionique ;
--------------
Découverte du microbe, un trypanosome, qui cause la principale
maladie du dromadaire, le debab, et de son mode de transmission ;
--------------
Découverte du champignon qui cause la plus dangereuse maladie du
dattier, le baïoudh ;
--------------
Divulgation de l'existence, dans les montagnes du Sahara central, de la
myiase oculaire humaine découverte en Kabylie (en kabyle "
thimni ", - dans la langue des Touareg " tamné ")
;
--------------
Invention de l'extrait de Mélia, qui protège contre les
sauterelles pèlerines et leurs criquets les cultures des palmeraies-
;
--------------
Décèlement d'un foyer d'ankylostomiase dans une oasis du
Sud constantinois ;
--------------
Description et étude expérimentale d'une m aladie des agneaux
du Présahara algérien, la na.-moussia ;
--------------
Dénonciation du danger d'invasion de l'Afrique du Nord par la peste
bovine, à travers le Sahara, et indication des mesures de douane
sanitaire à prendre ;
--------------
Monographies d'oasis et de populations sah ariennes ;
--------------
Publication, en 1953, par Edmond Sergent, d'une étude sur "
Le peuplement humain du Sahara ", d'après les connaissances
actuelles de géographie physique et de géographie humaine
: quelles races d'hommes pourront repeupler le Sahara ? L' acclimatement
d' familles " blanches " ainsi que l'acclimatement de familles
" noires " est impossible au Grand-Désert pour des raisons
d'ordre physiologique, d'ailleurs différentes. Sous le climat actuel,
le peuplement proprement dit du Sahara ne pourra être réalisé
que par les familles des Oasiens négroïdes, travailleurs de
la terre, dans la mesure où l'eau vitale et une alimentation suffisante
leur seront assurées. Quant aux Nomades, s'ils ne se sédentarisent
pas, ils sont incapables de prospérer dans un pays pacifié
et policé.
-------------H.
Foley, poursuit, depuis 40 ans, l'exploration scientifique du Sahara,
au cours d'un long séjour dans le poste de Beni Ounif-de-Figuig
et de nombreuses missions, et en dirigeant les investigations des médecins
des Territoires du Sud, qui sont tous ses élèves. Son oeuvre
de prospection n'est pas seulement médicale ; elle embrasse toutes
les questions de démographie et d'histoire naturelle.
RAYONNEMENT DE L'INSTITUT
PASTEUR D'ALGERIE.
-------------Le
directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie a été envoyé
en Grèce, en 1919, par le Dr E. Roux, pour négocier avec
le gouvernement de ce pays les bases d'un Institut Pasteur à Athènes
et, de nouveau, en 1934, pour la révision du contrat passé
entre l'Institut Pasteur de Paris et le gouvernement hellénique.
-------------Le
Dr Roux l'a également chargé, de 1928 à 1932, de
créer un Institut Pasteur à Casablanca, d'établir
un contrat avec le gouvernement chérifien du Maroc, de choisir
l'emplacement du nouvel Institut, d'en dresser les plans, de le construire,
de l'organiser et d'équiper les laboratoires.
Il a été appelé par le Comité d'Hygiène
de la S.D.N. à faire partie de la Commission du paludisme de la
S.D.N., et à la présider à partir de 1935.
-------------L'Institut
Pasteur d'Algérie s'efforce de remplir la tâche essentielle
qui lui est assignée : contribuer à l'avancement de la science
par des travaux de recherche. D'autre part, il assure les services pratiques,
relevant de la microbiologie, nécessair es à la préservation
de la Santé publique et à l'économie rurale du pays.
En Algérie, comme dans tous les pays d'outre-mer, et plus encore
que dans la Métropole, les travaux des Instituts Pasteur ne présentent
pas seulement un intérêt d'ordre scientifique, mais, à
ne les envisager que du point de vue utilitaire, ils ont pour résultat
une économie de vies humaines et de journées de maladies,
et la protection des troupeaux et des cultures.
Dr Edmond SERGENT,
Membre de l'Institut (Académie des Sciences),
de l'Académie nationale de Médecine,
de l'Académie d'Agriculture de France
et de l'Académie des Sciences coloniales.
Directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie.
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