Alger, Algérie : documents algériens
Série sociale : santé publique
L'assistance médico-sociale dans les Territoires de Sud

8 pages - n°41 - 290juin 1953

L'organisation, telle qu'elle a été mise sur pied en 1918 par un ensemble de mesures simples et s'appuyant sur une organisation administrative souple et directe, subit l'épreuve du temps. Personne, certes, ne saurait songer à nier qu'il reste encore beaucoup à faire et que la tâche à poursuivre ne soit immense. Celle-ci est étroitement liée à l'ensemble de l'oeuvre civilisatrice réalisée par la France, car c'est un truisme que de répéter que l'action médicale ne saurait se concevoir sans un vaste programme social tendant à ouvrir les intelligences et améliorer le " standing " de vie de ces populations.
mise sur site le 5-08-2005
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----------L'organisation de l'Assistance Médico-sociale (A.M.S.) aux populations des Territoires du Sud continue à être réglée par le décret du 15 février 1918. Le personnel qui assure ce service relève d'un médecin militaire, officier supérieur, placé auprès du Gouverneur Général de l'Algérie et cumulant, pour ces territoires, les fonctions de directeur des Services de Santé, civil et militaire.
----------Jusqu'en 1949 l'assistance était faite exclusivement par les médecins de l'armée. Depuis, en prévision du rattachement administratif aux départements des régions situées au-dessus de la ligne Colomb-Béchar - Ghardaïa - Touggourt, les médecins militaires de la plupart des postes de ces régions ont été progressivement remplacés par des praticiens civils conventionnés. Ce retrait a permis, en contrepartie, la création au Sahara de nouveaux secteurs médicaux ou la réouverture de postes antérieurement mis en sommeil faute de personnel et rattachés à des postes voisins (Aoulef, Djanet, Taghit, Metlfli les Chaamba, Fort-Polignac).
L'effectif global des médecins en fonctions dans le Sud Algérien est passé de 25 à 31 depuis 1946 : il se compose actuellement de 14 médecins civils conventionnés et de 17 médecins militaires.
----------L'assistance médicale, dont le développement n'avait pas subi le contrecoup des difficultés de la période 1940-1945, continue son œuvre et les chiffres attestent la grande faveur dont ne cesse de jouir le service auprès des populations. Au cours de ces dernières années, de nombreux établissements sanitaires ont été construits ; la lutte contre les fléaux sociaux, les épidémies, les maladies transmises par les insectes a été intensifiée et menée avec tous les moyens de la technique moderne ; les grandes épidémies de variole et de typhus exanthématique ont disparu ; le paludisme, en déclin à peu près général, s'éteint dans de nombreuses oasis.
----------Sur le plan moral et psychologique l'oeuvre française continue à s'affirmer et le médecin demeure dans le pays le principal auxiliaire de l'Administration.

ETABLISSEMENTS DE L'ASSISTANCE MÉDICALE

----------Les établissements de l'Assistance médicale sont les infirmeries et les postes sanitaires ruraux.
----------Les infirmeries sont en réalité à la fois des dispensaires et des hôpitaux auxiliaires avec des services pour
la consultation externe et des locaux pour l'hospitalisation.
----------Actuellement au nombre de 27, elles se répartissent
comme suit :
----------Territoire d'Aïn Sefra : 11 - Mécheria, Géryville, Aïn Sefra, Beni Ounif, Colomb-Béchar, Kenadsa, Taghit, Beni Abbès, Adrar, Timimoun, Tindouf.
----------Territoire de Ghardaia : 5 - Djelfa, Laghouat, Ghardaïa, Metlfli les Chaamba, El Goléa.
----------Territoire de Touggourt : 5 - Biskra, Ouled Djellal, Djamaâ, Touggourt, El Oued.
----------Territoire des Oasis : 6 - Ouargla, In Salah, Aaoulef, Tamanrasset, Djanet, Fort-Polignac.
----------Si un grand nombre de ces formations existait déjà avant 1939, l'après-guerre a vu la reprise d'un important programme de constructions tendant soit à doter des postes médicaux de création, soit à remplacer d'anciens bâtiments devenus insuffisants. C'est ainsi que la zone saharienne a été équipée en établissements modernes, en dur , sans commune mesure avec les infirmeries primitives en pisé.
----------Les dernières infirmeries construites sont celles de Béni Abbès (1948), Adrar et Ouargla (1950), Djamaâ, Timimoun et Tindouf (1951), Aoulef et Taghit (1952). L'infirmerie de Metlfli les Chaamba, à peu près achevée, sera inaugurée prochainement. D'autres constructions sont en cours (In Salah) ou sur le point d'être entreprises (Ghardaïa, Djanet).
----------D'autre part d'importants travaux d'extension ont été exécutés depuis 1946, notamment à Mécheria, à Laghouat (construction d'un dispensaire annexe pour la consultation externe) et surtout à Djelfa (pavillons de chirurgie, de contagieux, etc...) dont la capacité hospitalière a été triplée.
----------L'équipement général et technique de ces formations : électrification, chauffage (Trois infirmeries: Mécheria, Géryville et Djelfa, ont le chauffage central depuis 1950 ; deux antres l'auront en 1953.), ameublement, literie, outillage, etc... a été poussé au maximum. Toutes les infirmeries ont un poste de microscopie et dix installations radiologiques nouvelles ont été mises en service au cours de ces six dernières années portant à 14 le chiffre global de ces installations (Plus de 40.000 examens radiologiques ont été effectués depuis 1916.).
----------La capacité totale des infirmeries est de 700 lits organisés : le nombre de lits varie de 14 (Taghit) à 120 (Djelfa).
----------Les postes de secours ruraux sont des établissements plus modestes et ne comportant que des locaux de consultation et de soins courants: Certains de ces postes sont de véritables dispensaires et possèdent même quelques lits pour l'hébergement momentané des malades. Leur nombre a été considérablement accru : de 25 en 1930, il est passé à 111 en 1945 et à 124 en 1952. Parmi les plus importants des postes récents il convient de citer ceux d'Hassi Babah (Djelfa) et de Zgoum (El Oued) en 1947, de Sidi Khaled (Ouled Djellal) en 1948, de Guerrara (Ghardaïa) en 1950, de Mraier (Touggourt; en 1951 et de Messaad (Djelfa) en 1952.
----------La répartition territoriale en est la suivante :

Territoire d'Aïn Sefra : 49
Territoire de Touggourt : 42
Territoire de Ghardaïa : 19
Territoire des Oasis : 14

PERSONNEL INFIRMIER

----------Le personnel infirmier voit ses effectifs s'accroître d'année en année bien que I'augmentation soit insuffisante eu égard aux nouveaux besoins notamment pour tout ce qui concerne l'assistance aux femmes et aux enfants.
----------Le tableau de ce personnel est le suivant :

Infirmiers-chefs : 6
Assistantes médico-sociales et infirmières diplômées : 5
Sages-femmes et infirmières accoucheuses : 12
Soeurs blanches infirmières : 35
Maîtres-infirmiers musulmans : 13
Infirmiers et infirmières musulmans: 28
Personnel auxiliaire (hommes et femmes): 183
Soit au total 262 agents

FONCTIONNEMENT DE L'ASSISTANCE MÉDICALE

----------1. - La consultation gratuite
----------Consultation et soins gratuits sont donnés à une large fraction de la population : 90 % de celle-ci peut du reste être considérée comme " médicalement" indigente. Ce service est particulièrement apprécié et les chiffres ci-après sont éloquents ; si l'on tient compte du fait que la population globale n'excède pas 1.000.000 d'habitants.

1946 - 2.229.093 consultations
1947 - 2.373.872
1948 - 2.452.907
1949 - 2.403.516
1950 - 2.610.499 consultations
1951 - 2.675.635 -
1952 - 2.779.040

----------Les enfants prédominent largement, 49 % (soins oculaires systématiques et prévention de conjonctivites aiguës). Le pourcentage des hommes et des femmes, est respectivement de 23 et 28 %.
----------Les consultations et soins se répartissent approximativement comme. suit : maladies des yeux et trachome; 35 à 40 % ; plaies, traumatismes, affections chirurgicales, 25 % ; affections saisonnières des voies respiratoires et digestives, 15 % ; dermatoses, maladies vénériennes, syphilis, 15 % ; affections diverses (fièvres éruptives, paludisme, tuberculose, etc...) 5 à 10 %.
----------Consultations et soins ont lieu dans les infirmeries et les postes ruraux. Ces derniers sont visités périodiquement par le médecin et à horaire fixe habituellement. Sont également visitées, mais à horaire variable, de nombreuses localités qui ne possèdent pas de poste sanitaire et où les malades sont examinés dans un local sommairement aménagé. Depuis 1951, 6 camions équipés en dispensaires ont été affectés au Sud-Algérien par la Direction de la Santé Publique : ces véhicules, véritables infirmeries mobiles, sont utilisés dans les communes de Géryville, Timimoun, Adrar, Laghouat, El Oued, Ouargla et Touggourt.
----------Chaque médecin dispose depuis 1947 d'une voiture de liaison type " Jeep : 27 de ces véhicules sont actuellement en service. On peut dire, à ce propos, que la " Jeep " a transformé la vie professionnelle du médecin du bled dont elle a, au demeurant, accru sensiblement le rendement. Huit communes possèdent une voiture ambulance. Le total des déplacements des médecins dépasse 200.00 kilomètres annuellement.
----------II. - L'hospitalisation
----------Le mouvement d'admissions dans les infirmeries constitue l'un des tests les plus sûrs de l'activité de l'Assis-tance et de la faveur de la population autochtone. Sans être aussi caractéristiques que les statistiques de la consultation, celles des hospitalisations accusent une nette progression générale. De quelques centaines annuellement a l'origine les chiffres d'hospitalisation passent à 2.000 peu avant les hostilités pour accuser un mouvement ascensionnel presque continu à partir des années 1944 et 1945. Actuellement les populations acceptent de plus en plus volontiers le séjour à l'infirmerie et la capacité initiale des formations sanitaires s'avère trop faible. Seules demeurent. encore réfractaires à l'infirmerie, qui les change de leur milieu, les populations féminines du Mzab et de certains "Ksour " arabo-berbères ainsi que les nomades du Hoggar et du territoire de Tindouf.
Si les hommes dominent encore, les femmes viennent de plus en plus aisément surtout si elles trouvent, pour les soigner, du personnel féminin. Les maternités elles-mêmes commencent à se développer.
----------Le tableau ci-dessous fait ressortir le nombre d'admissions et de journées de traitement réalisées depuis 1946.

ANNEES
ADMISSIONS
JOURNEES de traitement
Hommes
Femmes
Enfants
Total
1947
3.197
1.668
938
5.803
99.043
1946
2.802
1.960
994
5.756
105.376
1948
2.960
2.224
1.255
6.439
127.853
1949
2.532
2.106
1.075
5.713
104.978
1950
2.758
2.514
1.253
6.525
126.729
1951
3.124
2.852
1.283
7.259
133.142
1952
3.211
3.125
1.648
7.984
136.197

----------Le pourcentage par catégorie et pour cette période s'établit comme suit : Hommes 46 % ; Femmes 36 % ; Enfants 18 %.

III. - Lutte contre les épidémies et les fléaux sociaux

----------1. - Les affections épidémiques
----------Les principes de la lutte contre les affections épidémiques sont encore, dans leurs grandes lignes, ceux qui ont été fixés par la circulaire gouvernementale du 15 juillet 1921 : rôle des médecins et des autorités locales, dépistage des premiers cas, centralisation des renseignements et de l'action prophylactique à la Direction du Service de Santé, etc...
----------L'arsenal prophylactique comporte au premier chef, d'une part, les vaccins (variole, typhus exanthématique, affections typhoïdiques) et, d'autre part, les moyens de désinfection et surtout de désinsectisation. Dans ce domaine, l'emploi depuis la dernière guerre, des insecticides chlorés dits " de contact et à pouvoir rémanent (types D.D.T. ou H.C.H.) a constitué une véritable révolution dans la prophylaxie des maladies épidémiques transmises par les insectes : ce sont précisément celles qui pèsent le plus lourdement sur la pathologie des populations du Sud (mouches et conjonctivites ou affections d'excrétion fécale ; moustiques et paludisme , poux et typhus ou fièvre récurrente, etc...).
----------Avec l'amélioration des techniques d'utilisation de ces produits, l'arme préventive se perfectionne de jour en jour. Les communes et les formations sanitaires sont approvisionnées en produits, sous forme de poudres, d'émulsions ou de solutions ainsi qu'en appareils projecteurs (pulvérisateurs et poudreuses).
----------Parmi les maladies épidémiques une place à part a longtemps été réservée au typhus exanthématique, endémique dans toute l'Afrique du Nord et dont les manifestations épidémiques avaient été exceptionnellement accusées durant la période de 1941 à 1945 au cours de laquelle plus de 10.000 cas avec 2.000 décès avaient été enregistrés dans le Sud. Si l'endémie persiste encore, les épidémies ont cessé et moins d'une centaine de cas ont été signalés au cours de ces trois dernières années. Il faut voir dans cette situation favorable l'action d'une désinsectisation systématique continue. Cette dernière, facile et au demeurant d'un prix de revient peu élevé, a eu comme autre avantage de raréfier les vaccinations coûteuses. Celles-ci, qui avaient connu en 1942 le chiffre record de 196.676, sont tombées à une centaine de mille pour la période de 1946 à 1949 et à quelques centaines par an depuis.
----------2. - La variole - Service de la vaccination antivariolique
----------La prophylaxie antivariolique demeure dominée par la nécessité de revacciner fréquemment compte tenu de la durée assez courte de l'immunité vaccinale en pays chauds. D'où l'obligation, pour le service médical, d'obtenir, de l'autorité administrative locale, l'établissement rigoureux des listes d'assujettis permettant d'atteindre la totalité de la population ( Circulaire gouvernementale du li décembre 1924.).
----------Si les grandes épidémies de variole ont disparu, l'affection n'est pas éteinte et donne lieu, par intermittence à de petites " bouffées " épidémiques ou à des cas sporadiques. 514 cas de variole ont été constatés depuis 1946. Aussi la vigilance doit-elle toujours être en éveil. Les chiffres des vaccinations ont été les suivants depuis 1946

1946 - 118.072
1947 - 96.804
1948 - 72.793
1949 - 59.625
1950 - 115.760
1951 - 92.805
1952 - 69.509

----------Le vaccin employé est le vaccin sec du " Centre Vaccinogène " de Paris en raison de sa longue durée de conservation.
-

---------3. - Le paludisme - Lutte antipaludique
----------Si le paludisme, endémique dans la plupart des oasis sahariennes, a longtemps pesé lourdement sur la morbidité générale, il n'en est plus de même depuis ces dernières années partout où la lutte a revêtu un caractère plus sérieux. D'une manière générale, l'affection est en déclin très net : à Ouargla, grâce à des efforts soutenus, elle a même pratiquement disparu et l'on peut véritablement employer le terme d'éradication en l'occurrence (" Quatre années de lutte antipaludique à Ouargla ", " Documents Algériens " N. 40, 25 janvier 1953.).
----------Depuis quatre ans la lutte antipaludique est menée sur des bases nouvelles combinant l'emploi des méthodes classiques éprouvées avec l'utilisation des moyens les plus modernes, insecticides de contact et médicaments antimalariques de synthèse. Elle est dirigée à la fois contre le moustique vecteur (lutte antianophélienne) sous sa double forme larvaire (lutte antilarvaire) et adulte (lutte imagocide), et contre le germe causal (lutte antiplasmodiale). La première comporte d'une part le destruction ou la neutralisation des gîtes, d'autre part la démoustication des locaux d'habitation par les insecticides en pulvérisation ; la deuxième est réalisée par une action préventivo-curative de masse aux médicaments de synthèse portant sur le réservoir de virus (enfants de 1 à 15 ans).
----------Parmi les grands travaux d'assainissement exécutés au cours de ces dernières années, il y a lieu de citer ceux d'Ouargla (1949-1952), d'El Goléa (1951-1952), de Timimoun (1951), d'Adrar (1952). Par ailleurs il convient de souligner l'activité importante des équipes antipaludiques locales, pour la misé en oeuvre des petites mesures antilarvaires, dans les postes précités ainsi qu'à Béni Ounif, In Salah, Beni Abbés.
----------4. - Les maladies des yeux - Lutte antiophtalmique
----------Les affections oculaires et le trachome constituent encore l'un des plus grands fléaux sociaux de l'Algérie. Dans les oasis sahariennes, le pourcentage des sujets atteints de trachome est de 100 ou voisin de ce taux.
----------Le programme de la lutte vise à la multiplication des petits centres de traitement, les " biout el aïnin " (chambres des yeux), qui jouent au premier chef le rôle de dispensaires antiophtalmiques. Chacun des 124 postes sanitaires ruraux est un petit centre de prévention et de traitement. Dans l'intervalle des visites du médecin, les soins sont faits par l'infirmier : ceux-ci sont toujours très simples (trois collyres classiques usuels) et peuvent être continués par les malades eux-mêmes. ----------Pour faciliter ces traitements à domicile, la Direction fait fabriquer depuis quatre ans un petit flacon-collyre en matière plastique dit " flacon collyre saharien familial ". ----------Conditionné à l'infirmerie-dispensaire, ce collyre est largement distribué aux consultants auprès desquels il cannait un franc succès : plus de 200.000 de ces collyres ont déjà été distribués.
----------La lutte par ailleurs trouve son complément dans l'emploi des antibiotiques (collyres à l'Auréomycine, etc...) ainsi que dans l'utilisation poussée des insecticides (offensive contre les mouches propagatrices des conjonctivites aiguës).
----------Si le trachome, apparemment lié de manière étroite au " modus vivendi ' de l'indigène (contamination directe de la mère à l'enfant dans les premiers mois de la vie), sévit toujours intensément, les conjonctivites surajoutéesà cette affection qu'elles compliquent si souvent, sont efficacement combattues.
----------Les médecins doivent, dans ces conditions, être un peu oculistes quand ils sont appelés à servir dans les Territoires du Sud. Aussi, avant de rejoindre leur poste, viennent-ils, au cours d'un stage, dans le service d'ophtalmologie de l'hôpital civil de Mustapha à Alger, se familiariser avec la technique des interventions les plus simples de chirurgie oculaire, indispensable à pratiquer en milieu autochtone (trichiasis). Le nombre de ces interventions au cours des dernières années a été le suivant.

1946 - 1.247
1947 - 1.637
1948 - 1.622
1949 - 2.289
1950 - 1.834
1951 - 2.174
1952 - 2.220

----------Enfin, depuis 1946, une mission ophtalmologique permanente, dirigée par une oculiste des hôpitaux d'Alger, assistée d'un médecin-adjoint et de deux infirmières, effectue dans le Sud deux à trois tournées annuelles de 15 à 20 jours chacune. Elle guide les médecins de l'Assistance dans leur tâche et effectue sur place les interventions les plus délicates. ----------En 1948, la Mission a été dotée de deux camions spécialement aménagés, l'un en cellule opératoire et l'autre en dispensaire. Le bilan de l'activité de cet organisme se traduit actuellement par 22.763 consultations et 1.942 interventions chirurgicales.
----------5. - Les maladies vénériennes - Lutte antivénérienne
----------Les maladies vénériennes et la syphilis sont encore très répandues notamment dans les grandes communes pastorales des Hauts-Plateaux (Djelfa, Géryville) et au Iloggar, où la liberté des moeurs entraîne une prostitution intense. La morbidité vénérienne représente environ 10 à 15 % de la morbidité générale.
----------La lutte antivénérienne est réglementée par une circulaire gouvernementale du 17 juillet 1923. Le programme vise à l'amélioration des dispensaires, à l'utilisation judicieuse des moyens thérapeutiques les plus efficaces et les plus modernes, à la surveillance des agents de propagation, à la tenue régulière du livret sanitaire pour les filles publiques, etc...
----------En moyenne, 200.000 consultations annuelles et soins ont été donnés clans les 27 dispensaires antivénériens pour la période 1946-1952.
----------6. - La tuberculose - Lutte antituberculeuse
----------La tuberculose, surtout sous sa forme pulmonaire, continue à être très fréquemment observée parmi les populations sédentaires des communes des Hauts-Plateaux, de la zone présaharienne, dans la totalité dû Territoire de Touggourt et à Ouargla. Elle est beaucoup plus rare dans l'extrême-Sud.
----------Vaccination par le B.C.G.
Des opérations de vaccination " de masse " par le B.C.G., entreprises dans le programme algérien et dans le vaste cadre de l'O.M.S. (Fonds International de Secours à l'Enfance), ont été effectuées chez les sujets de 1 à 30 ans dans toute la zone septentrionale des Territoires du Sud ainsi que dans les communes d'Ouargla et de Béni Abbès. Elles se sont traduites comme suit :

Nombre de sujets testés 205.311
contrôlés 118.094
vaccinés 53.776

PROTECTION MATERNELLE ET INFANTILE

----------L'assistance maternelle et infantile est réalisée par " l'oeuvre des mères et nourrissons ", réglementée par l'arrêté gouvernemental du 7 janvier 1927. L'oeuvre touche une centaine de centres et villages et l'effectif permanent moyen des nourrissons est de i ù 7-000 pour ces dernières années. Prospère dans certaines communes où les médecins sont secondés, par du personnel féminin qualifié (Laghouat, Ouargla, El Oued), l'assistance revêt ailleurs l'aspect d'une oeuvre purement charitable.
----------Du point de vue de l'hygiène infantile et de la puériculture, les résultats sont faibles et dans ce domaine rien de durable ne sera fait sans l'éducation préalable de la femme, de la jeune fille avant qu'elle crée un foyer.
Par contre, en matière d'accouchements, on note une tendance de plus en plus nette' de la femme musulmane à recourir à la sage-femme européenne. C'est ainsi que, pour la période de 1946 à 1952, 8.912 accouchements contrôlés ont été effectués dans les maternités des infirmeries ou à domicile (Pour la période 1941-1946, 3.036 accouchements seulement avaient été faits.). Ainsi qu'il a été souligné à maintes reprises, le problème obstétrical en milieu musulman est avant tout lié à celui de l'effectif des sages-femmes.

HYGIENE SCOLAIRE

----------Bien qu'organisée en service distinct relevant de l'Education Nationale, l'hygiène scolaire fonctionne dans le cadre général de l'Assistance Médico-sociale et le service est assuré par les médecins conventionnés ou les médecins militaires. Ce service comporte plus particulièrement une visite générale au cours de laquelle sont établies les fiches médico-pédagogiques, des examens de contrôle (radioscopies pulmonaires, cuti-réactions à la tuberculose, vaccinations, pesées), la consultation et les soins quotidiens,. ----------Les communes à forte population scolarisée (Djelfa, Laghouat, Ghardaïa, Géryville, Aïn Sefra, Colomb-Béchar, Touggourt, El Oued, Ouargla) ont, dans les établissements scolaires, des locaux spécialement affectés à ce service et équipés en conséquence (centres d'hygiène scolaire) avec une adjointe d'hygiène scolaire, infirmière diplômée habituellement, chargée des soins et de la tenue du secrétariat.
----------Parmi les agglomérations humaines où l'action médicale peut s'exercer très efficacement, l'école constitue un endroit de choix. En milieu musulman, la mise en œuvre des moyens de prévention et plus particulièrement des affections oculaires, des teignes, du paludisme, y est plus aisée que partout ailleurs. Dans le Sud les membres du corps enseignant ont toujours apporté et apportent au médecin une collaboration compréhensive et dévouée.
----------L'effectif des écoliers soumis au contrôle médical a considérablement augmenté avec le développement du programme de scolarisation de ces dernières années. Cet effectif a été le suivant depuis 1946 :

1946 - 9.864 écoliers
1947 9.738
1948 11.978
1949 14.295
1950 - 15.502 écoliers
1951 - 15.933
1952 - 15.973

HYGIENE URBAINE

----------Les Commissions Municipales d'Hygiène, réorganisées par arrêté gouvernemental du 28 novembre, ont été mises sur pied dans les communes et postes ci-après : Mécheria, Géryville, Aïn Sefra,, Béni Ounif, Colomb-Béchar, Kenadsa, Adrar, Djelfa, Laghouat, Ghardaïa, El Goléa, Biskra, Ouled Djellal, Touggourt, El Oued, Ouargla.
----------Ces organismes, dont les médecins sont conseillers techniques, ont pour mission de donner leur avis sur toutes les questions relatives à l'hygiène et à la salubrité publiques. Ils se réunissent régulièrement une fois par trimestre et dans l'intervalle si la situation vient à l'exiger. Les procès verbaux de séances sont adressés au Gouverneur Général de l'Algérie.
L'importance de ces commissions est grande et tout particulièrement dans des centres comme Colomb-Béchar, Kenadsa, etc... dont le développement rapide récent pose des problèmes d'hygiène sérieux.
----------Parmi les améliorations réalisées depuis 1946 dans le domaine de l'hygiène générale, il y a lieu de citer avec les travaux exécutés au titre de la lutte antipaludique, l'extension de réseaux d'égouts (Aïn Sefra, Kenadsa), le goudronnage des rues (Colomb-Béchar, Kenadsa, Géryville, Djelfa), l'amélioration du réseau d'adduction potable (Géryville, Colomb-Béchar, Kenadsa, Taghit, Adrar, Tindouf, Djelfa, Laghouat, Ghardaïa, Ouled Djellal, El Oued, Ouargla, In Salah, Aoulef, Tamanrasset), la construction d'abattoirs (Kenadsa, Ouargla, etc...), etc... etc...
----------Les eaux de boisson ont été l'objet, pendant cette période, de 87 analyses bactériologiques et de 5 expertises chimiques, dans les laboratoires de l'Armée le plus souvent.

TRAVAUX SCIENTIFIQUES DES MÉDECINS

----------Les Territoires du Sud ont fait jusqu'à ce jour l'objet d'un travail important d'exploration scientifique à laquelle les médecins de l'Armée ont largement collaboré. Depuis plus de trente ans, sous l'impulsion du Chef du Laboratoire saharien de l'Institut Pasteur d'Algérie, les travaux de ces médecins se sont multipliés et ont donné lieu à de nombreuses publications dont la majorité a été faite dans " les Archives de l'Institut Pasteur d'Algérie ".

----------Parmi les publications de ces dernières années, il convient de citer :
----------- des monographies sur Adrar et le Touat (1947), Tindouf et le Sahara Occidental (1952) ;
----------- des enquêtes sur le paludisme, la tuberculose, le bouton d'Orient, les affections oculaires, le cancer ;
----------la relation de la découverte d'un foyer de bilharzioze vésicale dans la commune de Béni-Abbés (1952)
-----------des études et des observations médicales sur diverses affections;
----------- des études de zoologie (scorpions, phlébotomes,...), de botanique, etc...
----------Ainsi l'oeuvre accomplie dans les territoires du sud en ce qui concerne la Santé publique demeure-t-elle considérable. Cette oeuvre, à laquelle apporte leur dévouement et leur enthousiasme un corps de médecins remarquables, peut avantageusement être comparée à celle réalisée dans bien des pays.
----------L'organisation, telle qu'elle a été mise sur pied en 1918 par un ensemble de mesures simples et s'appuyant sur une organisation administrative souple et directe, subit l'épreuve du temps. Personne, certes, ne saurait songer à nier qu'il reste encore beaucoup à faire et que la tâche à poursuivre ne soit immense. Celle-ci est étroitement liée à l'ensemble de l'oeuvre civilisatrice réalisée par la France, car c'est un truisme que de répéter que l'action médicale ne saurait se concevoir sans un vaste programme social tendant à ouvrir les intelligences et améliorer le " standing " de vie de ces populations.