L'ÉCOLE COLONIALE
D'INDUSTRIE DE DELLYS
L' " Ecole Coloniale d'Apprentissage
de DeIlys " fondée en 1877, a remplacé celle de Fort-National,
brûlée pendant l'insurrection de 1871.
Elle a pris, en 1929, le nom d' " Ecole Coloniale d'Industrie de
Dellys ".
Tout d'abord destinée aux indigènes, elle fut réorganisée
en 1905, en vue de la formation d'ouvriers français et indigènes,
aptes à devenir de bons contremaîtres ou des chefs d'entreprise.
Son enseignement vise spécialement les métiers qui emploient
le fer et le bois, ainsi que les applications industrielles de l'électricité.
Installée sur un promontoire qui domine la mer, cette Ecole offre
aux élèves les meilleures conditions d'hygiène.
Son aménagement intérieur présente toutes garanties
de salubrité: des douches maintiennent la propreté corporelle
; les classes, salles d'études et réfectoires sont largement
aérés ; les dortoirs sont constitués par des chambres
de douze lits, desservies par des couloirs vitrés. Les cours
de récréation sont vastes et plantées d'arbres
touffus ; on y jouit d'un panorama splendide. L'infirmerie occupe un
local isolé.
La durée des études est de trois ans. Le programme en
est actuellement fixé par un arrêté du 15 mai 1913.
L'enseignement théorique comprend des cours de français,
d'histoire, de géographie industrielle, d'arithmétique,
d'algèbre, de géométrie, de trigonométrie,
de géométrie descriptive, de mécanique, de physique,
de chimie, d'électricité, de dessin, de technologie, d'hygiène
et de législation industrielle, d'économie politique et
d' arabe.
L'enseignement pratique est donné aux ateliers et aux laboratoires
de chimie et d'électricité. Le travail manuel absorbe
27 heures par semaine et les exercices de laboratoire 4 heures.
Les ateliers sont vastes et dotés d'une installation électrique
complète assurant l'éclairage général et
la force motrice au moyen du courant triphasé fourni par la Compagnie
Lebon. Ils possèdent deux moteurs à gaz pauvre de 50 et
30 HP, une machine à vapeur de 20 HP, un moteur à essence,
type Aster et une machine à vapeur à simple effet.
A tour de rôle, les élèves passent à la salle
des machines et sont initiés à la conduite des moteurs
et à la manoeuvre du tableau de distribution.
L'enseignement manuel comporte le travail des métaux (forge et
ajustage), celui du bois (menuiserie et modelage) et la fonderie pour
laquelle on dispose d'un outillage complet.
Des visites d'usines et d'installations industrielles ont lieu sous
la conduite des professeurs de l'Ecole au cours des deuxième
et troisième années scolaires.
Le niveau des études est à peu près le même
que celui des écoles Nationales professionnelles de la Métropole.
A la fin de la scolarité, les élèves ayant satisfait
d'une manière complète à toutes les épreuves
de l'examen général de sortie, reçoivent un diplôme.
Ce diplôme, délivré par le Gouvernement Général,
leur confère le titre d'élève breveté de
I' " Ecole Coloniale d'Industrie de Dellys " et leur procure
certains avantages dans les services techniques des P.T.T. et des Chemins
de fer. Les élèves brevetés ont d'ailleurs toujours
réussi à se créer des situations dans l'industrie
ou les services techniques de l'Administration.
Le tableau ci-dessous indique les principaux débouchés
offerts aux anciens élèves de l'Ecole Coloniale de Dellys
:
- Ponts et Chaussées : Ingénieurs T.P.E.; adjoints-technique-dessinateurs
;
- Voirie : Ingénieurs du Service vicinal ; ingénieurs-adjoints
;
- Chemins de Fer : Chef de section ; chef de subdivision ; piqueurs
; dessinateurs; chefs et sous-chefs de dépôts ; chefs de
traction ;
Service topographique: géomètres ;
- Postes, Télégraphes et Téléphones : Agents
mécaniciens des P.T.T. (20 ont été reçus
en 1928-1929) ;
- Industrie : Chefs d'ateliers ; contremaîtres ; architectes.
Le développement constant de l'outillage économique de
l'Algérie conduit les services publics à recruter un nombre
sans cesse accru d'agents techniques. Ainsi s'explique la faveur dont
jouit cette école, qui constitue une véritable pépinière
de fonctionnaires techniques pour nos possessions de l'Afrique du Nord.
Michèle MANIVIT
Ref: L'enseignement professionnel et technique
en Algérie. Publication du Gouvernement Général
de l'Algérie. Baconnier Frères. Alger. 1930
SECTION SPECIALE INDIGENE
A l'Ecole Coloniale d'Industrie de Dellys
est annexée une Section spéciale destinée aux indigènes
qui ne possèdent pas une instruction suffisante pour subir le
concours d'entrée de l'Ecole. Aucun examen n'est imposé
pour l'admission à cette Section spéciale.
Les élèves indigènes, au nombre de 40, y sont logés,
nourris et entretenus gratuitement. Ils suivent dans les ateliers de
l'Ecole les mêmes cours pratiques que les autres élèves
et des leçons spéciales très simples, appropriées
aux cours pratiques, enseignées par des professeurs de l'Ecole
(arithmétique, géométrie, électricité,
dessin, français, sciences).
Plus de 150 demandes d'admission en section indigène ont été
reçues en 1928. Elles émanent pour la plupart de jeunes
kabyles désireux d'apprendre un métier. Presque tous sont
munis du certificat d'études primaires. En présence d'un
recrutement aussi facile, l'Administration envisage l'augmentation progressive
de l'effectif indigène de cet établissement. Les ouvriers
qui y sont formés s'installent comme artisans dans leurs douars,
où leurs services sont très appréciés.
Un peu d'histoire
En 1880 l'Ecole ouvrait avec 23 élèves sous l'autorité
militaire du Commandant du Génie AUGE, qui connut, dépendant
de l'intendance, des difficultés financières et ne pouvait
plus poursuivre sa tâche.
Par décret du 9 juillet 1883, elle fut placée sous l'autorité
du Ministre du Commerce et de l'Industrie sous le nom d'Ecole Nationale
d'Apprentissage des Arts et Métiers, et explique l'écusson
représentant une équerre et compas encerclés d'une
couronne de feuilles de chênes, ainsi que la chanson des "gadz'arts".
Un décret du 12 Août 1883 fixait à 60 internes l'effectif
maximum (20/promo). A la suite de l'autonomie financière accordée
à l'Algérie, par décret du 21 Septembre 1900, l'Ecole
devient Coloniale d'A.A. et M. sous l'autorité exclusive du Gouverneur
Général de l'Algérie, Direction de l'Agriculture
et du Commerce. Un décret du 22 octobre 1905 fixait le nombre
d'élèves internes à 120 avec une scolarité
de trois ans, -créait, pour répondre à des besoins
locaux, un externat et un internat indigène de 30 élèves
boursiers, recrutés par examen du niveau du Certificat d'études,
Ecole Nationale :
A la suite de nombreuses démarches d'hommes politiques, de l'Amicale
fortement représentée par ses membres dans l'Administration
et du nouveau directeur nommé après la guerre, en 1950,
le type d'enseignement était conservé, l'Ecole devenait
une E.N.P. et était placée sous l'autorité du Ministère
de l'Education Nationale, attirant du même coup tous les crédits
nécessaires. C'était la seule école de France qui
regroupait dans son enseignement en plus des disciplines d'industrie,
une section d'horlogerie (réservée jusque là à
l'E.N.S. de Cluses), une section de froid (réservée à
l'E.S. de Saint Ouen) et une section de Travaux Publics. Des E.P.S.
lycées et collèges d'Oranie assuraient une préparation
au concours ce qui explique le fort pourcentage de 50 à 75 %
d'oranais dans les promotions.
Jusqu'en 1941, le régime intérieur hérité
de l'organisation militaire d'origine, comprenait des adjudants, sergents,
caporaux qui assuraient par promotions le respect de la discipline.
La prison étant la sanction principale et la promenade, un défilé
avec fanfare en tête à la grande joie des habitants de
Dellys. Ce régime fut modifié au cours des dernières
années et la discipline confiée à un surveillant
général secondé par un surveillant mais aussi par
des anciens ou élèves de 4ème année.
Bilan :
De 1880 à 1962, lors des deux guerres l'école ayant été
fermée durant 6 années, 77 promotions sont passées,
représentant une formation de 2600 à 2800 " gadz'arts
". Tous techniciens et cadres dont 352, Directeurs, Ingénieurs
ou Chefs de Services étaient affectés dans les Chaussées,
Mairies, Cadastres, services de l'Etat ou des Etablissements publics,
Ponts et Equipement, Génie Rural, PTT, EGA, CFA.
Jean-Claude ROSSO
Bulletin d'Info 325 du 4 décembre 2013