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L'ÉCOLE COLONIALE D'APPRENTISSAGE DE DELLYS

En 1871, il existait une école professionnelle kabyle à Fort-National. Elle fut détruite pendant l'insurrection. A cette époque, Dellys était le centre administratif et militaire le plus important de la Kabylie et l'on augurait bien de son développement ultérieur. Lorsque la réédification de l'école fut envisagée, on songea naturellement à la placer à Dellys. Le Conseil municipal fut sollicité pour une part contributive à la dépense. Les choses cependant traînèrent en longueur : l'école ouvrit en 1880, au titre européen, avec vingt-trois élèves.

Placée d'abord sous l'autorité du Ministère du Commerce, elle devint École coloniale en 1900, lorsque l'Algérie obtint son autonomie financière. L'établissement relève actuellement du Gouverneur général et est rattaché à la Direction de l'Agriculture et du Commerce.
Enseignement. -
Le personnel enseignant comprend : 1° cinq professeurs : français, histoire et géographie industrielle ; mécanique, électricité, législation et hygiène, comptabilité industrielle ; physique et chimie, économie politique ; mathématiques (arithmétique, algèbre, géomètre, trigonométrie, géométrie descriptive); dessin.
2° Dix chefs d'ateliers et contremaîtres : ajustage et tours, forge et soudure autogène, électricité et galvanoplastie, menuiserie, modelage, fonderie.

Le personnel administratif comprend : un directeur, un agent comptable économe, un commis d'administration, deux surveillants répétiteurs et le personnel auxiliaire et manœuvre nécessaire.

L'effectif scolaire compte cent vingt internes et un nombre indéterminé d'externes et d'auditeurs libres en trois divisions correspondant aux trois années normales d'études.

Le recrutement des internes et des externes est fait exclusivement par voie de concours dont le niveau correspond à peu près à celui du brevet élémentaire ou, plus exactement, aux programmes des cours supérieurs des écoles primaires.

Le brevet élémentaire, comme d'ailleurs le certificat d'études secondaires du premier cycle de l'enseignement des lycées, donnent quinze points d'avance aux candidats qui le possèdent. Le coût de la scolarité est à la portée de toutes les bourses ; de nombreuses remises de frais sont accordées.

La sanction des études à Dellys est un diplôme délivré par le Gouverneur général et conférant le titre d'élève breveté. Ce diplôme est obtenu à la suite d'un examen général de sortie. Le niveau de ces épreuves atteint celui de l'u" des baccalauréats de l'ordre des sciences, les langues exceptées.

Le titre d'élève breveté procure aux titulaires des avantages spéciaux dans certains services techniques (aux Chemins de fer algériens de l'État, les quinze premiers débutent, sans examen préalable, au traitement de 5,600, groupe V ; les diplômés sont admis au concours d'agent mécanicien des Télégraphes et Téléphones, traitement de début 6.000, plus le quart colonial, etc.). La plupart des situations en vue dans les principales industries, dans les Services de la traction et de la voie des chemins de fer, dans les services des tramways, des centrales électriques, des ponts et chaussées et la voirie, sont occupés par d'anciens élèves.

Les études comportent un horaire de soixante et une heures par semaine, dont trente-sept consacrées à l'enseignement technique théorique et à la culture générale et vingt-quatre aux travaux manuels.

L'École dispose, pour son enseignement, d'un aménagement complet que beaucoup d'établissements métropolitains pourraient lui envier. Laboratoires de chimie et d'électricité, où les élèves, deux fois par semaine et par petits groupes, se livrent à la pratique des manipulations et des mesures courantes, bibliothèque, salle de projections et de cinématographe, station de T. S. F. ; les ateliers, avec salle des machines et accumulateurs pour la force motrice et l'éclairage électrique, abritent tous les principaux engins utilisés à ce jour dans l'industrie ; vingt tours, dont certains du modèle le plus récent, machine à raboter deux mètres, étaux-limeurs, machines à mortaiser, à fraiser, à percer, dégauchisseuses, toupies, scies à rubans, machine à affûter automatiquement les lames de scie, cubilot de fonderie, etc., etc.. Le tout, enfermé dans un hall spacieux de 30 mètres sur 40 mètres, absorbe une puissance de 20 à 22 kilowatt. Les dépenses de fonctionnement, dépenses de personnel exceptées, atteignent 260.000 francs.

L'École est donc un véritable centre d'activité, source de profits et de notoriété pour la ville de Dellys.

Au bout de deux années d'études, les élèves de la section, après un examen général, reçoivent, s'il y a lieu, un certificat.