Culture
Laisserons-nous échapper les jeunes élites assoiffées de connaissance artistique?
Impérieuse nécessité d'un Foyer d'Art Populaire
à l'image de la structure humaione de ce pays.
Tiré de Alger-Revue, printemps 1961

mise sur site le 16-10-2007

78 Ko
retour
 

salle principale de spectacle du projet Miguel et Simonnet.
Une des dispositions possibles de la salle principale de spectacle du projet Miguel et Simonnet.. utilisatiou de la scèneà l'italienne avec fosse d'orchestre. - L'ouverture de la scène est réglable.
A droite: le spectacle est joué en avant de la scène, établie en gradins sur lesquels se placent des choristes ou même des spectateurs.
Voici le projet intéressant de MM. Miquel et Simounet, soumis il y a quelques années par l' "Association des Amis du Théâtre d'Expression Arabe ", au Gouvernement général et au maire d'Alger,
Voici le projet intéressant de MM. Miquel et Simounet, soumis il y a quelques années par l' "Association des Amis du Théâtre d'Expression Arabe ", au Gouvernement général et au maire d'Alger, et très favorablement accueilli.
II s'agissait avant tout de construire un très grand théâtre moderne. Mais en réalité l'ampleur donnée à ce projet, la place réservée non seulement à la salle principale de spectacle, mais aussi à la bibliothèque, aux ateliers, aux dépendances, à la salle de réception pouvant faire office de salle secondaire pour spectacles de comédie, ciné-club, conférences, débats, etc... lui conférait le rôle d'une véritable Maison de la culture. Ce projet essentiel pourrait maintenant être repris après avoir reçu les aménagements que des objectifs nouveaux ont rendus aujourd'hui nécessaires.
1) Salle de 500 places. - 2) Salle de 200 places. - 3) Entrée grande salle. - 6) Vestiaire. - 8) Accès aux gradins supérieurs. - 10) Foyer des dames. - 11) Salons, salles d'exposition. - 16) Sanitaires. - 17) Scène principale. - 18) Scène théâtre d'essai. - 19) Fosse d'orchestre. - 21) Foyer des artistes. - 22) Loges collectives d'artistes. - 23) Loges individuelles. - 25) Vide du café. - 26) Vide entrée grande salle - 27) Vide patio. - 28) Vide entrée petite salle. - 29) Vide bibliotb. - 30) Terrasse. - 31) Administration.

Il n'est pas possible que tant d'efforts humbles, patients, obstinés du Service de l'Éducation Populaire et de l'Équipe Théâtrale restent sans lendemain, que tant d'expériences, riches de promesses, ne servent à rien. Ce pays certes offre d'immenses possibilités ; mais en revanche combien n'exige-t-il pas de la part de ceux qui prétendent le servir! ! Allons-nous longtemps encore décevoir tous ces jeunes musulmans qui passent à une vitesse incroyable du stade de l'analphabétisme, au stade de la connaissance, de la curiosité, de la culture.

Partout, dans les villes principalement, ces jeunes, et des moins jeunes, se réunissent dans des locaux misérables et exigus : caves, hangars, baraques, pour essayer de calmer leur immense appétit de musique, de peinture, de poésie, de théâtre, etc... Et combien plus nombreux encore sont ceux qui, faute du local le plus rudimentaire, de l'abri le plus sordide, ont dû cesser depuis deux ou trois années, toute activité.

On se sent désarmé, désemparé devant une telle situation. Et ce ne sont pas seulement des locaux qu'il faudrait pouvoir leur offrir. Ils attendent cela, bien sûr! mais aussi des maîtres compétents, un enseignement régulier, la possibilité de s'exprimer fréquemment devant un vaste auditoire, et surtout, la satisfaction d'inscrire leur activité éphémère, désordonnée, incomplète, dans un ensemble cohérent, conduit selon une politique culturelle à longue échéance.

Trop d'années ont été perdues! Continuerons-nous plus longtemps à ne nous intéresser qu'aux médiocres qui se contentent de peu et trouvent leur satisfaction dans les pauvres séances de cinéma et de music-hall qui leur sont offerts, et laisserons-nous échapper vers la métropole, ou plus fréquemment, hélas! vers d'autres pays moins bien disposés à notre égard (Tunisie, Égypte, Allemagne de l'Est, Tchécoslovaquie, Russie, etc...) toutes les élites, tous les jeunes assoiffés de connaissances théoriques et pratiques ; devrons-nous laisser plus longtemps aux autres le soin de former ceux que nous sommes incapables de former nous-mêmes ; et ne pourrons-nous donc jamais offrir un enseignement technique complet et des débouchés à tous ces artistes (peintres, sculpteurs, musiciens, metteurs en scène, comédiens, etc...) nés sur ce sol, et à qui des Conservatoires courageux et obstinés, des écoles des Beaux-arts, un service d'Éducation Populaire persévérant ont commencé d'inculquer les notions fondamentales, capables de les mettre en appétit.

Dés maintenant, à la lumière des expériences passées, des réussites et des échecs, des tentatives de toutes sortes, il est possible d'établir un programme cohérent laissant le minimum de place aux aventures coûteuses. Le terrain a été patiemment exploré; l'infrastructure, grâce à la Direction Générale de l'Éducation Nationale, et en particulier au Service de l'Éducation Populaire et à celui des Centres Sociaux, grâce aussi aux conservatoires municipaux, est pratiquement en place. Il ne faut plus que cet effort final, effort d'organisation, effort financier surtout, hélas!, sans lequel tout un énorme travail conduit avec courage pendant tant d'années dans ce pays sera réduit à néant.

La ville d'Alger entre autres, et avant toutes les autres, se doit de faire cet ultime effort afin de posséder une maison des Arts, un Centre culturel, un foyer artistique (peu importe l'appellation), à l'échelle et à l'image de cet extraordinaire pays, et qui sera le premier maillon d'une immense chaîne qui se développera peu à peu à travers le territoire algérien.

Actuellement, à part une tentative courageuse et intéressante mais trop restreinte. et trop excentrée, menée à la limite d'Hussein-Dey, avec la Maison des Jeunes, du 213 rue Sadi-Carnot, il n'existe rien ; aucun bâtiment capable d'abriter un public populaire, des ateliers, salles de cours, halls d'exposition, salle de conférence, etc... II est urgent, très urgent de combler cette lacune.