La commune de Condé-Smendou.
A vingt-sept kilomètres de Constantine,
sur la route nationale de Philippeville à Biskra, se trouve la
commune de Condé-Smendou. La route qui nous y conduit est certainement
l'une des plus pittoresques de l'Algérie tout entière. La
nature, très montagneuse, a forcé l'homme à accomplir
de nombreux ouvrages d'art pour percer une voie praticable. Le village
est perché à plus de 560 mètres d'altitude et on
n'y accède qu'après une rude montée. Le. col des
oliviers le domine et les lacets de la route semblent s'accrocher au flanc
de la montagne.
Cela n'a pas empêché le chemin de fer de desservir ce centre.
Les difficultés de tous genres qui se dressèrent lors de
sa construction furent nombreuses. Aussi cette ligne, au tracé
tourmenté est l'une des plus pittoresques du réseau des
chemins de fer Algériens de l'État. La voie s'élève
par des courbes et des rampes accentuées au seuil d'El Kantour
qu'elle franchit par un tunnel à 550 mètres d'altitude.
Le panorama, à la sortie de ce tunnel, est splendide. On aperçoit
les pitons jumeaux des Toumzet et des deux Mamelles dont la hauteur est
proche de 900 mètres.
Ainsi desservie par une grande route nationale et par une importante ligne
de chemin de fer, Condé-Smendou se développe chaque jour.
Actuellement, cette commune est devenue un gros chef-lieu de canton auquel
siège un juge de paix. Sa population européenne est de 245
individus et, sur un territoire de 27.157 hectares, est répartie
une population indigène de 15.838 âmes. Tous les lundis,
le marché réunit au centre les agriculteurs et les éleveurs.
Ils sont nombreux, car la région est riche. Presque tous cultivent
les céréales : blé, orge, avoine, seigle. Mais, en
outre, ils trouvent dans la culture du tabac une grosse source de revenus,
augmentés aussi par le millet et les pois chiches. L'écoulement
de ces produits est facile et assuré par la proximité de
Constantine au Sud et de Philippeville au Nord. Cette dernière
ville est aussi le port d'exportation par où. ces diverses denrées
sont expédiées soit sur l'Italie, soit sur la France méridionale.
Elles ne sont d'ailleurs grevées que de frais à peu près
insignifiants étant donné que Philippeville n'est qu'à
55 kilomètres de Condé-Smendou.
En résumé, la situation géographique de la commune
est fort avantageuse et c'est grâce à elle et aux voies de
communications qui la relient aux grands centres constantinois qu'elle
a pris une extension et une importance sans cesse grandissantes. Érigées
en commune de plein exercice depuis 1847, Condé-Smendou est administrée
par un Conseil municipal toujours prêt à lui donner une nouvelle
impulsion. Sur l'une de nos photographies, nous voyons, au premier rang,
M. Aubrun, maire, entouré à sa droite, par M. Springinfeld,
premier adjoint, et à sa gauche, par M. Solomiac Émile,
deuxième adjoint. Au deuxième rang, de gauche à droite,
MM. Aissoub, Stein, Magnan, Zouaoui, Joubert, Dubourgealquey et Boulala;
au troisième rang, MM. Barboucha, Petetin, Calvet, Mosca et Hacini,
conseillers municipaux. Faisant fonction d'officier du Ministère
public près le Tribunal répressif, M. Vidil, administrateur
de commune mixte, est aussi l'une des personnalités intéressées
au plus haut point par la prospérité de la coquette commune
de Condé-Smendou.
|