L' ÉMIGRATION
BRETONNE EN ALGÉRIE
|
19 Ko |
-----Peu
nombreux sur le sol algérien, les bretons s'y fixèrent pourtant
très tôt. Leur présence est mentionnée dès
1829... Il est vrai qu'ils n'y étaient pas venus volontairement et
que c'est à l'intervention du Consul de Sardaigne qu'ils durent une
liberté accordée certainement de mauvais gré par le
bey... Le capitaine Pierre Mathurin JAFFRAIN et le matelot Jean BRIEN de
St Brieuc étaient à bord de "l'amitié" le
29 août 1828 lorsqu'ils furent capturés par les barbaresques,
de même que l'officier en 2nd du brick "la Marie Joséphine",
Isidore MONGE de St Nazaire. -----Le débarquement de Sidi-Ferruch vint heureusement mettre un terme à ces actes de piraterie. -----A côté de ceux-ci, il faut faire place aux fonctionnaires, bien que pour eux, on ne puisse à proprement parler de peuplement ou de colonisation. -----Un des notables est le Vannetais Barthélémi-AngeXavier GUILLO-DUBEDAN qui fut un des 1"5 procureurs généraux de la jeune cour d'appel d'Alger, créée par ordonnance royale du 28 février 1841. Installé en 1843, il quitta cette cour en 1845. -----Dans les grandes villes comme Alger et Oran, on dut certainement voir se fixer de nombreux compatriotes. L'un d'entre eux, le Pontivien LEGOGAL de Toulgouet, probablement le petit-fils de l'ancien député au conseil des Cinq Cents, exerça une profession libérale et fit paraître dans "l'Echo d'Oran" du 1" septembre 1849, une annonce indiquant qu'il est établi comme "défenseur" près les Tribunaux. -----Le problème de la colonisation, à partir d'éléments bretons, fut donc envisagé très tôt. Beaucoup cependant voyaient l'Algérie comme une sorte d'Eden, permettant de vivre sans rien faire... il fallait les désabuser ! -----C'est ainsi qu'un sieur GUILLET, jardinier et père de 9 enfants, qui avait demandé des terres, renonça à son projet en juin 1831... -----On peut situer à 1841 les premiers essais de colonisation officielle : des concessions furent en effet offertes à Blida et Cherchell. La journée d'ouvrier y était payée de 1 F 50 F à 5 F suivant la spécialité. -----Mais, malgré la publicité faite par les Préfets dans les Mairies, les résultats restaient très maigres... Quelques-uns partirent pourtant. -----En 1842, un avocat de Dol, LEMERCIER, monta une exploitation dans la plaine de la Mitidja, mais, ayant fait de mauvaises affaires, il revint à Dol un an plus tard. -----C'est pourtant à lui que nous devons un des 1er plans bretons de colonisation. -----Les deux seuls départs relevés entre janvier 1842 et juin 1844 pour 41 communes d'Ille-et-Vilaine, furent ------ Pierre QUINTON, serrurier et célibataire, ------ Le sieur BELAIS, boulanger, marié, père de famille qui reçurent un passage gratuit. -----Deux autres candidats, dont un certain Guillaume FRANÇOIS, renoncèrent au voyage... -----En juin 1844, deux habitants de MESSAC (Redon), décidèrent de s'associer pour exploiter une concession ------ Denis VICTOR, 39 ans, originaire de GUIPRY, pharmacien et agriculteur, qui possédait un capital de 1200 F ------ et Modeste GELOUX, 34 ans, agriculteur et boucher. On ignore s'ils obtinrent satisfaction. -----En septembre 1846, est signalé un Rennais, le sieur Henri MANCEL fils, qui part pour Alger, mais non comme colon. Dans le Morbihan, un seul Lorientais nommé Germain LE MEUR partit... -----A la veille de l'Empire, l'élément breton était donc pratiquement inexistant en Algérie. Cette situation allait heureusement se modifier à la suite du décret du 19 septembre 1848, instituant des colonies agricoles. -----On signale le départ de 18 familles de Pleubian en 1850. -----Au congrès de l'Union Bretonne, tenu à St Brieuc en 1852, un projet élaboré par les frères de BOUREL RONCIERE fut adopté. -----Plusieurs personnalités de haut rang furent commanditaires dans la fondation d'une société. -----Les conditions d'attribution étaient les mêmes que pour les autres candidats au départ : chaque famille devait posséder un capital d'au moins 1 000 F pour ses frais de 1ère installation, elle devait se rendre à Marseille par ses propres moyens, sauf en cas d'indigence constatée. Au village, elle recevait une maison habitable, un petit jardin et un lot de terres de 8/10 ha. -----Ces efforts furent vains car les candidats étaient peu nombreux. -----Une autre forme de colonisation fut tentée avec semble-t-il plus de succès, à la même époque. -----Le colon et administrateur Jules DUPRE, établi à ARBAL (commune de St Maur - Oran) fit venir 50 vaches bretonnes dont il céda 40 à son ami de MONTIGNY, un autre propriétaire au domaine de St Joseph près d'Oran. ... Les animaux périrent et en 1838, il ne subsistait plus que 3 têtes... -----En 1854, s'est installé Joseph LEGODEC, rejoint par son père Yves, à HELIOPOLIS. Ils y étaient toujours en 1871... -----Vint ensuite François LE CLOIREC, dont les héritiers reçurent sa terre en 1864... -----En 1855, à JEMMAPES, près de Philippeville, un lointain Ambroise CADIC reçût une concession. -----En décembre, on relève le décès d'un certain Rolland LE CHEVANTON, originaire des Côtes du Nord. -----En juin 1856, un passage avec secours de route est accordé au sieur SEMELTZER Jacques et son épouse, colons à Jemmapes (ils ne semblent pas originaires de l'ouest ?). -----En 1863, Hemery GUILLAIN, 24 ans, part de St JeanLapoterie (destination non précisée). -----En 1864 et 65 : aucun départ pour l'Afrique du Nord. En 1866, un sieur PRIZET demande à partir. Il travaille aux gorges d'HENNEBONT mais vient de Haute Savoie... -----En 1869, un gros effort de publicité fut à nouveau entrepris. Le village de CONDE-SMENDOU situé sur la ligne de chemin de fer de Philippeville à Constantine était réservé aux agriculteurs originaires de l'ouest et du centre, mais "ayant certaines ressources", les lots de terre leur étant vendus entre 20 et 25 F l'ha, payables en 5 ans et exonérés d'impôts... -----Un seul candidat se manifesta, François BROHAN, ancien militaire au 48è de ligne et garçon meunier, mais cette demande reçut un avis défavorable... -----La même
année, une dame LEGAL désirait rejoindre son mari, caporal
infirmier à GERYVILLE. Le Préfet jugea plus simple de faire
revenir le mari. Madiana DELAYE-LASTRAJOLI |